Le 13 juillet 2024, lors d'un meeting à Butler, en Pennsylvanie, Donald Trump a été victime d'une tentative d'assassinat. Thomas Matthew Crooks, un jeune homme de 20 ans, a tiré huit balles en direction de Donald Trump, tuant une personne et blessant trois autres, dont le président américain. Crooks a été abattu par le Secret Service.
Bientôt un an après les faits, que sait-on de Thomas Crooks ? Au premier abord, aucun signe ne laissait imaginer la trajectoire sanglante qu’il prendrait. The New York Times évoque une évolution « graduelle » et « discrète », « d’un modeste étudiant en ingénierie critiquant la polarisation politique à un tueur déterminé qui a essayé de fabriquer des bombes ».
Selon le témoignage d’un de ses camarades, le jeune homme était davantage intéressé par l’économie et les cryptomonnaies que par la politique. Lors de l’investiture de Joe Biden en 2021, il a fait un don de 15 dollars à un comité soutenant les démocrates. La mystérieuse évolution du garçon a pris un tournant à partir de 2023, période où il a commencé à acheter des armes sur internet, en utilisant un pseudo. Il s’est intéressé de plus en plus à la course à la Maison-Blanche, et a multiplié les recherches internet sur les armes à feu, après avoir consulté des sites d’informations ou les archives de l’Administration Trump.
D’un côté, il n’y avait pas « d’indications claires de changements dans son comportement ou sa routine », précise Reggie Brown, un des anciens employeurs de Thomas Crooks. Mais de l’autre, son père indique « que sa santé mentale déclinait au cours de l’année précédant la fusillade, et plus particulièrement dans les mois qui ont suivi l’obtention de son diplôme ».
Une semaine avant la fusillade, ses recherches se précisent : il s’inscrit au rassemblement de Donald Trump à Butler, recherche à quelle distance se trouvait Lee Harvey Oswald de J. F. Kennedy ou encore à quel endroit exact Donald Trump prendra la parole. Le jour J, Thomas Crooks quitte le domicile familial avec sa carabine, en assurant à ses parents qu’il se rend au stand de tir.
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Le FBI a détaillé l'avancée de son enquête sur la tentative d'assassinat de Donald Trump. L'enquête avance, mais des zones d'ombre subsistent. Le FBI a fait le point sur ses investigations, notamment concernant les motivations et la préparation de l'auteur.
L'agent Kevin Rojek, qui dirige l'enquête, a expliqué que l'analyse de l'historique des recherches Internet de Thomas Crooks a "fourni des informations précieuses sur son état d'esprit, mais pas de motif définitif" pour son geste, selon des propos publiés par le FBI. Entre avril et juillet, il effectue des recherches sur les événements de campagne de Donald Trump, mais aussi sur ceux de son rival démocrate à l'époque, Joe Biden. Au cours des 30 jours précédant l'attaque, Thomas Crooks réalise plus de 60 recherches liées à Joe Biden et à Donald Trump, selon le FBI.
Le 6 juillet, soit une semaine avant les faits, il s'inscrit au meeting de Donald Trump et tape des questions éloquentes sur son moteur de recherche. Par exemple, "quelle était la distance entre Oswald et Kennedy?" ou "d'où Trump parlera-t-il au Butler Farm Show".
Il se penche également sur l'arme qu'il utilisera pour commettre son attaque. Dès 2019, il s'est intéressé à la manière de fabriquer un engin explosif. Il a finalement opté pour un fusil, dont le FBI a publié des photos.
Selon les éléments récoltés par le FBI, Thomas Crooks semble avoir préparé seul sa tentative d'assassinat. "À l'heure actuelle", le FBI n'a pas identifié "de co-conspirateurs ou d'associés de Crooks ayant eu connaissance de l'attaque", a déclaré Robert Wells, le directeur adjoint exécutif de la Direction de la sécurité nationale du FBI. "Et je tiens à être clair: nous n'avons vu aucune indication suggérant que Crooks était dirigé par une entité étrangère pour mener l'attaque", a-t-il poursuivi.
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Les idées ayant motivé son passage à l'acte restent peu claires. Le FBI lui prête "un mélange d'idéologies", selon des propos de l'agent Kevin Rojek cités par CNN.
Plus le profil d’un tireur de masse que celui d’un assassin politique. En analysant l’activité Internet du suspect entre 2019 et le 13 juillet 2024, le FBI a conclu que Donald Trump n’était pas la seule cible envisagée. Le Bureau d’investigation fédéral des États-Unis note également que le suspect s’intéressait, dès 2019, à la fabrication de bombes artisanales. Il a notamment essayé d’apprendre comment « faire une bombe à partir d’engrais », ou « comment les détonateurs à distance fonctionnent ».
Glenn Thrush, reporter du New York Times spécialisé notamment dans la violence par armes à feu, écrit qu’il cherchait plus « une opportunité pour réaliser une attaque spectaculaire qui attirerait une grande attention sur lui, en tuant un plus grand nombre de personnes ou une personnalité célèbre ». « L’annonce du meeting de Donald Trump à Butler a attiré l’attention du suspect, et il s’est concentré sur cet événement spécifique et l’a considéré comme une cible d’opportunité », a ajouté l’agent du FBI devant les médias. Thomas Crooks n’aurait alors aucune « idéologie politique précise », mais plus « un mélange de gauche et de droite ».
