Le fusil GRAS est une arme (relativement) injustement ignorée chez nous, faisant suite à « l’illustre » CHASSEPOT » qui ne s’est pourtant pas révélé aussi performant qu’on aurait pu le souhaiter, et suivi par l’encore plus « illustre » LEBEL ! (le fusil modèle 1884, descendant direct du Kropatschek 1878 « de marine » étant considéré comme une arme de transition, est peu connue).
L’origine du fusil GRAS trouve sa source dans la constatation amère que l’encrassement de la « cartouche papier » du CHASSEPOT a gravement handicapé l’usage de cette arme pendant le conflit de 1870. Malgré cela, de nombreux CHASSEPOT ont été fabriqués après 1870 pour compenser les pertes des armes prises par l’ennemi, et ne pas laisser désarmer les troupes en cas de nouveau conflit.
Reste qu’une commission décide (enfin) de l’adoption d’une cartouche métallique pour l’arme réglementaire du soldat français en Septembre 1972. Il s’agit de faire face au nouveau fusil allemand, le Gewerh Mauser 1871.
Que faire de tous ces CHASSEPOT Modèle 1866, rescapés de la guerre ou nouvellement fabriqués, au nombre d’environ…1 700 000 exemplaires ! ? Les « transformer » pour qu’ils puissent tirer une cartouche métallique, qui reste à déterminer. Plus facile à dire qu’à faire, mais beaucoup d’entreprises et d’ingénieurs se mobilisent pour trouver une solution.
Une cartouche est finalement mise au point. Et le Comité de l’Artillerie décide de choisir le projet proposé par le Capitaine GRAS pour transformer le CHASSEPOT en une arme plus moderne, adaptée à cette cartouche. (les concurrents les plus sérieux étant une extrapolation du Rolling-Block, et le fusil Beaumont, déjà réglementaire en Hollande).
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Le « GRAS » sera adopté officiellement le 7 Juillet 1874. La fabrication de l’arme débute rapidement, dès le mois d’Août, sous le nom de Modèle 1874. En parallèle, la transformation de fusils CHASSEPOT s’effectue également, l’arme prenant alors l’appellation de Modèle 1866-74.
Comme toujours, à cette époque, l’arme est déclinée en différentes versions, adaptées aux différents corps de troupe qui la recevront en dotation. C’est ainsi qu’il existe au final 5 variantes du GRAS :
Certains GRAS se verront ultérieurement transformés pour accepter la cartouche (PSF) de calibre 8 mm du fusil LEBEL, mais c’est une « autre histoire ».
Le fusil GRAS (et ses variantes) se verra modifié en 1880, afin de porter remède à un problème de rupture de culot de la cartouche 11 mm, ce qui entraine une projection de gaz brulants sur le visage du tireur…pas très rassurant pour l’utilisateur ! La qualité du laiton utilisé pour les cartouche est manifestement en cause. La qualité de la fabrication française se verra améliorée par la suite.
En attendant, la solution consiste à pratiquer un évidemment qui doit faciliter l’évacuation des gaz en cas de rupture du culot de la cartouche au moment du tir. Les armes sont quasiment toutes modifiées (rares sont celles qui y ont échappées, semble t’il), et prennent l’appellation de Modèle 1874 M80 ; Ce qui fait que les anciens CHASSEPOT, modifiés GRAS, modifiés en 1880 portent l’inscription : Modèle 1866 - 74 M80….
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Le GRAS se révèle une excellente arme, capable de tirer jusqu’à 9 coups par minute, avec une portée maximum de 2850 m ! (le tir s’effectuant sous un « angle » de 35° pour améliorer la balistique). La munition est également très performante (on pourrait même dire très « perforante ») puisque les essais effectués donnent une pénétration de 12 cm dans du chêne « sec » à environ 100m, et elle traverse une plaque de tôle de 6,5 mm à 200 mètres.
Cette arme, qui ne connaitra finalement pas de conflit sur le continent européen, du moins pas en « première ligne », sera néanmoins très appréciée lors des nombreux combats outre-mer, sur d’autres continents, que l’armée française devra livrer.
La révolution dans l’armement engendrée par l’apparition (la mise au point par un ingénieur militaire, Paul Vieille) de la poudre sans fumée entraîne la fin de la carrière du GRAS, en « première ligne » du moins. Cette nouvelle poudre conduit logiquement à une nouvelle munition et un nouveau fusil réglementaire, la cartouche de 8 mm « Lebel » (qui descend tout de même de la cartouche de 11 mm GRAS, dont elle est un avatar, suite à l’obligation qui est faite aux ingénieurs de l’armement par le Ministre des Armées, le Général BOULANGER, d’une mise au point très rapide) et le fusil conçu pour la tirer, le fusil Modèle 1886, dit « Lebel ».
Le GRAS n’a pas encore tout à fait dit son dernier mot, puisque devant les besoins dus au déclenchement de la guerre de 1914, il sera adaptée à cette nouvelle munition et deviendra le GRAS Modèle 1874 M14.
