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Lorsqu’on devient étudiant d’une université canadienne, assister à un match de foot de l’équipe universitaire constitue un passage obligé. Au Canada, le sport universitaire occupe une place primordiale dans la vie des étudiants d’une université mais aussi dans celle du reste de la population.

Parmi les différents sports universitaires, on retrouve le fameux football, non pas américain mais canadien. Car les règles du football canadien diffèrent légèrement des règles du football américain. Comme vous l’avez sûrement compris ici je ne parle pas du football au sens européen, celui de Neymar, Ronaldo, Messi, Matuidi et autres. Si c’était le cas, j’aurais d’ailleurs utilisé le terme soccer et non football.

Ici, je parle du football que pratiquent les Carabins, les sportifs de l’Université de Montréal, ceux qui participent aux compétitions interuniversitaires .

L'Ambiance Unique des Matchs des Carabins

Le Tailgate : Point de Départ Festif

Tout match de football commence par ce qu’on appelle un Tailgate, c’est un événement prématch qui se passe en dehors du stade. Si vous avez la chance d’aller voir un match de football ne ratez surtout pas le Tailgate, car il fait vraiment parti de l’expérience. Plus concrètement, c’est quoi ? C’est le moment où tous les supporters se réunissent dans une ambiance très festive et bon enfant.

Il existe plusieurs stands qui sont tenus par des marques, mais aussi par des fraternités et/ou des sororités. Oui oui, à l’UdM, nous avons aussi des fraternités et des sororités, qui sont d’ailleurs assez actives au sein de l’université, mais cela est un autre sujet. Vous imaginez bien que ces stands-là étaient particulièrement animés. Toutefois, pour ceux qui ne veulent pas forcément acheter dans les stands ou dans les foods trucks présents, le Cepsum met à disposition des barbecues.

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Mais le Tailgate, ce n’est pas seulement manger et boire. C’est aussi le moment où l’on se prépare à représenter son équipe à cent pour cent. On peut se faire faire des tatouages éphémères qui montrent que nous supportons notre chère équipe. Bien évidemment, moi, j’avais choisi d’avoir sur mon bras le logo des Carabins à nos couleurs : noir, blanc et bleu. Vous l’aurez compris le Tailgate, c’est une grosse fête. Tout le monde est content, tout le monde est prêt à supporter son équipe.

L'Arrivée au Stade et les Traditions

Après s’être amusé au Tailgate, il est temps de rentrer dans le stade. Bien évidemment, avant d’y renter, on doit passer les fouilles : nourriture et alcool sont interdits à l’intérieur. Une fois bien installé, il est temps d’accueillir les joueurs de notre équipe. Pour les accueillir comme il se doit, les cheerleaders forment une baie d’honneur.

Les premiers à sortir sont les porte-drapeaux : ils portent les drapeaux de l’équipe, mais aussi celui de l’UdeM avec sa fameuse devise Fide splendet et scientia (“Elle rayonne par la foi et la science”). Les joueurs arrivent sur le terrain par petits groupes. Ils se réunissent par la suite au centre du terrain et crient à plein gosier des mots d’encouragement et des chants. Et bien évidemment tout cela se passe sous une pluie d’applaudissements des supporters, une standing ovation pour les joueurs.

Une fois que les joueurs sont sur le terrain, il est temps de chanter l’hymne nationale du Canada. Un moment très solennel, qu’on soit canadien ou pas : on est debout, on enlève tout couvre-chef, on adopte une attitude plus que respectueuse. Tout le stade chante en cœur avec la chanteuse officielle. Ce qui donne à peu près : “Ô Canada!

L'Expérience du Match

Il est temps de jouer. Ce qui faut savoir pour comprendre un minimum le jeu, c’est qu’il y a une alternance entre l’offensif et la défensive. En tant que supporters, lorsque notre équipe est en position défensive, notre rôle est de chanter en cœur le fameux “DEFENSE, DEFENSE”, pour encourager notre équipe à défendre. D’ailleurs, lorsqu’il s’agit de marquer des points, dans le football canadien, il existe plusieurs manières de le faire, mais la plus impressionnante est le touchdown.

