Le fusil Arisaka est une arme emblématique de l'armée japonaise durant la Seconde Guerre mondiale, mais son histoire remonte bien avant ce conflit.
En 1898, le colonel Arisaka, adjoint du général Murata, répondit aux demandes impériales visant à remplacer les fusils Murata Type 22, qui, malgré leur magasin tubulaire, étaient devenus obsolètes. S’inspirant du fusil Mauser 1893, alors réputé comme l’un des meilleurs, il conçut une nouvelle munition spécifique, optimisée pour la poudre sans fumée.
Le fusil à verrou développé par Arisaka représentait l’aboutissement du savoir-faire japonais, initié avec la conception du fusil Murata Type 13. Solide, fiable et précis, il était également adapté à la morphologie des soldats japonais.
Une particularité notable de ce fusil était son couvre-culasse métallique, conçu pour le protéger de la poussière et des corps étrangers. Toutefois, il s’avéra bruyant et nécessitait une certaine habileté pour être manipulé correctement.
Le fusil Arisaka Type 30 joua un rôle central durant la guerre russo-japonaise, notamment lors du siège de Port-Arthur en 1904, où il démontra son efficacité en combat rapproché et au corps-à-corps avec la baïonnette.
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Après la guerre, le retour d’expérience conduisit l’état-major impérial japonais à améliorer certains points du fusil Type 30 pour le rendre encore plus robuste.
Pendant la Première Guerre mondiale, le Japon, allié de l’Angleterre, profita d’une commande initialement passée par la France - mais finalement refusée pour éviter la multiplication des calibres - pour transférer 150 000 fusils Arisaka Type 30 au Royaume-Uni. En parallèle, l’Empire russe, confronté à un besoin urgent d’armement, acheta à bas prix 300 000 fusils Arisaka Type 30.
Cette transaction fut particulièrement avantageuse pour le Japon, lui permettant d’engranger des liquidités tout en écoulant ses stocks. De nombreux fusils Arisaka restèrent par la suite dans les arsenaux des pays baltiques et à Vladivostok. Durant les années 1930 et la Seconde Guerre mondiale, les stocks restants permirent d’armer l’armée du Mandchoukouo ainsi que l’armée du Fengtian, favorable aux Japonais.
La production totale du fusil Arisaka Type 30, réalisée entre 1897 et 1905, s’éleva à 554 000 unités, toutes fabriquées dans les arsenaux de Koishikawa. Une version spécifique, le fusil Type 35, fut développée pour l’infanterie de marine.
Dans le langage commun, tous les fusils Japonais sont nommés “Arisaka” par les collectionneurs, alors qu'en réalité, Nariakira Arisaka ne développe que le Type 30 et n'a rien à voir avec la conception des fusils suivants. À cette époque, l'armée japonaise est en pleine croissance et Kijiro Nambu souhaite développer un fusil qui soit à la fois plus résistant et plus facile à fabriquer. Le démontage et l'entretien est, lui aussi, simplifié.
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Le fusil Type 38 devient dès 1906 le fusil standard de l'infanterie Japonaise. Il chambre la même cartouche que ses prédécesseurs, le 6,5x51mmR. Cette cartouche évoluera en 1922 avec une balle pointue et une vélocité augmentée passant de 686 m/s à 762 m/s. Sa production continue jusqu'à la Seconde Guerre mondiale vers 1943 avant de céder petit à petit sa place à son successeur le Type 99 (1939). En fait, le Type 38 continuera à être largement utilisé durant la guerre du Pacifique face aux Springfield 1903, M1 Garand et USM1 américains, dénotant parfois d'une forme de retard technologique, alors qu'en réalité, le Type 38 est un fusil d'excellente facture et n'a pas souffert d'une production dégradée au fur et à mesure du conflit comme le Type 99 dont les versions “last ditch” ont aussitôt terni la réputation de tous les “arisaka” comme de fusils tout juste bon à tirer quelques cartouches avant d'être inutilisables…
Moins connu, le type 38 a aussi été vendu à l'export que ce soit pour le Mexique, la Russie et… la France ! 50 000 fusils Type 38 ont été commandés par la France au Japon en 1914. Mais les armes ont au dernier moment été envoyées à l'armée anglaise qui avait un besoin plus urgent d'équiper les troupes de l'arrière et libérer des SMLE pour les troupes sur le front.
