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Quand le film Le Vieux Fusil sort en 1975, la France est en train de regarder de manière différente l’histoire de la Seconde Guerre mondiale. Elle se met notamment à regarder davantage les zones de gris et le rôle du pays dans la Collaboration. Tous les Français ne furent pas des héros et certains ont participé de manière active à cet épisode sombre de notre Histoire. Mais c’est bien un événement terrifiant survenu quelques jours après le Débarquement qui va motiver le tournage de ce film : le massacre par les SS du village d’Oradour-sur-Glane le 10 juin 1944.

Synopsis du Film

Le film raconte l’histoire d’un paisible chirurgien de Montauban, Julien Dandieu (Philippe Noiret), qui, aux dernières heures de l’Occupation en 1944, venge le meurtre de sa femme Clara (Romy Schneider) et de sa fille dans un village décimé par une division allemande.

Montauban, 1944: Le Point de Départ

Montauban, 1944. Le chirurgien Julien Dandieu y mène une vie paisible avec sa femme, Clara, et leur fille Florence. Cependant, l’invasion allemande ne peut le laisser indifférent : préférant les savoir éloignées des tourments de cette guerre, Julien demande à son ami François de les conduire à la campagne, où cette famille possède un château.

Mais c’est bien un événement terrifiant survenu quelques jours après le Débarquement qui va motiver le tournage de ce film : le massacre par les SS du village d’Oradour sur Glane le 10 juin 1944.

Pour les besoins de son film, Robert Enrico décide de déplacer l’intrigue ailleurs. Il opte pour Philippe Noiret pour incarner cet homme « normal », équilibré, qui va basculer dans une violente vengeance pour venger la mort de sa fille et de sa femme (violée par les SS et assassinée au lance-flammes). Enfin, c’est le compositeur François de Roubaix qui va donner au film sa composition si singulière et là aussi si bouleversante.

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"Le Vieux Fusil": Un Film à Part

Le Vieux Fusil est un film à part dans le cinéma français, notamment dans les thèmes choisis et la manière dont il les traite. Les justiciers expéditifs façon « Dirty Harry » existent peu dans le cinéma français. Dans le cas présent, la construction même du film nous permet de nous mettre aux côtés de Dandier. Immédiatement.

Mais dès le début, le ton est pourtant donné avec cette entrée des Allemands dans la ville, au milieu des « maquisards » pendus de chaque côté. De même, l’hôpital où il officie est loin d’être un havre de paix, perpétuellement envahi de soldats allemands et de miliciens à a recherche des combattants que Dandier soigne.

Puis l’on découvre mieux le cocon de Dandier, un cocon qu’il entend préserver des affres de la guerre. Car ce que le film nous fera découvrir à coup de flashbacks, c’est une grande et belle histoire vécue par Julien et Clara et qui démarra par un coup de foudre. Deux êtres que tout oppose et qui ont eu le malheur de s’aimer juste avant la guerre.

Julien était un médecin reconnu et installé ; Clara une jeune femme moderne qui travaille quand elle en a besoin et qui « ne peut aimer un homme à qui je cède tout de suite« . Et c’est pourtant ce qui arriva. Clara est à la vie heureuse de l’avant guerre, la vie heureuse à laquelle on s’accroche durant la guerre. Mais c’est surtout l’humanité de Julien.

Quand Julien découvre le terrible destin de sa famille, il vrille et se mue en un être éprit de vengeance et qui convoque les souvenirs de cette vie heureuse pour mieux trouver la force d’aller au bout. Mais cette vie heureuse « d’avant » est aussi celle dans laquelle il va se réfugier quand son esprit sera trop « secoué » pour supporter cette vengeance accomplie.

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Mais dans tous ces instants, Noiret est absolument bouleversant de justesse et de « normalité ». Mais s’il est bien des scènes qui ne peuvent que nous retourner, c’est d’abord celle où l’on découvre le sort de Clara, face aux Allemands. La prestation de Romy Schneider est en tout remarquable. Couplée à la scène où Dandier découvre les corps et ne peut qu’étouffer ses cris, ces deux instants sont horriblement bouleversant. Et comment ne pas être pétri d’émotion face à Dandier qui retrouve brièvement ses esprits à la fin du film, réalisant ce qu’il vient de faire. Avant de resombrer ! Ces instants comme tant d’autres suffisent à faire du Vieux fusil un immense film.

