L’histoire de l’armement français est jalonnée d’inventions audacieuses et de designs avant-gardistes qui ont marqué leur époque. De la poudre sans fumée, aux premiers fusils semi-automatiques, en passant par le levier amplificateur d’inertie avec le FAMAS, la France a souvent conçu des armes à feu audacieuses et quelques fois étranges. Passionnés de l’histoire militaire française et de la technologie moderne, avez-vous déjà songé aux évolutions du fusil au sein de l’armée française ? Chaque période de l’histoire française a vu naître des fusils emblématiques.
Le médiéviste Alain PARBEAU nous fait partager toute une vie de recherches et de connaissances sur le début de l’arme à feu. Certaines dates sont imprécises et signalées « Vers …… ».
Les grenades feront leur apparition en Europe vers 1467. Ce sont le plus souvent des petites « gourdes » de terre cuite remplies de poudre et aussi de petites pierres dures, et équipées d’une courte mèche à allumer, qui sont lancées à la main sur des soldats ou dans les bâtiments.
Le « Pétard », décrit depuis le 13ème siècle dans le « Liber ignium » de Marcus Graecus. Le 15 Août 1443, Louis XI encore dauphin va avec ses troupes libérer la ville de Dieppe tenue et assiégée par les anglais. Il aurait utilisé des pétards, ancêtre de la dynamite pour faire sauter des portes. Cette « bombe , remplie de poudre noire (souvent de 5 à 50 kg), se fixe discrètement en appui contre une porte, une palissade en bois, ou sous une muraille minée par une galerie souterraine étayée. Un soldat met le feu à la mèche courte. En explosant, le pétard pulvérise l’obstacle (porte, palissade ou étais), permettant de s’introduire dans l’enceinte convoitée.
Le nom « carabine » provient d’un corps de gardes à cheval du roi de France Henri III qui étaient équipés d’une arquebuse à canon rayé, et d’un habit satiné qui les faisaient ressembler à un « Escarabin » (Le scarabée fouisseur de cadavre) mais aussi à cause de leur tir précis qui transformait souvent leur cible en cadavre (pour « scarabée ). Ils furent donc nommés « carabins » et par analogie leur arme carabine.
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Il fut donc décidé de rallonger l’arquebuse et d’en augmenter le calibre, donc le poids du projectile et la puissance destructrice. Le mousquet était né.
Le nom « mousquet » provient de l’italien « moschetto , issu du latin « musca , la mouche, à cause de la balle (qui sifflait et qui était invisible en vol comme une mouche aux oreilles des soldats. Le mousquet peut être interprété comme le « lanceur de mouche ).
Vers 1520 Apparition d’une forme très réduite de l’arquebuse à rouet, le pistolet.
Initiée par Louvois, ministre d’état, et sur le conseil du maréchal de Vauban, Louis XIV, généralisera par ordonnance la platine à silex à la française (déjà partiellement en service dans l’armée depuis 1660 sur des mousquets allégés dits à fusil) , sur les mousquets en allégeant leur poids en 1703.
Le fusil modèle 1777, qui constitue le point d’aboutissement de toutes les modifications apportées au fusil depuis 1717, est l’œuvre de l’artilleur Gribeauval. Mis au point à la fin de l’Ancien Régime, ce fusil est utilisé pendant la longue période des guerres de la Révolution et du Premier Empire.
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Le fusil d’infanterie de 1777 est un fusil à silex à un coup, à chargement par la bouche et à canon lisse (sans rayures internes). Il mesure 1,52 m (1,14 m pour le canon) et pèse 4,6 kg. Prolongé de sa baïonnette à douille, il atteint la longueur impressionnante de 1,92 m, théoriquement suffisante pour permettre au fantassin de se défendre contre une charge de cavalerie après avoir fait feu.
Comme tous les fusils réglementaires français du XVIIIe siècle, son calibre est de 17,5 mm. Son bassinet est en cuivre métal moins sensible à la corrosion que le fer ; incliné vers l’avant, ce bassinet permet au fantassin d’amorcer plus rapidement, sans mettre le fusil à l’horizontale.
Le fusil de 1777 se caractérise par sa grande résistance, notamment au niveau du canon (des essais ont montré que ce modèle pouvait tirer 25 000 coups sans être mis hors service). Conçu pour pratiquer le tir sur trois rangs, sa précision est relativement bonne pour une arme à canon lisse (le tir est juste jusqu’à 150 m, efficace jusqu’à 200 ou 250 m et très imprécis au-delà de ces distances).