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Le touchdown, c’est lorsqu’un joueur en possession de la balle atteint la zone de buts de l’autre équipe. C’est non seulement la façon de marquer la plus impressionnante mais aussi celle qui rapporte le plus de point et qui crée un moment d’hystérie chez les supporters. Par ailleurs, il est important de souligner le rôle des cheerleaders : pendant tout le match, elles enchaînent des chorégraphies plus élaborées et plus physiques les unes que les autres. À ce moment, on se rend bien compte que le cheerleading est véritablement un sport.

Une fois que le match est terminé, les supporters peuvent descendre sur le terrain pour discuter avec les joueurs mais aussi prendre des photos avec eux. Vous imaginez bien que mes amies et moi nous sommes allées sur le terrain. On a pu discuter avec les joueurs, prendre des photos. Ce qui était vraiment cool ! Je dirais que c’est ça la beauté du sport universitaire : les joueurs restent des étudiants de notre université qui n’ont absolument pas la grosse tête.

Pour conclure, si vous voulez vivre une expérience typiquement canadienne, vous pouvez aller voir un match des Carabins : vous ne serez absolument pas déçus. Vous pouvez bien évidemment aussi aller voir d’autres équipes universitaires, comme les Redmen de Mcgill ou encore les Stingers de Concordia. Quelle que soir l’équipe, les prix des billets commencent à 10 dollars canadiens (6,60 euros).

Mohamadou Sylla : Un Parcours Inspirant

Fier représentant du dix-huitième arrondissement parisien, dont il est originaire, et aujourd’hui résident permanent canadien, Mohamadou Sylla fait partie des nombreux français à avoir tenté de vivre le rêve américain, avec réussite. Récemment titré dans le Championnat Universitaire Canadien, le joueur de 26 ans a accepté, avec franchise, de répondre à nos questions.

Formation et Premiers Pas au Canada

« Peux-tu nous présenter ton parcours ? J’ai été formé à l’ES Parisienne (club de quartier du 18ème arrondissement, ndlr). J’ai commencé par jouer en district et j’ai gravit les échelons jusqu’à arriver en U19 DH et en senior. En parallèle du football, j’ai obtenu une licence. C’est d’ailleurs pendant mon DUT que j’ai fait un premier échange de 6 mois au Canada.

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J’ai aimé la mentalité et j’ai voulu voir ce à quoi la vie pouvait y ressembler en tant que travailleur. C’est la raison pour laquelle j’y suis retourné en 2017, avec un permis de travail de 2 ans. Depuis, je n’en suis jamais parti et j’en suis même résident permanent depuis cette année. Cette année, j’ai repris les cours à HEC Montréal et c’est ce qui m’a ouvert les portes de l’équipe des Carabins.

Tu as donc été formé à l’ES Parisienne, qu’y as-tu appris qui te sert encore aujourd’hui ? Tu sais, quand tu joues au foot, il faut y jouer avec la dalle comme on dit, ce sont des valeurs qu’on a chez nous dans le 18ème. Si tu joues c’est avec la faim, tu ne dois pas te faire marcher dessus. Quand je jouais en district on jouait avec des clubs en Seine-Saint-Denis, c’était des matchs avec de l’intensité, tu allais jouer à l’extérieur là où ça pouvait parfois être tendu. Ça m’a formé mentalement.

Après ça, quand tu arrives dans des villes « normales », tu n’es plus choqué, ces matchs te forment mentalement et tu deviens imperméable à la pression. Dans une ambiance hostile, si tu rentres sur le terrain avec la peur au ventre, ça ne sert à rien d’y aller. En terme footballistique, Paris est un vivier de joueurs de très bon niveau donc quand tu arrives ailleurs tu es déjà prêt.

