Victorieuse du Brésil à l'issue d'une séance de tirs au but (1-1, 4-2 tab) lors d'un quart de finale de Coupe du monde, la Croatie a encore trouvé la solution après 120 minutes. Les Vatreni s'imposent de plus en plus comme les spécialistes de la prolongation et des tirs au but.
Sur ses six derniers matchs à élimination directe en Coupe du monde, la Croatie est passée à quatre reprises à l'issue d'une séance de tirs au but, avec cinq prolongations. Seule la finale du Mondial 2018 face à la France interrompt cette statistique, qui s'est prolongée avec une victoire face au Brésil en quarts de finale (1-1, 4-2 tab). En Russie, la Croatie avait battu le Danemark et le pays hôte aux tirs au but avant de trouver la faille face à l'Angleterre au terme de la prolongation.
Lundi, la sélection de Zlatko Dalic s'était qualifiée face au Japon dans une nouvelle séance de tirs au but. Face aux "Samouraï Blue", Dominik Livakovic s'était distingué par trois parades lors de l'exercice, un record dans une même séance qu'il détient en Mondial désormais avec le Portugais Ricardo et son compatriote Danijel Subasic. Vendredi, le portier de 27 ans a stoppé la tentative de Rodrygo, le premier tireur. Au total, grâce à ce quatrième arrêt, aucun gardien n'a fait mieux dans l'histoire de la compétition.
Joueur du Dinamo Zagreb depuis 2016, Dominik Livakovic a même réalisé une excellente prestation d'ensemble face à la Seleçao avec huit arrêts dans le temps réglementaire, un record pour un gardien croate dans un tournoi majeur qu'il a porté à 11 après 120 minutes. S'il a craqué (105+1e) sur une action de grande classe de Neymar, le gardien se présentait forcément avec un avantage psychologique au moment de défier les Brésiliens à l'issue de la prolongation.
La Croatie n'a manqué aucune de ses quatre tentatives de son côté, là où Marquinhos a trouvé le poteau, synonyme d'élimination pour le Brésil. Fondée en 1991, la Croatie va ainsi vivre sa troisième participation au dernier carré de la Coupe du monde. Stoppée aux portes de la finale par la France en 1998, la Croatie était tombée en finale face aux Bleus en 2018.
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Pour avoir une nouvelle occasion de remporter un premier titre mondial, les Vatreni devront affronter le vainqueur de la rencontre entre l'Argentine et les Pays-Bas. Le futur adversaire est en tout cas prévenu avec ce ratio de 100% aux tirs au but en quatre séances dans le Mondial, la Croatie est la seule nation à pouvoir se targuer d'un tel bilan.
La dernière défaite de la Croatie dans une séance de tirs au but remonte à l'Euro 2008, où elle avait buté sur la Turquie en huitièmes de finale. La Croatie a enfin mis un terme à cette malédiction et peut rêver à un destin doré. Dans une confrontation marquée par un début de rencontre complètement dingue, avec deux buts en moins de quatre minutes (voir ci-dessous), puis un penalty manqué par Modric en prolongation (115e), il a fallu attendre les tirs au but pour voir la Croatie se qualifier.
La Croatie aurait pourtant pu faire la différence avant la séance fatidique, la première pour les deux pays en Coupe du monde. Mais Rebic a été fauché devant le but vide par Jörgensen, et Modric a vu son penalty arrêté par Schmeichel (115e). Et si le gardien danois a encore brillé lors des tirs au but, avec deux nouveaux arrêts, il a trouvé son maître dans l'exercice, avec Danijel Subasic.
Danijel Subasic est passé par tous les états lors de ce huitième de finale. Déjà auteur de grossières erreurs avec Monaco cette saison, le gardien a totalement manqué son intervention dès la première minute de jeu sur une frappe croisée de Mathias Jörgensen, et heureusement pour lui, ses coéquipiers ont su immédiatement faire sauter le verrou danois pour égaliser. Pas forcément rassurant durant la suite de la rencontre, «Suba» s'est mué en héros lors des de tirs au but. Véritable expert en la matière, comme il l'a prouvé à maintes reprises avec le club de la Principauté, l'international croate a dévié sur son poteau la tentative d'Eriksen, puis stoppé les tirs de Schöne et de Nicolai Jörgensen. Avec trois arrêts dans la séance, Subasic a signé une performance rare. Et il a surtout envoyé son pays au paradis.
