Bien sûr, le bel hôtel particulier situé au 83 boulevard Sadi Carnot n’est pas à proprement parler une « folie » puisqu’il s’agissait d’une résidence principale et non d’un lieu de villégiature. Pourtant il en a quelques caractéristiques telles qu’une architecture peu commune en pays gascon et sa proximité avec un cours d’eau.
Dans les années 1850, est bâtie sur le terrain qui nous occupe une demeure décrite comme belle, propriété de Pierre Paul Cyprien Barris. Il est issu d’une famille d’éminents juristes qui a notamment compté dans ses rangs un président de la Cour de Cassation. La famille Barris, originaire de la région de Montesquiou, possédait d’ailleurs une autre propriété à Auch, en face de l’église Saint Orens (actuellement au n° 2 de la place Ledru Rollin). Pierre Paul Cyprien Barris était, quant à lui, directeur départemental de l’Enregistrement et des Domaines. N’ayant pas d’enfant, c’est à son épouse qu’échoit, à son décès, ce qui déjà devait ressembler à un hôtel particulier.
En 1857 donc, c’est la famille Blégier de Taulignan qui acquiert l’ensemble. Il ne s’agit pas d’une famille auscitaine, ni même gersoise, puisque son berceau se situe dans le sud-est de la France et plus précisément dans la Drôme. On y trouve d’ailleurs encore aujourd’hui un village appelé Taulignan. C’est une famille de militaires et, au hasard de ses affectations, un de ses membres Charles Pierre de Blégier comte de Taulignan a probablement dû se retrouver à Auch. C’est en effet là qu’il se marie avec une auscitaine, Henriette de Lagausie. De leur union naît à Auch, le 29 juillet 1829, Adrien Charles de Blégier de Taulignan qui sera le bâtisseur de l’immeuble actuel.
Il est indiqué sur son acte de naissance que son père était capitaine de voltigeurs au 9ème régiment de ligne, chevalier de l’Ordre de Saint Louis et de l’Ordre de Saint Ferdinand d’Espagne. Quant aux témoins cités, il s’agit du vicomte Joseph Gabriel de Villiers de l’Isle Adam, lieutenant en retraite, également chevalier de l’ordre de Saint Louis, et Monsieur de Nux, propriétaire.
En 1859, Adrien Charles de Blégier de Taulignan fait démolir la demeure de la famille Barris qu’il juge sans doute trop vétuste ou pas à son goût et à partir de 1863 il fait édifier l’hôtel particulier que l’on peut encore admirer aujourd’hui. C’est une architecture typique du Second Empire dont la façade se trouve, non pas boulevard Sadi Carnot, mais rue Charras. Elle est d’ailleurs agrémentée d’une belle verrière, œuvre d’un artisan toulousain.
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L’ordonnancement est classique avec un sous sol réservé aux pièces de service (on peut y voir encore aujourd’hui un four à pain). Le rez-de-chaussée est occupé par les salons de réception tandis que le premier étage abrite les chambres à coucher. Les pièces mansardées du dernier étage hébergent les domestiques. L’ensemble, couvert d’une toiture en ardoises, chose rare à l’époque à Auch, a belle allure et témoigne de l’aisance financière de son propriétaire dont on peut voir le monogramme BT sur la magnifique grille de la terrasse.
Adrien Charles de Blégier de Taulignan qui n’a, semble-t-il pas embrassé la carrière des armes puisqu’il est présenté dans plusieurs acte administratifs comme propriétaire, réside à Auch jusqu’en 1873. Le 11 mars 1873, il épouse à Suze-la-Rousse (Drôme), Blanche Marie Marguerite d’Anselme de Puisaye, fille du marquis du même nom, ancien officier supérieur, chevalier de l’Ordre de Saint Ferdinand d’Espagne. Sur l’acte de mariage, Adrien Charles de Blégier de Taulignan est titré marquis.
A partir de 1873, Adrien Charles de Blégier de Taulignan s’installe, avec son épouse en Avignon. C’est là que naissent ses quatre enfants : Henriette Caroline (1874-1891), Adrienne Ernestine (1876-1957), Hubert Charles (1879-1945) et Charles Marie ( 1881-1916). C’est aussi là qu’il s’éteint le 19 juin 1889.
On peut donc en conclure que la demeure d’Auch devient à partir de 1873 une demeure de villégiature sans doute de moins en moins occupée. En 1882, Xavier François Eugène Druilhet (1823-1904), inspecteur général des finances, officier de la légion d’honneur acquiert la propriété. Après 1904, la propriété change plusieurs fois de mains.
La ville d’Auch est désormais dotée d’un Musée dans lequel sont regroupées les diverses collections muséologiques d’Auch, celle de l’Hôtel de Ville comme celle des Ursulines et de l’Archevêché. Ne reste qu’à ajouter la transformation, en 2019, du Musée des Jacobins en Musée des Amériques-Auch. Et il ne s’agit pas là d’un simple changement de nom car Auch s’est quasiment doté là d’un nouveau Musée ! Un accueil à la fois moderne et chaleureux, un cheminement plus rationnel, des collections mieux présentées, de nouvelles pièces comme l’olifant ou le retable de Saint Orens, enfin exposées, autant d’éléments qui font désormais paraître bien vieillot l’ancien Musée des Jacobins.
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