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L'armurerie et la coutellerie, des métiers anciens et essentiels, ont une histoire riche et complexe, marquée par des traditions artisanales, des innovations technologiques et des évolutions sociales. Cet article explore l'histoire de ces métiers, en mettant en lumière leur importance à travers les âges et les défis auxquels ils sont confrontés aujourd'hui.

La Coutellerie et les Couteliers à travers l'Histoire

Recherchons d'abord quelle était l'importance de la coutellerie et le genre de commerce des couteliers de Châtellerault. Si nous consultons les divers auteurs, nous trouvons dans le Livre de Proverbes français de Le Roux de Lincy, un proverbe qui doit dater du XVIe siècle à en juger par l'orthographe, le passage suivant : « Ouvriers de Châtellerault Amancheurs de couteaux Il leur vient des cornes à pleins bateaux. » Ce proverbe à la tournure malicieuse confirme ce que nous avons déjà dit, que la navigation de la Vienne avait dû favoriser le commerce de la Coutellerie à Châtellerault.

Béroalde de Yerville qui vivait au XVIe siècle (1558-1612), parle aussi dans son Moyen de Parvenir des couteaux de Châtellerault. Jodocus sincerus (Jean ou Just Zinzerling) dans son îtinenarium Gallisz, publié en 1616, s'exprime ainsi : « Châtellerault est principalement une fabrique de couteaux, de ciseaux et objets semblables. »

Nous trouvons dans VUlysses Belgico Gallicus d'Abraham Golnitz, portant la date de 1631; le passage suivant relatif à Châtellerault: « On offre au voyageur des petits couteaux, des cireaux et autres produits de l'industrie locale, ou pour mieux dire on les lui impose presque de force, on voit bien que de la vente dépend le repas du soir. » Les manuscrits de Dom Fonteneau nous fournissent un renseignement emprunté aux oeuvres de Pierre Robert, lieutenant général du Dorât, qui vint à Poitiers en 1630. « L'on fait état, dit-il, de plusieurs choses du Poitou, à savoir des ouvrages de Croutelle ; des couteaux, sizeaux, étuits, rasoirs, bistouris, lancettes et autres (objets) de coutellerie de Châtellerault. »

L'intendant Maupeou d'Ableiges, clans son Mémoire concernant la province du Poitou, publié en 1698, dit ceci ; « La ville de Châtellerault est située sur le bord de la rivière de la Vienne qui commence d'être navigable. On y travaille beaucoup en montres, horloges, couteaux, ciseaux et autres ouvrages decette nature dont il se fait un commerce considérable et un grand débit. »

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Roffay des Pallus dans son Mémoire historique et statistique rédigé en 1738, nous donne les renseignements suivants : « Les couteliers sont au nombre de 120 maîtres et beaucoup plus de compagnons. Ils fai« saient autrefois un très grand commerce, leur coutellerie se répandait dans tout le royaume et « se répandait même chez les étrangers. »

En 1772, nous avons constaté l'existence de 202 maîtres couteliers. Dans son Dictionnaire du Commerce, Savary dit : « La coutellerie de Châtelleraud a beaucoup plus de .réputation que sa fabrique d'étoffes de laine et elle passe pour une des meilleures du royaume, particulièrement pour ses couteaux, ses rasoirs i-t ses ciseaux. Outre le débit qui s'en fait à Paris et dans les principales villes du Royaume, on en fait aussi des envois considérables à l'étranger ».

Arthur Yoilng dans son Voyage en France, nous donne un aperçu très pittoresque sur la vente de la coutellerie à Châtellerault en 1787. « La ville de Châtellerault, dit-il, a de l'animation grâce à sa rivière qui se jette dans 1 a Loire; la fabrique de coutellerie est considérable. »

La coutbllerie de Châtellerault avait toujours été en progressant depuis sa création, puisque en 1571, époque à laquelle les couteliers avaient rédigé leurs statuts, ils étaient au nombre de 50 maîtres qui devaient occuper environ 100 ouvriers; puis en 1738. il y avait 120 maîtres dont le nombre des compagnons pouvait s'élever approximativement à 250. En 1772, nous trouvons 202 maîtres dont on peut évaluer les ouvriers au chiffre de 450 ; enfin les Cahiers du Tiers Etat de la sénéchaussée de Châtelleraidl pour les Etats Généi'aux de 11S9, nous disent avec certitude que quelque temps auparavant la fabrique' de coutellerie cle Châtellerault comptait 300 maîtres et 700 compagnons.

