Cléopâtre Darleux, gardienne emblématique de l'équipe de France et figure majeure du handball tricolore, a marqué son sport non seulement par ses performances, mais aussi par son engagement. Cet article explore sa technique, son approche de l'entraînement et son impact sur le handball féminin.
Préselectionnée pour Paris 2024, la championne du monde 2017 a adapté son programme d'entraînement, et en particulier remodelé son travail cognitif. Afin d'à nouveau « performer », comme elle dit, la trentenaire, qui évolue en championnat sous les couleurs de Brest, a été victime il y a plus d'un an d'une commotion cérébrale. Objectif : anticiper, anticiper et anticiper encore pour s'imposer et accrocher une nouvelle médaille d'or autour de son cou. Elle se confie ici sur les exercices qu'elle pratique.
« Je me concentre beaucoup sur l’entraînement de mes yeux et de ma vision. Je cherche ainsi à améliorer la communication entre mon cerveau et mes bras pour aller le plus vite possible. » Elle pratique quotidiennement des exercices qui durent entre quatre et cinq minutes. Elle s’échauffe les yeux en suivant une balle de tennis, de droite à gauche, de haut en bas, le plus haut possible. Elle effectue une dizaine de cercles oculaires, dans le sens des aiguilles d’une montre, et dans le sens inverse.
Parfois, elle ajoute un peu de jonglage avec trois ou quatre balles afin d’améliorer sa vitesse de réaction et sa vision périphérique. L'objectif est d'élargir sa vision. En tant que gardienne, elle est la seule à disposer d'une vue totale du terrain, avec 20 mètres devant elle. Elle doit capter les moindres mouvements de ses adversaires qui vont avoir une incidence sur le jeu. Elle doit s'en servir pour communiquer à la défense des instructions précises : « Là, il y a une fille qui rentre, faites ça… »
L’entraînement ne se résume pas qu’à la course, aux étirements, aux tirs… Prendre soin de son cerveau est tout aussi primordial. La dimension psychologique, bien se sentir au travail, est bien entendu cruciale, mais il y a aussi une autre facette, moins connue, qui influe sur ses performances : le travail cognitif.
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Grâce à la vidéo, elle imagine les parades à mettre en place. Avant un match, elle visionne généralement quatre ou cinq rencontres de l’équipe adverse. Elle prend des notes de manière scolaire, avec un stylo à quatre couleurs, pour décortiquer leurs mouvements et leurs schémas de jeu de manière globale. Elle se concentre également sur chaque joueuse - 12 au total - et entre quatre et dix situations différentes par joueuse. L'objectif est d'anticiper leurs actions et de retenir leurs habitudes.
Concrètement, elle met des scénarios en place dans sa tête et visualise chaque adversaire en action. Je réfléchis à quelles réponses apporter à leurs mouvements, et j'imagine les parades que je peux mettre en place pour les empêcher de marquer. En tant que gardienne, elle est par essence en position de subir, elle n'a pas le contrôle du ballon. Cependant, en fonction des qualités et des préférences de son adversaire, elle peut induire son jeu pour le piéger, et cela grâce à cette analyse vidéo. S'imaginer en train d'agir est complémentaire de l'entraînement physique. De plus, cela lui permet de compenser la fatigue physique quand elle est épuisée.
L’idée est de conditionner ses gestes en fonction des automatismes de l’adversaire. Lorsque Cléopatre Darleux visualise, elle ne se voit pas nécessairement. Elle ressens plutôt son corps se placer soit à gauche, soit à droite. L'idée est de conditionner ses gestes en fonction des automatismes de l'adversaire. Elle aime aussi visualiser la réussite, que ce soit à travers des scènes de joie collective ou un arrêt décisif. Parfois elle monte des vidéos mettant en avant ses réussites qu'elle regarde avant le match pour me redonner un peu de confiance.
Pendant un match, Cléopatre Darleux aime analyser tout ce qui se passe, en particulier quand elle concède un but ! Cela l’aide à rester concentrée et, surtout, à ne pas ressasser. Elle se dit simplement : « J’aurais dû faire ça comme ça. La prochaine fois, je le ferai. Point. » Elle essaie de ne pas être négative et de passer immédiatement à autre chose. Dans le cadre d'une expérience, elle a été équipée de lunettes avec caméra pour suivre ses mouvements oculaires pendant l'entraînement. Les résultats ont montré qu'elle perdait rarement de vue le ballon et qu'elle observe parfois les yeux, le visage, l'épaule du porteur du ballon… Elle est à la recherche constante d'indices pour anticiper ses actions et la trajectoire du ballon.
