Les tirs au but sont une phase cruciale du football, souvent décisive dans les compétitions. En Liga, comme ailleurs, leur importance est indéniable. Cet article explore les statistiques et les facteurs clés qui influencent le succès ou l'échec de ces tirs.
Près de 25% des penalties sont ratés en moyenne, ce qui revient donc à 1 penalty manqué sur 4. Cette statistique s’est stabilisée lors de ces deux dernières décennies et prouve que la marge de progression reste encore énorme concernant cet exercice si particulier, qui mobilise autant de facultés purement techniques que mentales.
Sur les 91 000 penalties (dans le match) ou tirs au but étudiés, 75,49 % ont été victorieux, 17,57 % ont été repoussés par le gardien, 4,07 % ont raté le cadre, 2,87 % ont été renvoyés par la barre ou un montant.
En Serie A, 187 penalties ont été sifflés lors de la seule saison 2019/2020. La Liga s’était aussi distinguée avec 148 penalties sifflés la saison passée. Ces chiffres en hausse ont un impact direct sur les performances des équipes mais également sur celles des joueurs qui peuvent gonfler leurs statistiques de buts.
« Pour bien frapper un penalty, il faut tout simplement le répéter à l’entraînement. On peut avoir des préférences, une aisance technique mais la confiance passe forcément par l’entraînement. Il faut donc consacrer quotidiennement du temps pour travailler les penalties. Quand je dis quotidiennement, ce n’est pas forcément tous les jours mais au moins deux fois par semaine pendant 15 minutes. Trouver des bonnes sensations et être aligné. Je parle plus précisément d’un alignement cerveau/cœur/corps. Le travail de préparation concerne aussi l’analyse des statistiques et de la vidéo. Connaître les préférences du gardien de but que l’on va affronter. Il y a également un travail de préparation mental à effectuer et notamment la gestion des émotions », indique Pascal Grosbois, entraîneur spécialisé dans les coups de pied arrêtés.
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Cette partie mentale évoquée est effectivement essentielle car le penalty, comme un lancer franc au basketball, est censé être une façon très facile de marquer, ce qui peut paradoxalement augmenter la peur d’échouer (honte de manquer un but facile, de faire perdre son équipe, d’être la risée de ses supporters).
« Attendre cinq ou dix secondes peut aussi amener le tireur à penser à plus de paramètres qu’il n’en a besoin, à détailler tous les mécanismes de sa performance. Mon conseil, c’est uniquement de s’assurer que le tireur ne va pas bâcler sa frappe. Par exemple en vérifiant qu’il respire un grand coup avant d’y aller.
Les penalties obéissent généralement à la loi des séries. Comprenez qu’un échec appelle un autre échec voire une longue séries d’échecs. InStat, spécialisée dans la récolte de statistiques avancées, avait illustré cette tendance en 2019 à travers une étude spécifique sur les penalties. Selon InStat, un joueur a 23,58% de chances de rater un penalty après un premier échec. Un pourcentage qui augmente à 25,07% après deux échecs consécutifs et à 36,36% après 3 échecs de suite.
L’inverse est aussi vrai puisqu’un joueur qui arrive à enchaîner les réussites a tendance à augmenter ses chances de marquer son penalty suivant (les joueurs qui marquent au moins 10 penalties consécutifs ont 79,02% de marquer leur suivant, par exemple).
Être un joueur de renommé mondial ou être le plus gros talent de son effectif n’est d’aucune aide lorsqu’il s’agit de tirer un penalty. Dans ses études, Geir Jordet avait aussi démontré que les joueurs « gradés » (qui avaient reçu des distinctions individuelles) ne convertissaient que 59% de leur penalty.
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Selon les statisticiens, l’endroit le plus efficace pour marquer est en haut gauche du but (à droite du gardien) avec 83,53% de chance de trouver le fond des filets. On retrouve ensuite le petit filet droit avec 83,35% de chance de marquer puis le petit filet gauche avec 82,95% de chance de marquer. Ensuite, on retrouve la partie supérieur du but droit avec 77,59% de chance de marquer et enfin le centre du but avec seulement 71,51% de chance de marquer.
InStat a aussi précisé que les tirs en force ont 28,11% de chances d’être loupés, contre 26,11% pour les tirs moyennement puissant et 25,56% pour les tirs en finesse. Il faudrait donc privilégier les tirs en hauteur et en finesse pour augmenter ses chances de réussite.
