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Qui n’a jamais remarqué que certains écrans n’affichaient pas exactement les mêmes couleurs ? Comment savoir quelles couleurs sont justes ? Pour un utilisateur lambda, dans un usage gaming et bureautique, c’est un facteur qui n’est pas forcément très important, à moins, éventuellement, que l’on veuille uniformiser les couleurs de plusieurs moniteurs différents qui composent son setup. Mais pour un graphiste, c’est un élément primordial.

En effet, les couleurs doivent être identiques dans un processus de création graphique allant de votre moniteur jusqu’à une éventuelle impression. Calibrer son écran est une étape essentielle mais souvent négligée qui permet d'obtenir un rendu des couleurs fidèle à la réalité. Au fil des années, j'ai constaté que les fabricants ont réalisé d'importants progrès : les écrans de milieu de gamme bénéficient désormais d'une calibration d'usine bien supérieure à celle des moniteurs d'il y a une décennie. Mais ne vous y trompez pas : même avec ces améliorations, un réglage manuel reste indispensable.

Pourquoi calibrer un écran ?

Avant de commencer, il est très important pour comprendre cet article de connaître la notion de Delta E. La valeur appelée « Delta E » représente la différence de perception des couleurs par l’œil humain. Sous la barre de 1, un œil ne voit plus aucune différence entre les couleurs.

Une couleur qui a un Delta E de 5-6-7-8, etc. est de plus en plus mauvaise, et une valeur de 0,90 ou 0,12 est simplement excellente puisque sous la barre des 1. Certains écrans à destination des professionnels sortent d’usine avec des calibrages pour que le Delta E soit inférieur à 2. Il s’agit d’écrans qui coûtent généralement assez cher et ont pour cible les professionnels de l’image ayant besoin de couleurs très précises dans leur travail.

En revanche, de plus en plus d’écrans haut de gamme à destination des joueurs bénéficient aussi de cette particularité comme l’écran ASUS que nous prenons en exemple dans ce papier. Si l’on prend l’exemple de l’écran de notre PG35VQ, les couleurs en sortie de carton sont déjà bonnes avec un Delta E moyen relevé à 1,65.

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Notez que l’œil humain « normal » est assez fort pour déceler une infime différence allant de 1/100 à 1/200 entre deux nuances de couleur, sans comparaison on nage totalement dans la semoule et il n’est pas possible de dire si la couleur est bonne ou non. Il faut donc utiliser un outil, celui-ci s’appelle colorimètre ou encore spectrophotomètre.

Il mesure les longueurs d’ondes de la lumière : les couleurs qu’un scanner peut numériser, qu’une imprimante est capable d’imprimer ou qu’un écran est capable d’afficher. Dans ce domaine, nous retrouvons deux termes qui sont calibrage et caractérisation (ou étalonnage). La différence est en fait assez simple puisqu’il s’agit de deux étapes complémentaires.

Grossièrement, la calibration réside dans le principe de « préparer » son écran, on fixe la luminosité, le contraste, le gamma, mais aussi la température de couleurs. Cela se fait directement dans l’OSD de l’écran selon ce que l’on souhaite obtenir pour que la caractérisation puisse se faire. Changer une de ces valeurs dans l’OSD nécessitera à nouveau une caractérisation afin d’établir un nouveau profil ICC.

La caractérisation c’est l’étape qui va passer une multitude de couleurs sur l’écran afin que la sonde les mesure et définisse ainsi la carte d’identité colorimétrique du moniteur. Sachez également qu’à stock, les paramètres sont rarement optimaux. Dans les faits, un écran est souvent « maquillé » pour faire joli avec notamment la luminosité poussée plus ou moins au maximum.

Concrètement, prenons pour exemple un écran qui afficherait un Delta E moyen de 5, 6 ou encore 7 avec les paramètres d’usine. Soit un score qui n’est pas super top. En revanche une fois la dalle calibrée, nous avons obtenons un Delta E inférieur à 1. Cette valeur satisfait n’importe quel graphiste professionnel (qui ne regarde cependant pas uniquement ce point-ci).

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Certes, un gamer n’aura pas l’absolue nécessité d’avoir les couleurs les plus justes possibles, mais cela reste tout de même bien plus agréable de pouvoir se fier à ce que l’on voit sur son écran.