Voici l'appréciation cle Creuzé Latouche sur la situation du commerce de Châtellerault en 1790 : « La coutellerie autrefois florissante, n'était cependant qu'un petit commerce de débit fait par les ouvriers mêmes. Cette fabrique se trouve anéantie par la stagnation et la chute générale de tout le commerce. »

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L'évolution Technologique et la Manufacture d'Armes

Jusqu’à l’acier Bessemer en 1856, la technologie évolue peu. Ce serait ignorer la construction de la manufacture de Châtellerault, décidée en 1819 pour remplacer Klingenthal dont les coalisés demandent le démantèlement. La Vienne y charrie la force du vieux massif à 200m3/seconde dans un large lit dont elle déborde parfois : un géant comparé au Furan, à l’Ehn ou à la Cérone. Les travaux hydrauliques se multiplient partout : barrage de retenue de Reygnac, d’une digue, d’un canal d’amenée et de l’usine de l’Estabournie qui fonctionne avec une turbine de 40 puis 65 chevaux à Tulle, barrage sur le Furan en Forez, où l’usine des Rives reçoit en 1831 une première machine à vapeur.

En France, proposée en 1842 par un officier, Minié, la balle cylindro-ogivale est adoptée quinze ans plus tard, enchâssée dans une cartouche métallique, le laiton remplaçant le plomb, et le chargement par une culasse mobile s’impose contre le système de la « tabatière », couvercle de la chambre d’explosion. La révolution du modèle 1866, le Chassepot, du nom de son inventeur, est pourtant surtout permise par celle de l’acier.

En 1864 à Saint-Étienne, après divers essais de machine à vapeur, sous la direction de l’ingénieur Kreutzberger de retour d’Amérique en 1855, on envisage de concentrer et mécaniser la production. Mais le Chassepot est dès 1866 responsable d’une première envolée des effectifs. En 1874, une nouvelle série de fabrication, celle du fusil Gras, augmente à nouveau l’embauche. Pourtant le colonel directeur Dubessy note qu’à ce moment encore les machines ne font guère qu’ébaucher les pièces que l’on finit à la main.

En 1860 est décidé le regroupement des fabrications de canons et d’attirails à Bourges : trois fonderies (Strasbourg, Douai, Toulouse), huit ateliers de construction (Strasbourg, Douai, Toulouse, La Fére, Metz, Grenoble, Auxonne, Rennes) et les écoles d’artillerie sont ainsi remplacés par un arsenal unique, un dépôt et une école de pyrotechnie. Cela parachève une mutation engagée dès 1819.

Un Nouveau Statut pour l'Entreprise et les Ouvriers (1819)

La Restauration règle la question de la propriété des immobilisations des manufactures et prévoit de fermer celles du Nord-Est, ce que fera la Monarchie de Juillet dans la décennie 1830. Au bout du compte, Tulle, Châtellerault, Charleville appartiendront à l’État, Saint-Étienne sera partagée entre l’État (bâtiments centraux), l’entreprise (11 usines) et seize maîtres ouvriers possédant leur boutique, mais deviendra quasiment propriété d’État avec la nouvelle usine et plus tard celle du Treuil.

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L’entrepreneur cesse donc d’être propriétaire, et c’est l’exploitation qui lui est adjugée, pour temps assez long : 20 ans pour les frères Brunon à Saint-Étienne, 10 le plus souvent. Par ailleurs, le règlement du 20 novembre 1822 réorganise l’Inspection, attribue à chaque manufacture un directeur, toujours un officier supérieur, et un sous-directeur. Le directeur dirige les travaux.

Le 13 mai 1814, Louis XVIII est sur le trône. Dès le 27 août, une ordonnance confirme le droit à la retraite des armuriers des manufactures, comptant l’ancienneté à partir de l’âge de 16 ans et divisant les ouvriers en 3 classes : les soldats détachés, les civils engagés pour 4 à 8 ans et les « libres », ouvriers non-engagés. Le 1er janvier de chaque année, l’inspecteur établira la liste numérique des ouvriers libres, avec leur profession. Les immatriculés seuls peuvent bénéficier de la retraite.

L'Armurerie Bonnamy : Un Exemple de Tradition Familiale

Ancrée dans le cœur de Saint-Brieuc depuis 1904, l'armurerie Bonnamy est transmise de génération en génération. René Bonnamy perpétue avec passion un savoir-faire ancien. Fondée en 1904 par les arrière-grands-parents de René Bonnamy, elle fait partie des plus anciennes enseignes de Saint-Brieuc (Côtes-d’Armor). Depuis quatre générations, cette boutique emblématique perpétue une tradition familiale où se mêlent passion, artisanat et évolution constante.

