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L'équipe de France, qui affronte la Belgique en 8es de finale de l’Euro 2024, s’est inclinée aux tirs au but lors de ses deux derniers tournois majeurs. Les Bleus venaient alors de s’incliner face à l’Argentine, au terme d’une cruelle séance de tirs au but (3-3, 4-2 tab), en finale de la Coupe du monde 2022. Une fâcheuse habitude pour l’équipe de France qui avait déjà chuté dans cet exercice en finale de la Coupe du monde 2006, face à l’Italie, et en huitièmes de l’Euro 2021, contre la Suisse.

Ousmane Dembélé semble pourtant transformé par rapport à ces derniers exercices. Le dribbleur virtuose mais inefficace dans le dernier geste est devenu un collectionneur de buts. Après ses deux triplés de rang, l'international tricolore en est ainsi déjà à 19 buts cette saison, très loin de ses stats lors du dernier exercice où ses imprécisions au moment de conclure en agaçaient plus d'un (6 buts). Une métamorphose surprenante ? Pas forcément.

Les débuts prometteurs d'un buteur

"C'est quelqu'un qui était habile devant le but déjà jeune. Il avait le sang-froid, l'adresse et l'agilité (ndlr : que l'on peut rechercher chez un buteur)", se remémore ainsi Philippe Montanier, qui l'a lancé chez les pros au Stade Rennais. Lors de la saison 2014-2015, Dembélé avait flambé avec la réserve bretonne en CFA 2, histoire de marquer 13 buts en 17 matches à seulement 17 ans. Et sa première saison avec le Stade Rennais en L1, celui qui avait aussi signé quatre buts en huit sélections en U17 avec les Bleus avait fini avec 12 réalisations en 26 rencontres. Tout sauf les chiffres d'un joueur maladroit, qui perd ses nerfs à l'heure de finir.

"Benoit Costil (ndlr : le gardien du Stade Rennais lors de l'arrivée de Dembélé en pro) était venu me voir pour me dire que c'était le meilleur attaquant de l'effectif. Il était celui qui maîtrisait le mieux ses émotions devant le but. A 18 ans seulement." Un constat confirmé par Philippe Montanier. "Je l'ai même fait tirer un penalty (ndlr : contre Lille à la 89e pour égaliser à 1-1) puisqu'on avait dû louper cinq penalties de suite avec cinq tireurs différents. Et lui, il a pris ses responsabilités. Il avait à peine 18 ans. Mais c'est quelqu'un qui a un gros mental. Il est très sûr de lui et avait ça dès son plus jeune âge".

La confiance et le positionnement : clés de la transformation

Quand Ousmane Dembélé n'arrivait pas à être plus tueur devant le but, "Là où j'étais surpris, c'est qu'il n'ait pas ressenti le fait qu'il puisse par moments forcer la décision", remarque Mathieu Le Scornet, qui l'a côtoyé en jeunes au Stade Rennais aux côtés de Julien Stéphan. "On ne peut pas être à une certaine période, autour de ses 20 ans, aussi juste, pertinent, judicieux, habile, malin, relâché et décontracté et tout perdre après, remarque également Patrick Rampillon. Je ne sais pas pourquoi il l'avait perdu. Et ce n'est pas à moi d'analyser cela. Mais quand on retrouve un peu d'amour autour de soi, on est plus efficace."

Tous pointent du doigt ainsi deux choses qui peuvent expliquer ce renouveau : la confiance donc, et la position sur le terrain évidemment, alors que Luis Enrique le fait jouer de manière plus axiale récemment au PSG. "Le fait de se retrouver dans une position axiale où il y a un peu moins d'efforts et un peu moins d'angle pour finir peut l'aider, lance Montanier. Quand vous arrivez du côté, vous êtes toujours face à des angles fermés, c'est quand même plus compliqué".

