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Le bruit constitue une nuisance très présente dans la vie des français : 86% se déclarent gênés par le bruit à leur domicile. Au-delà de la gêne, l’excès de bruit a des effets sur la santé, auditifs et extra-auditifs. En France, le coût social du bruit est estimé à 147,1 milliards d'euros (ADEME, 2021). L'utilisation d'armes à feu, qu'il s'agisse de pistolets, de carabines ou de fusils, est souvent associée à un risque de blessure physique. Cependant, un danger moins visible, mais tout aussi réel, est celui des dommages auditifs causés par le bruit intense des détonations.

Le bruit est un son (ou un ensemble de sons) qui produit une sensation auditive désagréable, gênante ou dangereuse. Un bruit peut être caractérisé par sa fréquence (grave ou aigüe), son niveau sonore, et sa durée. Le niveau sonore (ou intensité sonore) se mesure en décibel (dB) (il correspond aux variations de pression de l’air ambiant lors du passage de l’onde sonore). Les sons audibles se situent entre 0 dB (seuil d'audition) et 140 dB. Le seuil de la douleur se situe aux alentours de 120 dB.

Impact sonore des armes à feu

Un coup de feu produit une onde de pression sonore extrêmement forte, capable de causer des dommages irréversibles à l'oreille interne. Le seuil de douleur auditive se situe à 120 décibels (dB), tandis qu'une arme de poing chambrée en 9×19 peut produire environ 160 dB. L'exposition à de tels niveaux sonores peut entraîner une perte d'audition temporaire ou permanente, des acouphènes violents, une perte d'équilibre et une désorientation complète.

Dans un espace clos, comme une maison, un couloir ou même l'habitacle d'un véhicule, le danger est amplifié. L'onde sonore rebondit sur les murs et revient frapper les tympans à plusieurs reprises, augmentant ainsi la violence de l'impact.

La surdité de combat est un problème souvent négligé, car elle est invisible. Des centaines de policiers, de soldats et de civils armés perdent chaque année tout ou partie de leur audition dans des échanges de tirs, parfois dès le premier coup de feu. Contrairement aux autres blessures, celle-ci ne se voit pas, mais elle reste, accompagnant la personne touchée toute sa vie sous la forme d'un sifflement permanent ou d'un bourdonnement incessant.

Lire aussi: Protégez votre audition face aux armes à feu

Les impacts sanitaires liés au bruit

Les impacts sanitaires liés au bruit sont de deux ordres:

  • Effets directs sur l’audition :
    • Surdité d’apparition progressive et insidieuse.
    • Acouphènes : bourdonnements ou sifflements d’oreilles désagréables, ponctuels ou permanents.
    • Hyperacousie : extrême sensibilité aux sons.
  • Effets extra-auditifs : perturbation du sommeil, gêne, effets sur les attitudes, les comportements, les performances et l’intelligibilité de la parole.

L’apparition d’acouphènes, d’hyperacousie, une sensation d’entendre moins bien ou de comprendre moins bien les conversations justifient une consultation médicale. Il est important de faire contrôler régulièrement son audition. Et si vous percevez des sifflements ou des bourdonnements après un événement bruyant, qu’ils soient passagers ou permanents, consultez d’urgence (dans les 48 à 72h après le traumatisme sonore) un spécialiste ORL pour augmenter les chances de récupération.

Traumatisme sonore aigu

Une exposition à un bruit de courte durée et d’intensité importante (détonation d’arme à feu, explosion, boîte de nuit, concert, etc.) peut provoquer un traumatisme sonore aigu engendrant immédiatement des dommages pour l’oreille. Sans traitement, les lésions sont permanentes provoquant une baisse de l'acuité auditive.

Après exposition au bruit, le traumatisme sonore aigu se manifeste par une sensation d’oreille bouchée, une hypoacousie, des acouphènes ou des douleurs de l’oreille. L’éviction du milieu sonore dès les premiers signes est le premier geste à accomplir. Si les symptômes persistent quelques heures après l’exposition ou après une nuit de sommeil, une consultation immédiate chez un médecin ou aux urgences hospitalières est recommandée.