Comment calibrer un écran ?

Pour calibrer un écran, il s’avère que la marche à suivre est très simple à partir du moment où on a les bons outils. À la rédaction nous disposons de deux sondes, la X-rite EODIS3 i1 Display Pro et la SpyderX que Datacolor nous a généreusement fait parvenir pour compléter nos tests d’écrans. Dans nos tests nous aimons utiliser ces deux sondes qui sont à nos yeux complémentaires, chacune ayant ses spécificités. Dans le cadre d’une calibration standard, l’une ou l’autre sont déjà des références haut de gamme.

Nous vous rassurons, pour calibrer votre écran une seule bonne sonde suffira amplement, nous n’avons pas les mêmes besoins. Une fois que le logiciel est téléchargé et installé, il faudra bien évidemment le lancer. L’interface est très ergonomique et personne ne devrait faire de mauvaises manipulations. Détaillons les différentes étapes.

La première va simplement vous demander ce que vous voulez faire : étalonner l’écran ou faire une épreuve-écran, choisissons la première option. Ensuite nous devrons choisir s’il s’agit d’un écran de bureau, d’un écran de laptop ou encore d’un projecteur. Puis on choisira le fabricant de la dalle que l’on souhaite calibrer et on tape la référence dans le champ correspondant.

Puis nous sélectionnons la technologie d’affichage, c’est à dire le type de rétroéclairage, ici nous sélectionnons DEL étendue. FullCAL : Étalonnage complet de l’écran. C’est cette option que nous choisissons, le Gamma doit être sur une valeur de 2,2, la température de couleur sur 6500K et la luminosité selon votre préférence.

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Dans l’étape suivante (on y est presque, promis !) l’assistant veut mesurer la luminosité ambiante dans la pièce afin de nous recommander une luminosité avec un point blanc. Enfin, l’assistant va nous demander de placer la sonde sur l’écran, un guide apparaît alors pour bien la placer. Retirez le cache de protection de la sonde qui sert aussi de contrepoids et placez-la sur l’écran.

Une fois la sonde en place, la première chose à faire va être d’ajuster la luminosité pour que celle-ci corresponde au mieux avec la cible de 250 cd/m² que nous avons prédéfinie. Une fois cette étape terminée le logiciel nous demande de retirer la sonde de l’écran. On entre le nom du profil pour l’enregistrer et le nouveau profil ICC s’applique automatiquement.

Libre à vous désormais d’analyser votre écran avec l’outil associé au logiciel si vous êtes curieux. Passons maintenant à la calibration de l’écran via la sonde X-rite EODIS3 I1 Display Pro. Au premier abord, le logiciel paraît bien plus compliqué que celui de chez Datacolor, mais il est en réalité très simple aussi, à condition de savoir un minimum ce que l’on fait.

On pourra directement se mettre en mode avancé puis on ira cliquer sur Caractérisation dans le menu tout en haut à gauche dans l’onglet Affichage. Ici on sélectionnera le point blanc à mettre sur Illuminant CIE D65 qui correspond à la température de couleur de 6500K. Encore une fois pour la luminance nous sélectionnons les 250 cd/m².

Pour la courbe Gamma, comme toujours elle doit être à une valeur de 2,2. Quant au contraste on le laisse en natif pour profiter de ce que la dalle est capable de proposer. La page suivante nous demande la taille du patch, c’est-à-dire le nombre de couleurs que va passer le logiciel sous l’œil aguerri de la sonde. Petit, Moyen ou Grand, allant de 118 couleurs à 482 couleurs.

Rien de compliquer pour positionner la sonde, les indications sont claires. Une fois la sonde en place le logiciel nous demande quels paramètres nous pouvons modifier sur l’écran. Après quelques premières mesures, nous devrons ajuster la luminosité pour être au plus proche de la valeur recherchée qui est de 250 cd/m².

On valide une fois que la luminosité est ajustée et le patch de couleurs va commencer, pour que la sonde analyse l’ensemble des couleurs et puisse ensuite les corriger. Les mesures étant terminées nous pouvons maintenant donner un nom au profil ICC et l’enregistrer, là aussi le profil s’appliquera automatiquement.