Le boîtier du Type 38 est peut-être l'un des plus résistants que l'on puisse trouver sur les fusils militaires de cette époque, d'autant que le tir du 6.5x51 développe une pression modérée. On notera la présence de deux trous d'évent sur le dessus du boîtier, pour sécuriser les ruptures d'étuis. De plus, sa culasse trouve son inspiration chez Mauser et est d'une solidité à toute épreuve. Son système est dérivé sur d'autres armes : le fusil de sniper Type 97, la carabine Type 44 et le fusil de parachutiste Type 2.
Initialement, la hausse est un cran en V, mais l'arsenal de Nagoya préféra disposer ses fusils d'un œilleton. Le guidon a été amélioré avec des protections latérales. Le marquage sur le tonnerre se lit ainsi de haut en bas “3”, “8”, “Type/modèle”. Au-dessus est placé le chrysanthème impérial : c'est le symbole de la famille impériale japonaise et il est sacré pour le combattant japonais.
Le Type 38 est équipé de la baïonnette Type 30 (1897). C'est la même baïonnette que l'on retrouve sur les fusils Type 30, Type 99 mais aussi les fusils-mitrailleurs Type 96 et pistolets-mitrailleurs Type 100 ! Il s'agit d'une baïonnette d'excellente facture avec une lame de 40 cm. Le collectionneur averti sera heureux d'apprendre qu'il existe un nombre incalculable de versions des baïonnettes type 30. Outre les différents marquages des fabricants, la qualité de fabrication de ces baïonnettes va commencer à décliner dans les années 30.
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Que le tireur français se rassure, le fusil type 38 se manipule comme n'importe quel autre fusil à verrou : si vous êtes familier du système Mauser, vous ne serez pas dépaysé. Toutefois, la culasse du type 38 s'arme à la fermeture et demande une certaine force. Le magasin contient 5 cartouches et est alimenté par clips (trouvables dans le commerce). L'imposant bouchon de culasse permet de mettre l'arme en sûreté : avec la paume de la main, vous poussez vers l'avant et tournez d'un quart de tour sur la gauche.
Le successeur du fusil type 38 est le type 99, qui fait bien référence à l'année 2599 du calendrier nippon, soit 1939 pour nous. Il y aura donc une petite gymnastique à faire pour passer des années Japonaises à nos propres dates !
Il s’agit d’un fusil Arisaka type 99, produit par Izawa Jyuko, sous-traitant pour l’arsenal de Nagoya. D’après le symbole entouré précédent le numéro de série, le fusil a été produit entre 1944 et 1945. Etant une production assez tardive, cette version du Arisaka surnommée « last ditch » par certains collectionneurs comporte de nombreuses simplifications par-rapport aux productions du début de la guerre ainsi que des finitions plus grossières.
On peut notamment relever :
La conception du fusil Arisaka demeura standard dans l’Armée impériale japonaise du tournant du siècle jusqu’après la Seconde Guerre mondiale. L’Arisaka était précis, mais l’addition d’un cache anti-poussière en métal au-dessus de la culasse rendit sa recharge bruyante et sa chambre encline à s’obstruer. L’Arisaka fut construit pendant une durée exceptionnellement longue, ceci particulièrement en raison de la stature moyenne des troupes japonaises et du terrain serré de jungle dans lequel elles combattirent pendant la guerre, auxquels s’adaptait bien l’Arisaka.
Modèle | Année d'adoption | Calibre | Caractéristiques |
---|---|---|---|
Type 30 | 1897 | 6,5x50mmSR | Premier fusil Arisaka, couvre-culasse métallique |
Type 35 | 1902 | 6,5x50mmSR | Version pour l'infanterie de marine |
Type 38 | 1905 | 6,5x50mmSR | Fusil standard de l'infanterie japonaise |
Type 99 | 1939 | 7,7x58mm Arisaka | Successeur du Type 38, calibre plus puissant |
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