Protection auditive : Une nécessité souvent négligée

Lorsqu'on s'entraîne au tir, il est courant de porter un casque antibruit. Cependant, dans une situation d'urgence à domicile, il est rare d'avoir une telle protection à portée de main. Les casques de protection auditive passifs traditionnels sont efficaces, mais ils bloquent totalement les sons, empêchant ainsi toute prise d'information critique (déplacements, voix, etc.).

Lire aussi: Armes à feu : niveaux de bruit

Les casques électroniques tactiques, en revanche, permettent d'atténuer les bruits forts tout en amplifiant les sons faibles, offrant ainsi une protection auditive sans compromettre la capacité à entendre l'environnement. Il est également important de penser à la protection auditive de ses proches. Tirer à côté d'enfants sans leur protéger les oreilles peut entraîner des dommages auditifs irréversibles.

Types de protections auditives

Le casque anti-bruit occupe aujourd’hui une place très importante au sein de la communauté des tireurs. En effet le casque représente la majeure protection dans le milieu du tir afin de prévoir une dégradation des facultés auditives. Il existe aujourd’hui trois types de protection : les bouchons simples, les bouchons électroniques, et les casques:

  • Casques passifs : Un casque anti-bruit dits passif fera office de protection auditive de très bonne qualité (d’environs 20 dB à 35 dB d’atténuation). Il atténuera tous les sons sans distinctions - des tirs, en passant par la voix des personnes aux alentours - dans le but de protéger efficacement les oreilles. En revanche, le plus gros inconvénient des casques passifs réside dans leur capacité à couper tous les sons.
  • Casques actifs : Face à ces protections passives, les protections actives laissent passer le son normal et filtrent les sons qui dépassent les 90 décibels. Ils proposent donc l’avantage de rester à l’écoute des sons dits normaux.

Choisir le bon casque anti-bruit

Une différence à également prendre en compte lors de l’achat d’un casque anti-bruit est le type d’arme utilisé. En effet pour des armes de gros calibre, avec une crosse longue, nous conseillerons la gamme des Peltor X1 à X5.

Le choix du casque anti-bruit le plus adapté dépend également de la façon dont le tir sportif est pratiqué:

  • Le lieu de pratique : La puissance de détonation diffère de manière considérable selon que le tir est effectué en intérieur ou en extérieur. En effet, lorsqu’il est pratiqué à l’intérieur d’un stand de tir, le tir est amplifié à cause des murs de la pièce, qui provoquent un phénomène d’écho important. La déflagration présente alors un danger encore plus important pour les oreilles du tireur, qui devra porter un casque au taux d’atténuation minimal de 35 décibels. En revanche, si le tir est pratiqué en extérieur (dans le cadre de la chasse, par exemple), les sons sont fuyants. La détonation étant moins puissante, et donc moins dangereuse, le tireur peut opter pour un casque légèrement moins protecteur, avec un taux d’atténuation situé entre 25 et 30 décibels.
  • Le type d’arme utilisé : En fonction de la taille de l’arme utilisée et des accessoires qu’elle comporte (comme une lunette télescopique), le tireur doit privilégier des caractéristiques qui garantiront son confort lorsqu’il portera ladite arme. Par exemple, des coques fines préserveront ses oreilles du danger sans toutefois devenir un obstacle à sa visée. Qu’il s’agisse d’une arme de poing ou d’épaule, de petit ou de gros calibre, il est essentiel que le casque anti-bruit ne gêne pas son usage, au risque de blesser le tireur ou toute autre personne autour.

Les modérateurs de son : Une solution pour atténuer le bruit des armes à feu

L'arrêté du 2 janvier 2018 modifiant l'arrêté du 1er août 1986 autorise l'utilisation de dispositifs silencieux destiné à atténuer le bruit au départ du coup. Les modérateurs de son, souvent appelés silencieux, sont des dispositifs conçus pour atténuer le bruit d'une arme à feu. Ils prennent l'apparence d'un tube faisant office de chambre de décompression dans laquelle le niveau de pression des gaz va diminuer de manière progressive. Les gaz issus de la combustion de la poudre, suivent la balle dans le canon et une fois dans le silencieux, vont être dirigés contre des chicanes contenues à l'intérieur du silencieux.

