Un incident grave a secoué le secteur aérien en Haïti. Un vol de la compagnie aérienne Spirit Airlines a été touché par des tirs alors qu'il tentait d'atterrir à l’aéroport de Port-au-Prince.
Ce lundi, alors qu’il se rendait à Port-au-Prince, un avion de la compagnie aérienne Spirit Airlines a été touché par des tirs. L'incident a contraint les autorités aéroportuaires de l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince à suspendre tous les vols commerciaux. Suite à l'incident, toutes les compagnies aériennes et cargo ont suspendu leurs vols jusqu'à nouvel ordre.
Selon le Miami Herald, l’avion a été touché lundi lors de son atterrissage à l’aéroport de Port-au-Prince. Le vol 951, parti de Fort Lauderdale en Floride, a été détourné vers Santiago, où une inspection « a révélé des preuves de dégâts sur l’appareil compatible avec des tirs d’arme à feu », a déclaré la compagne américaine à bas coût.
« Un membre d’équipage a fait état de légères blessures et est examiné par une équipe médicale » mais aucun passager n’a été blessé, ajoute le communiqué de Spirit Airlines. L’avion a été cloué au sol et un autre appareil doit ramener les passagers à Fort Lauderdale dans la journée, précise encore la compagnie.
Un avion d'Air Caraïbes, venant de France et qui devait atterrir à Port-au-Prince, a également été détourné vers la République Dominicaine, confirme une source de l'OFNAC. Selon les médias locaux, un vol d'Air Caraïbes en provenance de la Guadeloupe a été redirigé vers l’aéroport de Las Américas, en République dominicaine. Les passagers haïtiens de ce vol seraient actuellement bloqués à l’aéroport dominicain.
Lire aussi: Jeux de tir avion : Un voyage à travers le temps
En réponse à la fusillade, toutes les compagnies aériennes basées aux Etats-Unis, y compris American Airlines basée à l'aéroport international de Miami, ont annulé pour demain mardi tous leurs vols vers Port-au-Prince. Mardi (12 novembre), JetBlue et American Airlines ont annoncé que les inspections après vol ont révélé que leurs avions avaient également été touchés par des balles, lundi alors qu'ils quittaient Port-au-Prince.
Le président de la République dominicaine, Luis Abinader a qualifié d'acte terroriste l'attaque contre un avion de la compagnie aérienne Spirit Airlines par des gangs lundi (11 novembre), alors qu'il s'apprêtait à atterrir à l'aéroport international Toussaint Louverture d'Haïti. Les États-Unis ont interdit mardi 12 novembre tous leurs vols civils avec Haïti pour un mois, après que trois avions ont essuyé des tirs la veille, et sommé les autorités, dont le nouveau Premier ministre, de régler les crises qui minent ce pays pauvre des Caraïbes.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres, par la voix de son porte-parole Stéphane Dujarric, a « réitéré son appel à tous les protagonistes haïtiens à travailler ensemble de manière constructive ». Mais il a précisé que les « tous les vols de l’ONU ont été suspendus, limitant évidemment l’afflux d’aide et de personnel humanitaires ».
Sommé d'agir par l'Association internationale du transport aérien (Iata), le Conseil présidentiel de transition (CPT), tête de l'exécutif haïtien en l'absence de président depuis 2021, a condamné « ce crime lâche qui menace la sécurité et la souveraineté d'Haïti (et) vise à isoler notre pays sur la scène internationale. »
L’incident s’est produit après que des bandes armées ont annoncé ce dimanche de nouveaux jours de terreur dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Ce n’est pas le premier incident de ce type, pour rappel, en octobre dernier un hélicoptère de l'ONU avec à son bord trois membres d'équipage et 15 passagers avait été attaqué alors qu'il survolait le quartier de Grand Ravine, dans la commune de Croix-des-Bouquets, en Haïti.
Lire aussi: Pistolet Avion Catapulte : Détails et Avantages
Haïti vit depuis des mois sous la violence de gangs armés qui contrôlent 80 % de la capitale Port-au-Prince. Celle-ci a été secouée mardi par des tirs nourris dans certains quartiers, et des menaces d'attaques qui ont provoqué la fermeture d'écoles et de l'aéroport Toussaint-Louverture. Des employés aéroportuaires ont confié que leur direction leur avait demandé de ne pas revenir avant le 18 novembre.
Ces groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, s'étaient unis en début d'année pour renverser le Premier ministre, Ariel Henry. Le Conseil présidentiel de transition avait été alors créé pour rétablir la sécurité et organiser des élections. Les dernières remontent à 2016.
L'aéroport, un enjeu de sécurité très complexe. De fait, l'incident est survenu au moment de l'investiture lundi du nouveau Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé, un homme d'affaires qui remplace Garry Conille, resté seulement cinq mois. Nommé par le CPT, il s'est « engagé » à « rétablir la sécurité » et a promis de « travailler sans relâche (...) à la cohésion » politique. C'est précisément ce qu'ont demandé les États-Unis.
« Les besoins immédiats du peuple haïtien exigent que le gouvernement de transition donne la priorité à la gouvernance plutôt qu'à la concurrence entre les intérêts personnels des acteurs politiques », a mis en garde le département d'État. Washington, historiquement très impliquée dans les crises à répétition frappant Haïti, y compris militairement, a toutefois « salué l'engagement » des autorités à « renforcer la sécurité, la gouvernance et qui ouvre la voie vers des élections libres et justes ».
La sécurisation de l'aéroport est un objectif encore compliqué à atteindre. L'aéroport est d'ailleurs un des lieux sur lequel les efforts de sécurisation se concentrent. « Il y a eu des grands travaux qui ont été entrepris depuis avril / mai, pour sécuriser les alentours de l'aéroport, décrit Diego Da Rin, chercheur au Crisis Group et spécialiste d'Haïti, joint par Nicolas Rocca, du service international de RFI. Notamment le côté nord qui avait été utilisé par différents gangs pour se positionner dans des maisons haute, pour arriver à cibler la piste d'atterrissage. Plusieurs centaines de maisons ont été détruites sur ce côté nord de l'aéroport. »
Lire aussi: Les avantages du Pistolet Avion Catapulte
Mais si ce genre d'incident peut toujours se produire, c'est parce que les alentours de la structure ne sont toujours pas sécurisés. L'idéal serait de « sécuriser les quartiers qui sont les zones que les avions doivent survoler pour pouvoir atterrir dans l'aéroport international de Port-au-Prince, explique Diego Da Rin. Mais c'est très compliqué, particulièrement pour Cité soleil qui est une zone contrôlée par des gangs depuis de nombreuses années. Et dans des zones, les forces de sécurité n'ont pas réussi à pénétrer pendant plusieurs années. »
Haïti pâtit depuis des dizaines d’années d’une instabilité politique chronique et depuis des mois de la violence des gangs. Ces groupes armés, accusés de nombreux meurtres, viols, pillages et enlèvements contre rançon, s’étaient unis en début d’année pour renverser le Premier ministre, Ariel Henry. Le Conseil présidentiel de transition avait été alors créé pour rétablir la sécurité et organiser des élections. Les dernières remontent à 2016.
tags: #tir #sur #avion #haiti #actualités