Ce fusil est élaboré peu avant l’entrée en guerre de la France aux côtés des Insurgents américains, sous le contrôle de Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval (1715-1789), inspecteur général de l’artillerie et réformateur de cette arme.
1777, puis an IX, et enfin le dernier modèle de fusil de guerre à platine à silex, le 1822….qui sera modifié en platine à percussion vers 1830, puis son canon rayé vers 1848. Il prendra alors l’appellation de « fusil 1822 T bis » ( « T » pour transformé et bis, 2 fois).
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Les travaux sur les agents chimiques explosant suite à un choc, réalisés par le chimiste français Bertholet, comme le fulminate de mercure et le muriate de potassium, amenèrent le pasteur écossais Alexandre John Forsyth en 1808 à concevoir la première platine à percussion par chien (sans pierre) dite à « flacon de parfum , n’utilisant pas le silex, mais le fulminate de mercure, sur un fusil de chasse.
Le premier fusil véritablement industriel est le modèle Chassepot de 1866.
Entre 1916 et 1999, la France a étudié plus de soixante modèles de fusils d'assaut. Tous ces prototypes dont la plupart sont inconnus, sont décrits et illustrés dans cet ouvrage. Le début de la saga des fusils d'assaut français débute en 1918 avec le fusil Ribeyrolle en passant par le Mas 49 jusqu'au Famas avec ses différentes versions. Tous les modèles d'essai et prototypes sur 70 ans d'armement français.
Le Fusil d'Assaut de la Manufacture d'Armes de Saint-Étienne (FAMAS) a longtemps été l'arme emblématique de l'armée française avant d'être progressivement remplacé.
Le Heckler & Koch HK416F est le fusil d'assaut standard des forces armées françaises depuis 2017, offrant une fiabilité et une modularité accrues.
Le FN SCAR (Special Operations Forces Combat Assault Rifle) est également utilisé dans certaines unités spéciales de l'armée française pour sa polyvalence et sa précision.
Bien que moins courant, le Heckler & Koch G36 est également présent dans l'arsenal français pour certains rôles spécifiques.
L'armée française utilise plusieurs types de lance-grenades pour fournir un soutien indirect aux troupes sur le terrain.
Après quelques modifications, le fusil Gras fut remplacé quelques années plus tard par le fusil Lebel modèle 1886. Depuis 1883, une commission d’armement planchait sur le remplaçant du fusil Gras modèle 1874. La nouvelle poudre révolutionnera l’ensemble de l’armement et aura des répercussions dans le monde entier.
Désormais, le tir n’occasionne plus les désastreux nuages de fumée révélateurs de la position des troupes ; de plus, la trajectoire des projectiles est plus tendue, ce qui améliore la précision ; et enfin cette poudre permet une réduction notable du calibre, ce qui permettra au combattant d’emporter plus de cartouches pour un même volume. Il sera le premier fusil réglementaire à répétition de l’armée française et le premier à utiliser des munitions de petit calibre.
La finition du Lebel est parfaite, il est fiable et robuste et sa ligne est, qui plus est, magnifique. Innovation à l’époque, toutes les pièces sont interchangeables, facilitant par là même l’entretien et la logistique.
Progressivement et après épuisement des stocks importants de fusils Lebel, les hommes des unités de Légion sont progressivement dotés durant la Grande Guerre du nouveau fusil Berthier 1907/15. Le « nouveau » fusil innove par rapport à son glorieux aîné par sa rapidité d’approvisionnement. En effet, son magasin de type « Mannlicher », commun à toutes les armes du système Berthier, est garni d’un seul geste alors que celui du Lebel nécessitait plus de temps.
Il est également plus léger (300 grammes à vide et 500 grammes chargé environ), ce qui est loin d’être négligeable, l’équipement des poilus étant particulièrement lourd. Dans la période de l’entre-deux-guerres le 07-15 se verra offrir une cure de rajeunissement par le passage au calibre 7,5 mm.
À la déclaration de guerre, le 3 septembre 1939, le 07-15 et le fusil modèle 1916 équipent la majorité de notre infanterie, les autres branches de nos armées se partageant les mousquetons d’artillerie et le Lebel. Lors de l’entrée en guerre en 1939, les légionnaires seront toujours dotés du même armement qu’en 1918, en l’occurrence du Berthier 1907/15 et du nouveau MAS 1936.