Lire aussi: Tout savoir sur les silencieux pour armes

Un modérateur de son agit principalement sur la détente des gaz en les ralentissant et en les dispersant progressivement avant qu'ils ne quittent le canon, limitant ainsi la déformation du milieu ambiant et réduisant le bruit perçu. Une arme produisant un bruit de 160 dB sans silencieux verra ce niveau réduit à 140 dB avec un silencieux, soit un gain de 20 dB. Pour une efficacité maximale, il est préférable d'utiliser des munitions subsoniques, dont la vitesse est inférieure à celle du son (340 m/s). Couplées à un réducteur de son, on peut diminuer le bruit d'un coup de feu de 20 à 45 décibels, sachant que la détonation d'un coup de feu produit, selon le calibre, un bruit entre 130 et 200 dB.

Il faut toutefois noter que l'industrie du cinéma a tendance à donner une fausse image des silencieux. Dans la réalité, les tireurs sportifs et chasseurs utilisent surtout le terme "réducteur de son". De plus, l'efficacité d'un réducteur de son va être beaucoup influencée par le type de balle que l'on va utiliser.

Comment mesurer les décibels ?

Pour évaluer les niveaux de décibels, on utilise généralement des dispositifs appelés sonomètres. Cependant, avec l’avènement de la technologie, il existe désormais des applications disponibles sur les smartphones qui peuvent également mesurer les décibels. Ces applications fonctionnent de manière similaire aux sonomètres traditionnels, en capturant et en analysant les niveaux sonores environnants.

Aspects légaux et contentieux liés au bruit des armes à feu

Les clubs de tir peuvent être confrontés à des contestations de voisinage en raison du bruit. La loi n°2024-346 du 15 avril 2024 adapte le droit de la responsabilité civile aux enjeux actuels et peut constituer une avancée majeure pour les clubs de tir.

Désormais, le code civil, en son article 1253, définit à la fois les notions de trouble anormal de voisinage et de responsable, et introduit une exception d'antériorité : la responsabilité n'est pas engagée lorsque le trouble anormal provient d'activités existant antérieurement à l'arrivée de la personne lésée.

Il existe des conditions pour que l’exception d’antériorité joue :

  • Antériorité
  • Activité conforme aux lois et aux règlements
  • S’être poursuivie dans les mêmes conditions ou dans des conditions nouvelles qui ne sont pas à l’origine d’une aggravation du trouble anormal

Il est conseillé aux stands de tir de faire procéder à des mesures de bruits afin d’enregistrer l’intensité, de consigner les horaires, le nombre d’adhérents, la fréquentation, la fréquence des tirs et le type d’armes utilisé, les compétitions hébergées…, de vérifier et bien conserver les historiques. L’arrêté du 27 novembre 2008 indique qu’il faut utiliser la norme NF S31-160 pour mesurer les bruits des tirs.

Solutions pour réduire le bruit dans les stands de tir

Plusieurs solutions peuvent être mises en œuvre pour réduire le bruit dans les stands de tir, notamment :

  • Caissons anti-bruit : La Ligue Régionale de tir du Centre a mis en place un prototype de « caisson antibruit » afin d'atténuer les effets sonores occasionnés par les déflagrations. Le caisson est construit en laine de verre avec des « chicanes brisantes » devant pour briser et absorber l'onde sonore. Des plaques de fibralites ont été installées sur les deux premiers pare-balles ainsi que sur le mur derrière le tireur pour éviter le retour de l'onde sonore. Les tests ont montré un gain de décibels de 4 dBA sur le parking derrière le stand et de 7 dBA dans la cour du stand.
  • Amélioration de l'isolation acoustique : L'utilisation de matériaux absorbants et isolants peut réduire la propagation du bruit à l'extérieur du stand.
  • Gestion des horaires : La limitation des horaires de tir peut réduire les nuisances sonores pour les riverains.

Réglementation en vigueur

La réglementation en vigueur opposable à ces activités sportives est inscrite dans le code de la santé publique, notamment dans les articles R. 1334-32, R. 1334-33, R. 1334-35, R. 1336-6, R. 1336-8, R. 1336-9, R. 1336-10 et R. 1336-10-1.

