Vous avez un pistolet ou une carabine ? Vous vous entraînez régulièrement avec un casque de protection auditive ? Si la réponse est non, vous ne savez pas ce que vous affronterez réellement si vous devez un jour faire usage de votre arme dans un milieu clos. Si vous envisagez le risque de devoir un jour faire usage de votre arme dans un espace clos - chez vous, dans un couloir, un escalier, une cave, un garage ou même dans l’habitacle d’un véhicule - alors il faut que vous sachiez ceci : ce tir, même unique, pourrait vous rendre sourd.
Dans l’univers de la fiction, John Wick dégomme des dizaines de types à bout portant dans des couloirs, des galeries, des maisons aux murs de béton brut, des salles de bain carrelées du sol au plafond. Chaque tir déclenche une onde de pression brutale. Si vous êtes dans une pièce fermée - comme un salon, une cuisine, un couloir ou un escalier étroit - l’onde rebondit sur les murs et revient frapper vos tympans. Vous ne recevez pas une détonation, mais trois, quatre, cinq. Maintenant, imaginez cela à l’intérieur. Une pièce fermée. Des murs nus. L’onde sonore ne s’échappe pas : elle rebondit, s’amplifie, vous percute plusieurs fois.
Le seuil de douleur auditive se situe à 120 décibels. Une arme de poing chambrée en 9×19 en produit environ 160. En espace clos, la réverbération ajoute encore à la violence. Résultat immédiat : perte d’audition temporaire ou permanente, acouphènes violents, perte d’équilibre, désorientation complète. Et ce n’est pas du long terme. Monstueux.
Les dégâts acoustiques ne dépendent pas uniquement du nombre de décibels. Un pistolet 9mm peut libérer plus de 2 bars de surpression autour de la bouche du canon. Un calibre 12 ou un fusil d’assaut monte à 4 bars ou plus. À intensité sonore égale, certains calibres infligent davantage de dommages auditifs que d’autres car leur charge énergétique globale est plus importante et donc beaucoup plus traumatisante. Une ogive de 9×19 quittant le canon d’un Springfield Armory Echelon 4.5F.
Quelque chose a bougé dans le couloir. Vous avez entendu un bruit de verre, très net. Vous avancez, lentement, vers la zone sombre. Il y a quelqu’un. Une silhouette. Vos oreilles sifflent violemment. Vous ne percevez plus aucun son cohérent. Vous avez les jambes molles, les mains tremblantes. Vous vous sentez vaseux, sonné. Ce n’est pas l’émotion. Ce n’est pas l’adrénaline. C’est un choc acoustique. Une désorientation auditive totale. Ce n’est pas une exagération. C’est un scénario fréquent.
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Ce que vous devez comprendre, c’est que la surdité de combat, personne n’en parle parce qu’elle est invisible. Des centaines de policiers, de soldats, de civils armés perdent chaque année tout ou partie de leur audition dans des échanges de tirs à l’intérieur, parfois dès le premier coup de feu. Et contrairement aux autres blessures, celle-ci ne se voit pas. Mais elle reste. Elle vous accompagne toute votre vie, comme un sifflement permanent au fond du crâne, un bourdonnement que rien ne fait taire.
Quand vous vous entraînez au tir, vous portez un casque antibruit. Mais chez vous, à 3h du matin ? En revanche, vous pouvez garder à proximité immédiate un casque électronique tactique. Ce n’est pas du luxe. Les casque de protection auditive passifs traditionnels sont très efficaces mais à exclure dans la mesure où ils bloquent totalement les sons et empêchent donc toute prise d’information critique (déplacements, voix, etc.). N’oubliez pas de penser à vos proches : tirer à côté de ses enfants sans leur protéger les oreilles est le meilleur moyen de les mettre à l’apprentissage de la langue des signes.