« Mes arrière-grands-parents et mes grands-parents vendaient des articles de chasse, de pêche, de coutellerie et de cisellerie », raconte René Bonnamy. Baigné depuis toujours dans l’univers du commerce familial, René rejoint l’entreprise en 1987, à l’âge de 17 ans.

Toujours en quête d’adaptation, René prend en 2022 une nouvelle décision : celle d’arrêter la vente de vêtements de chasse. Aujourd’hui, l’armurerie propose une offre variée, allant des armes de chasse et de tir sportif aux articles de loisirs et de défense. « Un peu de tout, pour tout le monde, des armes d’airsoft au bol breton en passant par le matériel de rasage à l’ancienne. », sourit-il.

La Main-d'Œuvre : Entre Vulcain et Prométhée

C'est chose vaine que de vouloir apprécier l’importance de l’artisan armurier au Moyen Age, en se plaçant sur un plan étroitement technologique ou social. Son rôle ne peut se mesurer uniquement en fonction de ces critères. Il possède une autre dimension qui le classe nécessairement hors de pair dans le monde pré-industriel : c’est le prestige qui entoure la pratique de son art mystérieux, dans un contexte de connaissances empiriques, donc de superstitions.

Nourri aux traditions latine et germanique, le Moyen Age a hérité d’un double courant mythique qui faisait de l’armurier un demi-dieu : le symbole de Vulcain se retrouve dans l’art pictural et celui de Wieland dans les sagas et la matière épique. La croyance dans les armes douées de vertus surnaturelles participe de cette conception.

Avec l’apparition de l’artillerie à poudre et l’élargissement consécutif des connaissances techniques, le prestige du fabricant d’armes ne fait que croître. Sans cesser d’être le Vulcain de toujours, maître des secrets de la matière, il tend à devenir Prométhée, qui affirme sa volonté de puissance par la technique.

Nanti d’un tel prestige et se sachant indispensable dans une société où la guerre occupe la place que l’on sait, l’armurier pouvait prétendre à une position sociale relativement privilégiée. Le fait de pouvoir traiter directement avec les grands ou avec les membres de leur entourage était, certes, un moyen efficace d’abattre les barrières hiérarchiques.

La faveur dont jouissent les armuriers se traduisait aussi par des dons généreux, des recommandations, voire des mesures de grâce « en considération des bons services » rendus, d’autant que certains étaient parfois appelés à fournir des prestations spéciales, en accompagnant un grand personnage pour le servir à la guerre ou au tournoi.

Ces exemples soulignent combien ces artisans avaient la possibilité de s’affirmer en dehors du cadre professionnel au sens étroit. Les voyages et les relations leur ouvraient d’ailleurs des perspectives bénéfiques en retour sur le plan du métier. C’est ainsi que les innovations techniques se répandent ; la mobilité des fabricants d’armement, contribue à créer des liens et des échanges entre les compétences à l’échelon interrégional et même international.

Il n’est pas exagéré de dire que l’armurier occupe une place à part dans l’artisanat médiéval. L’habileté dont il fait montre sur le plan technologique et les secrets professionnels qu’il détient lui assurent, aux yeux de tous, une considération particulière. Il est normal qu’il fût considéré dès lors comme un aristocrate de l’artisanat médiéval.

L'Organisation du Travail : La Formation

L’ésotérisme soigneusement entretenu par les membres du « mestier et labeur d’armoierie » s’opposait à la diffusion des méthodes de fabrication en dehors d’un cercle restreint. Les techniques se transmettaient donc de personne à personne, de bouche à oreille, à forced’exemple et de pratique, discrètement en tout cas. L’enseignement livresque n’apparaîtra qu’a la fin du Moyen Age, dans une mesure restreinte qu’il conviendra de préciser.

La formation traditionnelle était acquise, comme pour les autres métiers, par l’apprentissage auprès d’un maître-armurier ou simplement d’un ouvrier armurier. Les contrats d’apprentissage, conservés d’ailleurs en bien petit nombre pour cette profession, ne font pas mention d’un quelconque enseignement théorique. En fait, il s’agissait plutôt d’un stage dans l’atelier d’un ou même de plusieurs artisans. La durée de cette préparation variait d’une profession à l’autre, de même que les stades de sa progression.

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