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Lorsque l’on s’apprête à rencontrer François Damiens, il faut s’attendre à tout. À rire, évidemment, tant cet acteur martyrise nos zygomatiques depuis 25 ans avec ses fameuses caméras cachées et quelques joyeuses comédies comme Dikkenek (2006), Rien à déclarer (2011), OSS117 (2006), Seuls Two, Taxi 4, les Kaïra (2012), L’Arnacœur (2010) ou son propre film Mon Ket (2018). Car malgré son rire à mille autre reconnaissable, c’est bien dans des comédies dramatiques qu’il a conquis le public français (et belge) : La Famille Wolberg (2009), La délicatesse (2011) Suzanne (2013), Les Cowboys (2015), et, évidemment, La famille Bélier en 2014. Qui lui offrit une nomination au César du meilleur acteur en 2015.

Toutes ces émotions nous les avons vécues deux fois. En allant d’abord voir Mon Cousin dans les salles obscures, une comédie douce et amère sur un cousin (François Damiens) qui resurgit malgré lui dans les pattes de son… cousin grand patron d’une boîte qui génère des millions et entend s’offrir l’un des plus beaux vignobles du monde (Vincent Lindon). Le duo “je t’aime moi non plus” va vivre des émotions fortes, davantage dans la souffrance que dans la joie. Avec ce qu’il faut de surprises pour que l’on sorte en se disant que l’on a vécu un bon moment ciné.

Vous voilà avec deux gros films quasiment en même temps : Le Bonheur des Uns… (en salles depuis le 9 septembre) et Mon Cousin (à l’affiche le 30 septembre). À chaque fois, le casting est impressionnant. On image que c’est assez jouissif…Exactement ! Quand m’a proposé le film de Daniel Cohen (Le Bonheur des Uns…, ndlr) avec ce casting là, très éclectique, le sujet m’a fait rire, d’entrée de jeu. J'avais déjà joué avec les trois partenaires, Vincent (Cassel, ndlr), Florence (Foresti, ndlr) et Bérénice (Béjo, ndlr). La situation du film est très contemporaine.

Pour Mon Cousin, j’avais très envie de travailler avec Jan (Kounen, ndlr). On avait failli tourner ensemble il ya cinq ans, au dernier moment cela ne s’était pas fait. Nous sommes restés en contact. J’aime son univers, sa personnalité. C’est quelqu’un de très doux, très gentil, très délicat et extrêmement doué. Et puis je voulais travailler avec Vincent (Lindon, ndlr). On a une énergie complètement différente, des personnalités opposées. Je me suis dit que ça pouvait donner un duo intéressant de faire coexister malgré eux deux personnages comme ça.

Relations et Inspirations

Au début du tournage, c’était compliqué visiblement entre vous…Oui, de parts et d’autres. Vincent avait du mal avec moi et moi avec lui. Pour finir, il a juste fallu faire ce qu’il faudrait faire à chaque fois dans la vie : se parler, s’expliquer. On s’est compris, il y avait du respect mutuel et on est reparti tout droit. Sinon je n’aurais pas fait cinq semaines de tournée avec lui. Il y a moyen de trouver des excuses quand même ! rires Et puis le scénario était riche et très bien écrit. Je n’aime pas les scénarios qui sont écrits juste pour faire rire. Au bout d’un moment c’est le chien qui se mange la queue.

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Le personnage joué par Vincent Lindon n'est pas vraiment ravi de retrouver son cousin, interprété par François Damiens.

Il vous prend pour un fou, un peu malade…C’est souvent un peu comme ça dans la vie je pense. Quand on a affaire à quelqu’un de complètement différent, on se dit que c’est l’autre qui est débile. Mais pour moi, il est aussi débile que moi. C’est le genre de personnage qui donnerait tout ce qu’il a pour avoir plus de pouvoir, plus d’argent et à côté de ça il ne regarde plus sa femme, c’est tout juste s’il sait qu’il a des enfants. Il a déjà 50 sociétés, il veut juste la 51è. Je suis souvent épaté par des gens comme ça dans la vie. Ils arrivent à 70 ou 80 ans, ils sont toujours dans cette quête-là : “Ah j’aimerais bien avoir un hélicoptère et puis un bateau pour le poser et un deuxième hélico pour quand j’ai des potes qui viennent et on mettrait 25-30 jet skis derrière, ce serait…” Ça n’en finit jamais.

Le Rêve du Voilier et la Liberté

Un voilier oui. En 2018, vous disiez vouloir avoir un bateau pour “prendre le large et mieux revenir”. On en est où ?rires J’avais envie, et j’ai toujours envie, de partir. Je trouve que sur la Terre, à un certain moment, il commence à y avoir beaucoup de lois, de plus en plus de règlements. On nous explique tout ce que l'on peut pas faire. À un moment, il faudra plutôt qu’on nous explique ce que l’on peut faire… J’aime l’idée d’être en mer car il y a beaucoup moins de lois. Il faut être responsable et de nos jours il faut essayer de responsabiliser les gens plutôt que de mettre des lois dans tous les sens. Ça les infantilise. Et par définition, l’humain, et je m’inclus dedans, quand il y a une loi il a envie de la contourner.