Quelle que soit la solution retenue, un casque seul ne suffira pas à vous isoler totalement si vous tirez au 9mm ou au calibre 12 dans un espace clos. PS : Avant de passer au Sordin Supreme Pro X, j’ai acheté (et beaucoup utilisé) un casque électronique d’entrée de gamme vendu autour de 50€ sur Amazon, le Awesafe GF01. Il fait le taff en extérieur et pour quelques cartouches en stand fermé mais il n’isole pas suffisamment du bruit pour des sessions intensives en milieu clos. Ce n’est pas un casque doté d’une vraie gestion électronique du bruit.
Fusils, pistolets, revolvers et armes automatiques, les coups de feu sont parmi les sons les plus populaires du grand écran et des jeux vidéos. Ils sont peut-être aussi les moins fréquents de la vie quotidienne. D’un point de vue physique, lorsque qu’on tire avec une arme à feu, une grande quantité d’énergie est dégagée en un temps extrêmement court. A 1 mètre, la déflagration atteint un niveau sonore (ou niveau de pression acoustique) très élevé. Selon l’arme et la munition, il atteint 140 à 160 dBA.
Pour mieux situer ce genre de volume, voici une échelle des décibels :
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L’échelle des décibels est une échelle logarithmique dans laquelle le niveau sonore double quand on augmente de 3 dB. Si on ajoute 10 dB, on multiple le volume par 10. La norme de diffusion au cinéma fixe le volume maximal que l’on peut atteindre dans une salle (correctement calibrée) à 105 dBA. Cela correspond à 45 dB de moins qu’un vrai coup de feu.
Si on voulait retrouver de tels niveaux sonores au cinéma, il faudrait des haut-parleurs d’une puissance phénoménale. Mais ça n’aurais aucun intérêt à part rendre les spectateurs complétement sourds. Si l’expérience du son réel est si différente de la fiction, comment alors faire ressentir au spectateur une émotion suffisamment proche de la réalité ? La solution est essentiellement psycho-acoustique : allonger la durée du son pour le faire paraitre plus fort.
Chez RDS Industrie, nous sommes souvent interrogés sur la réduction du bruit des armes à feu avec nos modérateurs de son. Un modérateur de son agit principalement sur la détente des gaz en les ralentissant et en les dispersant progressivement avant qu’ils ne quittent le canon. Interdits depuis 1986, un arrêté paru le 23 janvier au Journal officiel autorise de nouveau l’usage des dispositifs silencieux sur les armes de chasse.
La Fédération nationale des chasseurs le réclamait depuis longtemps afin de protéger l’audition des chasseurs, qui rechignent souvent à porter des protections auditives. Selon le site chasseurdudimanche.com, une détonation de coup de fusil a une valeur moyenne de 130 décibels (dB). Or, le son commence à être dangereux dès 85 dB et le seuil de douleur (à partir duquel on peut avoir mal) est atteint à partir de 120 dB.
Le dispositif qui est un réducteur de son et non un silencieux va permettre de faire perdre environ 20 décibels mais ne fera pas disparaître le bruit de l’arme. L'arrêté du 2 janvier 2018 modifiant l'arrêté du 1er août 1986 autorise l'utilisation de dispositifs silencieux destiné à atténuer le bruit au départ du coup. Lors de la promulgation de cet arrêté, le souhait de protéger l'audition des chasseurs des dégâts sonores causés par les tirs. Les modérateurs de son prennent l'apparence d'un tube faisant office de chambre de décompression dans laquelle le niveau de pression des gaz va diminuer de manière progressive.
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Avantages des modérateurs de son :
Inconvénients des modérateurs de son :
Moins nombreux que les avantages.
Les différents types de protections auditives :
La perte auditive est un phénomène inévitable et progressif tout à fait normal. Une baisse de l’audition est liée au processus de vieillissement. Néanmoins, il existe des moyens pour entretenir son audition : éviter les expositions excessives au bruit en protégeant ses oreilles correctement. Dès lors que le niveau sonore excède 85 dB, votre système auditif est en danger : vous risquez un traumatisme auditif. Avec un niveau sonore de cette intensité extrême, le port de protections auditives est indispensable : il y a un danger immédiat pour l’audition.
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