Il est fabriqué par la Manufacture d’armes de Saint-Étienne. Elle se présente comme une logique évolution-simplification du système Mauser, dont il emprunte le magasin interne de cinq cartouches en quinconce. La culasse, elle, est largement simplifiée : elle est à corps cylindrique avec levier d’armement coudé et comporte deux tenons de verrouillage dans sa partie arrière, un simple extracteur à griffe robuste et ne se compose que de cinq éléments démontables.
Dans les premières années du conflit indochinois les légionnaires voient arriver le nouveau fusil MAS 49 ainsi que le pistolet mitrailleur MAT 49 qui deviendra l’arme de prédilection durant la guerre d’Algérie. Arme que les légionnaires apprécieront particulièrement pour sa simplicité, sa robustesse et ses capacités, ainsi que son efficacité dans le combat à très courte portée.
| Fusil | Année d'Adoption | Calibre | Caractéristiques |
|---|---|---|---|
| Fusil Modèle 1777 | 1777 | 17.5 mm | Fusil à silex à un coup, canon lisse |
| Fusil Chassepot | 1866 | 11 mm | Premier fusil industriel français |
| Fusil Gras | 1874 | 11 mm | Adaptation à la cartouche métallique |
| Fusil Lebel Modèle 1886 | 1886 | 8 mm Lebel | Premier fusil à répétition français |
| Fusil Berthier 1907/15 | 1907/15 | 8 mm Lebel | Magasin de type Mannlicher |
| MAS 36 | 1936 | 7.5 mm | Simplification du système Mauser |
| MAS 49 | 1949 | 7.5 mm | Fusil semi-automatique |
En service depuis 1979, le FAMAS F1 aura été le premier et le dernier fusil d’assaut national adopté par l’armée française et construit en France. Le 6 novembre dernier à Saint-Maixent, le général Lagarde, Chef d’état-major de l’Armée de terre (Cémat), a remis les premiers exemplaires du fusil d’assaut MAS 5,56 (Famas) à l’École nationale des sous-officiers d’active.
Depuis, d’autres bénéficiaires : l’École d’application de l’infanterie, les Écoles de Coëtquidan, la 11e Division parachutiste et le Régiment d’instruction de la Légion étrangère ont également reçu cette nouvelle arme. En 1980, plus de 30 000 autres Famas seront livrés aux unités.
Le Famas 5,56 est une arme individuelle à culasse non calée, à canon fixe et à levier amplificateur d’inertie. Il fonctionne par action directe des gaz sur la culasse par l’intermédiaire du culot de l’étui. Il est utilisable indifféremment par un tireur gaucher ou droitier après adaptation du sens de l’éjection. Il est alimenté par boîtes chargeurs. Il est utilisable indifféremment par un tireur gaucher ou droitier après adaptation du sens de l’éjection. Cette considération fondamentale a donné à l’arme son aspect original.
Le levier d’armement est situé au-dessus pour permettre au gaucher comme au droitier d’armer le fusil sans difficulté avec des mouvements simples et naturels. Enfin les appareils de pointage ont été placés sur une espèce de pont parallèle au canon et le dominant. C’est ce qui donne à l’arme une silhouette particulière qui l’a fait surnommer « le clairon ». La hausse de combat est valable jusqu’à 300 mètres, compte tenu de la trajectoire très tendue de la munition à vitesse initiale très élevée.
Ce fusil d’assaut est l’héritier de la lignée d’armes étudiées pendant plus de dix ans en France qui va aboutir avec le FAFusil d'Assaut More MAS Type 62, utilisant la 7,62 x 51. En France, les instances préféreront par choix budgétaire conserver l’armement en place, surtout que le système 7,5 x 54 (MAS 36, FSA 49 et 49/56, FM 24/29, AA 52) était cohérent par rapport à un fusil d’assaut en 7,62×51 peu maîtrisable, la cartouche n’apportant également rien de plus d’un point de vue balistique.
Tranchant avec une architecture conventionnelle elle va reprendre les prototypes MAS 54 et 55 qui avaient déjà adopté une configuration ramassée appelée actuellement « bull pup ». Le particularisme essentiel étant de positionner le chargeur à l’arrière de l’arme pour en raccourcir la longueur tout en conservant un canon « normal ».
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