Elle reconnaît qu'il lui arrive d'avoir la tête ailleurs pendant le match, il lui est même arrivé de penser à sa liste de courses… Avec un psychologue, elle essaie de travailler ce point. Quand elle sent son esprit divaguer, elle se dit : « Non ! Reconcentre-toi ! », et elle s'astreint à réfléchir à la manière de perturber ses adversaires en cas de remontée de la balle.
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Une commotion cérébrale a éloignée Cléopatre Darleux des terrains pendant quatorze mois. Pour son retour, elle s'est entourée d'un psychologue, d'un orthoptiste… Elle faisait chaque jour un travail visuel, à l'aide d'une barre dotée d'une vingtaine de leds avec une vitesse d'allumage réglable, le but étant de suivre les leds qui s'allument. Les exercices duraient vingt minutes. Sa vitesse de réaction s'est nettement améliorée. À Brest, Brian Liebenberg, un ancien international de rugby, leur a présenté un ballon avec quatre couleurs. Elle a aussi travaillé le Fitlight : durant deux minutes, des lumières fixées sur un mur ou sur des poteaux s'allument, et il faut les éteindre le plus vite possible en passant la main devant. Ce qui permet de travailler à la fois la technique et les déplacements. Elle ne peut plus pratiquer le yoga, qui lui déclenche des douleurs à la tête.
"C'est bidon parce que c'est mal fait": la gardienne du Metz Handball, Cléopâtre Darleux, a contesté l'application du "protocole commotion" par sa fédération et réclamé davantage de sanctions. Après un match face à Brest samedi en coupe de France, où elle a reçu un tir "droit dans la tête", la joueuse explique avoir dû aller aux urgences. "Je ne voyais plus d'un œil. Pendant deux bonnes heures, c'était tout blanc", a raconté Darleux, qui s'agace de la réaction que cela a provoquée chez les arbitres. "On ne peut pas dire qu'ils ne sont pas sensibilisés à la question des commotions, ils ont le réflexe de dire : protocole ! Mais c'est bidon parce que c'est mal fait. On pose trois questions mais ce n'est pas là qu'on va voir que quelque chose ne va pas". Elle a réclamé des sanctions plus lourdes à l'encontre des joueuses ayant des comportements à risque. "Ça arrive trop souvent, ce n'est pas normal. Au rugby, ils examinent vraiment et il y a de vraies sanctions.
Laura Glauser, gardienne actuelle de l’équipe de France, dit elle-même que ce n’est qu’en 2015-2016 seulement qu’elle a commencé à apprendre à lire le jeu des tireuses adverses : « J’ai progressé par rapport à l’année dernière par rapport à la lecture du jeu. On m’a appris à lire le jeu parce qu’avant c’était un peu à sauter un peu partout dans le but. On m’a appris à lire la course des filles, comment elles tiraient, quand une fait ça que c’est pas possible qu’elle tire autrement, des choses comme ça. Avant c’était instinctif, j’allais au dernier moment là où la balle était, comme un vrai zébulon. Maintenant c’est plus précis, plus réfléchi, je sais ce que je fais, je sais que si elle fait comme ça, ça peut être comme ça ensuite.
L’objectif pour le gardien de but est de parvenir à identifier le(s) joueur(s) le(s) plus dangereux au cours de la circulation de balle. On part du principe que le porteur de balle est toujours le plus dangereux des joueurs. Cependant, si le gardien de but simule mentalement l’évolution possible de l’action, il peut découvrir qui parmi les autres joueurs peut être très dangereux également. Par exemple, un arrière porteur de balle est, à l’instant T, le plus dangereux. Cependant, s’il a 2 défenseurs sur lui, il ne pourra pas trouver une situation favorable de tir à lui seul. Il va donc devoir libérer sa balle, peut-être sur le pivot qui est en gain de position sur un autre défenseur (ici on simule mentalement l’instant t+1). L’identification du danger est donc relatif à la situation dans son ensemble.