On pourra également choisir un rappel de caractérisation. Ici pas de règle d’or, selon votre usage cela pourra être plus ou moins distancé, tandis qu’un professionnel de l’image pourrait le faire une fois par semaine ou avant chaque projet, une personne plus lambda pourra le réaliser à plusieurs semaines voir plusieurs mois d’intervalle.

Petite astuce : si l’écran vous le permet, inclinez la dalle vers le haut pour que la sonde repose bien sur la surface de la dalle. Notez qu’une fois l’écran calibré, nous aurons un profil ICC lié à l’écran dans le système.

En effet, la caractérisation ne s’effectue pas sur l’écran, mais s’enregistre directement dans l’ordinateur. C’est pour cette raison que nous mettons à disposition les profils ICC des écrans que nous testons afin que tout le monde puisse profiter du meilleur potentiel de son écran.

Les défis spécifiques des écrans OLED

Les écrans OLED, de plus en plus populaires en 2025, présentent des défis spécifiques pour la calibration. Pour les écrans OLED, je recommande au minimum un Datacolor SpyderX Pro récent ou, idéalement, un modèle compatible HDR comme le Calibrite ColorChecker Display Pro ou le X-Rite i1Display Pro Plus.

Faut-il investir dans une sonde de calibration ?

Écran d'entrée de gamme (< 200€) : L'investissement dans une sonde haut de gamme est disproportionné. Pour cette démonstration, j'utilise DisplayCAL, un logiciel gratuit mais puissant, compatible avec la plupart des sondes du marché.

Les écrans modernes à taux de rafraîchissement élevé (144Hz, 240Hz, voire 360Hz) peuvent présenter des variations de couleur selon la fréquence utilisée. Pour les écrans gaming, recalibrez tous les 3-6 mois, car l'utilisation intense peut modifier les performances colorimétriques plus rapidement. Les jeux vidéo modernes exploitent de plus en plus les espaces colorimétriques étendus et le HDR.

Les écrans HDR nécessitent idéalement deux calibrations distinctes : une pour le mode SDR standard et une pour le mode HDR. Les écrans de laptops présentent souvent des écarts colorimétriques importants.

La calibration d'écran n'est plus l'apanage des professionnels. Avec les bonnes techniques et outils, chaque utilisateur peut transformer radicalement son expérience visuelle quotidienne. Si votre budget le permet, l'investissement dans une sonde de calibration reste la solution optimale pour exploiter pleinement les capacités de votre écran.

Quand calibrer son écran ?

N'oubliez pas que la calibration n'est pas un processus définitif mais périodique, à renouveler régulièrement pour maintenir une qualité d'image optimale.

  • Pour un usage standard, tous les 3-6 mois.
  • Pour les écrans gaming, recalibrez tous les 3-6 mois, car l'utilisation intense peut modifier les performances colorimétriques plus rapidement.

Comment calibrer son écran avec Calibrite Profiler ?

La société Calibrite, qui avait racheté les produits X-Rite consumers en 2021, a sorti une version entièrement nouvelle du logiciel de calibration d'écran (fév. 2023), puis a intégré le module ColorChecker Camera Calibration pour calibrer les couleurs d'un APN en mars 2025 et, enfin, le module CC Studio pour calibrer les imprimantes.

Au début 2023, Calibrite a présenté un nouveau logiciel de calibration : Calibrite Profiler. Il ne vous échappera pas que l'interface a été totalement revue... mais pas que ! Calibrite Profiler remplace les précédents logiciels de calibration d'écrans de Calibrite ou X-Rite car les anciennes sondes restent compatibles (moyennant un supplément tarifaire de 39,99 €).

L'interface est maintenant moderne et donc rajeunie mais ce n'est pas au détriment de la qualité, bien au contraire car on gagne mêmes de précieuses valeurs cibles que l'on peut régler à notre guise ou de nouveaux outils de contrôle. Il n'y a plus guère que la calibration hardware pour faire mieux quand votre écran le permet, ce qui est plutôt rare. Bravo Calibrite pour ce super travail !

