Le fusil Idéal est considéré comme le summum de la fabrication de fusils de chasse par Manufrance.
Fondée par les armuriers Etienne Mimard et Pierre Blachon, la Manufacture française d'armes et de cycles, devenue Manufrance en 1947, s'illustre dès la fin du XIXe siècle par sa "grande usine modèle", entièrement mécanisée pour traiter les nouveaux aciers, et son organisation scientifique du travail.
Soucieux d'imposer l'industrie française face à ses concurrents anglais ou allemands, ces pionniers s'inspirent des modèles américains pour développer et fidéliser leur clientèle grâce à des stratégies commerciales et publicitaires innovantes.
L'Idéal a été suivi du Robust-Idéal qui n'a jamais connu vraiment un succès populaire.
Ce fusil se trouve encore en occasion en bon état dans les versions courantes.
Lire aussi: Recommandations concernant les fusils turcs
Pour celui qui cherche un juxtaposé de grande qualité, c'est un choix à considérer.
L'équivalent neuf ? Préparez votre portefeuille (et votre femme...!).
Le fusil Idéal est maniable, vif, possède des canons demi-bloc de haute qualité et une finition qu'on ne retrouve plus aujourd'hui que sur des armes très chères.
Certains fusils "spéciaux" étaient vendus sans marque distinctive, hors du numéro impair car Manufrance refusait que les artisans, fussent-ils prestigieux n'apparaissent sur leurs fusils.
De plus, nombre de canonniers, et même d'armuriers ne jugeaient pas utile de disposer d'une marque déposée à l'époque.
Lire aussi: Fusil Darne Calibre 12 : Détails Techniques
Il en était de même pour les graveurs qui avaient interdiction de signer leurs œuvres.
Selon un ancien employé de Saint-Étienne, le n° impaire (301) était une habitude lorsque l'arme était une commande spéciale d'Idéal et que les canons étaient fait ou fini par un canonnier extérieur (Heurtier, Breuil, Maisonnial, Bergeron, Philippon, Constant, Piat, etc.).
Son explication sur la rareté de ces armes dans le commerce d'occasion : - " On ne se sépare pas d'une arme parfaite et une arme parfaite ne s'use pas si elle est respectée et entretenue correctement !"
On peut voir aussi M O F au centre.
Cela signifie que l’artisan ayant fait ces canons était mof (Meilleur Ouvrier de France).
Lire aussi: Calibre 16: Le Fusil Nemrod
On retrouve cette contremarque à partir de fin 1924 sur certains canons et armes fait à Saint-Étienne et pas seulement chez Manufrance.
De plus, et selon la mémoire du vieux Monsieur, l'acier Hercule étant la propriété de la Manu, lorsque que les canons venaient d'ailleurs, ils n'y avaient plus droit et cela devenait "acier spécial" qui DEVAIT correspondre, au moins en qualité, au Hercule selon la classification suivante : acier spécial = Hercule 2 palmes, acier spécial 1 étoile = hercule 3 palmes, acier spécial 2 étoiles = Hercule 4 palmes et acier spécial 3 étoiles = Hercule 5 palmes.
Ce qui est d'une certaine logique car l'option canons demi-bloc n'était disponible qu'à partir de Hercule 2 palmes (lu dans tes documents).
Canons lisses juxtaposés en acier bronzé spécial Hercule poinçonnés de cinq palmes, intérieur parachromé, assemblage des tubes par brasure à l’étain, crochets montés par tenons et mortaises.
Bascule ronde en acier fondu forgé à la main et cémenté, renforts latéraux dits « As de Pique ».
Gravure très fournie de rinceaux, fleurs et palmettes signée E. Burellier.
La bascule porte en dessous le poinçon du fabricant.
Monture en noyer ondé en deux parties finement quadrillées, crosse demi-pistolet évidée pour loger le levier d’ouverture et son ressort.
Devant de monture avec verrou actionné par un poussoir, intégrant les mécanismes d’éjection automatique.
Il existe différents modèles d'Idéal, chacun adapté à un type de chasse spécifique :
Il s'agit d'un N° 328 en bon état que je vais rafraîchir un jour en calibre 12x70.
