L’arme administrative dite de service ou encore de dotation est l’arme à feu confiée aux fonctionnaires de la Police nationale à titre individuel pour les besoins du service. Depuis 2002, il s’agit d’un Sig Sauer 2022 semi-automatique conçu en Suisse par SIG (Schweizerische Industrie Gesellschaft) et produit en Allemagne par Sauer, de 9 mm parabellum, 10 ou 15 coups.
Depuis les attentats terroristes de 2015, les policiers sont autorisés à le garder en permanence au lieu de le déposer à la fin de leur service comme cela se faisait depuis 2006. La raison d’être de ce port d’arme qui caractérise le policier est la légitime défense - la sienne ou celle d’autrui - et elle symbolise le monopole de la force légitime confié à la police.
On l’oublie aujourd’hui, mais les polices d’avant l’étatisation de 1941 étaient pour la plupart des polices municipales, dépendant des maires et des municipalités. Obligatoires dans toutes les villes de plus de 5 000 habitants depuis vendémiaire an IV, elles comportaient, sauf dans quelques grandes villes, des effectifs largement insuffisants en nombre et en qualité qu’il n’était pas question d’armer.
La question de l’armement des policiers est donc, de ce fait, longtemps restée un problème parisien. Si les premiers sergents de ville en uniforme mis en poste, au nombre de 100, par le préfet Debeyllème en 1829, portaient une épée, celle-ci servait essentiellement à afficher leur qualité et leurs pouvoirs aux yeux du public. De ce point de vue, la IIIe République marque un tournant.
Désormais l’armée, la Garde républicaine (corps de gendarmerie spécifique à Paris) et ce qu’on appelait la police municipale c’est-à-dire les gardiens de la paix, ont le monopole du maintien de l’ordre à Paris. C’est après 1910 que les revolvers modèle 1873 ont été remplacés par des pistolets de calibre 6.35 mm beaucoup moins lourds et encombrants, et beaucoup plus discrets.
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Cette infériorité, déplorée par les intéressés et soulignée par les préfets de police et les secrétaires généraux à la police demeura la règle toute l’Occupation, puisque les autorités allemandes, qui craignaient que les policiers français ne retournent leurs armes contre les occupants, s’opposeront systématiquement et continument à toutes les demandes françaises visant à doter les policiers d’armes plus efficaces.
Seules exceptions : les policiers des brigades spéciales des RG-PP, chargées de la répression anticommuniste, qui obtiennent - non sans réticence des Allemands - des pistolets 7,65 mm et même quelques pistolets mitrailleurs (Sten Mk II et Thompson) saisis sur les stocks de la Résistance, et les gardiens des groupes mobiles de réserve (GMR - force civile de maintien de l’ordre, ancêtres des CRS qui leur succèdent en décembre 1944).
Les policiers (en civil) de la police judiciaire (brigade criminelle de la PP, brigades mobiles régionales de PJ de la Sûreté) ne sont que tardivement dotés d’armes à feu par l’administration. Malgré les dangers courus et contrairement aux gardiens de la paix, les inspecteurs de la sûreté parisienne, qui devaient pourtant affronter et maîtriser des criminels dangereux qui n’hésitaient pas à faire usage d’armes à feu, n’étaient pas armés par l’administration qui ne leur fournissait même pas de menottes.
Leur seule «arme» consistait la plupart du temps en un «cabriolet» qu’ils confectionnaient eux-mêmes à l’aide d’une ficelle et de deux olives de bois ou une « ligote » qui servaient à entraver les criminels arrêtés. Goron, le chef de la sûreté parisienne au début des années 1890, confirme que « l’administration laisse à ses agents le soin de se défendre ».
Au premier congrès de police judiciaire internationale, qui se tint à Monte Carlo avant la Première Guerre mondiale, il avoue qu’il « défendait à ses agents d’avoir des armes », mais «critiquait tous ceux qui n’en avaient pas ».
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Alors que les exploits des « mobilards » des brigades du Tigre, créées en 1907, occupent une place croissante dans la presse, leurs inspecteurs étaient dans le même cas que leurs collègues parisiens : Jules Belin - le policier qui arrêta Landru - écrit qu’il dut acheter des menottes à ses frais pour opérer sa première arrestation.
Le 24 février 1941, quatre truands - Emile Buisson, Abel Danos, Jean-Baptiste Chave et Joseph Rocca-Serra - à bord d’une traction-avant Citroën noire commettent, rue du Louvre, le premier hold-up de l’Occupation contre deux encaisseurs du Crédit industriel et commercial en faisant un usage meurtrier de leurs armes automatiques.
