La compétence de pose d’un cathéter veineux périphérique (CVP) est cruciale pour tout infirmier. Que vous soyez étudiant.e en soins infirmiers et que vous vous apprêtiez à préparer une perfusion pour la première fois, ou que vous soyez déjà infirmier.e et que vous ayez besoin d’une remise à niveau, ce guide en cinq étapes a quelque chose à offrir à tout le monde. La pose d’une voie veineuse périphérique (VVP) est un acte technique essentiel en soins infirmiers, qui consiste à insérer un dispositif tubulaire souple, appelé cathéter (KT), dans une veine périphérique, généralement au niveau de la main ou du bras, pour permettre l’administration de médicaments, de solutés ou d’un produit de contraste.
En France, on estime que 25 millions de cathéters périphériques sont posés chaque année, ce geste est donc l’un des plus réalisés en milieu hospitalier. Pourtant, malgré sa banalisation, il reste associé à des risques infectieux majeurs : 30 % des bactériémies associées aux soins seraient liées à un cathéter. Ce guide vous propose une approche claire et structurée en 6 étapes, depuis la préparation du matériel jusqu’à la traçabilité du soin, en passant par le choix du site d’insertion, la pose et la sécurisation du dispositif. Vous y trouverez également des conseils d’expert(e)s et le rappel des bonnes pratiques, illustrés par les dernières recommandations issues de la littérature scientifique et des référentiels en vigueur.
Avant toute pose de cathéter veineux périphérique, plusieurs conditions doivent être rigoureusement réunies pour garantir la sécurité, l’efficacité du geste et le confort du patient. Avant toute chose, il est essentiel de connaître la raison de la pose du cathéter. Sauf en cas d’urgence, la pose d’un cathéter doit être réalisée sur prescription médicale conforme ou selon un protocole préétabli et validé par un médecin.
L’identitovigilance constitue un pilier fondamental de la sécurité des soins. Avant tout acte, il est impératif de s’assurer de manière rigoureuse de l’identité du patient. Cette vérification passe d’abord par une demande directe au patient, qui doit décliner spontanément son nom de naissance, son prénom et sa date de naissance. Il convient d’éviter les formulations fermées du type « Vous êtes bien M. Dupont ? ». Une vigilance accrue est nécessaire dans certaines situations : enfants, personnes non communicantes, patients présentant des troubles cognitifs ou en situation de handicap.
Le consentement du patient est une exigence légale et éthique, encadrée notamment par les articles L1111-2 et L1111-48 du Code de la santé publique. Avant toute procédure, le professionnel de santé doit informer le patient de manière claire, loyale et adaptée à son niveau de compréhension, en veillant à ce qu’il saisisse les enjeux du soin proposé. En ce qui concerne les patients mineurs, le consentement doit être recueilli auprès des titulaires de l’autorité parentale (parents ou représentant légal), conformément à l’article 371-19 du Code de la santé publique, sauf en cas d’urgence médicale.
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La pose d’un cathéter veineux périphérique peut entraîner douleur, anxiété ou refus de soins. Il est essentiel d’utiliser un langage simple et rassurant. Éviter les expressions anxiogènes (« Attention, je pique ! ») au profit de formulations calmes (« Je vais y aller doucement. »). Prendre le temps d’écouter le patient et d’instaurer un climat de confiance. Plusieurs approches complémentaires permettent de limiter la douleur induite par le geste et d’améliorer le confort du patient. Ces mesures, simples, mais efficaces, participent à la qualité du soin et au respect de la personne soignée. Il existe de nombreuses techniques pour réduire la douleur et l’anxiété des patients lors des soins. En cas de veines peu visibles ou palpables, il est possible d’utiliser une aide à la visualisation (lampe infrarouge, vein finder).