La "motricité verticale" : un atout technique

Pour Mathieu Le Scornet, cette approche est d'ailleurs plus que cruciale. Pour une raison, très technique : "le profil moteur" d'Ousmane Dembélé. "Quand il arrive de côté pour aller vers le but, c'est compliqué. Parce qu'en fait à la sortie de ses dribbles, il s'ouvre une fenêtre de tir, mais pas celle idéale pour sa motricité préférentielle. Actuellement, dans la mesure où il a été replacé dans l'axe, il est face au but. Et Ousmane est performant quand il est face à la cible".

Mathieu Le Scornet, qui insiste aussi sur la force mise sur l’appui sur le dernier pas de son ancien protégé, précise encore son analyse. "Il aime bien cette action typique où un joueur peut rentrer avant d'envelopper pour trouver le petit filet. Pour Lionel Messi par exemple, ça correspond à sa motricité. Il n'a pas besoin d'être face au but pour tirer. A l'inverse, Ousmane doit s'ajuster. Ce qu'on appelle une motricité verticale, note celui qui a pris en charge la réserve de Strasbourg. Verticale par rapport à la position du corps face à la cible au moment de l'impact, de la frappe. (…) Il y a vraiment une combinaison de gestes, une mécanique de haute précision en fait à mettre en place pour qu'il puisse vraiment être efficace."

Un rôle central et une efficacité redoutable

Dans de meilleures conditions alors qu'il est aussi plus libre sur le terrain, Ousmane Dembélé l'illustre actuellement, alors qu'il s'est mué en buteur à sang-froid et même en renard de surface. Un joueur redoutable qui compte déjà 11 buts en 2025. Histoire d'être tout simplement le meilleur buteur d'Europe depuis le début de cette année civile. Le numéro dix du PSG n’a pas dribblé un seul Intériste durant cette magnifique finale de la Ligue des champions. Et cette étrangeté est finalement ce qui résume le mieux la métamorphose du PSG sous les préceptes de Luis Enrique.

L’attaquant parisien Ousmane Dembélé a encore montré son nouveau visage de buteur déterminé en inscrivant un doublé et en provoquant un penalty, contre Brest mardi (3-0) en barrage aller de la Ligue des champions. Ce sont les 22e et 23e buts de sa saison, une statistique impensable jusqu’à il y a peu, quand le public levait les yeux au ciel... L’ancien Rennais est devenu euphorique depuis le début de l’année, avec 15 buts. Lors de ses 11 derniers matches, il a planté la bagatelle de 11 buts.

Mais la mue a commencé dès décembre, quand Luis Enrique l’a titularisé plus régulièrement en numéro 9. « Je suis bien placé, je suis dans le rôle de N.9, je me dois de marquer », expliquait-il après son triplé, déjà contre Brest (5-2) mais en championnat, le 1er février, trois jours après un premier triplé à Stuttgart.

« Avant je jouais plus milieu droit collé à la ligne, c’était plus difficile d’aller marquer, je devais dribbler trois-quatre joueurs avant de pouvoir marquer. Là en numéro 9, tu n’as plus qu’un joueur ou qu’à pousser le ballon », disait-il, avec une forme de modestie.

Sur chacune de ses célébrations, Ousmane Dembélé arbore désormais une tranquillité de roi, lui qui jusque-là était cantonné à être lieutenant - la saison dernière - de Kylian Mbappé. L’expression de son visage a changé pour manifester une détermination de fer, sans besoin d’effusion excessive. Lui qui avait dit en début de saison vouloir prendre ses responsabilités, avant de s’embrouiller un temps avec l’entraîneur Luis Enrique, semble avoir franchi un cap mental.

« Ousmane a toujours été un joueur différent », l’a encensé Luis Enrique en février. « Quel que soit le poste où il joue. Il est capable de dribbler deux ou trois joueurs, de faire des passes décisives, de marquer des buts. Notre objectif avec lui a toujours été le même: trouver des espaces à l’intérieur ou sur les côtés ».

Dans son nouveau rôle, il a « cette capacité à bouger dans la surface de réparation, recevoir et marquer d’une touche de balle », a poursuivi le technicien.

