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Depuis l’époque folle des cabarets, la chanson française reflète l'âme poétique et passionnée de nos esprits créatifs. Présente dans un large éventail de styles, la France a produit plusieurs genres aussi bien folkloriques que classiques et populaires. Et si elle est sous-estimée à l'échelle mondiale, c’est principalement parce que la majorité des habitants de la planète ne comprennent malheureusement pas la profondeur des textes qui en découlent. Néanmoins, beaucoup la ressentent.

Les grandes voix et les classiques intemporels

La chanson française a marqué l’histoire grâce à des grands de la chanson comme Brassens, Trenet, Nougaro, Polnareff, Balavoine ou Bashung. Ces belles chansons d’amour, chanson française à texte ou chanson classique continuent d’émouvoir et de traverser les générations. Des titres comme La Vie en rose, Que je t’aime ou L’Aigle noir sont des célèbres chansons qui incarnent l’âme de la variété française et de la musique française.

Les artistes contemporains et la diversité musicale

Les artistes français actuels comme Obispo, Voulzy, Daho ou Gauvain Sers poursuivent cette tradition tout en apportant une touche moderne. Entre rap, funk, rock n roll, électro, et variétés françaises, ils continuent d’enrichir le répertoire de la chanson avec des titres populaires et des albums marquants. Les compositeurs, pianistes, et guitaristes contribuent également à créer des arrangements et partitions qui donnent vie à ces belles chansons d’amour et à des chansons francophones intemporelles.

Écouter et redécouvrir les chansons françaises

Pour les amateurs, il est facile d'écouter des chansons sur radios, France Bleu, RTL ou podcasts. Qu’il s’agisse de chansons préférées, de chansons du répertoire, ou de nouveaux albums, chaque écoute permet de redécouvrir des airs, des chants, ou des chansons de musique qui continuent de captiver le public. Des classiques comme Adieu, La Maladie d’amour ou Mon vieux restent des plus belles chansons d’amour et des magnifiques chansons à chanter en français.

Les influences et l’héritage culturel

La chanson française reflète la richesse culturelle du pays. Les poètes comme Prévert, les comédies musicales comme Starmania, les festivals, et les music hall ont contribué à sa renommée. Des chants, comptines, valse, ou airs de cabaret illustrent l’évolution des variétés françaises, tandis que les chanteurs francophones perpétuent la tradition en la modernisant. La nostalgie, les amours, et le rire et les chansons restent au cœur de cette histoire, faisant que chaque plus belle chanson traverse le temps.

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Notre sélection des plus belles chansons françaises :

  1. Édith Piaf : La vie en rose

    Chanson française sortie en 1945. De toutes les merveilleuses chansons de son répertoire, « La Vie en Rose » est certainement la chanson française la plus connue et chantée dans le monde entier. Piaf a écrit les paroles elle-même et la mélodie a été écrite par Louis Guglielmi.

  2. Jacques Brel : Ne me quitte pas

    Chanson française sortie en 1959. Un classique de la chanson française qui est devenu un tube international, enregistrée, chantée et reprise dans le monde entier par divers artistes, dont Sting, Céline Dion et Wyclef Jean.

  3. Charles Aznavour : La Bohème

    Chanson française sortie en 1965. « La Bohème », l’histoire de jeunes amants perdue du 18e, est un hymne à notre jeunesse perdue et à ses rêves de gloire !

  4. Francis Cabrel : La Corrida

    Chanson française sortie en 1994. Dans « La Corrida », le chanteur français Francis Cabrel nous met dans la peau d’une bête abusée. Le temps d’une chanson nous devenons un taureau subissant la violence et le sadisme de l’humanité.

  5. Claude François : Comme D’habitude

    Chanson française sortie en 1967. Si vous écoutez « Comme d’habitude », vous reconnaîtrez immédiatement la mélodie de « My Way ». Normal, Claude François a chanté la version française de ce tube classique deux ans avant le tube de Frank Sinatra !

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  6. Serge Gainsbourg et Jane Birkin : Je t’aime moi non plus

    Chanson française sortie en 1969. « Je t’aime... Moi non plus » donne naissance à l’un des duos les plus célèbres et scandaleux de la scène française. Les paroles un peu absurdes sont écrites comme une conversation entre les deux amants Jane Birkin et le légendaire Serge Gainsbourg.

  7. Céline Dion : Pour que tu m’aimes encore

    Chanson française sortie en 1995. La chanteuse canadienne Céline Dion ne sort plus autant de chansons françaises qu’à l’époque, mais « Pour que tu m’aimes encore » parmi beaucoup d’autres a résisté à l’épreuve du temps.