Par placement « général », on entend le placement par rapport au tireur. Ici le gardien de but cherche à savoir si le tireur va tirer à sa droite ou à sa gauche. Le gardien de but affine davantage sa lecture du duel. Une fois qu’il a identifié le côté le plus probable du tir, il va chercher des indices encore plus fins pour identifier l’endroit précis recherché par le tireur. Par exemple, le placement haut, mi-hauteur, bas du bras tireur peut donner une indication sur la hauteur de l’impact. Ce travail est à faire en complément des séances hebdomadaires.
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Il s’agit de visionner des matchs (ceux du gardien de but ou ceux d’un autre, peu importe le niveau) en faisant des arrêts sur image pour observer ce que fait le tireur (orientation de la course, de l’impulsion/suspension, du bras..), parier sur l’impact final du tir, et évaluer la cohérence de la parade proposée par le gardien au regard de l’évolution complète du duel. On est davantage sur l’analyse des comportements du tireur que de ceux du gardien, afin de travailler la lecture du jeu. Ce travail peut aussi être fait à partir d’une photo, et sous deux angles : un point de vue proche de celui du gardien de but (le tireur est de face), et un point de vue proche de celui du tireur (le tireur est de dos).
Si le gardien de but analyse une vidéo d’un de ses propres matchs, il peut aussi identifier des stéréotypes de tirs chez ses adversaires, et ainsi, préparer le match retour. Effectivement, il peut remarquer qu’un tireur va très souvent tirer à un endroit précis du but, peu importent les circonstances. On ne peut pas demander à un gardien de but de deviner l’endroit précis du tir s’il n’est pas capable d’identifier le côté du tir. Il faut l’accompagner progressivement, en partant du global (qui est dangereux? De quel côté il va tirer ?) vers le spécifique (tir en haut ? Mi-hauteur ? L’apprentissage de la compréhension des situations (circulation de balle et duel) peut se faire lors de phases de jeu et n’implique aucun aménagement (matériel ou consignes) particulier.
Cléopâtre Darleux a été élue gardienne de la compétition. Poing serré, la natte tourbillonnante, la Franc-Comtoise a offert la première place du tour principal aux Bleues en stoppant, dans les ultimes secondes, le tir de l’ailière norvégienne. Puis elle a éteint les Tchèques en quart de finale (12 arrêts en 30 minutes, 67% d’efficacité), s’offrant même une petite danse en rejoignant le banc de touche alors que le match n’était pas encore terminé.
Ses performances en club et en équipe nationale témoignent de son talent et de son travail acharné. Son expérience à Viborg HK au Danemark lui a permis de découvrir une autre vision du handball et de perfectionner sa technique.
Un exercice d’autant plus important qu’il n’incombe plus « seulement » au gardien de faire des arrêts. De dernier défenseur, il est aussi devenu le premier attaquant. prévient Hatadou Sako au moment d’allumer son ordinateur. Aux Arènes de Metz, la journée commence de façon studieuse. Pendant que le staff et leurs coéquipières se regroupent dans une petite salle de projection pour peaufiner leur jeu d’attaque, la Franco-Sénégalaise et son binôme, Camille Depuiset, prennent place à côté des machines à café sur des tables de bistrot bancales. Sako dessine consciencieusement des demi-terrains sur une copie simple ; sa partenaire sort des feuilles imprimées et prêtes à l’emploi. Depuiset détaille : « Il y a beaucoup d’informations à prendre en compte : le poste, d’où ça tire (de près ou de loin), est-ce qu’elle est touchée, est-ce qu’elle a le bras en haut ou en bas, comment elle tire… Les traits rouges, c’est pour les tirs en appui.
Les gardiens sont tributaires d'une défense pensée et proposée de manière collective. Les gardiens, dont il est communément admis que leur prestation détermine à 50% la performance de l’équipe, jouent de leur charisme voire de leur exubérance pour remobiliser le collectif. Face au tireur, c'est un duel sans cesse répété, souvent ponctué d'un regard de tueur ou d'un cri de rage. « La question est de savoir qui va prendre l’ascendant psychologique sur l’autre, glisse Camille Depuiset. Il y en a toujours un qui perd et un qui gagne.
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