Pays | Victoires | Séances | Réussite |
---|---|---|---|
Argentine | 6 | 7 | 85,71% |
Croatie | 4 | 4 | 100% |
Allemagne | 4 | 4 | 100% |
Brésil | 3 | 5 | 60% |
France | 2 | 5 | 40% |
On parle ici de deux des plus grands spécialistes de l'exercice en Coupe du monde. Il y a d'un côté l'Albiceleste, qui s'est construit cette réputation sur la durée, entre 1990 et vendredi, où elle a remporté face aux Pays-Bas sa 5e séance de tirs au but dans un Mondial (sur 6). Le record. De l'autre, des Vatreni qui ont fait exploser les chiffres en un peu plus de quatre ans. Avant 2018, la Croatie n'avait jamais disputé de séance de tirs au but en Coupe du monde. Depuis le Mondial russe, elle s'y est risquée quatre fois… pour autant de succès, deux à chaque édition. Seule l'Argentine fait mieux, donc.
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Argentins et Croates réussissent 78% de leurs tentatives dans la compétition (94% pour l'Allemagne !). Les coéquipiers de Luka Modric se distinguent en revanche sur le taux d'échec de leurs adversaires, avec 10 penaltys ratés sur 18 frappés. En clair, le ballon ne rentre que 45% du temps dans les cages des gardiens croates lors de ces séances. Aucune équipe à au moins deux séances ne fait mieux.
"Une fois arrivés aux tirs au but, on est devenu favoris, parce que nous sommes forts dans ce domaine", expliquait le sélectionneur croate Zlatko Dalic après son exploit contre le Brésil. "Quand on a égalisé, je me suis dit que c'était bon, on allait passer", assurait de son côté Josip Juranovic, quand Borna Sosa lançait : "Aux tirs au but, tout le monde a peur de nous".
En face d'eux, la pression a écrasé Rodrygo et Marquinhos, bridé Virgil van Dijk, de la même manière qu'elle avait tétanisé le Japon… contre la Croatie, ou encore l'Espagne contre le Maroc. En revanche, une tendance se dessine : là ou l'Argentine a définitivement prouvé qu'elle pouvait s'adapter à ce genre de moments, la Croatie en a clairement fait, sinon un objectif, une stratégie. Voire une identité.
Cela ne peut plus être un hasard : sept des huit derniers matches à élimination directe des hommes de Dalic se sont terminés au moins en prolongations. Marcelo Brozovic et les siens en sont sortis qualifiés à cinq reprises. Très loin d'être aussi équipés en attaque que dans les autres secteurs de jeu, et en particulier le milieu de terrain, les Vatreni ne se ruent pas devant, gèrent le tempo, et acceptent volontiers de faire 30 minutes de rab. Sans compter qu'il se dégage, chez eux, une froideur à toute épreuve, qui tranche avec l'émotivité argentine exacerbée, qui aurait pu lui coûter très cher plus tôt dans la compétition.
Le spécialiste des temps modernes de "l'extra-time", c'est donc bien la Croatie, qui peut aussi surfer sur la forme étincelante de Dominik Livakovic (27 ans), auteur de 11 arrêts contre le Brésil, record pour un gardien croate dans une grande compétition. Mais il a pour lui l'expérience (30 ans), et une vraie qualité sur les penaltys. Une histoire de lecture, d'anticipation, de gestion des émotions, de choix des hommes, de confiance. Tout sauf un jeu de hasard.
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Ce ne fut pas le plus beau match du mondial, mais Russes et Croates ont tout donné durant la rencontre. Des courses intenses, régulières ainsi qu’une solidité défensive des deux côtés. Mais dans cet affrontement, la Croatie s’est montrée plus dangereuse, notamment grâce à son aisance technique.
Résultat, les vainqueurs du soir retrouvent pour la deuxième fois de leur histoire, les demi-finales d'une Coupe du monde.
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