La préparation minutieuse du matériel avant la pose d’un cathéter veineux périphérique est primordiale pour assurer la sécurité, le confort du patient et l’efficacité du soin. Avant toute intervention, il est indispensable de réunir tout le matériel nécessaire et de procéder à une vérification de l’intégrité des emballages, de leur stérilité, ainsi que de leur date de péremption. Calculer tous les ajouts (électrolytes…) puis les inscrire sur une étiquette à coller sur le soluté. Le type de gants dépend directement de la procédure que vous réaliserez. La HAS recommande le port de gants à usage unique pour prévenir les accidents d’exposition au sang (précautions standards). Toutefois, si vous êtes amené(e) à palper le site d’insertion après l’antisepsie, vous devrez impérativement porter des gants stériles. Le choix du cathéter dépend du besoin thérapeutique, de la durée de perfusion prévue et des caractéristiques veineuses du patient. Le diamètre du cathéter s’exprime en gauge (G).
Une fois le matériel prêt, il faut préparer l’environnement de soin. Une fois l’espace désinfecté, disposez méthodiquement l’ensemble du matériel, préalablement vérifié, sur un plateau ou une surface propre et facilement accessible. Cette disposition rigoureuse permet également au professionnel de santé d’adopter une posture stable et confortable tout au long du soin, ce qui réduit les risques de maladresse et de fatigue musculaire. L’installation du patient constitue également un élément fondamental de cette étape. Selon son état clinique, installez-le confortablement en position assise ou allongée.
Avant de procéder à la pose d’un cathéter veineux périphérique, il est important d’évaluer soigneusement le site de ponction. Le choix du site de ponction veineuse doit toujours tenir compte des contre-indications médicales afin de garantir la sécurité du patient et de prévenir les complications.
Une fois le garrot posé, pour repérer une veine adaptée, combinez observation, palpation et utilisez si besoin des outils d’aide à la visualisation. Privilégier une veine droite, souple et palpable, même si elle n’est pas toujours visible à l’œil nu. Effectuer une inspection visuelle et une palpation avec l’index, toujours avant l’antisepsie. Chez les nouveau-nés et les nourrissons, les veines superficielles des mains, des pieds et des avant-bras sont les plus fréquemment utilisées. L’abord des veines épicrâniennes est également possible, mais il nécessite une formation spécifique et est réservé aux professionnel(le)s formé(e)s dans des services dédiés.
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L’insertion d’un cathéter veineux périphérique est un acte de soin courant, mais à fort risque infectieux s’il est mal réalisé. Réaliser une antisepsie cutanée avec une solution antiseptique conforme au protocole de l’établissement. L’antiseptique doit contenir environ 70 % d’alcool. Le nombre de passages lors de l’antisepsie cutanée dépend du type d’antiseptique utilisé. Certains antiseptiques alcooliques disposent d’une autorisation de mise sur le marché (AMM) pour un seul passage. Lorsque plusieurs passages sont nécessaires, il faut respecter un temps de séchage complet entre chaque application. Ne jamais repasser sur la zone avec la même compresse ni recontaminer la peau désinfectée. Retirer le mandrin (aiguille-guide) avec précaution. Si le cathéter est muni d’un système de sécurité, activer le mécanisme de sécurisation dès le retrait complet de l’aiguille.
La fin du soin constitue une étape à part entière, dont l’objectif est de garantir la sécurité du patient, une bonne hygiène de l’environnement, ainsi que la traçabilité précise des actes réalisés. Avant de quitter la chambre, s’assurer que le patient est confortablement installé. Proposer à l’enfant un geste de valorisation (mot bienveillant, autocollant, « diplôme de bravoure ») afin de renforcer la coopération et le vécu positif du soin. Tous les déchets souillés par du sang (compresses, gants, tubulures) doivent être éliminés dans un collecteur DASRI (déchets d’activités de soins à risques infectieux). L’aiguille doit être jetée immédiatement après usage, sans être désassemblée, dans un collecteur OPCT.
