Ayant eu à restaurer des armes passablement rouillées ou fatiguées, mais voulant tirer avec, j’ai essayé de développer une technique pour améliorer l’aspect de l’intérieur du canon, et gagner en précision. L’action est purement mécanique. C’est à la portée d’un amateur, mais cela peut prendre du temps.
Le but est de débarrasser l’intérieur des canons de la crasse et rouille superficielle, puis, si nécessaire, d’attaquer les plaques de rouille importantes, de lisser et régulariser (en section et longueur) les rayures, et même de leur redonner un peu plus de relief.
Les armes admissibles sont de gros calibre (+ de 10mm, donc pas pour le TAR). Elles peuvent être à culasse mobile ou à chargement par la bouche. Il faut que les rayures soient apparentes, après un bon nettoyage classique à l’écouvillon laiton, et éventuellement un nettoyage chimique.
Le principe : utilisation d’un mandrin en résine moulé au profil exact du canon. Ce mandrin, enduit d’abrasif, sera passé (parfois forcé) à l’aide d’une longue tige dans le canon, tout le long. Par de multiples va-et-vient la rouille est grattée, ou même rabotée là où elle forme des aspérités. Pour lisser les cavités et accentuer les rayures on attaque un peu l’acier, de façon préférentielle aux creux de celles-ci.
Le matériel utilisé peut être trouvé dans un magasin de bricolage non spécialisé.
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L’axe est soit un vieil écouvillon de nettoyage (qui permet l’usage d’une baguette de nettoyage classique), soit une tige filetée laiton de 5mm de diamètre et 10 à 15cm de longueur, qui a l’avantage d’utiliser une baguette plus solide.
On prépare trois bourres épaisses en fibre (découpées à l’emporte pièce) ou en liège (tourné) au diamètre du canon : une pleine, 2 percées au diamètre de l’axe. Les deux bourres avant (enfoncées en premier dans le canon) doivent coulisser avec frottement fort, sinon le mandrin s’allonge à l’injection, et l’axe fileté n’est plus centré. L’utilisation d’un vieil écouvillon dispense de mettre la bourre avant percée, au détriment de l’alignement.
Une fois préparé l’axe et les bourres, il faut badigeonner l’intérieur du canon de produit démoulant, sur 15cm prés de la bouche. J’utilise un produit anti-adhérent pour mastic silicone, en le laissant sécher 24h, mais de la cire passée à chaud en très faible épaisseur peut convenir. Je met alors en place la bourre pleine (bouchon) et celle percée de centrage avant, enfoncées de 10-12cm (longueur de l’axe moins 2 à 3cm). La résine est celle utilisée pour sceller des fixations dans les matériaux creux, à deux composants. Elle s’utilise avec un pistolet (le même que pour les cartouches de mastic silicone…). Après avoir éliminé le premier volume mal mélangé, on injecte le plus loin possible (pour éviter les cavités), jusqu’à débordement. On introduit alors l’axe dans le canon, jusqu’à l’enfoncer dans la bourre avant percée (si c’est une tige filetée). La bourre arrière percée, enfilée sur l’axe, est alors mise en place, en refoulant la résine. Le fait d’enfoncer cette bourre de 2 à 3 cm permet au mandrin de mouler la meilleure partie du canon.
Démoulage : au bout de 30 minutes. Sur les canons débouchés ou peut pousser avec une tige, de l’autre bout. Le reste des bourres est enlevé. Attendre 24h pour utiliser ce mandrin.
Le mandrin neuf, vissé sur une tige (ou baguette) et enduit de pâte à roder fine (ou à polir), est forcé dans le canon. Si l’axe du mandrin est un écouvillon, la tige est une baguette longue classique de nettoyage, en 1 ou plusieurs éléments (solide !). Pour un axe fileté avec un pas métrique mon choix est une tige d’alu de 10mm de diamètre et 1m de long, percée dans l’axe à une extrémité et taraudée à 5mm, sur 3cm. Si le mandrin n’est pas vissé à fond, sa capacité de rotation est suffisante pour que l’on puisse se passer de poignée tournante. C’est très solide et supporte les retraits en force.