Ils ouvrent sans le savoir un nouveau chapitre de l’histoire du banditisme et, partant, de la police judiciaire. L’impunité assurée par la protection de l’occupant qui en fit l’emploi que l’on sait dans des officines appelées « gestapos françaises » - de la rue Lauriston, de l’avenue Foch, de l’avenue Henri-Martin, de Neuilly …- donna aux truands toutes les audaces.
À la Libération, ces « gestapaches », après une brève reconversion dans la Résistance, profitant à plein de la désorganisation et de l’impuissance d’une police judiciaire déconsidérée et paralysée par son image noire et de surcroit en pleine auto-épuration, se lancèrent dans une escalade de coups audacieux et de cavales meurtrières qui ensanglanta l’après-guerre.
Leur héritage va se perpétuer au-delà de l’après-guerre et plus jamais les choses ne seront comme avant entre flics et voyous… Le cinéma américain, les Gun-men de G. E. Cette confrontation de plus en plus violente avec des malfrats et des gangs lourdement armés a définitivement changé la donne.
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L’escalade dans l’affrontement, une dotation en armes de plus en plus lourdes - police python 357 magnum, Manurhin, fusils à pompe etc. - datent de cette époque.
Le samedi 12 janvier 2019, lors de l’acte IX des gilets jaunes, un individu cagoulé, casqué et muni d’un treillis militaire a été aperçu à Montpellier dans la rue de l’Aiguillerie aux côtés de policiers au moment d’échauffourées avec les gilets jaunes. Cet homme était en possession d’une arme ressemblant à un fusil à pompe Kel-Tec KSG.
Un manifestant gilet jaune a vu cet homme avec son arme : « Quand j’ai vu son arme, je me suis tout de suite dit que c’était une arme de guerre, car le canon était petit, donc ça ne pouvait pas être un flashball. En rentrant chez moi, quand j’ai vu l’image [celle ci-dessous], j’ai tout de suite reconnu que c’était la personne que j’avais vue. J’ai fais des recherches, et quand j’ai vu une photo du Kel-Tec KSG, je me suis dit : ça, c’est l’arme que j’ai vue ».
Des policiers d’élite se sont-ils servis d’un fusil à pompe contre des manifestants le samedi 12 janvier à Montpellier lors de l’acte IX des gilets jaunes ?
La police nationale nous indique qu’à la suite de cette utilisation d’un fusil à pompe contre des manifestants, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a demandé le 18 janvier un retrait de cette arme sur les mouvements de gilets jaunes. Et ce « pour ne pas qu’il y ait de confusion [avec une arme à balles réelles - ndlr], car c’est une arme impressionnante ».
L’Inspection générale de la police nationale a pour sa part été saisie d’une « évaluation sur les conditions d’usage de cette arme ». Il ne s’agit pas d’une enquête administrative, mais de préparer le nouveau « schéma national de l’ordre public », précise la police nationale.
Sur le site officiel de Fiocchi, il existe une catégorie « Forces de l’ordre » qui propose, dans la section « canon scié », trois types de munitions de calibre 12 non létales, en gomme ou en plastique, toutes de couleur verte. Fiocchi précise qu’ « en concevant la ligne de munitions pour le canon scié, [elle] a pris en compte les besoins tactiques et d’entraînement de la police et des forces spéciales ».
Le fusil à pompe Kel-Tec KSG fait partie des armes en dotation du RAID (recherche, assistance, intervention, dissuasion) et de la BRI, unités « d’élite » de la police nationale.
C’est dans le centre-ville de Montpellier, au milieu de policiers en civil de la BAC, qu’un agent cagoulé, casqué et muni d’un treillis militaire, portait un fusil à pompe, sans brassard de police. C’est dans la rue de l’Aiguillerie que cet homme était en possession d’une arme ressemblant à un fusil à pompe Kel-Tec KSG.
Une cartouche verte de calibre 12 de marque Fiocchi a été retrouvée par un manifestant ce jour-là. De calibre 12, plus petit que les balles de LBD 40, ces munitions sont donc « potentiellement plus pénétrantes », selon Mediapart. Pour le Sicop, « c’est plus petit que les balles des LBD 40 [de diamètre 4 cm - ndlr], donc l’impact est traumatisant, mais c’est un filet granuleux donc c’est moins dur ».