  8. Nino Ferrer : Le sud

    Chanson française sortie en 1974. C’est une chanson dédiée aux joies des étés sans fin dans le sud de la France. C’est le plus grand succès de Nino Ferrer.

  9. Michel Sardou : Les lacs du Connemara

    Chanson française sortie en 1981. Le Connemara, une région d’Irlande et emblématique de l’héritage gaélique du pays.

  10. Édith Piaf : Non, je ne regrette rien

    Chanson française sortie en 1960. Même si Edith Piaf n’avait que 44 ans lorsqu’elle a chanté cette chanson, elle se savait aux portes de la mort.

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  11. Marc Lavoine : Elle a les yeux revolver

    Chanson française sortie en 1985. « Elle a le regard qui tue » dit probablement tout de la chanson de Marc Lavoine qui fait de son premier album, Le Parking des Anges, paru en 1985 un carton plein chez les jeunes de l’époque et toutes les générations d’aujourd’hui.

  12. Jacques Brel : Amsterdam

    Chanson française sortie en 1964.Autre classique de Jacques Brel, cette chanson sur les marins du port d’Amsterdam a également été enregistrée par David Bowie.

  13. Indochine : J’ai demandé à la lune

    Chanson française sortie en 2002. « J’ai demandé à la lune » est la chanson la plus populaire de l’album Paradize de 2002 qui a permis à Indochine de renouer avec les médias qui avaient abandonné le groupe une décennie plus tôt.

  14. Johnny Hallyday : Je te promets

    Chanson française sortie en 1986. Suite au décès de la légende du rock, le titre, sorti en 1986 redeviennent numéro un des ventes en décembre 2017.

  15. Noir Désir : Le vent nous portera

    Chanson française sortie en 2001. Noir Désir, originaire de Bordeaux, signe en ce début de millénaire une chanson très émouvante sur deux êtres inséparables.

  16. Renaud & Axelle Red : Manhattan - Kaboul

    Chanson française sortie en 2002. Renaud s’est associé à la chanteuse belge Axelle Red pour écrire cette chanson après les événements du 11 septembre et la guerre qui a suivi en Afghanistan.

  17. Guillaume Grand : Toi et moi

    Chanson française sortie en 2010. Un air doux et accrocheur sur le fait de tomber amoureux a l’aide d’une bonne quantité d’alcool.

  18. Cœur de Pirate : Mistral Gagnant

    Chanson française sortie en 2014. La chanson qui fait le deuil du passé. En déplorant la disparition d’un type de bonbon appelé Mistral Gagnant, Renaud nous fait une peinture musicale du temps qui passe et Cœur de Pirate l'a si bien reprise qu’elle lui a presque piqué son flambeau.

  19. France Gall : Sacré Charlemagne

    Chanson française sortie en 1965. L’effervescente Frances Gall n’avait que 16 ans lorsqu’elle a chanté ce tube écrit par son père, et cela l’a propulsée vers un énorme succès pendant des décennies, faisant d’elle l’une des chanteuses les plus titrées de France.

  20. Joe Dassin : Les Champs Elysées

    Chanson française sortie en 1969. Vous vous surprendrez à fredonner ce refrain accrocheur de Joe Dassin dès le retour des beaux jours.

Le début de la décennie 1980 peut apparaître comme une césure pertinente dans l’histoire de la chanson française. La fameuse triade, par ordre alphabétique, Brassens/Brel/Ferré est en cours de disparition : Brel est mort en 1978, Brassens meurt en 1981 et Ferré, lui, connaît un exil géographique et médiatique depuis qu’il vit en Toscane et a quitté la maison de disques Barclay. Le paysage politi­que aussi est en train de changer : la gauche parvient au pouvoir avec François Mitterrand, président de la République en mai 1981, et, dans la foulée, les radios libres vont pouvoir éclore, changeant complètement les équilibres de diffusion en France, et multipliant les relais musicaux, pour des publics de plus en plus “ciblés”. Sur le plan technologique, la production de CD numériques, qui vont progressi­vement remplacer les anciens disques microsillons, commence en 1982.