Adopté en 1874, le fusil Gras fut la première arme d’épaule adoptée par l’armée française à utiliser une cartouche métallique 11 mm qui était en laiton et à percussion centrale. Le fusil Modèle 1874 était en fait une transformation relativement simple du fusil Chassepot modèle 1866 en arme à cartouche métallique. Cette transformation avait été proposée par le commandant Basile Gras en 1873 et acceptée en 1874.
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Des dizaines de milliers de fusils Chassepot furent transformés en fusils Gras (le modèle 1866-1874), en sus des fusils Gras neufs de manufacture qui furent fabriqués à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires (450 000 environ). Le sigle M80 désigne les fusils Gras qui ont subi une très légère modification de la boîte de culasse par création d’une saignée, et de la tête de culasse (agrandissement de l’échancrure en regard de la saignée du boitier) afin de mieux protéger le tireur en cas de rupture d’étui et d’échappement des gaz.
Le fusil Gras a subi une dernière modification en 1914, pour pallier le manque d’armes, consistant en un changement de canon afin de pouvoir tirer la munition 8 mm Lebel. Deux variantes existent. La plus courante est celle réalisée avec un canon de Lebel, mais il existe également une variante recanonée avec un canon de fusil Berthier. Les deux types d’armes ont une hausse légèrement différente. Les armes portent alors normalement le marquage supplémentaire M14.
Les armes du système Gras comprennent outre le fusil, la carabine de cavalerie, la carabine de gendarme à pied, la carabine de gendarme à cheval, le mousqueton d’artillerie. La carabine de gendarme à cheval est identique à celle de cavalerie.
Dans ce cadre il convient d’élaborer une arme parfaitement adaptée à l’usage de l’instruction scolaire ainsi qu’à la taille moyenne des élèves-recrues. Le cahier des charges demande la sécurité de fonctionnement de l’arme, la ressemblance avec l’arme réglementaire (à savoir le fusil d’infanterie Gras modèle 1874 M80), un calibre similaire de 11mm adapté au tir réduit et enfin une adaptation de l’arme à la morphologie des tireurs (enfants de 11 à 13 ans).
Plusieurs solutions ont été entreprises pour la réalisation de ces armes, la première fut la réutilisation de fusils Chassepot et de culasses de fusils Gras. La fabrication est estimée à 50.000 pièces réalisées entre 1880 et 1881. Les Manufactures d’Armes Nationales sont Saint Etienne, Tulle et Châtellerault, les marquages étant respectivement S, T, C 1881.
La hausse est la réplique de celle du modèle règlementaire, cependant les distances sont fonction du calibre de tir réduit, à savoir 10, 20, 30 et 40 mètres.
La munition de notre arme est le 11mm Gras dit de Cadet. Le rechargement de notre cartouche demande les jeux d’outils du 11 mm Gras. Ces outils sont généralement fabriqués sur commande dans ce calibre, mais l’excellente firme américaine CHTOOL les a au catalogue (référence 11,15x59r). Le choix de la douille est crucial, n’ayant pas trouvé de source d’approvisionnements durable sur le marché.
Les cotes de la douille réglementaire font tout de suite penser à la douille à tout faire des tireurs aux armes anciennes, la 348 winchester. Entre autres cette douille nous permet de faire du 11mm Gras, Gras de cadet, 43 Espagnol, 8mm Lebel, 8mm Portugais, 8mm Autrichien et Hongrois, etc.
Nous utilisons des amorces CCI 200 Large Rifle, remarquons que des Large Pistol fonctionnent également. Pour la poudre, la A0 de la SNPE est très efficace. La charge se situe entre 0,70 grammes et 0,75 grammes suivant le projectile employé (utilisation de la dosette Lee de 1,3 Cm3). Avec cette poudre nous obtenons une régularité des vitesses.
Suite à cette bataille, les études pour équiper l’armée française d’un fusil moderne vont s’accélérer et donnent naissance à un nouveau fusil : le fusil Chassepot ou fusil d’infanterie modèle 1866. Ce fusil apparait dans un contexte d’innovation et d’industrialisation croissante.
Le développement des machines-outils permet de généraliser la production de canons rayés plus précis. La création d’une culasse étanche par l’ajout de caoutchouc contribue à éviter les projections brûlantes dans l’œil du tireur ce qui rend son utilisation facile et sûre. De plus, l’utilisation de cartouches à amorce au fulminate de mercure favorise la mise à feu par percussion ce qui augmente la cadence de tir à 7 à 8 coups par minute alors qu’elle était limitée à 2 à 3 coups par minute pour les fusils des guerres napoléoniennes.
Tous ces éléments présentent le fusil Chassepot comme un fusil fiable, avec une portée utile de 300 à 350 mètres, bien que l’utilisation de la poudre noire et de la cartouche en papier facilite un encrassement rapide. Ses atouts et sa supériorité sur les fusils prussiens Dreyse ne permettent cependant pas de renverser le cours de la guerre de 1870-1871.
Variante | Caractéristiques |
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Fusil d'Infanterie | Modèle standard pour l'infanterie |
Carabine de Gendarmerie à Cheval | Avec baïonnette à douille |
Carabine de Cavalerie | Identique à la carabine de gendarmerie, sans baïonnette |
Carabine de Gendarmerie à Pied | Modèle pour la gendarmerie à pied |
Mousqueton d'Artillerie | Le plus court de toutes les variantes |
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