La pose d’une voie veineuse périphérique, bien que courante, n’est pas sans risques. En effet, jusqu’à 50 % des cathéters veineux périphériques échouent prématurément, en raison de complications mécaniques (retrait accidentel, obstruction), vasculaires (phlébite, thrombose veineuse, extravasation) ou infectieuses (infection locale, bactériémie). Même si le taux de bactériémie associée aux cathéters veineux périphériques est plus faible que celui des cathéters centraux, leur fréquence d’utilisation élevée en fait une source d’infections nosocomiales non négligeable. Dans cet article, vous découvrirez les principales bonnes pratiques de maintenances, les complications liées au cathéter veineux périphérique, leurs signes d’alerte, les bonnes pratiques de surveillance, et les conduites à tenir en cas de complications.
L’extravasation correspond à l’injection accidentelle d’un médicament ou d’une solution intraveineuse dans les tissus périvasculaires ou sous-cutanés, au lieu du compartiment vasculaire prévu. Les substances non irritantes ne provoquent ni inflammation ni dommage tissulaire significatif. Les substances irritantes peuvent entraîner une sensation de brûlure, une douleur localisée, une inflammation, voire des signes de phlébite. Les agents vésicants sont les plus à risque et leur extravasation peut causer des atteintes sévères comme des ulcérations, une nécrose tissulaire, voire nécessiter un débridement chirurgical ou une greffe cutanée. Il est indispensable de surveiller systématiquement le site d’injection avant, pendant et après toute administration intraveineuse.
L’obstruction d’un cathéter veineux périphérique correspond à une interruption partielle ou totale du flux de perfusion à travers le dispositif. Une obstruction se manifeste généralement par une résistance inhabituelle à l’injection, une diminution du débit de perfusion, voire une absence totale de reflux sanguin lors de la vérification de la perméabilité. Il est ensuite possible, dans certaines situations et uniquement si le produit perfusé le permet, de relancer temporairement le débit au maximum afin d’évaluer la présence d’un éventuel obstacle. Si la résistance persiste ou si le reflux sanguin est absent, cela suggère une occlusion probable. Dans ce cas, il est préférable de retirer le cathéter et d’en poser un nouveau, après évaluation de la pertinence de la voie veineuse périphérique (VVP).
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La prévention des obstructions de cathéters veineux périphériques repose sur des pratiques rigoureuses et standardisées. Le rinçage systématique du cathéter est une mesure centrale, et le rinçage pulsé, effectué avec une seringue d’au moins 10 mL, en injectant le sérum physiologique par petites pressions successives et rapides, entrecoupées de pauses. Il est cependant essentiel d’adapter la technique de rinçage au médicament administré. Certains produits, comme le chlorure de potassium ou les amines vasopressives, nécessitent un débit strictement contrôlé. Dans ces cas, le rinçage pulsé est contre-indiqué, car il pourrait entraîner des effets indésirables graves.
La veinite, plus couramment appelée phlébite, désigne une inflammation de la paroi d’une veine. Elle peut être déclenchée par plusieurs facteurs : la présence d’un cathéter veineux périphérique, notamment si son calibre est inadapté, l’administration de médicaments irritants (comme le chlorure de potassium). Attention, par abus de langage le terme “phlébite” a remplacé chez les francophones le terme de “thrombophlébite”. La thrombose veineuse se définit comme l’obstruction partielle ou totale d’une veine par un thrombus. Les manifestations cliniques de la veinite, aussi appelée phlébite, apparaissent généralement à proximité du point d’insertion du cathéter ou le long de la veine concernée. Ces symptômes peuvent survenir pendant toute la durée du cathétérisme, voire jusqu’à 48 heures après le retrait du dispositif.
La prévention des veinites et thromboses liées aux cathéters veineux périphériques repose sur le respect rigoureux des bonnes pratiques lors de leur pose et de leur entretien.
L’embolie gazeuse correspond à l’introduction accidentelle de bulles d’air dans la circulation sanguine. Ces bulles peuvent obstruer partiellement ou totalement un vaisseau, et ainsi perturber le flux sanguin vers les organes et entraîner des lésions tissulaires graves. Si de petites bulles d’air présentes dans la tubulure sont généralement sans conséquence, une quantité importante d’air, par exemple une tubulure entièrement remplie, représente une urgence vitale.