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Quelques aller et retours dans le canon, de plus en plus profonds et si-possible en tournant le mandrin à chaque introduction, permettent de rendre les canons à rouille superficielle "miroirs". Par contre des zones de forcement plus important dans l’avancée du mandrin signalent des plaques de rouille dure et plus épaisse. Il faut forcer sur ces zones, au besoin en poussant le mandrin des deux côtés (avec des tiges simples) sur les canons ouverts. Il faut aller jusqu’au bout ou au fond du canon.
N’oubliez pas de dévisser un peu le mandrin sur la tige (un tour) après chaque recharge en pâte, pour que le mandrin suive la rotation des rayures.
Cette étape agit sur les sommets comme sur les creux de rayures. Elle suffit dans les cas simples. Sinon elle permet de roder le mandrin pour l’étape suivante.
Une ogive sur-calibrée et forcée dans le canon donne de bonnes indications sur l’aptitude au tir de celui-ci. Si elle force à certains endroits, ou ressort rayée, il faut continuer.
Cette phase est (à mon avis) nécessaire si des bagues de rouille ont été détectées, ou des creux sont visibles dans l’acier.
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Le principe est de coller de l’abrasif plus rugueux que la pâte à roder sur le mandrin, mais uniquement au niveau du creux des rayures. Ce revêtement sera renouvelé plusieurs fois.
La poudre d’émeri est obtenue en trempant du papier ou de la toile du même nom, grade 80 ou 120, dans de l’eau. Quelques pincées suffisent (1/2 feuille). Le mandrin est bien nettoyé, à l’acétone. Un léger voile de colle cyanoacrylate (Super Glue instantanée, liquide) est mis uniquement sur les reliefs du mandrin, éventuellement étalé avec le bec du tube ou une spatule étroite. Si la colle a coulé dans un creux, il faut l’essuyer. La poudre d’émeri est alors saupoudrée. Il en faut très peu, surtout au début, même en attaquant avec du grade 120 ! Les éventuelles bavures sont enlevées au cutter fin. Le mandrin est utilisable après 1 minute.
La première phase d’introduction dans le canon est souvent difficile (surépaisseur), et enlève 90% de l’émeri. Il faut attaquer les va-et-vient progressifs, en renouvelant souvent l’émeri. Le nettoyage à l’alcool (ou acétone) est impératif avant chaque re-chargement en abrasif. Pour faciliter le forçage, je serre la tige d’alu dans un étau bien fixé, légèrement en pente pour pouvoir travailler canon plein d’eau ou d’alcool (pour la lubrification, canon bouché à l’autre extrémité). Je manie donc le canon. Mais les creux du mandrin, qui ne sont pas protégés par l’abrasif, s’usent par la même occasion, ce qui limite ce lissage.
Le procédé doit être poursuivi jusqu’à ce que le mandrin, après un dernier rechargement en poudre, coulisse uniformément tout le long du canon, ou (encore mieux) d’autant plus facilement que l’on s’approche de la culasse. Sinon il faut encore insister sur les zones de plus fort frottement ("bagues" de rouille ?). Le test de l’ogive de plomb forcée est à faire, toujours instructif.
Dans les cas désespérés, il peut être utile de confectionner un nouveau mandrin, neuf et donc mieux ajusté pour finir le travail.
Le nettoyage du canon est une étape bien souvent bâclée. Chacun sait pourtant qu’elle est nécessaire afin de prolonger la durée de vie du canon et maintenir sa précision. Un bon nettoyage ne consiste pas simplement à passer un coup d’écouvillon imbibé d’huile après la séance de tir... Cet article a pour objectif de vous présenter une méthode fiable de nettoyage sans pour autant prétendre être la meilleure.
L’absence de nettoyage ou parfois pire, un mauvais nettoyage, peuvent avoir plusieurs conséquences : une perte de précision de l’arme par une augmentation de la dispersion, une usure prématurée du canon, et éventuellement un risque de surpression.