Le médecin pacifiste va se transformer en un meurtrier méthodique. Il connait tous les recoins du chateau. Il les observe souiller jusqu’à ses films de vacances. Utilisant le vieux fusil de son père, il élimine les Nazis l’un après l’autre à coups de chevrotines.

Julien Dandieu est un homme plutôt sympathique, tout en rondeur. Un professionnel de santé exposé à la souffrance du quotidien. Plus il soigne et plus on lui envoie de blessés, avec toujours moins de médicaments. Il vient en aide aux blessés, sans discrimination, y compris les miliciens. Même s’il apporte un soutient discret à la Résistance, il ne s’engage pas. Il ne sait ni danser, ni flirter. Ses lunettes sont rondes.

Sa femme l’a quitté pour un autre homme et c’est lui qui hérite de sa fille. Madame gros paquet. Sa mère se demande comment son mari a pu lui faire un gros fils pareil, une manière passive-agressive de mettre le doigt sur un problème d’obésité. Il est gentil à en devenir agaçant. Clara le trouve laid. Julien lui offre un peu de sécurité. Elle se marie donc avec lui. La guerre est une menace permanente. J’ai toujours peur qu’elle s’en aille.

Lorsque l’ennemi approche, Julien ne prend pas de décision. Il laisse François décider pour lui et va le regretter puisqu’il ne reverra plus jamais ni sa femme, ni sa fille. Sans le savoir, il les a données en pâture aux sauvages. Une fois. Il se refait le film des événements. S’en veut. Les femmes de sa vie, celles qu’il se devait de protéger, sont mortes par sa faute. Il les a abandonnées. Sa culpabilité est énorme, sa colère sourde. La barbarie de la guerre est en train de le transformer.

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Cet homme qui a pour habitude de sauver des vies condamne désormais les bourreaux de sa femme et de sa fille à la peine de mort. Il devient le vengeur, machine à broyer l’ennemi. Julien pousse le vice jusqu’à mentir aux Partisans pour mieux en finir avec les Nazis, seul.

Julien fait le ménage. Il liquide tous les Nazis de sang froid, sans dire un mot. Lorsque François le retrouve, Julien est égal à lui même malgré le drame qu’il vient de traverser. Il n’a pas changé alors qu’il vient de tuer une dizaine d’hommes : il devient un monstre. Puis il revient à lui même et retrouve son humanité l’espace de quelques secondes. Prend conscience de l’atrocité qu’il vient de subir - et de commettre. Les larmes montent. Puis sa nature reprend le dessus.

La vie continue pour Julien. Il ne se pardonne pas d’avoir perdu ses femmes. Ne s’excuse pas de s’être fait justice. La vie continue alors il s’accroche, coriace.

Bruniquel : Un Lieu de Tournage Inoubliable

C'est dans la commune de Bruniquel (Tarn-et-Garonne) que fut tourné le film Le vieux fusil. C’est d'ailleurs dans ce village qu’a été tourné le Vieux Fusil, avec Romy Schneider et Philippe Noiret. Si des peintures rupestres attestent de l’occupation du village depuis le paléolithique, c’est surtout pour son château et ses fortifications qu’il est connu.

Le tournage a marqué les habitants de ce petit village de quelque 620 âmes. Celui-ci est resté marqué par ce tournage. Les figurants très nombreux n’ont jamais oublié cette aventure.

À l’office de tourisme, on peut presque situer chaque scène de mémoire. Florence Brutto, coiffeuse au village depuis un an, a regardé le film à son arrivée comme un rituel d’intégration. «Je cherche une affiche du film avec Romy Schneider. Beaucoup de gens ont des photos du tournage chez eux», témoigne la jeune femme. L’ancienne conciergerie accueillait la scène où Julien Dandieu tue le dernier de ses ennemis. La cour du château a été le cadre de la fête du village, mais aussi de l’assassinat de la mère et de la fille, dans la terrible «scène du lance-flammes».

Souvenirs et Anecdotes du Tournage

Yvan Bianchi, directeur de l’office du tourisme, se souvient de la première fois qu’il a vu le film dans un cinéma de Montauban : «Dans la salle, tout le monde pleurait, et moi, j’avais envie de rire ! Denis Montet, agriculteur bruniquelais, avait prêté aux accessoiristes une charrette et des bêtes.