Trois décennies s’étant écoulées, il est peut-être temps d’esquisser des lignes d’organisation du paysage de la chanson depuis cette césure. Il ne s’agira pas ici d’accompagner chacun des succès et des éventuels engouements média­tiques qui ont ponctué ces années, mais plutôt, comme le propose le mot “esthétique” dans mon titre, de proposer un possible tableau des lignes de force qui ont rythmé la dynamique de création dans la chanson française depuis 1980. Bien des artistes resteront évidemment dans l’ombre : il n’est pas question ici de dresser un catalogue, plutôt de tenter de comprendre comment a pu continuer à se constituer un patrimoine de chansons.

Ce seront rarement celles qui, comme un Beaujolais nouveau, par quelque effet de matraquage commercial et média­tique sont devenues des “tubes”, vite consommées et parfois pourtant au chaud de nos souvenirs, associées à tel ou tel moment de l’actualité ou d’un événement personnel ; l’objet de mes réflexions sera plutôt, dans ce maquis de nos mémoires récentes, de dégager, même si elles furent moins médiatisées, les œuvres “de garde”, ces grands crus qui, au fil des ans et des maturations dans les caves discographiques et mémorielles, ont pu concentrer des arômes complexes et surtout bien caractéristiques, qui appellent à être décantés et goûtés.

Derrière ce terme de chanson, et dans la perspective cantologique qui est la mienne, il apparaît tout d’abord nécessaire de préciser, dans la lignée de mes précédents travaux, et hors de tout jugement de valeur, ce qui rentre effective­ment dans ce champ de la chanson française, et ce qui ne relèvera pas de ma perspective. Je reprendrai donc ici ma définition de la chanson comme “un air fixé par des paroles”, l’air se définissant comme une ligne mélodique facilement fredonnable. Ce rapport particulier entre paroles, musique et interprétation, qu’on désigne même dans plusieurs pays étrangers sous l’appellation de “chan­son”, n’inclut donc ni le rap, ni le slam, qui se sont développés durant ces mêmes années, mais dont le phrasé plus rythmé que mélodique d’une part, et l’articula­tion entre voix et instrumentation d’autre part, proposent une esthétique aux enjeux différents, même si bien sûr ils peuvent entretenir des intersections avec le genre chanson, par l’intervention par exemple de gimmicks ou de refrains empruntant à la chanson dans certains morceaux de rap.

De plus, si la chanson, par la posture du chanteur, supposé exprimer une part de son intimité, relève du modèle lyrique, ce n’est pas, sauf exception, le cas du rap, dont le locuteur assume a priori le statut de porte-parole d’un groupe au nom duquel il s’expri­me, manifestant sa virtuosité dans sa capacité à tisser des lieux assumés comme communs. Il doit montrer son originalité moins dans ce qu’il énonce que dans la vigueur avec laquelle il parvient à réagencer un topique, par ses rapproche­ments, ses effets sonores ou vocaux par exemple, à l’instar de l’aède antique habile à articuler des chevilles et des motifs attendus par ses auditeurs.

“Chanson française” se limite précisément à la pro­duction de France. Ce cadre méthodologique posé, on proposera ici quatre regroupements permet­tant, je l’espère, une bonne intelligence de la production française en chanson de ces trente dernières années. Cette articulation présente l’avantage d’être plus ou moins chronologique (même si, évidemment, des chevauchements de période sont nombreux), et en même temps de faire apparaître des lignes de force entre les innovations de la période, les constantes d’ordre patrimonial qui continuent d’être vivaces, et leur intrication, qui est sans doute le fil rouge de ces années de métissage esthétique.

On commencera donc par considérer le parcours des artistes déjà consacrés dont la dernière partie de l’œuvre a été produite durant cette période, au moins en son début : plusieurs cas de figure se présentent, des derniers feux prolongeant une esthétique en place, jusqu’aux ruptures ou évolutions qui marquent de nouveaux développements à l’intérieur d’une création déjà appréciée. On considérera ensuite les artistes de la génération suivante, nés juste après guerre, entre 1944 et 1953 : ils ont commencé à chanter au cours de années 1970 mais leur succès a vraiment pris son essor dans les années 1980, où ils apparaissent comme porteurs d’une nouvelle esthétique musicale. Depuis, leur aura n’a cessé de croître, et ils sont devenus les figures tutélaires de ce que le trimestriel Chorus2 avait baptisé la “Génération Chorus” - une forme de croisement esthétique entre la tradition musicale des Beatles et celle de Brassens ou Trenet.