Il est aussi important de noter que la majorité des gardiens sont influencés par le biais de l’action, qui les pousse à se jeter presque automatiquement sur un côté plutôt que de rester au centre du but, pour se soulager psychologiquement en « ayant tenté quelque chose plutôt que de rester immobile ».
Le but de ce petit saut est justement d’inciter le gardien de but à bouger et à indiquer, à travers l’orientation de ses appuis et de son corps, où il va plonger. Ainsi les penalties réussis par les deux joueurs le sont généralement en prenant à contre-pied le gardien.
« En tant que droitier, mon intention première a toujours été de tirer à gauche du gardien. Donc de mon côté droit. De cette manière, je pouvais me donner plus d’angle en brossant le ballon. Avec l’effet, la balle pouvait s’éloigner du gardien avant de revenir vers le but. De l’autre côté, c’était l’inverse qui se produisait avec un ballon plus proche de lui et donc plus facile à arrêter. La deuxième raison qui m’incitait à tirer sur mon côté droit, c’est parce qu’il était aussi plus facile pour moi de changer de côté au dernier moment en fermant mon pied si je voyais le gardien du but anticiper vers mon côté préférentiel. L’inverse est beaucoup plus difficile à faire et peut même provoquer des blessures », avait livré Matt Le Tissier, l’ancienne machine à but de Southampton qui n’a raté qu’un seul penalty en carrière sur 48 tentatives.
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Pour Yaya Touré, 11 penalties marqués sur 11 tentés lors de son passage à Manchester City, choisir un côté avant de s’élancer et s’y tenir est très important pour ne pas s’embrouiller l’esprit.
InStat ajoute également des données précieuses. Au niveau de la prise d’élan, les joueurs qui effectuent 5 pas avant de tirer ont 31,38% de voir leur tir arrêté contre seulement 22,37% pour ceux qui prennent plus de 5 pas d’élan et 26,54% pour ceux qui n’en prennent que quatre.
La société d’analyse indique aussi qu’une course d’élan rapide débouche sur 28,74% d’échec, contre 27,94% pour une course lente et 26,09 pour une course intermédiaire. Il faudrait privilégier plus de 5 pas d'élan avec une course ni trop rapide ni trop lente.
InStat détaille aussi que les joueurs qui regardent le gardien avant de frapper ont 75,96% de chance de marquer leur penalty contre 69,25% pour ceux qui regardent uniquement le ballon.
Type de Tir | Taux de Réussite | Taux d'Arrêt | Taux de Tirs Non Cadrés |
---|---|---|---|
Haut à Gauche | 83.53% | 0.17% | 16.63% |
Haut à Droite | 77.59% | 0.43% | 27.19% |
Centre | 71.51% | 1.30% | 27.19% |
Plus de 5 Pas d'élan | 77.63% | 22.37% | N/A |
Regardant le gardien | 75.96% | N/A | N/A |
Adopter une « poker face », sans émotion particulière, est une solution adaptée comme celle de mettre en place une routine personnelle et individualisée qu’il faut répéter régulièrement.
Dave Brailsford, directeur de la performance au sein de la fédération britannique de cyclisme et qui aussi collaboré avec des équipes de football, préconise une préparation particulière et de se recentrer sur le moyen plutôt que le résultat.
Diogo Costa a été élu homme du match de Portugal-Slovénie en arrêtant trois tentatives slovènes lors de la séance de tirs au but, quelques minutes après un arrêt décisif en prolongation. Une réussite inédite. Héros du Portugal contre la Slovénie en huitièmes de finale de l'Euro 2024, lundi 1er juillet, Diogo Costa est devenu le premier gardien d'un championnat d'Europe à arrêter trois tirs au but tout en gardant sa cage intacte lors d'une séance de tirs au but, selon les statistiques d'Opta.
Avec déjà vingt-huit penalties sifflés, un record après cinq journées de L1, mieux vaut ne pas se tromper au moment du casting des tireurs au cours d'une saison où chaque but, chaque point, va compter.
Guy Roux avait une méthode, empirique mais efficace, pour réaliser sa sélection naturelle : « J'organisais un entraînement de penalties avec trois gardiens répartis sur trois buts. Chaque joueur tirait trois fois dans les buts, soit neuf au total, et je notais tout sur un carton. À la fin, il restait le numéro 1, le numéro 2 et le numéro 3. Le tireur n°1 pouvait rater une fois en match.
« Il y a une hiérarchie générale et la hiérarchie du jour. Je leur laisse une marge de manoeuvre. Tant que ça se passe bien, je les laisse discuter » Gérald Baticle, entraîneur d'Angers
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