Il était 23h42, dans la nuit noire de Hambourg, quand Theo Hernandez a converti le dernier tir au but français face au Portugal (0-0, 5-3 t.a.b.), synonyme de qualification pour les demi-finales de cet Euro. Les joueurs ont alors tous foncé vers lui et Mike Maignan, puis ils ont fait demi-tour, ensemble, sans tarder, pour courir à toute allure vers le virage tricolore et fêter la victoire.
Cette demi-finale France - Maroc, ce mercredi 14 décembre, ne pouvait pas mieux commencer pour les Bleus de Didier Deschamps. On joue seulement la cinquième minute de jeu dans ce France - Maroc, demi-finale de Coupe du monde au Qatar. Après une bonne séquence française, Antoine Griezmann, côté droit, centre pour Kylian Mbappé. L’attaquant parisien voit son tir contré mais pourra quand même se réjouir.
Theo Hernandez, suivi d’Olivier Giroud, célèbre son but lors de la demi-finale France-Maroc. Pour sa 12e sélection, le latéral gauche de l’AC Milan s’offre son deuxième but avec l’équipe de France.
Après trois échecs dans l’exercice, les Bleus ont vaincu le signe indien et réalisé un sans-faute aux tirs au but, contre le Portugal en quart de finale de l’Euro 2024 (0-0, 5-3 t.a.b.). Il y avait des corps en transe et des visages extatiques.
Une vibration puissante a soudainement plongé la tribune des 8 200 spectateurs français dans une autre dimension, un ailleurs absolu, une lévitation incontrôlable. Théo Hernandez venait de transformer le cinquième tir au but d’une séance étouffante, envoyant les Bleus en demi-finale de l’Euro. Pour la première fois depuis le Mondial 1998 et après trois échecs consécutifs (2006, 2021 et 2022), l’équipe de France a remporté une séance de tirs au but et à l’issue d’un sans-faute.
Vendredi soir, face au Portugal (0-0, 5-3 tab), aucun tireur n’avait participé à la séance contre l’Argentine (3-3, 4-2 tab). Celle-ci s’est écrite en partie au bord de l’aire technique.
Kylian Mbappé, essoré et passé au travers de son match, a évacué son amertume, pris ses responsabilités de capitaine. Ce n’était plus le temps des regrets, mais celui des mots justes et convaincants, de ceux qui donnent envie d’y croire. Il a réuni tout le groupe France autour de lui, dans un cercle soudé. « Les gars, n’oubliez pas que c’est un geste technique. Tranquille ! On l’a travaillé, faites abstraction de tout ce qu’il y a.
Cristiano Ronaldo avait remporté le toss, choisi de tirer devant le public portugais plutôt que d’ouvrir la séance. Comme à Doha, sauf qu’hier n’encombrait plus aujourd’hui. « La finale perdue nous a servi, a assuré Ousmane Dembélé, volontaire pour lancer les hostilités. On n’en a pas parlé entre nous, mais on avait une telle confiance avant de tirer. Chaque joueur a pris la décision.
Olivier Giroud aurait dû en être, mais l’arbitre a enregistré trop tardivement la demande de remplacement à la fin de la prolongation. « J’ai choisi par rapport à l’expérience, et comment les joueurs le sentent. Tireur numéro 2 à l’AC Milan, Théo Hernandez est le plus rompu à l’exercice. À lui seul, il a tiré deux fois plus de penalties (6) que les quatre autres Français dans leur carrière.
« C’était mon premier penalty, a raconté Jules Koundé, auteur d’un plat du pied dans la lucarne. Je n’en avais pas tiré depuis les U19. Mais je le travaille à l’entraînement à Barcelone. »
Avant ce quart de finale, les Bleus n’avaient pourtant rien répété. Ils y avaient consacré une partie d’un entraînement avant d’affronter la Belgique. « Tout le monde avait tiré, ça s’était pas mal passé, révèle William Saliba. Une seule séance et ça suffit (rires). Mais quand même, c’est cardiaque.
Bradley Barcola non plus n’a pas tremblé. Le jeune Parisien ne s’est pas laissé déborder par l’enjeu, lui qui célébrait sa quatrième sélection seulement. En s’avançant vers la surface de réparation, sont alors revenues les images de Thierry Henry et David Trézéguet, les deux rookies de 1998, dont le culot avait terrassé l’Italie lors du dernier triomphe des Bleus dans cet exercice.
Même Youssouf Fofana, qui avait raté le sien en Coupe de France à Lens, avec Monaco, a fait preuve de « calme et de sérénité ». « Ce groupe a du caractère », a assuré William Saliba.
Quand il a réuni son groupe avant la séance, le sélectionneur a rappelé ce facteur de confiance. « Les gars, on a Mike hein ! ». Dans sa carrière, le Milanais affiche un 50 % de réussite aux penalties, même s’il reste sur douze frappes encaissées et qu’il n’a remporté qu’une séance, lors d’un Lille-Valenciennes en Coupe de France.
Avec un but pris en cinq matches et une présence intimidante dans la surface, Mike Maignan assure autant qu’il rassure. Et il avait gagné la bataille psychologique dans le temps réglementaire, écœurant Bruno, Vitinha ou Ronaldo. Sur la première frappe de Cristiano Ronaldo, il est parti du bon côté, malgré les deux pauses du Portugais dans la course d’élan.