Prestation magistrale en Coupe du Monde des Clubs

Ousmane Dembélé, qui retrouvait une place de titulaire avec le PSG face au Real Madrid, a signé une performance magistrale face au club merengue. Dès les neuf premières minutes, l’ailier français frappait fort. Avec un but et une passe décisive en un éclair, il devenait le premier joueur à être impliqué dans deux buts contre le Real aussi tôt dans un match depuis qu'Opta analyse cette statistique (2002/03).

Sa prestation ne s’est pas arrêtée là : en 33 ballons touchés, Dembélé a créé 3 occasions, gagné 3 possessions, touché 3 fois la surface adverse, cadré son seul tir, et donc inscrit un but tout en offrant une passe décisive. Cette performance étincelante conforte un constat : Dembélé est actuellement le joueur le plus décisif des clubs du Top 5 européen en 2025, avec 36 actions décisives (27 buts, 9 passes).

Il devance Raphinha (31, dont 17 buts) et Kylian Mbappé (31 aussi, mais avec 30 buts pour seulement 1 passe). Avec 41 buts en seulement 94 matchs officiels avec le PSG, il dépasse déjà son total de 40 buts inscrits en 185 matchs avec le FC Barcelone.

Dembélé a donné une leçon de football, d'efficacité et de collectif, dans ce qui restera comme une démonstration magistrale du PSG face au Real Madrid.

Les tirs au but : un défi mental et technique

« C’est intéressant de noter que tous ceux qui ont dit que les tirs au but étaient de la chance ou une loterie étaient des coaches ou des joueurs qui avaient perdu, sourit Ben Lyttleton, journaliste britannique et auteur de “Onze mètres, la solitude du tireur de penalty”. Le terme de loterie revient, en effet, souvent dans la bouche des entraîneurs au moment d’analyser une défaite aux tirs au but.

« Un penalty a plus à voir avec la chance que le match en lui-même, reconnaît Geir Jordet, professeur à l’École norvégienne des sciences du sport et auteur de “Pressure : Lessons from the psychology of the penalty shootout”. Mais avoir ce récit est irréfléchi. Les tirs au but sont un geste technique.

En mars dernier, Didier Deschamps avait estimé qu’il était « impossible de recréer la même situation sur un plan psychologique et sur la condition athlétique dans une séance d’entraînement ». « C’est vrai, lui répond Geir Jordet. Il est impossible de reproduire ça à 100 %. Mais ce n’est pas nécessaire. Il y a eu beaucoup de recherches en psychologie qui ont montré que s’entraîner avec un peu de stress était efficace pour te préparer à performer avec une anxiété élevée.

Luis Enrique, sélectionneur de l’Espagne lors de la Coupe du monde 2022, avait déclaré que ses joueurs devaient arriver au Qatar « avec au moins 1 000 penalties tirés dans leur club ». Les deux spécialistes se rejoignent sur une idée : des séances doivent être organisées, à la fin des entraînements, lorsque les joueurs sont fatigués. « Vous faites deux équipes. Elles vont dans le rond central et les joueurs marchent jusqu’au point de penalty avant de tirer », détaille Geir Jordet, qui juge cet exercice « plus psychologique que physique ».

Geir Jordet insiste également sur le côté psychologique de l’exercice et encourage les joueurs à prendre leur temps avant leur tentative. « Beaucoup ne sont pas dans le contrôle. La meilleure façon de le voir, c’est la vitesse à laquelle ils frappent. C’est mieux d’attendre deux ou trois secondes, souffler un coup, garder le contrôle avant de frapper. » Lors de son échec face à la Suisse, à l’Euro 2021, Kylian Mbappé avait, par exemple, eu un temps de réaction de 0,2 seconde après le coup de sifflet de l’arbitre.

Le capitaine des Bleus s’est parfaitement repris : en finale de Coupe du monde, il avait transformé ses deux penalties avant de marquer également son tir au but.

Tableau récapitulatif des statistiques d'Ousmane Dembélé

Saison Club Buts Matches
2014-2015 Réserve Stade Rennais (CFA 2) 13 17
Première saison en L1 avec Stade Rennais Stade Rennais 12 26
2025 (jusqu'à présent) PSG 11 N/A
Total avec PSG (officiel) PSG 41 94
Total avec FC Barcelone FC Barcelone 40 185

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