J’attends que les enfants grandissent un peu et puis après, tout doucement, on va y aller. Vous disiez que vous vouliez faire ça par “peur de vous lasser” ? Du métier ou de la vie globale ? Ah non non, pas dans la vie globale. J’adore ma vie, j’adore mon métier aussi. Mais j’ai l’impression que la vie s’accélère comme l’eau du bain. (sic) Je n’ai pas envie de me retourner à 70, 80 ans ou plus tard, j’espère, et me dire “ah j’aurais voulu faire ça, ça, ça…”. J’ai envie de faire tellement de choses… Il ne faut pas tourner trop de films non plus car une fois que l’on a lassé les gens, c’est fini. C’est comme quand on a trop mangé, dix minutes après on a toujours trop mangé quoi. Faire ce métier avec parcimonie est pas mal, j’aurais toujours plus de plaisir à le faire. Et allez chercher le bonheur sur l’eau, ce n’est pas plus mal non plus

Aujourd’hui, vous pouvez-vous le permettre de faire ce tour du monde. Vous avez fait plus de 40 films et vous avez le luxe de pouvoir choisir. Je ne sais pas si vous êtes “bankable” mais on peut faire reposer un film ou une partie d’un film sur vous aujourd’hui…Ce n’est surtout pas à moi de le dire.

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C’est une grande chance, oui. J’ai la chance de dire si j’y vais ou pas, de prendre le temps, de m’arrêter, de rencontrer, de proposer… C’est déjà un vrai luxe de faire ce métier, et c’est vrai que de pouvoir avoir son destin en mains, c’est très confortable.

Expérimentation et Réflexions sur le Succès

Vous allez faire un autre film, après Mon Ket en 2018 ? Le film n’a pas hyper bien marché (265.000 entrées en France). Je rêvais d’amener la caméra cachée dans une fiction, que les gens jouent dans un film de cinéma sans le savoir. Ce n’est pas fréquent. C’était expérimental. C’est une des périodes de ma vie que j’ai préféré car j’adore le travail en équipe. Je retravaillais avec toute mon équipe de caméra cachée depuis 20 ans, qui est la même, à la personne près. Les amener au cinéma, c’était jouissif. En sachant que l’on allait tenter de faire un truc novateur.

Ce que l’on se demande parfois est “à quoi on sert sur la Terre?” J’aurais rêvé de faire docteur… Je ne l’ai pas fait… Mais j’ai pris conscience que ça faisait rire, oui. La première fois, c’est en allant voir mon père à l’hôpital, au début de ma carrière. En le quittant le soir, vers 21h, mon émission de caméra cachée passait. Toutes les portes étaient ouvertes car c’était l’heure de la distribution des médicaments pour la nuit. Et je voyais tous les petits draps blancs avec les petits ventres en-dessous qui bougeaient dans tous les sens. Et je me suis dit “bah voilà, je sers peut-être à ça”. Distraire et donner la possibilité aux gens d’échapper un peu à une situation un peu difficile.

Diversité des Rôles et Reconnaissance

On parle du côté comique chez vous mais au cinéma vous êtes reconnu pour des films dramatiques (Suzanne, Les Cowboys, La famille Bélier)… C’est étonnant pour vous d’avoir conquis des gens sur un terrain sur lequel ils ne vous attendaient pas ?Je ne vais pas faire le coup du clown triste mais en général, quand on veut faire rire, c’est une réaction. Je dis parfois “on rit pour ne pas pleurer”. Et je ne remercierai jamais assez Axelle Ropert qui m’a permis avec La Famille Wolberg de montrer cette facette de ma personnalité.

En général, dès que je vois les gens arriver vers moi, je sens à travers quel film ils m’ont rencontré.Vraiment ? Vous savez quand la personne vient vers vous qu’elle va vous parler de tel ou tel film ?!Oui, oui ! Suivant les endroits où je vais. Chaque film a son univers et ses fans, je les reconnais. La Délicatesse par exemple, ce sont plutôt des femmes de la cinquantaine.Dikkenek, c’est plus en Belgique ou en France ?En France quand même. Enfin, je crois !

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La Belgique et la Simplicité

En Belgique, il n’y a pas de star en fait. Ça n’existe pas le showbizz. On a fait l’avant-première du film à Bruxelles et on a été boire une verre sur l’une des plus grandes terrasses de la ville, il n’y avait aucun problème. Vous faites ça en France… Vous allez mettre des grosses voitures noires, des petites cordelettes bordeaux et des poteaux en or, c’est tout juste si on met pas un spot. II y a une mise en scène. En Belgique, pas du tout. Je me promène partout en Belgique sans aucun souci.

Je ne vois pas pourquoi je déménagerais à la base… J’ai eu la chance de naître dans une environnement plutôt campagnard. J’aime la nature, j’aime la campagne, moins la ville. Je suis à 1h20 de Paris.

A peine arrivé sur l'Ile de Beauté, François Damiens piège des quidams. Derrière une caisse, au comptoir d'une parapharmacie ou d'une armurerie, au guichet d'un aéroport, dans la peau d'un boucher ou d'un moniteur de plongée : de Bastia à Ajaccio, l'humoriste pousse ses victimes au-delà de leurs limites.

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