Le logiciel Calibrite Profiler permet notamment de calibrer tous les écrans du marché dès l'instant que vous possédez une sonde de calibration (un colorimètre pour être plus précis) Calibrite ou X-Rite. Compatible avec tous les colorimètres Calibrite, soit anciens (ColorChecker Display, Display Pro et Display PLUS) soit nouveaux (Display 123, Display SL, Display PRO HL ou Display PLUS HL) gratuitement.

Le logiciel est disponible en libre téléchargement si vous possédez un colorimètre Calibrite et il vous en coûtera 39,90 euros si vous souhaitez continuer à utiliser votre ancienne sonde X-Rite ou ColorChecker. Ce nouveau logiciel intègre dorénavant le XRD qui n'est donc plus nécessaire de télécharger séparément - Téléchargez Calibrite Profiler 3.0 pour PC et MacOS (sept.

Si vous choisissez "Profiler mon..." et que vous souhaitez calibrer votre écran alors vous aurez le choix entre deux modes utilisateur : "De base" ou "Avancé". En mode avancé, il est possible - vous vous en doutez - de calibrer vos écrans avec davantage d'options (des valeurs cibles). En mode de Base, les valeurs cibles ont été choisies "logiquement" par Calibrite dans des pré-réglages "Photo" ou encore "Vidéo".

Le colorimètre ColorChecker Display PLUS a été détecté automatiquement. Notez que la licence de Calibrite Profiler est gratuite pour les possesseurs d'un colorimètre Calibrite.

Le logiciel Calibrite Profiler permet depuis sa fenêtre principale de caractériser un écran ou un vidéo projecteur dans deux modes utilisateur : "De base" et "Avancé". Selon le mode choisi, les options - donc les valeurs cibles - seront plus ou moins nombreuses.

Comme dans tout processus de calibration d'écran, celui-ci ce fait en deux étapes : l'étalonnage puis la caractérisation.

Indiquer au logiciel quels réglages sont accessibles sur votre écran (menu OSD). Un écran de bureau aura beaucoup plus de réglages accessibles qu'un écran Apple ou celui d'un ordinateur portable.

En mode "De base...", les valeurs cibles vont être regroupées dans un pré-réglage "Photo" qui nous va ici très bien. En effet, dans ce pré-réglage, l'écran sera étalonné à 120 cd/m², 6500K avec un gamma à 2,2.

Vous pouvez remarquer qu'en mode de base, seules certaines cibles sont ajustables. Les autres sont grisées donc fixes dans ce mode.

Ensuite, vous observerez que la technologie de la dalle est détectée automatiquement parmi 9 choix possibles (nouveau), juste en-dessous. Pour faire court, il s'agit de ce que l'on appelle la matrice couleur de la dalle donc dit autrement du type de couleurs RVB auxquelles le logiciel doit s'attendre. Cela va donc influencer la qualité du profil ICC. Laissez le logiciel faire automatiquement ce choix.

Pour cela rendez vous dans les paramètres d'affichage de Windows ou les Préférences moniteur de MacOS. Une fois fait, le bouton vert "Suivant" en bas à droite devient cliquable.

Il suffit de suivre les indications et régler celle-ci selon la valeur cible du pré-réglage photo c'est-à-dire 120 cd/m² ici.

Ensuite, vous allez lancer la caractérisation donc la mesure colorimétrique de votre écran afin de créer son profil ICC puisqu'il est maintenant étalonné comme il faut. Pour cela, le logiciel va faire défiler 118 patchs de couleurs devant votre sonde en mode de base.

Laissez faire tranquillement en vous assurant juste qu'il n'y ait pas de lumière parasite vive qui viendrait de profil sur votre écran. Une nouvelle fenêtre s'ouvre avec l'ensemble des patchs couleurs avant / après affichés.

Vérifiez que le logiciel a bien choisi la norme ICC v2.0 (Sélection normalement par défaut, tu du moins sous Windows 11).

Il vous reste à nommer votre profil ICC pour qu'il soit facilement identifiable par la suite - oui, cela peut servir ! - et choisir la durée entre deux rappels de calibrage.

Personnellement, je mets le nom de l'écran - évidemment ! -, le pré-réglage donc les valeurs cibles puis le mois/année du calibrage.

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