Une fois l’amorce percutée, celle-ci va provoquer l’inflammation de la charge de poudre. La pression qui en résulte va normalement propulser la balle hors du canon. Lors de son passage dans le canon, le projectile est tout d’abord forcé afin de « prendre » les rayures, il se développe alors une pression supplémentaire appelée pression de forcement. Une fois les empreintes des rayures imprimées à la balle, celle-ci va frotter tout le long du tube au fur et à mesure de son avancement. Ce frottement dégage de l’énergie sous forme de chaleur et dégrade en partie la chemise, ou blindage, du projectile. Celle-ci étant généralement composée de tombac (un alliage à base de cuivre et de zinc) la balle va ainsi déposer des particules de cuivre et autres de la prise de rayure à la bouche du canon.
En résumé, à chaque cartouche tirée, il se dépose dans le canon une couche de tombac, puis une couche de dépôts carbonés issus de l’inflammation de la poudre. Au fur et à mesure des tirs, on obtient théoriquement un « millefeuilles » bien indigeste pour le canon…
La rapidité d’encuivrage dépend de plusieurs paramètres. Au nombre de ceux-ci on notera les tolérances de diamètres entre projectiles, rayures et âme du canon, la vitesse de la balle, l’état de surface interne du canon et celui externe de la balle, le type et la quantité de poudre brûlée, la présence d’un traitement de surface (MoS2, Danzac, etc…). Plus un canon comportera de traces d’usinage ou de défauts et plus rapide sera l’encuivrage. En revanche, plus la finition et le polissage interne seront soignés, et plus le phénomène d’encuivrage sera retardé.
L’accumulation de dépôts métalliques dans le canon peut être néfaste à la précision d’une arme, augmentant sa dispersion. Il convient cependant de relativiser cette affirmation. Certains canons, notamment ceux avec une bonne finition interne, semblent s’accommoder d’un certain encuivrage. La règle générale serait la suivante : plus le canon est encuivré et plus les résidus de combustion risquent de s’accumuler.
Mais les traces d’encuivrage ne sont pas les seules à souiller l’intérieur des canons. Les résidus de combustion de la composition d’amorçage et de la dose de poudre se déposent à chaque tir. Ces dépôts sont nettement plus abrasifs que ceux de l’encuivrage et contribuent à une usure prématurée du canon. Si les nettoyages sont trop espacés, la couche produite par ces dépôts carbonés peut devenir très dure et extrêmement difficile à enlever.
Il existe un matériel de nettoyage spécifique pour les fusils de précision. Certaines armes ont été endommagées par une utilisation impropre du bon matériel, ou par l’emploi de matériel peu adapté.
Il existe une multitude de produits de nettoyage dont certains sont présentés comme universels. Comment s’y retrouver ? Il convient tout d’abord de distinguer la destination du produit. Beaucoup ont un usage spécifique, d’autre...
Le bronzage à froid Klever par Ballistol est un produit de bronzage issu de la recherche professionnelle. Ce procédé de brunissage rapide à froid, permet la protection des pièces d'armes de la corrosion et de l'oxydation. Ce produit liquide express, Klever par Ballistol fonctionne sur le principe des bronzages à froid, type métal black ou canon noir. Il permet de noircir et de protéger chimiquement et durablement essentiellement les canons, mais aussi les piéces mécaniques.
Bien sûr, tous les aciers, les alliages d'acier, le fer, l'acier Damas. Très souvent destiné aux canons d'armes, mais aussi les pièces mécaniques de fusils, de carabines ou d'armes de poing et toutes les pièces brutes décapées sur lequels vous souhaitez applliquer une protection contre la rouille.
Il est impératif d'effectuer avant chaque bronzage un dégraissage parfait de l'arme à l'aide du Canon net dégraissant.
La fabrication des rayures s’appelle « le rayage ». La méthode impactera directement sur la précision et la résistance du canon. En effet, la manière de procéder peut « stresser » plus ou moins le métal. Le traitement à l’issue du rayage est primordial également. Tout ceci dans un but unique = Respecter au mieux le métal afin d’en exploiter au mieux ces capacités et, si possible, le plus longtemps possible.