Yvan Bianchi s’étonne encore de «l’usine» déversée chaque jour par les camions, comme ces dizaines de projecteurs dardant leurs rayons sur la petite fenêtre de la conciergerie pour simuler l’éclat du jour. Les apparitions de Romy Schneider constituent un autre souvenir brûlant : «Je revois ses longues jambes fines sortir de la Mercedes. C’était une star, une grande dame. On ne pouvait pas l’approcher comme ça», se souvient Jacky Poussou. À l’époque, l’actrice frôlait le surmenage. «Elle jouait des scènes très dures. J’ai assisté à celle du viol. À la fin, elle était véritablement bouleversée», se souvient l’artiste. Mais de tous, c’est bien Philippe Noiret, cet homme «simple et ouvert», qui a su le mieux se faire aimer des Bruniquelais.

Parmi ces acteurs se trouvaient des militaires du 17e RGP de Montauban. Le lance-flammes du film faisait partie de leur matériel.

Les Châteaux de Bruniquel

On a l'habitude de dire : "Le film Le vieux fusil a été tourné au château de Bruniquel !" Ce n'est qu' en partie vrai, puisqu'à Bruniquel il y a deux châteaux. Le Jeune et le Vieux. Les deux sont sur le même promontoire à quelques dizaines de mètres l'un de l'autre, bâtis sur le site où, déjà, les Romains avait construit leur château.

Au 15e siècle la propriété appartient à la famille de Comminges. Le père et le fils sont fâchés. Le père décide de donner la moitié du domaine à son neveu. S'en suit une querelle familiale sans fin. Le fils tente de faire passer le père pour fou. La justice ne tranchera pas. Le fils déshérité décide alors, de faire construire le château jeune à quelques mètres du vieux château et le neuveu fait aussitôt construire un mur entre les deux châteaux.

The castles of Bruniquel : listed historical monument. The Châteaux de Bruniquel are an open book on history. Each century has left its mark: the superimposition of interventions is the essential charm of this building, magnificently situated to watch over the valleys of the Aveyron and Vère rivers.

The tour includes a number of architectural features from different periods: the 12th-century tower known as Queen Brunehaut’s Tower, the 13th-century Knights’ Hall decorated with geminated windows, the entrance door and carved wooden fireplace with Baroque decoration from the 17th century in the Château Jeune, and the Renaissance-style gallery in the Château Vieux overlooking the 90-metre cliff and offering a superb panorama of the Aveyron valley.

L'Impact du Film

Le film de Robert Enrico connut un gros succès en 1975. *Le Vieux Fusil* enthousiasma les foules et décrocha trois Césars l'année suivante, dont celui du meilleur film.

En raison de sa beauté et de son histoire, les châteaux de Bruniquel, utilisés comme décor pour *Le Vieux Fusil*, sont classés monuments historiques. Les astuces du montage -entretenant l’illusion que Bruniquel, Bonaguil et Penne, deux autres communes du Quercy, n’en forment qu’une- ont fasciné les habitants et créé une durable complicité entre le film et le village.

Le film continue d'attirer des touristes tout au long de l'année vers cette cité médiévale, classée parmi les plus beaux villages de France.

Une salle du château jeune est consacrée à une exposition de photos prises lors du tournage du film, témoignant de l'impact durable de cette œuvre cinématographique sur le village.

One room is devoted to photographs taken during the filming of Robert Enrico’s unforgettable film ‘Le Vieux Fusil’, starring Philippe Noiret and Romy Schneider. There is also a room devoted to prehistory, another to stonework (stonemasons, sculpture), and another recounting the discovery of the Bruniquel cave in 1990.

Récompenses et Reconnaissance

  • César du meilleur film en 1976
  • César du meilleur acteur pour Philippe Noiret en 1976
  • César de la meilleure musique écrite pour un film pour François de Roubaix (à titre posthume) en 1976

Le Quercy : Terre de Cinéma

À cheval entre les plateaux calcaires des causses et la vallée de l’Aveyron, le Quercy respire la quiétude des petits villages d’antan. C’est ce lourd passé qu’avait choisi de mettre en scène le réalisateur Robert Enrico dans le film devenu culte : Le Vieux Fusil, interprété par Philippe Noiret et Romy Schneider en 1975.

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