L'arbalète est une invention fascinante qui a transformé les tactiques de guerre et l'art de la chasse. Souvent confondue avec l'arc, l'arbalète est fort différente de celui-ci. C'est en fait une arme dérivée de l'arc.
De toutes les recherches entreprises, on peut, semble-t-il, conclure que l'arbalète est une invention chinoise. L’arbalète trouve ses origines en Chine, où elle a été inventée durant la période des Royaumes combattants, autour du Ve siècle avant J.-C. En Chine, l'arbalète est connue depuis la dynastie CHANG ( XVIII - XIe siècles avant J.C.). Elle est mentionnée au VIe siècle avant notre ère, ainsi qu’à la bataille de Ma-Ling (-341). Son invention serait à attribuer à HOUANG-TI, un des premiers souverains légendaires d’un immense pays dont la tradition fixe le règne au milieu du troisième millénaire avant l’ère chrétienne.
Initialement utilisée pour la chasse, elle a rapidement été adoptée comme arme militaire en raison de son efficacité. À l’époque de sa fabrication, l’arbalète n’était dotée d’aucun mécanisme. Au fil des siècles, l’arbalète a connu des améliorations significatives.
Les premières arbalètes apparaissent en Chine, durant la Période des Royaumes combattants qui couvre le Ve siècle av. J.-C. et jusqu’à -221 avant notre ère. L’arme ne disposant pas encore de système mécanique, la corde doit être tendue par le combattant en position allongée, tirant sur celle-ci avec ses bras et poussant avec ses pieds sur les demi-arcs. La gâchette se développe au cours de la période allant de la dynastie Qin aux Han.
Les modèles médiévaux européens étaient équipés de mécanismes sophistiqués, comme la noix de détente, qui permettait de maintenir la corde tendue jusqu’au moment du tir. L’arbalète apparaît sous sa forme moderne en Italie au milieu de Xe siècle et est utilisée lors des premières croisades au XIe siècle.
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Comme nous l'avons vu, l'arbalète romaine, faute de preuve, semble avoir été inspirée par la chinoise, dont l'antériorité est évidente. Quant à savoir comment elle a effectué le parcours d'Est en Ouest, on l'ignore. On perd la trace de l'arbalète approximativement à la fin de l'Empire romain, et entre le Ve et le Xe siècle on n'en parle pratiquement plus, mais on trouve des traces de celle-ci dans le nord de l'Europe.
On trouve une noix d'arbalète sur le site lacustre de Buston en Ecosse (IVe-VIIe siècles). On trouve mention de l'arbalète, utilisée à des fins militaires, dans "l'Histoire de France" de RICHER, lors de l'attaque de Soissons (948) par le duc Hugues le Grand; dans l'attaque de Senlis (949) par le roi Louis IV d'Outremer et le duc Conrad le Roux, où ils sont mis en échec par des coups d'acrobalistae. L'arbalète réapparaît subitement dans un document extrait de la Bible du moine français Haïmo, dans lequel est dessiné un arbalétrier, et un manuscrit de la fin du Xème sicècle (Histoire du roi Artus. Biblio. nat. franç.), montre des arbalétriers à pied tirant contre les remparts de la ville de Tyr.
Ce perfectionnement apporte plusieurs avantages. Une fois que la corde est tendue, le tireur n’a plus d’effort physique à fournir pendant qu’il vise. L’ajustement du tir s’en trouve facilité. La régularité de tension de la corde est à peu près absolue puisqu’elle est déterminée par le point d’ancrage sur l’arbier, et donc indépendante du geste de l’archer. Ainsi l’efficacité du tir est moins conditionnée par l’habileté naturelle et le niveau d’entrainement du tireur. La puissance de l’arbalète peut être augmentée sans inconvénient jusqu’à des puissances compatibles avec par exemple le percement des armures ou l’abattage d’un cheval.
Au Moyen Âge, l’arbalète est utilisée autant comme arme de chasse que pour la guerre. Si pour la chasse, l’emploi de l’arbalète a été très apprécié en son temps, son usage militaire a provoqué des déboires célèbres sur le champ de bataille. La lenteur de mise en œuvre face aux troupes armées du grand arc droit traditionnel est souvent avancée comme explication (voir les chroniques des batailles de Crécy et d’Azincourt). Mais c’est probablement surtout l’option de vouloir remplacer les archers par des arbalétriers qui constitua une erreur.
Méprisée par la chevalerie, elle est vue comme arme déloyale car, tuant à distance, elle ne permet pas à l’adversaire de se défendre. Ainsi, considérant que l’arbalète, qui n’exige pas une grande formation, permet à des soldats peu aguerris de tuer de loin un chevalier en armure qui a voué son existence au métier de la guerre, le clergé estime que c’est une arme immorale pour le peu de courage et de formation qu’elle exige de celui qui la manie.
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« Les Français la regardaient comme l’arme des lâches et refusaient de s’en servir. En Europe chrétienne, l’arbalète est frappée d’anathème et son usage est interdit en 1139 par le IIe concile du Latran et confirmée quelques années plus tard, en 1143, par le pape Innocent II, qui menaça les arbalétriers, les fabricants de cette arme et ceux qui en faisaient le commerce d’excommunication et d’anathème. Cette interdiction, par ailleurs valable uniquement pour les combats entre chrétiens, restera médiocrement observée par les princes d’Occident, malgré les efforts du pape Innocent III pour réaffirmer, en 1205, les interdits du concile du Latran II.
L’efficacité de ces armes faisait de ceux qui les maniaient des soldats d’élite, très prisés, et très bien payés, ce qui leur permettait l’achat d’équipements de qualité. Cette arme fut aussi utilisée par les peuples orientaux durant les croisades, dans une forme similaire au modèle occidental, mais avec quelques subtilités de forme. Les progrès de la sidérurgie augmentent parallèlement la robustesse des armures et la puissance de l’arbalète avec la création de l’arc en acier, au début du XIVe siècle, qui remplace petit à petit les arcs en bois et les arcs composites (lamellé-collé : bois + tendons + corne, le tout encollé). On invente aussi un mécanisme complexe et coûteux, avec temps de rechargement de plus en plus long de 2 à 3 minutes (jusqu’à 30 minutes pour les modèles les plus puissants) comme le cric ou le treuil (appelé aussi le « moufle ») pour tendre l’arbalète.
Les Italiens se distinguèrent dans la fabrication d’arbalètes particulièrement efficaces : un trait pouvait atteindre jusqu’à 350 km/h ! Le cranequin (du moyen néerlandais cranekijn « sorte d’arbalète ») était une arbalète à pied mais le terme a fini par désigner aussi le mécanisme particulier destiné à le tendre. Pour lever cette ambiguïté, l’arbalète elle-même a été renommée improprement cric d’arbalète, terme malheureusement utilisé de nos jours alors qu’il semble ne désigner qu’une partie de l’arme.
Les arbalètes, comme les arcs, ont pratiquement disparu lorsque les armes à feu, plus facile d’emploi, demandant moins d’entraînement, et aussi beaucoup moins chères, devinrent l’équipement de base du fantassin. Bien que l’arbalète ait été remplacée par des armes à feu dans les conflits militaires, elle reste un symbole de l’ingéniosité humaine et de l’évolution des technologies de guerre.
Le principe du carreau de l’arbalète est essentiellement celui d’une flèche, avec quelques différences mineures mais significatives sur le comportement balistique. Beaucoup plus courts que les flèches d’arc, les traits d’arbalètes sont peu affectés par les efforts en flexion imposés à leur fut (spine) pendant le tir, qui perturbent la régularité du tir à l’arc.
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