Également appelée méthode traditionnelle, celle-ci remontrait en 1492 à Nuremberg. C’est la méthode la plus longue mais la moins contraignante pour l’acier. Elle consiste à faire passer à l’intérieur du tube un outils: coupe-crochet. L’outil retire quelques dixièmes de millimètre à chaque passage. Rayure par rayure. En parallèle, on fait tourner le tube, ou l’outil sur lui-même, afin d’imprimer le twist désiré. Aucune contrainte n’est imprégnée au métal. Cette méthode permet d’obtenir d’excellents canons de précision qui devront impérativement être rodés afin de retirer toutes aspérités dû au rayage.
Méthode extrêmement rapide, elle consiste à passer un mandrin en carbure de tungstène avec pour relief le profil des rayures. Un seul passage est nécessaire et il suffit d’une minute en moyenne pour imprégner les rayures dans le tube. Les mandrins sont résistants et plutôt « bon marché » et les machines relativement simple à concevoir. La qualité du métal est un élément majeur pour ce genre de fabrication afin, encore une fois, d’obtenir la meilleure homogénéité dimensionnelle. Si ce choix est bon et que le travail est bien réalisé, le résultat sera excellent et les canons précis.
Pour être juste, nous devrions plutôt l’appeler « empreinte à froid ». En effet, cette méthode ne consiste pas à rayer au sens propre l’acier pour créer les rayures, mais plutôt à les imprégner à l’aide de gros « marteaux » de frappe. Les contraintes pour le métal sont énormes et là encore, un traitement adapté et très rigoureux doit-être respecté à l’issue. L’uniformité dimensionnelle est respectée.
C'est également une méthode de rayage rapide. L'outil est tiré à travers le canon tout en ayant une rotation, toutes les rayures sont faites en même temps. La clé de la réussite de cette technique est la qualité et précision de la broche car l'outil est unique et fait le travail en une seule passe. De plus, la broche n'est utilisable que pour un seul type de canon, chaque changement de diamètre, nombre ou type de rayure ou autres entraîne un changement de broche.
La méthode consiste un peu comme celle du martelage a placer un tube d'un diamètre supérieur au produit final sur une matrice (négatif des rayures) sauf qu'on ne va pas frapper avec des marteau pilons. L’opération se passe sur une sorte de tour CNC, le tube et la matrice tourne alors que des rouleaux exercent une pression pour modeler le métal à la forme de la matrice. Le canon est généralement formé en plusieurs passes. Même si le processus se déroule à froid, le principe fait chauffer les pièces et doivent être refroidi avec un liquide. Cette méthode permet d'avoir un fini de très haute qualité et une précision dimensionnelle très élevée.
La méthode de rayage par électro-érosion électrique consiste à retirer les couches de métal au moyen d'arcs électriques. On connecte le canon à une source électrique et une électrode également connectée à une source électrique est approchée de l'endroit à usiner. Cela se déroule avec les 2 pièces immergées dans un liquide diélectrique. Lorsque l’électrode approche le canon, un arc électrique est généré et fait fondre et vaporise de minuscules parties de métal.Bien évidemment tout ceci est réalisé sur des machines CNC. Cette technique permet d'usiner des matériaux très durs qui sont difficiles à usiner par d'autres méthodes.
Moins coûteuse et plus adaptée à la production de masse, la méthode de rayage par électro-érosion chimique consiste en un processus de plaquage de métal inversé. on utilise une électrode en plastique sur laquelle on fixe des bandes métallique. Les bandes métalliques sont une image inversée des rayure. Seul le plastique peut toucher le canon, ensuite le tout est plongé dans une solution électrolytique. L'électricité crée une réaction chimique entre les parties métalliques.
Vous l’aurez compris, la fabrication d’un canon induit directement sur sa précision. Le maintien de la continuité dimensionnelle interne est capital afin d’éviter des irrégularités. Le respect du métal contribue à la longévité de votre tube.
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