Avec Les Pistolets en Plastique, Jean-Christophe Meurisse s’attaque à un des cold cases les plus célèbres de France par une comédie noire, trash et incroyablement absurde. Ce film est une comédie à l’humour très noir qui en devient très déroutante. En effet, si on sait d’emblée en entrant dans la salle que le film va parler de Xavier Dupont de Ligonnès, ennemi public n°1, on se laisse facilement emporter dans une fresque rocambolesque et absurde de l’histoire irrésolue de ce meurtrier.
Les histoires de tueurs en série vont bon train sur le grand écran comme sur le petit. De nombreuses études se sont intéressées à cette étrange fascination des publics pour des histoires aussi sordides. Le film s’ouvre d’ailleurs sur un échange entre Johnny le légiste, Jonathan Cohen, et Thiago, Philippe Rebbot, sur cette question. Ainsi, le cadre est posé d’emblée dans cette scène d’ouverture où les deux personnages discutent en farfouillant allègrement dans la cage thoracique d’un cadavre entre eux. Cette précision est ici nécessaire.
Dans Les Pistolets en Plastique, Léa et Christine, deux enquêtrices obsédées par l’affaire Paul Bernardin partent sur les traces d’un meurtrier en fuite. Totalement obsédées par l'affaire Paul Bernardin, un homme soupçonné d'avoir assassiné son épouse et ses trois enfants avant de se volatiliser mystérieusement, Christine et Léa mènent leur propre enquête. Alors qu’elles s’apprêtent à partir, elles apprennent que Paul Bernardin aurait apparemment été interpellé dans un aéroport au Danemark. Les Français se passionnent pour l’affaire dite Bernardin et deux enquêtrices amatrices se rendent sur les lieux du crime pour trouver des indices. Pendant ce temps, les médias annoncent son arrestation à l’aéroport de Copenhague.
En ce sens, Léa et Christine illustrent cette société bercée dans l’illusion qu’Internet est aussi la réalité. Zavatta (Anthony Paliotti), inspecteur de renom, vit une douche froide lorsque sa femme lui remet brutalement les pieds sur terre. Et Uzès va, lui, de désenchantement en désenchantement… Les personnages du film Les Pistolets en Plastique n’ont donc pas un destin très joyeux et tous s’enfoncent dans une spirale de faits grotesques.
Sous cette apparente comédie noire, les messages critiques pullulent. C’est donc deux femmes, dont l’une est mère de famille et ne cesse de se faire appeler par son mari, incapable d’appuyer sur le bouton “on” du micro-ondes, et une vieille fille qui se lance sur les traces d’un meurtrier. En parallèle, Michel Uzès (Gaëtan Peau), victime d’une lourde erreur juridique, est de loin le personnage le plus perdu dans cet univers absurde et trash. Les personnages sont totalement caricaturaux et, pour la plupart, ce sont des ratés complets.
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Un mot s’impose au sujet de la performance de Laurent Stocker, ce dernier étant le personnage le moins caricatural du film. En effet, si la pertinence de ses apparitions laisse parfois à désirer, le personnage de Paul Bernardin brouille cette frontière que Stocker s’est empressé de reposer dans la presse. En effet, Laurent Stocker, qui incarne un tueur froid et charismatique dans le film, souligne dans la presse que le scénario du film Les Pistolets en Plastique ne doit pas être interprété comme apportant une quelconque rédemption à Dupont de Ligonnès qui reste un monstre.
A scénario grotesque, voire glauque, mise en scène burlesque. En parallèle, la bande originale du film ne va pas dans la demi-mesure et donne par moment envie de se boucher les oreilles. En effet, les grandes envolées musicales allant jusqu’à saturation, aussi bien que les longues montées en puissance d’un bip répétitif, font vibrer les tympans les plus sensibles. Certaines scènes, très trash, sont également sous le signe d’une couleur omniprésente dans le cadre. De plus, tout le montage est marqué par un rythme soutenu. Ne serait-ce que dans les premières minutes où les cartons du générique du début viennent entrecouper brusquement la conversation des personnages. L’entièreté du film se calque sur une volonté de faire les choses rapidement, qui, si elle peut prendre au dépourvu, est au final assez réussie.
Le film de Jean-Christophe Meurisse Les Pistolets en Plastique est une comédie noire qui ne paraît pas s’adresser au plus grand nombre. En effet, le long métrage joue avec un humour difficile sur une thématique qui nécessite une approche des plus nuancées.
Ce qui caractérise précisément le cinéma de JC Meurisse c’est une impudence insituable moralement. Toutes nos fascinations névrotiques sont catapultées, condensées et torpillées dans ce qui pourrait s’apparenter à des sketches (façon les Vamps pour le duo d’enquêtrices du web génialement interprétées par Delphine Baril et Charlotte Laemell) ou numéros d’acteurs éblouissants (et ce serait déjà énorme!) si le réalisateur se contentait d’une juxtaposition de scènes choc. Ce n’est pas le cas. Le film jubile d’une esthétique forte corollaire de l’extravagance du propos et d’acteurs tous en majesté. Les vingt dernières minutes poussent le curseur du pistolet balle à blanc un peu loin nous infligeant un sadisme quelque peu gratuit.
Jean-Christophe Meurisse a voulu faire une comédie noire, mélangeant humour et horreur. Le réalisateur explique : "C’est ce que j’aime : le mélange. Ce que je n’aime pas : rester dans un registre unique. Je veux que tout soit tendu, aussi bien dans la narration que dans la forme. On ne sait pas sur quel pied danser. On va de l’absurde à l’horreur, on est dans le rire du pire, entre tragédie et comédie de manière permanente."
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Concernant le titre du film, il explique: "J’ai une manière un peu surréaliste, un peu cadavres exquis, de trouver des titres, comme pour mon film précédent, « Oranges sanguines ». Ces « Pistolets en plastique » sonnent bien, car tout le monde est un peu en plastique. Les personnages, le faux Bernardin, le vrai Bernardin, les enquêtrices, tous sont en toc.
Acteur | Rôle |
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Delphine Baril | Enquêtrice |
Charlotte Laemmel | Enquêtrice |
Laurent Stocker | Paul Bernardin |
Gaëtan Peau | Michel Uzès |
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