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Quand les enquêteurs finissent par identifier vendredi l'un des hommes abattus quelques heures plus tôt dans un hôtel marseillais, son nom leur est assurément familier. Non seulement parce que, dans le sud de la France, Farid Tir, 29 ans, est bien connu des services comme celui d'un caïd de la drogue, mais aussi parce qu'il n'est pas le premier membre de sa famille à connaître une mort aussi violente.

Depuis huit ans, pas moins de cinq autres hommes ont fait les frais d'une guerre que tout relie au trafic de stupéfiants. Aux origines de l'histoire de cette famille à Marseille, il y a la venue dans les années 1950 de Mahboubi Tir, un Berbère algérien, bientôt propriétaire d'un commerce d'alimentation. Les Tir ne sont pas tous impliqués dans le banditisme, soulignait L'Express en 2016.

« L'immense majorité des quelque 300 membres du vaste clan Tir est, en effet, totalement inconnue des services de police », écrivait l'hebdomadaire. Qui en veut aux Tir? En 2016, le parquet de Marseille avait publiquement prêté à cette famille une rivalité avec un autre clan, les Remadnia, dont certains tremperaient dans les « stups ».

Une série de décès violents au sein du clan Tir

Son grand-père Saïd Tir, surnommé « le Vieux », est le premier à tomber sous les balles le 27 avril 2011, à quelques semaines d'un procès où il devait comparaître pour sa participation à un trafic de cannabis et de cocaïne. Trois tueurs l'ont exécuté en plein jour alors qu'il conduisait dans les quartier Nord de Marseille. Celui qui était aussi appelé « le parrain de Font-Vert », 59 ans, avait une arme chargée sur la cuisse.

Deux mois plus tard, c'est le beau-frère de Saïd, Akim Grabsi, 42 ans, qui est abattu de plusieurs tirs dans la tête alors qu'il circule sur le boulevard National, dans le troisième arrondissement de la cité phocéenne. D'abord, Farid (son homonyme), le 11 avril 2012, dans sa voiture, alors que l'homme de 40 ans rentrait chez lui. Puis Karim Tir, 30 ans, tué en juin 2014 à Asnières (Hauts-de-Seine), d'une balle tirée en pleine poitrine.

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Deux des oncles de Farid Tir sont ensuite assassinés. Condamné pour trafic de drogues en 2009, il avait monté un label de musiques et était connu pour être le manageur du rappeur Jul. D'autres membres du clan réchappent à des tentatives d'assassinat. Comme le frère de Farid Tir, Eddy, alias Barabas, visé par des coups de fusil d'assaut en septembre 2011.

Trois mois plus tard, il est impliqué à son tour dans le meurtre d'un habitant de la Castellane, pour lequel il est condamné en appel, en mars dernier, à 20 ans de réclusion. En mars 2014, Hichem Tir (encore un oncle de Farid Tir), ressort indemne d'une série de tirs, à Beauvais, dans l'Oise. On soupçonne Eddy Tir d'avoir commandité depuis sa prison l'assassinat de Zakary Remadnia en 2014, mais ce crime reste pour l'heure irrésolu et un épais mystère entoure les autres, même si des équipes de tueurs ont été identifiées autour des deux familles et arrêtées.

En mars 2001, lourdement armé, le visage découvert et le plus souvent seul, Farid Tir braque au moins huit banques. En juillet 2008, une saga judiciaire commence pour lui, qui le conduit d'un tribunal à l'autre. Les jurés lui ont fait grâce de trois braquages. Le Roubaisien Farid Tir a tout de même été condamné, hier, à dix ans de réclusion criminelle pour cinq braquages et deux car-jackings commis en 2001 et 2002 dans le Nord et en Belgique.

La cour d'assises du Nord a revu à la baisse la condamnation de dix-huit ans de prison, prononcée par contumace en 2006 : l'homme était en cavale depuis son évasion, en mai 2005, de l'hôpital d'Amiens. Les jurés ont suivi les réquisitions du procureur, mais Me Laura Campisano, l'avocate de Farid Tir, ne se montrait pas déçue : « Le jury a suivi mon raisonnement en relaxant mon client pour trois braquages. »

Agé d'une quarantaine d'années, Farid Tir est quand même loin d'être tiré d'affaire malgré les trois ans de détention provisoire déjà effectués : suite à son évasion de 2005, aidé par un commando de trois hommes armés et cagoulés, il avait également été condamné à quinze ans de prison par la cour d'assises d'Amiens. Une peine dont il a fait appel.

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« Quinze ans, c'est trop sévère pour une évasion peu spectaculaire. Il n'a pas utilisé d'hélicoptères ! », explique Me Laura Campisano. « Nous espérons réduire cette condamnation, car en l'état cela représenterait vingt-cinq ans de prison. » En pratique, ce n'est pas vraiment le cas, puisque lorsqu'un prévenu est condamné pour deux faits distincts, le total des condamnations ne peut excéder le maximum encouru pour le fait le plus grave. Dans le cas de Farid Tir, cela représente vingt ans (pour une attaque à main armée).

Chronologie des décès violents au sein de la famille Tir

Nom Date du décès Circonstances
Saïd Tir (« le Vieux ») 27 avril 2011 Exécuté par trois tueurs dans les quartiers Nord de Marseille
Akim Grabsi (beau-frère de Saïd) Juin 2011 Abattu de plusieurs tirs dans la tête sur le boulevard National à Marseille
Farid Tir (homonyme) 11 avril 2012 Assassiné dans sa voiture en rentrant chez lui
Karim Tir Juin 2014 Tué d'une balle en pleine poitrine à Asnières (Hauts-de-Seine)

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tags: #Farid #Tir #Roubaix

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