Après ton premier échange au Canada en 2015, qu’est ce qui te donne envie d’y retourner au lieu de tenter d’aller dans un autre pays ? Mon DUT ne proposait que le Canada mais avec des options dans différentes villes. Il y avait Montréal bien sûr, mais aussi des villes secondaires. Mes résultats scolaires ne m’ont pas initialement permis d’aller à Montréal et j’ai donc commencé dans une plus petite ville du nom de Matane, à l’ouest du Québec. Je viens de Paris qui est une grande ville mais j’ai été agréablement surpris par Matane et c’est ça qui m’a finalement donné envie de revenir. Le fait de n’avoir vu qu’une petite partie de Montréal m’a laissé sur ma faim, ça m’a poussé.

Intégration et Adaptation au Football Canadien

Comment s’est passée ton intégration à l’équipe ? Avec un coach et des joueurs qui ne parlent pas forcément tous ta langue ? Sachant que tu venais de l’étranger. Ça a été car le français est la langue utilisée au Québec. On va dire qu’il y avait la petite barrière de l’accent (il rit). Ici, avant de jouer à l’université, on a la possibilité d’évoluer dans un championnat semi-professionnel. Tu arrives dans un pays où on ne te connaît pas, tu dois faire tes preuves, tu vas aux détections où il y a du monde et à l’issue desquelles très peu de joueurs sont finalement retenu, ça a pu être un petit peu compliqué pour moi.

Pour l’anecdote, ce qui m’a sauvé c’est une chose que je n’avais jamais fait de ma vie : j’ai mis un coup-franc. Je subis une faute et je décide de prendre mes responsabilités et de tenter ma chance, ça m’a réussi. J’ai donc pu jouer ma première saison. Quant aux différences que j’ai pu observer, il y a d’abord le côté athlétique, tu joues contre des adultes, les chocs sont un peu différents, tu dois lâcher ta balle un peu plus vite. C’est là que ma formation parisienne m’a servie, je n’étais pas dépassé physiquement. C’est un autre football.

Tu portes le numéro 6 dans ton équipe des Carabins. Est-ce ton vrai poste, celui de milieu récupérateur, ou simplement un numéro ? Sinon, quel est ton poste préférentiel ? C’était un numéro qui était libre. Si j’avais pu, j’aurais pris le numéro 18 (il sourît). Sur un terrain, je peux jouer un peu partout. Cette saison, j’ai joué défenseur central, devant la défense au poste de sentinelle, en tant que milieu relayeur et même sur un couloir, je suis polyvalent. Après je me considères plus comme un milieu relayeur. Et pourtant à l’ES Parisienne, j’évoluais au poste de latéral droit bien que je préférais jouer à gauche.

Tu es droitier ou gaucher ? Je suis droitier, j’aimais bien rentrer sur mon faux pied.

Différences entre le Football Européen et Nord-Américain

“Je pense que le foot est l’école de la vie. Dès le plus jeune âge tu apprends ce qu’est la concurrence et à atteindre un objectif commun.” Pour nous européens, le football nord-américain est encore méconnu. Toi qui as eu l’opportunité de jouer sur ces deux continents, quelles sont les différences notables que tu as pu remarquer ?

Au Canada, je dirai que le jeu est plus basé sur le côté athlétique, tu joues contre des adultes, les chocs sont un peu différents, tu dois lâcher ta balle un peu plus vite. Ici les joueurs sont prêts physiquement. Chez nous (en France, ndlr), un joueur peut avoir tendance à négliger cet aspect physique car il compense avec son haut niveau technique. Ici, les mecs ont la culture du travail, ils s’entraînent, vont à la salle de sport… chose que l’on va un peu moins trouver chez nous. C’est un autre football.