C'est un modèle 301, l'équivalence d'un 302 MF.
A partir de 1933, ce fusil sera estampillé sous la bascule "Super".
On peut estimer sa fabrication à 1931 / 1932.
Voici quelques mois, nous avions parlé ici du démontage et de la valeur des fusils Darne, ces jolis fusils typiques "du grand-père" qui, en sus de leur valeur sentimentale sont de véritables chefs d'oeuvre de l'armurerie stéphanoise.
Ces fusils furent à peu près contemporains, Darne a produit ses juxtaposés de 1897 à 1965, et la production d'ailleurs existe toujours du fait du rechat du nom en 2013 par un groupe financier soutenant la Société nouvelle des armes Darne, dirigée par Hervé Bruchet.
Charlin, établi armurier en 1878 a produit selon le même concept des armes fixes à culasse coulissante, de 1904 à 1972.
Les uns et les autres partaient du principe que les blocs basculants, à l'usage, prenaient de l'usure et du jeu.
Si ces deux fusils se ressemblent beaucoup au point d'être souvent confondus, ils sont mécaniquement très différents.
Le Charlin possède une mécanique beaucoup plus sophistiquée avec une tête de culasse à recouvrement, fonctionnant sur roulements à billes et non démontable sans outil spécifique.
Contrairement au Darne dont nous avions publié un petit tutoriel de démontage, on ne peut que conseiller d'aller à la rencontre d'un armurier pour toute réparation ou remise en état.
Ses canons mi-bloc (et non frettés comme sur le Darne) venaient de chez le réputé Jean Breuil, son fonctionnement doux et onctueux du fait d'une culasse mieux guidée, un peu plus lourd, mais mieux équilibré que le Darne.
Les bois étaient de meilleure qualité du fait d'une production en plus petite quantité.
Si la nomenclature des Darne est fort touffue, mais maintenant bien débroussaillée par les historiens, celle de Charlin est encore beaucoup plus difficile à saisir.
Les séries montaient de A à K (cette dernière spécifique au tir aux pigeons vivants), sauf I et J, avec des pictogrammes énigmatiques : chiens, lièvres, hirondelles, têtes de tigre, étoiles, qui montant de rien à 8 correspondaient à différents niveaux de finition : chokage des canons, qualité des bois, types de crosses.
Pour faire simple, si vous avez un "8 hirondelles" c'est un haut de gamme dont le prix, selon état bien sûr, peut aller en occasion jusqu'à 2500 euros !
Attention néanmoins à l'emploi, les premiers chambrés à 70 datent que de 1950, mais les grandes marques (Vouzelaud, Tunet, Fob entre autres) font encore de la 65 bien suffisante pour ces fusils réputés "serrer" fort, et au recul disons "viril" si on tire au débotté, sans trop bien épauler.
Il s'agissait de fusils hyper légers, aux crosses anglaises souvent très fines avec lesquelles nos anciens prenaient le soin de prendre calmement la visée, et de "mettre devant" pour faire bouler proprement le capucin.
Certes ils ne se "cassaient' pas en deux, mais on prenait vite le coup de charger et d'amener la clef à mi basculé.
Surveillez bien le Net, les ventes, les successions, la "belle occase" peut vous tendre les bras, car non seulement il y a peu de "vrais" connaisseurs de ces pourtant grandes marques emblématiques de la grande armurerie française, mais en plus, la crise aidant, ils sont souvent bradés bien en deça de leur vrai prix.
Pour démonter une crosse d’idéal, il est essentiel de suivre une procédure méthodique afin d'éviter d'endommager l'arme.
Voici les étapes recommandées :
Il est conseillé de faire appel à un armurier professionnel pour toute réparation ou remise en état, surtout si vous n'êtes pas familier avec le mécanisme complexe de ces armes.
Le fusil Idéal est plus qu'une simple arme de chasse ; il représente un héritage de savoir-faire et d'innovation dans l'armurerie française.
Sa qualité de fabrication, ses caractéristiques uniques et son histoire en font un objet de collection prisé par les connaisseurs.
tags: #fusil #idéal #as #de #pique #histoire
Chargement des visites
