Les tirs au but sont une épreuve à part dans le monde du football, capable de transformer des héros en parias et inversement. Retour sur quelques moments marquants et anecdotes savoureuses.
Retour aux années 1970, au 5 août 1970 précisément, entre les couloirs de la Watney Cup, éphémère tournoi de pré-saison ayant vu le jour à l’époque en Angleterre et première compétition de l’histoire soutenue par le naming. C'est lors de cette édition qu’a eu lieu la première séance de tirs au but de l’histoire, les organisateurs étant lassés par le problème à deux issues en vigueur jusqu’alors lors d’une rencontre à élimination directe : soit rejouer le match ou tirer le vainqueur au sort.
Résultat, alors que le score est de 1-1 au bout du temps réglementaire de la demi-finale entre Hull City et Manchester United, George Best devient le premier joueur à inscrire un tir au but, Denis Law le premier à le rater. Ian McKechnie, le portier de Hull, apparaît comme le premier héros d’une séance… pendant quelques instants seulement, car l’Écossais, cinquième tireur, envoie sa tentative sur la barre.
Lorsqu'il fit entrer Zaza à la place de Chiellini juste avant la fin des prolongations, Antonio Conte, le sélectionneur de l’Italie, croyait bien avoir réussi un coup de maître face à l’Allemagne. Il se trompait. L’attaquant de la Juve signa sans doute le pire des 18 tirs au but exécutés au Matmut, avec un ballon envoyé dans les nuages, au bout d’une course d’élan grotesque. Cela fit rire Thierry Henry, consultant sur Skysports, qui estima qu’il avait vécu la pire séance de tirs au but de l’histoire.
Depuis un an et demi, Simone Zaza tente de faire oublier ce maudit 2 juillet 2016, jour où son penalty raté, de façon peu académique, contre l'Allemagne en quarts de finale de l'Euro, avait participé à l'élimination de son équipe (1-1, 6 tab à 5). En quittant son pays, pour mieux se reconstruire, l'ancien paria est en train de réussir son pari.
Elle est sublimée par l’échec de Simone Zaza, entrée en jeu pour l’occasion. L’attaquant du Torino piétine en s’approchant du ballon. Il piétine. Il piétine encore. On raconte qu’il piétine toujours à l’heure où j’écris ces lignes. Sa frappe s’envole dans le ciel bordelais, théâtre de ce quart de finale de l’Euro 2016. L’Allemagne se qualifie et le clown Zazatta broie du noir : « Je n’avais pas demandé de prendre le penalty.
« Il n’y a qu’une chose plus belle encore que de voir Youri Gagarine voler dans l’espace : c’est d’arrêter un penalty. » Lev Yachine avait le sens de la formule. Durant sa carrière, la muraille soviétique aurait arrêté plus de 150 penaltys. Aucun gardien n’a réussi pareil exploit.
Combien sont persuadés que Raymond Domenech aurait dû faire entrer Mickaël Landreau à la place de Fabien Barthez en finale du Mondial 2006 pour la séance de tirs au but ? Beaucoup. Et depuis le 5 juillet 2014, ils en sont encore plus convaincus. Ce jour-là, Louis van Gaal choisit d’effectuer un coup de poker similaire. On joue la 120e minute d’un quart de finale de Coupe du monde au Brésil, il y a toujours 0-0, et le sélectionneur néerlandais a bien compris que ses hommes ne parviendront pas à percer le mur costaricien. Il décide alors de miser sur une victoire aux tirs au but. Il sort son gardien Jasper Cillessen pour faire entrer sa doublure Tim Krul, qui n’a évidemment pas joué du tournoi. Immense pari gagnant.
Pendant que Van Persie, Robben, Sneijder et Kuyt ne tremblent à aucun moment et expédient tous les ballons au fond des filets, le gardien de Newcastle cherche à intimider ses adversaires. Il plonge à chaque fois du bon côté, et détourne deux tentatives. Les Pays-Bas sont qualifiés pour la demi-finale.
Un geste comme un concentré brut du joueur qu’était Andrea Pirlo : exécution parfaite, prise de distance face à l’événement, intelligence de faire ce geste précis - une panenka - à ce moment précis, soit un quart de finale d’Euro face à l’Angleterre, pour bousculer l’ordre psychologique d’une séance de tirs au but. Défiance visuelle, implosion émotionnelle de l’adversaire, ici Joe Hart. Tout ça est parfait, tout ça est Pirlo, tout ça est génial.
Au moment où le milieu italien s’est avancé vers le point blanc, l’Italie était menée 2-1 sur la séance. Puis : « J’ai vu le gardien qui était un peu chaud et j’ai pensé qu’il fallait tirer comme ça, c’était plus simple. Du coup, cela lui a mis une pression pour la suite. » La suite ? Young s’avance, rate. Nocerino marque. Aschley Cole s’élance, Buffon bloque.
Il a disparu de l’écran pour prendre sa course d’élan. Au bout du pied, Pierre Womé voit le destin de son pays. S’il marque face à l’Égypte, le Cameroun ira au Mondial 2006, sinon la Côte d’Ivoire montera dans l’avion. Le défenseur prend le gardien à contre-pied… Poteau ! 1-1, rideau. Au Cameroun, Pierre Womé devient vite le responsable de l’échec des Lions indomptables.
« J’allais me saisir du ballon quand Womé m’a appelé et m’a dit qu’il se sentait très confiant dans le fait qu’il allait marquer » , assure Samuel Eto’o à la presse espagnole. « Personne ne voulait tirer ce penalty, rétorque Womé. Personne. Ni Eto’o, ni notre capitaine (Rigobert Song), parce qu’ils savaient ce qui pouvait arriver s’ils le rataient.
Petit flashback mardi soir sur la pelouse de Bonal. Doria s’élance pour permettre à l’OM de garder l’avantage dans cette séance de tirs au but, entre Marseille et Sochaux. Cette course d’élan, ce n’est pas la première fois qu’on la voit dans le foot. Petit retour sur les pires (et les meilleurs) penalties tirés de cette manière.
Vingt-cinq ans, 1238 matchs et 132 buts. Voilà ce que Rogério Ceni, gardien de but, a donné au club de São Paulo. Le meilleur gardien-buteur de l’histoire en a rentré un paquet, des coups de pied arrêtés, que ce soit des coups francs ou des penaltys. À tel point qu’ils sont entrés dans la légende, qu’ils sont devenus, pendant plus de deux décennies, les véritables souvenirs des supporters de Santos, presque plus que les titres.
Au final, Anzhi s’est imposé 3-1, et Samuel Eto’o a même marqué un but. Plus de peur que de mal pour l’attaquant camerounais.
Concernant Neymar, difficile de se concentrer sur un seul exemple. Car oui : si le Brésilien fait aujourd’hui partie du gratin du football, il est loin de ce classement si on se concentre uniquement sur les penalties. Le rapport entre ses différents ratés ? Une course d’élan en piétinant.
Date | Événement | Détails |
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5 août 1970 | Première séance de tirs au but | Watney Cup, Hull City vs Manchester United |
2 juillet 2016 | Euro 2016 | Tir au but raté de Simone Zaza contre l'Allemagne |
Coupe du Monde 2014 | Quart de finale | Louis van Gaal remplace son gardien avant la séance de tirs au but |
Euro | Quart de finale | Panenka d'Andrea Pirlo contre l'Angleterre |
Divers | Carrière de Rogério Ceni | 132 buts marqués en tant que gardien de but |
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