La réglementation des seuils imposés par la loi française vise à contrôler l’exposition au bruit dans divers contextes. Dans le cadre des lieux clos ou recevant du public comme les salles de concert, le décret n° 2017-1244 du 7 août 2017 stipule qu’il ne faut pas dépasser 102 décibels A pendant une période de 15 minutes, ainsi que 118 décibels B sur la même durée. Dans le cadre du travail, le décret n° 2006-892 du 19 juillet 2006 établit une limite d’exposition quotidienne de 8 heures au bruit, fixée à 87 décibels. Chaque employeur doit veiller à la santé et à la sécurité de ses employés. Cela implique d’analyser les risques encourus par les salariés, en les impliquant dans cette démarche, et de mettre en place des mesures de prévention appropriées. Pour cela, l’entreprise peut procéder à une évaluation des risques, dans le but de garantir la protection de leur audition. En fonction de cette évaluation réalisée par des professionnels, et du degré de décibel auxquels sont exposés les employés, plusieurs actions doivent être établies par les employeurs.

Seuils Exposition quotidienne (8 heures) Niveau de crête Obligations de l’employeur
Valeur d’exposition inférieure déclenchant l’action (VAI) 80 dB (A) 135 dB (C)
  • Mise à disposition de protecteurs auditifs individuels (bouchons d’oreilles, casque antibruit…)
  • Examen audiométrique préventif sur demande du travailleur ou du médecin
  • Information et formation des travailleurs
Valeur d’exposition supérieure déclenchant l’action (VAS) 85 dB (A) 137 dB (C)
  • Programme de mesures techniques ou d’organisation du travail visant à réduire l’exposition au bruit
  • Signalisation appropriée, limitation d’accès aux zones bruyantes
  • Port effectif des protecteurs auditifs individuels
  • Mise en place, si nécessaire et après avis du médecin du travail, d’un Suivi individuel renforcé (SIR)
Valeur limite d’exposition (VLE) 87 dB (A) 140 dB (C)
  • Adoption immédiate des mesures de réduction du niveau d’exposition au bruit à des valeurs inférieures aux valeurs limites
  • Identification des causes de l’exposition excessive et adaptation des mesures de protection

Le son des armes à feu au cinéma : Réalité vs Fiction

Les coups de feu, qu'ils proviennent de fusils, de pistolets, de revolvers ou d'armes automatiques, sont des sons très présents au cinéma et dans les jeux vidéo, bien que moins courants dans la vie quotidienne.

D'un point de vue physique, un tir d'arme à feu libère une grande quantité d'énergie en un temps très court, provoquant une variation de pression dans l'environnement. Lorsque le projectile quitte le canon, les gaz sous haute pression s'échappent brutalement dans l'atmosphère, générant un bruit intense. À 1 mètre, la déflagration peut atteindre un niveau sonore de 140 à 160 dBA, selon l'arme et la munition.

L'échelle des décibels est logarithmique, où le niveau sonore double à chaque augmentation de 3 dB. La norme de diffusion au cinéma fixe le volume maximal à 105 dBA, soit 45 dB de moins qu'un vrai coup de feu. Cela représente un rapport de 30 000 entre le niveau sonore réel et sa représentation au cinéma.

En sound design, on mélange souvent des sons différents pour créer un effet sonore particulier. C'est la définition même du mixage sonore. Pour les tirs, quand on dispose d'une prise à plusieurs micros, on peut fabriquer une infinité de mélanges avec les différentes pistes. On ajoute aussi souvent des sons contextuels comme des bruits mécaniques de culasse, les douilles qui tombent, etc. Même si dans la réalité ces sons sont souvent masqués car trop faibles par rapport à la détonation, on les utilise pour apporter de la personnalité aux coups de feu. Quand on ne cherche pas de réalisme mais plutôt une émotion particulière, on peut mélanger des sons totalement différents comme des tirs de canon, des explosions ou même des sons qui n'ont rien à voir.

Que faire en cas de traumatisme sonore ?

Lorsqu’arrive un accident (sifflement et/ou perte auditive), il faut absolument se retirer de la chasse, et consulter un ORL rapidement pour faire un audiogramme. La mesure essentielle est de se mettre au silence, il ne faut surtout pas de terminer la chasse.

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