La décennie suivante a vu l’arrivée au premier plan d’une forme de chanson métissée non plus seulement avec la musique anglo-saxonne, mais aussi avec toutes les musiques du monde, des rythmes sud-américains ou manouches, aux instruments africains. Initiée par Gainsbourg, relayée par Lavilliers, cette source d’inspiration a connu de nouveaux développe­ments lorsqu’elle permit de renouveler l’ancien courant de la chanson larmoyante dite “réaliste” au sein d’une esthétique souvent libertaire qu’on a aussi qualifiée d’“alternative”.

Dans l’ordre chronologique, il faut évidemment commencer par évoquer la fin de carrière de Charles Trenet. Né en 1913, premier auteur-compositeur-interprète devenu vedette et célébré en tant que tel à l’ère de la radiophonie et du microsillon à la fin des années 1930, sa façon d’amener les syncopes du jazz dans la chanson et dans son phrasé avaient marqué une vraie révolution dans l’orchestration de la chanson française, et Brassens, qui l’admirait beaucoup, savait combien il devait tribut à son œuvre. Paradoxe des histoires individuelles, au sein de la fameuse triade des auteurs-compositeurs-interprètes, c’est Jacques Brel, le plus jeune des trois, qui mourut le premier, puis Brassens, et si Ferré, de trois ans plus jeune que Trenet, produisit lui aussi durant notre période, c’est bien Trenet qui enterra ses illustres successeurs, puisqu’il attendit 2001 pour disparaître, ayant enregistré son ultime album en 1999.

La seconde observation consiste à caractériser ce qui se passe dans et autour de l’œuvre de Trenet. Le chanteur est en fait, depuis le milieu des années 1960, considéré comme désuet, et s’il continue à produire, c’est dans une certaine indifférence médiatique, sa carrière ayant connu un vrai ralentissement après ses déboires judiciaires en 1963 pour son homosexualité et ses relations avec des mineurs, et il a d’ailleurs célébré ses adieux à l’Olympia en 1975. Pourtant, il n’est pas le dernier à se dédire sur ce point, son admirateur Jacques Higelin parvenant à le décider à partager la scène avec lui dès la première édition du festival (rock) de Bourges, en 1977. Cette filiation finit par être reconnue, et, à une époque où la chanson française s’imprègne de plus en plus de musique rock, la figure de Trenet se débarrasse de son image d’un grand-père en noir et blanc représentant le son suranné des orchestres des années 1950 avec sa (trop) consensuelle La mer, pour remettre dans la mémoire des jeunes générations son influence décisive en matière d’introduction des rythmes anglo-saxons en France.

La traversée du désert de Trenet prend insensiblement fin jusqu’au moment où cette résurrection peut objectivement se mesurer par le succès incroyable que connaît, en 1986, la reprise de son vieux succès des années 1940, Douce France. Devenue au fil des ans l’étendard d’une nostalgie éternelle associée aux conservatismes de tout crin, la chanson est réorchestrée par le groupe Carte de séjour, dont les membres - avec à leur tête le chanteur Rachid Taha - revendiquent leur origine beur.

Dès lors s’ouvre pour Trenet une ultime séquence de succès pour boucler à la fois sa carrière et sa vie : il enregistre et chante en public pendant plus d’une nouvelle décennie, jusqu’en 1999, et s’éteint après avoir connu le troisième millénaire, en 2001. Sa résurrection tant politique qu’esthétique se traduit par une succession d’hommages. S’il n’aboutit pas dans sa quête d’élection à l’Académie Française, il est fait membre de l’Académie des Beaux-Arts en 1999, et a droit pour fêter ses 80 ans à un concert sur la scène de l’Opéra Bastille, en présence du Président de la République François Mitterrand en 1993.

En effet, si l’on fait le bilan de toute l’œuvre, on s’aperçoit que les vingt dernières années, certes moins prolifiques que les premières, ont manifesté la permanence d’un univers personnel sensible jusqu’au cœur du dernier album, Les poètes descendent dans la rue. Deux chansons entre autres, Raspoutine, et Pâte à papier, viennent témoigner à la fois d’une vitalité inusable par la fraîcheur qui les traverse, et d’une incroyable capacité de Trenet créateur, à plus de 85 ans, à écrire, composer et même chanter, de la même façon qu’à 25 ans, alors qu’entre-temps le monde, lui, n’a cessé d’évoluer... Une modernité à l’origine doit alors s’entendre en éternelle jouvence et classicisme atemporel, de la part d’un artiste qui, précisément, met tout en œuvre pour s’affranchir dans ses chansons de toutes les clôtures.