Tu pourrais dire que c’est un football qui n’est pas forcément reconnu à sa juste valeur ? Oui et surtout actuellement. Si un joueur venu d’Europe arrive avec l’idée que tout lui sera facile et qu’il va aisément s’imposer, je pense qu’il va se noyer et être choqué. Il va arriver en dilettante et finalement mettre plus de temps que prévu à s’adapter. Après, je ne vais pas non plus te mentir à te dire que le niveau professionnel est le même qu’en France mais dans les catégories de jeunes, il y a de très bons joueurs. Parfois j’en vois et je me dis « Ah ouais, ils sont forts quand même ».

Philosophie de Jeu et Apprentissages aux Carabins

Pourrais-tu m’en dire plus sur les idées de jeu de ton coach ? Ses demandes collectives, individuelles et sur le système ? Collectivement, il demande d’être soudés, faire les efforts pour les autres, classique. Individuellement, il nous dit qu’il faut se donner les moyens de réussir. On joue sur un modèle principalement basé sur des transitions rapides et un pressing au bon moment pour éviter les erreurs. Ce qui est bien, c’est que c’est quelqu’un d’ouvert à la discussion.

Même question que tout à l’heure. Qu’as-tu appris aux Carabins ? Qu’est-ce que ça t’apporte en tant que footballeur et en tant qu’homme ? Je pense que le foot est l’école de la vie. Dès le plus jeune âge tu apprends ce qu’est la concurrence et à atteindre un objectif commun. Tu travailles pour réussir le week-end, il y a de l’adversité. Parfois ton coach va te crier dessus mais tu vas devoir prendre sur toi car tu ne peux pas démarrer au quart de tour. Ici, j’ai appris à être plus calme, ça m’a beaucoup apporté sur le plan mental. Tu vis tellement de choses que tu te demandes ce qui peut parfois t’arriver de pire.

Je te félicite pour avoir remporté le championnat universitaire canadien cette saison. Ça va te permettre de faire partie de la draft et d’ainsi avoir une chance de passer professionnel. Comment perçois-tu cette possible chance ? Je pense que c’est une bonne chose pour les joueurs de football universitaire qui veulent accéder au niveau professionnel. Après la draft n’est pas aussi fournie qu’aux États-Unis, il n’y a que 16 places pour l’ensemble des universités canadiennes. C’est compliqué mais je pense que c’est une bonne opportunité d’intégrer une vraie structure professionnelle.

Similitudes avec le Monde Professionnel et Projets d'Avenir

Au Canada, comme aux États-Unis, le sport universitaire propose des similitudes avec le monde professionnel avec des tribunes remplies, un vrai engouement autour de la pratique… C’est une bonne formation non ? En effet ! Aux Carabins, que ce soit au niveau de l’encadrement ou des structures, c’est quelque chose que je n’avais jamais vu. Je viens d’un petit club parisien et d’un coup, j’arrive dans un environnement avec des physiothérapeute, des salles de sport… Tout est mis en place de sorte que tu ne penses qu’au football et que tu ne sois focalisé que sur ta performance.

Quels sont aujourd’hui tes projets d’avenir sur le plan footballistique ? Je ne suis pas du genre à me projeter, je vis au jour le jour. Si une opportunité se présente, je vais la saisir mais je ne suis pas quelqu’un qui se fixe de gros objectifs, qui se prend la tête.

Quels sont selon toi tes points forts et ceux sur lesquels tu peux t’améliorer ? Je suis bon à la récupération, dans l’anticipation et dans le self-control. Je dois m’améliorer techniquement et à la finition. Ici, les joueurs sont techniques en plus d’être physiques. Ils vont avoir le réflexe d’aller répéter des gammes quand nous en France on serait plus tentés d’aller jouer avec nos potes. Il y a plus de sérieux ici.

As-tu un joueur que tu considères comme un modèle ? Si oui, lequel et pourquoi ? Patrick Vieira, le bad boy d’Arsenal, Yaya Touré, Sergio Busquets, ce sont des joueurs que j’aime. Ils ont des profils quelque peu similaires au mien, assez calmes et polyvalents.

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