La chasse du grand gibier en battue impose des exigences bien particulières : tirs rapides, distances courtes à moyennes, gibier souvent en mouvement, et la nécessité d’un pouvoir d’arrêt immédiat. Dans ce contexte, pour ceux qui privilégient les balles lourdes aux projectiles plus légers mais plus rapides type calibres magnum, deux calibres s’affrontent régulièrement dans l’esprit des chasseurs n’optant pas pour des carabines express : le 9,3×62 mm, doyen respecté des forêts européennes, et le .35 Whelen, l’américain robuste venu des grands espaces du nouveau continent.
Le 9,3×62 mm a vu le jour en 1905 sous l’impulsion de Otto Bock, armurier berlinois, dans un contexte bien particulier. À l’époque, les colons allemands présents en Afrique avaient besoin d’un calibre capable de terrasser buffles, lions ou antilopes, tout en étant chambré dans des carabines Mauser 98 civiles, accessibles et robustes. Contrairement aux calibres britanniques prestigieux et coûteux, le 9,3×62 mm offrait une solution fiable, puissante et abordable. Son succès fut immédiat. En Afrique, il est encore aujourd’hui l’un des rares calibres « non magnum » autorisé sur le Big Five.
Côté américain, le .35 Whelen a été conçu en 1922 par James V. Howe et le colonel Townsend Whelen, célèbre tireur et théoricien balistique. Leur idée ? Transformer la douille populaire du .30-06 Springfield pour y loger une balle plus lourde de .358 pouces (9,09 mm). Le résultat : un calibre à la fois puissant, simple à produire, et idéal pour le gros gibier nord-américain : élans, ours bruns, orignaux, et autres gibiers lourds que l’on peut rencontrer dans les biotopes sauvages du nouveau monde. Adopté d’abord par des rechargeurs passionnés, il a gagné en notoriété grâce à sa polyvalence, sa trajectoire plus tendue qu’un magnum lourd,( type 375 HH Magnum) et son recul modéré.
Ce calibre est réputé pour son pouvoir d’arrêt quasi instantané, y compris sur des animaux particulièrement résistants. Il est redoutable en battue sur des sangliers de plus de 100 kg, des cerfs élaphes ou même des grands cervidés de montagne. Sa popularité en France n’est pas un hasard : il combine énergie, disponibilité des munitions, et offre abondante de carabines, notamment en semi-automatique.
Ses balles lourdes ont une pénétration excellente à courte distance, et des ogives comme la RWS UNI, la Norma Oryx ou la Vulkan assurent une expansion rapide et contrôlée. La Norma Oryx en .35 Whelen est conçue pour offrir une expansion massive et un pouvoir d’arrêt implacable. Grâce à sa construction bonded unique, elle conserve jusqu’à 99 % de son poids initial tout en formant un champignon régulier à l’impact. Idéal pour les tirs à courte et moyenne portée dans les bois ou zones denses, le .35 Whelen chargé avec une Oryx 250 gr offre une courbe balistique régulière et une performance terminale inégalée.
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Avec une ogive plus légère en moyenne, le .35 Whelen offre une trajectoire un peu plus tendue, ce qui peut faire la différence dans une clairière à 120 mètres. Son recul, bien que notable, est souvent jugé plus doux qu’un 9,3×62 mm, surtout avec des projectiles autour de 200-225 grains. Cela facilite un deuxième tir rapide ou une meilleure stabilité à l’épaule. En revanche, les munitions sont plus rares en armurerie sur le territoire français, et l’offre d’armes est plus restreinte, surtout en semi-auto ou Remington est quasiment le seul fabricant proposant des armes dans ce calibre.
Le 9,3×62 mm reste le roi de la battue en France : éprouvé, largement disponible, redoutable en puissance, il coche toutes les cases du chasseur pragmatique. C’est le calibre des traqueurs, des postés en terrain dense, et des chasseurs qui ne veulent jamais être pris au dépourvu. Le .35 Whelen, lui, séduit les amateurs éclairés, ceux qui aiment sortir des sentiers battus tout en gardant une vraie logique balistique. Il est parfait pour un tireur qui recharge, qui cherche un bon compromis entre puissance et confort, et qui veut une arme efficace mais un peu plus rare.
Le .35 Wehlen est un .358" et le 9,3 lui est un .366".
Pour mieux comprendre les différences entre les calibres, voici un tableau comparatif des calibres les plus utilisés :
| Calibre | Type d’arme | Usage principal | Énergie (J) | Recul | Portée efficace | Gibier ou cible |
|---|---|---|---|---|---|---|
| .22 LR | Carabine / pistolet | Loisir / petit gibier | 120 J | Très faible | <100 m | Lapin, cible papier |
| .223 Rem | Carabine semi-auto | Tir sportif / renard | 1 300 J | Faible | 300 m | Moyenne faune légère |
| 7.62x39 | Carabine type AK | Battue / sanglier | 2 000 J | Modéré | 150-200 m | Sanglier, chevreuil |
| .308 Win | Carabine à verrou | Polyvalente / battue | 3 500 J | Moyen | 300 m | Grand gibier européen |
| 30-06 Sprg | Carabine semi-auto | Chasse / affût | 3 700 J | Fort | 350 m | Cerf, sanglier |
| 9.3x62 | Carabine à verrou | Chasse lourde | 4 000 J | Fort | 200 m | Sanglier, élaphe |
| .300 Win Mag | Carabine TLD | Tir longue distance | 4 500 J | Très fort | 600 m | Chamois, cerf à l’approche |
| 12/70 - 12/76 | Fusil de chasse | Petit gibier / battue | Variable | Fort | <50 m (plomb) | Faisan, lièvre, canard |
| .38 Special | Revolver | Tir sportif / défense | 250 J | Doux | 25 m | Cible / autodéfense |
| 9 mm Para | Pistolet semi-auto | Tir rapide / défense | 500 J | Modéré | 30-50 m | IPSC, sécurité |
| .357 Magnum | Revolver / carabine | Puissance accrue | 700 J | Fort | 70 m | Moyenne faune / défense |
| .45 ACP | Pistolet / carabine | Défense rapprochée | 500 J | Lent mais fort | 30 m | Cible, défense |
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