Car, chez Trenet, jusqu’à son dernier disque, si l’on meurt souvent, ce n’est pas à la fin. À la chute, et à l’instant du bilan d’une œuvre décisive pour le genre de la chanson française, ce qui surgit de façon frappante, malgré les apparences du comique et de la voix d’enfant que le vieux Trenet s’amuse à reprendre, c’est bien ce rapport régressif et fasciné à l’image maternelle - et son corollaire, une agressivité marquée envers la figure du père.

où l’exclamation des retrouvailles est soulignée par un finale orchestral triomphant. La mère est celle qui accueille, et sait suturer les piqûres laissées par le père... Du coup, la fin surprenante de Raspoutine doit aussi être entendue, de la part du vieux Trenet, comme un ultime règlement de comptes à 86 ans ! Bouclant la boucle de soixante ans de chanson, le personnage-titre de Raspoutine, avec sa barbe érigée, incarne une figure paternelle menaçante, un Ouranos presque impossible à castrer, et associé à la guerre, qui justifie le finale en tant qu’appel au secours vers la mère.

Le cas de Léo Ferré n’est pas moins paradoxal. Installé depuis 1975 en Toscane, il est à la fois une référence reconnue dans le monde de la chanson, mais son refus des cloisons étanches l’a brouillé avec les critères marchands qui régissent le monde de la distribution discographique, et il a quitté la maison de disques de ses plus grands succès (Barclay) pour des questions de liberté artistique. Il signe en 1980 avec la maison RCA dont il accompagnera le directeur dans l’aventure d’une nouvelle maison, les éditions EPM - officiellement Éditions Paroles et Musique, mais dont la légende lui attribue le sens acronyme originel et provocateur en diable : “Et puis merde”... De fait, après l’énorme succès du début des années 1970 qui a vu l’ancien chanteur de Saint-Germain-des-Prés rencontrer le public du rock et des Moody blues grâce à Avec le temps et C’est extra, le goût de Ferré pour les formations symphoniques et sa volonté de ne pas se cantonner dans les canons trop étroits pour lui de la chanson formatée l’éloigneront des feux de la diffusion médiatique que son aura aurait laissé attendre.

Ferré ne perd pas son public, jeune et très impliqué dans les mouvances libertaires, mais a tendance à fuir les gages de reconnaissance que Trenet a reçues durant la même période. Ferré ne vient pas recevoir les distinctions, garde ses distances avec François Mitterrand, auto-édite ses textes, mais remplit le Théâtre des Champs-Élysées en 1984, puis, à chaque passage parisien, à la fin des années 1980, le Théâtre Libertaire de Paris (TLP Déjazet), et accepte l’hommage de ses pairs lors d’une fête en son honneur aux troisièmes Francofolies de La Rochelle, en 1987.

Durant cette douzaine d’années, Ferré enregistre pas moins de sept albums pour RCA puis EPM, où il manifeste à la fois sa fécondité permanente, et une cohérence artistique dont le fil rouge est précisément d’échapper à tous les classements génériques : de même qu’il fait alterner les formules musicales en jouant sur scène accompagné soit d’un seul piano soit d’une bande-son symphonique (après avoir expérimenté les réticences des producteurs aux concerts des années 1970 où il dirigeait un orchestre tout en chantant), de même, en créateur inclassable et inlassable, il enregistre aussi dans de multiples registres. Durant notre période paraît la version enrichie d’un ballet lyrique, La Nuit, qu’il avait composé en 1956 et qui devient en 1983 L’opéra du pauvre - dans lequel il incarne les voix de plus de vingt protagonistes. Dans d’autres directions, il publie une version, entre déclamation, psalmodie et oratorio, de La Saison en Enfer de Rimbaud (son ultime album, en 1991) ; ainsi qu’un disque entier consacré à des textes de Jean-René Caussimon (son vieil ami auteur de Comme à Ostende et Monsieur William).

Il enregistre aussi, bien sûr, plusieurs albums consacrés à ses pures chansons en tant qu’auteur-compositeur-interprète (auxquelles se greffent, ça et là, quelques mises en musique de Rimbaud, encore, ou Apollinaire), et enfin, peut-être son sommet discographique de ces années-là, son album de 1982, Ludwig - L’imaginaire - Le Bateau ivre, où il affiche, jusqu’au titre, son compagnonnage revendiqué avec Beethoven et Rimbaud comme sources de rencontres poétiques et musicales. C’est donc avec constance qu’il s’ingénie à dépasser toutes les frontières du genre chanson pour le marier aussi bien à la poésie qu’à la musique dite classique. Un styl...

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