La tentative d’assassinat de Trump représenterait un «échec historique» du Secret Service, selon le rapport. Thomas Matthew Crooks, a pu s’installer sur un toit à moins de 150 mètres de la scène, sans être repéré à temps. Une enquête menée l’année dernière avait révélé que le toit du bâtiment d’où a tiré Thomas Matthew Crooks n’était pas sécurisé, malgré une alerte de menace longue portée émise peu de temps avant par un service de renseignement étranger.
En effet, le tireur avait été repéré 90 minutes avant les tirs, mais aucune action décisive n’a été entreprise. Le Secret Service avait délégué la surveillance du bâtiment AGR aux forces locales, qui ne l’avaient pas sécurisé.
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Matt Quinn, le directeur adjoint de l’agence, a annoncé que six membres de son personnel, qui étaient chargés de protéger Donald Trump à l’époque avec une quarantaine d’autres agents, ont été suspendus pour des durées allant de 10 à 42 jours, avec retenue de salaire pour divers manquements. Les agents fautifs ont été réaffectés à des postes non opérationnels. La directrice de l’époque, Kimberly Cheatle, avait, quant à elle, démissionné dix jours après l’attentat manqué.
Au moment des faits, Joe Biden était en chute libre, affaibli par un débat raté le 27 juin. Deux semaines plus tard, Trump bénéficiait d’un regain d’intérêt, y compris chez des électeurs modérés ou indécis.
Le président démocrate Joe Biden, qui doit affronter Donald Trump à l'élection de novembre, s'est dit soulagé d'apprendre que le républicain soit apparemment en bonne santé tout en condamnant de "telles violences". Joe Biden a parlé avec Donald Trump, a précisé la Maison Blanche.
Plus globalement, de nombreux dirigeants du monde entier ont montré leur indignation suite à l'attaque :
Deux mois après avoir été la cible d’une tentative d’assassinat lors d’un meeting en Pennsylvanie, Donald Trump aurait de nouveau été la cible de tirs, selon le FBI. L’ancien président se trouvait au Trump International Golf Club, à West Palm Beach, en Floride, quand des coups de feu ont été tirés, dimanche 15 septembre, peu avant 14 heures (20 heures à Paris).
Lors d’une conférence de presse, le shérif du comté de Palm Beach, Ric Bradshaw, a expliqué qu’un homme avait été repéré pointant une arme au travers du grillage par un agent du Secret Service alors que Donald Trump jouait. Le suspect a alors été visé par les agents et a pris la fuite à bord d’un SUV, avant d’être arrêté. Les médias américains affirment qu’il s’agit de Ryan Wesley Routh, 58 ans, un constructeur indépendant de logements à Hawaï.
Selon la chaîne CNN, il affiche un casier judiciaire s’étalant sur plusieurs décennies et publie régulièrement des articles sur la politique et l’actualité, critiquant parfois Donald Trump. Le procureur du comté de Palm Beach a fait savoir que l’homme était resté silencieux au moment de son interpellation.
Toujours selon CNN, Ryan Routh aurait également des attaches en Caroline du Nord, où il s’était enregistré pour voter en 2012. Il aurait voté, dans ce même État, aux primaires démocrates en mars de cette année, d’après le Comité électoral local. Les relevés de financements fédéraux montrent aussi qu’il a donné plus de 100 dollars au parti démocrate via la plateforme de collecte ActBlue.
Interviewé par The New York Times en 2023 pour un article sur les "Américains qui se portent volontaires pour participer à l’effort de guerre en Ukraine" Ryan Wesley Routh, qui n’avait aucune expérience militaire, a déclaré qu’il s’était rendu dans le pays après l’invasion russe et qu’il souhaitait recruter des soldats afghans pour y combattre, rapporte aujourd’hui le quotidien.
Sur l’application de messagerie Signal, Ryan Wesley Routh a écrit dans sa biographie que "les civils doivent changer cette guerre et empêcher de futures guerres". Le Monde, rapporte en outre que fin 2002, un homme portant son nom a été arrêté et condamné dans sa ville d’origine, Greensboro (Caroline du Nord), pour possession d’une "arme de destruction massive", qualificatif retenu pour un fusil automatique. Après un refus d’obtempérer au volant, il s’était barricadé dans un commerce, selon la presse locale.
Toujours selon le quotidien français, qui a pu éplucher son compte X avant qu’il ne soit suspendu dans la soirée, en mai 2020, Ryan Wesley Routh s’adresse à Kim Jong-un, le dictateur nord-coréen. Le qualifiant de "très malin et éduqué", il lui propose de devenir ambassadeur et chargé de liaison "pour mettre une fin aux désaccords et aux sanctions" frappant son pays. En juillet 2020, pendant les manifestations à Hongkong, il donnait ses coordonnées pour héberger des opposants. En septembre 2020, il s’intéressait aux persécutions du régime biélorusse contre les opposants politiques. "Avez-vous besoin de fusils de sniper… Je suis sûr qu’Amazon en vend…" Autant de commentaires qui jettent un doute sur la crédibilité de Ryan Wesley Routh.
Face à Donald Trump hier, Ryan Wesley Routh, était armé d’un fusil de type AK-47.
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