Les manifestations cliniques d’une embolie gazeuse varient selon la quantité d’air injectée, la rapidité de sa diffusion dans la circulation, ainsi que la localisation et la sensibilité des organes touchés. La prise en charge d’une embolie gazeuse est une urgence vitale. Installation du patient en décubitus latéral gauche avec position de Trendelenburg (tête en bas). Pour prévenir le risque d’embolie gazeuse, l’infirmier(e) doit systématiquement purger l’ensemble des tubulures avant leur raccordement au dispositif veineux, et expulser toute bulle d’air contenue dans les seringues avant toute injection.
Une infection liée à un cathéter veineux périphérique résulte généralement de la colonisation du dispositif par des agents pathogènes. Cette colonisation peut évoluer et passer d’une infection locale à une bactériémie si les micro-organismes atteignent la circulation sanguine. La prévention des infections liées au cathéter veineux périphérique repose sur une hygiène rigoureuse, une surveillance continue et le strict respect des protocoles établis. Vérifier régulièrement l’adhérence, l’étanchéité et la propreté du pansement. Contrairement aux anciennes pratiques, le remplacement systématique du CVP toutes les 96 heures n’est plus recommandé.
Une lésion nerveuse correspond à une atteinte directe ou indirecte d’un nerf, survenant notamment lors de la pose d’un cathéter veineux périphérique. Elle peut entraîner des douleurs vives, des sensations anormales (paresthésies), une perte de sensibilité, voire une altération motrice de la zone innervée. La douleur d’origine neurogène liée à une lésion du nerf peut se manifester dès la pose ou dans les heures qui suivent. En présence de signes évocateurs douleur aiguë de type brûlure, picotements, engourdissement), le cathéter doit être retiré afin de prévenir des dommages neurologiques. Il est impératif d’informer rapidement le médecin pour évaluer la nécessité d’un examen complémentaire (notamment neurologique) et adapter la prise en charge.
Prévenir les lésions nerveuses lors de la pose d’un cathéter veineux périphérique peut s’avérer complexe, en raison de la proximité anatomique entre veines et nerfs et de la variabilité interindividuelle de leur disposition. Dans la mesure du possible, il est recommandé de privilégier des sites d’insertion à moindre risque et de procéder avec douceur lors de la ponction, en restant attentif/attentive aux réactions du patient (douleur vive, paresthésies).
La surveillance d’une voie veineuse périphérique fait partie du rôle propre infirmier. Elle vise à prévenir les complications, garantir l’efficacité du traitement et assurer le confort du patient. La pose d’un cathéter veineux périphérique et sa maintenance ne sont jamais des gestes anodins. Au-delà des risques infectieux et mécaniques, ces actes peuvent être source de douleur et d’anxiété pour les patients. La qualité de cette prise en charge et la sécurité du patient reposent sur la formation continue des soignant(e)s, l’application de recommandations actualisées, ainsi que le respect des protocoles institutionnels.
Les cathéters veineux périphériques possèdent deux caractéristiques principales : leur calibre et leur longueur. Pour des raisons historiques, le calibre s’exprime en Gauge (GA). Plus la Gauge est élevée, plus le calibre du cathéter sera faible. Les couleurs sont normalisées, ainsi un cathéter de couleur verte sera toujours de calibre 18GA.
Voici un aperçu des calibres courants et de leurs utilisations typiques :
Calibre (Gauge) | Couleur | Utilisations |
---|---|---|
14G-16G | Orange-Noir | Situations d'urgence pour l'administration rapide de liquides. |
18G | Vert | Situations d'urgence, transfusions, alimentation, volume > 3 litres. |
20G | Rose | La plupart des adultes. |
22G | Bleu | Patients pédiatriques et adultes avec veines fragiles. |
24G | Jaune | Nourrissons et jeunes enfants. |
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