Comme l’affirme Mediapart, « certaines unités de sécurité publique de la police nationale, comme les Bac, utilisaient dans les années 1990 des fusils à pompe avec des balles en caoutchouc de calibre 12, dites gomme-cogne, dans les quartiers populaires. Mais ces armes ont depuis été remplacées par les flashball. »
Après sorti les fusils d’assaut automatique HK G36, équipant les CRS pour la première fois pendant l’acte IX sur ordre de Castaner, les forces de police ont fait un opéré un saut dans la répression ce samedi en tirant au fusil à Pompe des munitions en plastique sur les manifestants. Pour enlever tout doute sur la véracité des faits, c’est la police nationale elle-même qui confirme les faits.
Contacté par Médipart, le Sicop (Service d’information et de communication de la police nationale) a confirmé l’information. Plus encore, une vingtaine de tirs ont eu lieu « a priori lors de violences contre les policiers de la Bac et de la BRI » a expliqué la police nationale. Il n’y aurait eu aucune interpellation selon le Sicop.
Comme l’affirme Mediapart, « il s’agit d’une première depuis le début du mouvement des gilets jaunes, marquant une escalade inquiétante dans sa répression par les forces de l’ordre. Cette arme et ces munitions, dont seules les unités spéciales de la police (comme le Raid et les BRI) sont équipées, sont habituellement réservées à des interventions contre le grand banditisme ou des opérations antiterroristes.
Suite à l’utilisation de cette arme, la Direction centrale de la police judiciaire (DCPJ) a finalement demandé le 18 janvier aux forces de police un retrait de cette arme sur les mouvements de gilets jaunes. La justification est des plus loquace. Le problème ce ne serait pas les blessés que pourraient engendrer cette arme mais le fait qu’il puisse y avoir « confusion [avec une arme à balles réelles - ndlr], car c’est une arme impressionnante ».
Laurent Bonelli, sociologue, rapportait ainsi les propos d’un commissaire de police qui décrivait son travail dans les cités : « [Les gardiens de la paix] utilisent des fusils à pompe. Toujours selon Mediapart, le premier ministre avait demandé début janvier au ministre de l’intérieur Christophe Castaner de procéder à une « actualisation du schéma national d’ordre public ».
Serait-ce pour envisager l’usage de ces fusils à pompe en maintien de l’ordre ? Comme l’affirmait le commissaire : « Avant, ces armes collectives ne sortaient pas des armureries, ou alors, pour des missions très ponctuelles et encadrées. […] Cela vient des consignes de tenir le terrain à tout prix, même en sous-effectif. » Le terrain occupé par les Gilets jaunes est-il donc à récupérer quelqu’en soit le prix ?
Ce mardi soir, pour tenter de neutraliser le forcené de Sète qui tirait sur des policiers nationaux, l'un d'eux de la Bac a utilisé une de ses armes de service, le fusil HK36 PK2. Un peu plus tôt, à 17h10, arrivés les premiers sur place après des appels de riverains signalant un individu tirant des coups de feu en l’air, un équipage de la Bac avait été pris pour cible.
Selon une source policière, un gardien de la paix de la Bac qui s’est senti en danger a riposté en utilisant un fusil HK G36 KP2 qui équipe certaines unités de la police nationale, dont le Raid et de gendarmerie qui sont les plus exposées en opération, notamment lors de fusillades de plus en plus nombreuses.
Les policiers du Raid de l’antenne de Montpellier et la BRI, la brigade de recherche et d’intervention de la DIPN 34 sont dotés de G36 C, comme compact. Les HK G36 possèdent une crosse réglable en longueur et d’un appui joue permettant l(’emploi d’un gilet pare-balles lourd.
Ces armes disposent d’un viseur de dernière génération monté sur un rail et dotées d’origines de visée mécanique basculants pour pouvoir installer le système de visée. Ces armes sont alimentées par des chargeurs translucides d’une capacité de trente coups.
Les HK 36 KP2 de la police nationale fonctionnent en mode semi-automatique, sans pouvoir tirer plus de deux coups, ni lâcher les 30 munitions. Le modèle des gendarmes est un peu différent, avec un sélecteur de tirs à quatre positions : sûreté, coup par coup, deux coups et rafale.
Les Bac et les Psig disposent également de fusils à pompe Benelli de calibre 12. Ce mardi soir, à l’Île de Thau à Sète, un policier de la Bac visé a été contraint d’utiliser son HK G36 KP2 en ciblant les jambes pour tenter de neutraliser le tireur qui semait la panique dans la rue, où il était venu régler un violent différend de voisinage, avant de pouvoir pénétrer dans un immeuble et de grimper à son domicile, où il s’est retranché.
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