« La règle ne nous facilite pas la tâche », s’était plaint Brice Samba, jeudi dernier. « Ça peut nous sortir de notre timing, avait détaillé Alphonse Aréola, le troisième gardien. Joao Félix va en faire les frais, échouant au troisième essai, crispé face au mur jaune.
« Mike fait peur, résume Kylian Mbappé. Je n’ai pas l’explication exacte, mais quand Joao (Félix) tire sur le poteau, il sait que le gardien peut aller la chercher. Quand tu as un gardien qui peut aller la chercher, tu essaies d’avoir l’angle et, des fois, l’angle, c’est le poteau.
La France est devant, ne sera jamais rejointe. Les Bleus ont encore des jambes pour traverser le terrain, accourir vers la tribune bleu-blanc-rouge. « Freed from desire » la fait exulter.
Soudain, une clameur a parcouru un Volksparkstadion en apnée et, pour la première fois d'une soirée insoutenable, elle venait du kop bleu. Libération !
Les joueurs ont alors tous foncé vers lui et Mike Maignan, puis ils ont fait demi-tour, ensemble, sans tarder, pour courir à toute allure vers le virage tricolore et fêter la victoire. En sautant et en levant les bras en l'air, de chaque côté, pendant que les Portugais, réjouis dix minutes plus tôt d'être aux premières loges de la séance fatidique, fondaient en larmes pour certains.
« J'avoue que je n'étais pas vraiment confiant après l'issue de la dernière finale de Coupe du monde... Mais ça y est, on l'a fait ! » Guilhem, supporter des Bleus, présent en tribunes
En tribune de presse, des membres de la délégation de l'équipe de France serraient le poing en direction du staff. « Il y a eu de la malchance, aucun but dans le jeu, mais la fin était folle », souriait-il, à chaud.
Quelques rangs en arrière, Guilhem, qui a trouvé une place en dernière minute et fait le trajet depuis Lyon dans la journée, savourait tout autant : « On a eu droit à un match très fermé, avec peu d'occasions et j'avoue que je n'étais pas vraiment confiant après l'issue de la dernière finale de Coupe du monde (perdue face à l'Argentine aux tirs au but)... Mais ça y est, on l'a fait ! On a vu qu'ils avaient bossé les tirs au but et cela a payé, avec un joli 5 sur 5. »
Au-delà de Doha, les supporters français ont surtout évacué le traumatisme de la nuit maudite de la finale de l'Euro du 10 juillet 2016 à Saint-Denis, contre cette même Seleçao. Un souvenir qui hantait encore beaucoup d'entre eux, à écouter les discussions d'avant-match. La page est tournée et le kop tricolore a célébré tout ça avec des chants à tue-tête sur fond de tambour jusqu'à minuit passé dans le stade.
Des enfants stressés par le scénario du match Des hauts, un peu, et des bas, beaucoup : le reste du temps, les 8 000 supporters français ont été à l'image de l'équipe de France sur le terrain. Sur courant alternatif, souvent éteints et parfois rebiffés. Mais les encouragements donnés jusqu'aux derniers instants ont une nouvelle fois payé, comme quatre jours plus tôt contre la Belgique (1-0). Le contenu proposé sous leurs yeux, fidèle au début de compétition, ne les a pas aidés à se transcender, mais on dirait qu'ils y prennent goût, eux aussi. Munich, face à l'Espagne, c'est déjà mardi.
Maladroit face au but, vous avez dit ? Malgré un quart de finale face au Portugal une nouvelle fois décevant avec un grand nombre d’occasions manquées, l’équipe de France a délivré une séance de tirs au but parfaite avec un 100 % côté tireur. Suffisant pour emmener les Bleus en demi-finale face à l’Espagne (0-0, 5-3 t.a.b.).
Après 120 minutes d’un football souvent brouillon, il ne pouvait en être autrement qu’une séance de tirs au but pour départager les deux frères ennemis. Jamais vainqueur dans ces conditions depuis 1998 avec trois échecs dans l’exercice, la France ne s’avançait pas vraiment favorite face à un Diogo Costa sur un nuage face à Slovénie dans la même situation.
Joao Felix, premier à craquer Premier à s’élancer, Ousmane Dembélé n’en a fait cure en prenant à contre-pied le portier portugais, parti sur son côté droit. Cristiano Ronaldo, lui, a répondu dans la foulée avec une prise d’élan très lente et une frappe coup de pied que Mike Maignan n’a pas pu stopper en partant, pourtant, du bon côté (1-1).
Deuxième tireur, Youssouf Fofana a choisi la simplicité en tirant au centre avant que Bernardo Silva ne trouve la lucarne gauche du portier tricolore, pas loin de la sortir de la main droite (2-2). Dans la foulée, Jules Koundé l’a imité mais dans la lucarne droite de Diogo Costa.
Troisième tireur portugais, Joao Felix a été le premier à craquer en touchant le poteau gauche de Mike Maignan (3-2). Entré en cours de jeu à la place de Kylian Mbappé encore touché au nez, Bradley Barcola n’a pas tremblé pour faire le break avec un plat du pied sécurisé du pied droit.
Pour rester dans la course, Nuno Mendes a envoyé le tir au but parfait surpuissant dans la lucarne droite des Bleus. Avant l’heure de Théo Hernandez, chargé d’envoyer l’équipe de France en demi-finale de l’Euro. Le défenseur gauche de l’AC Milan a parfaitement ouvert son pied pour envoyer les Bleus à une marche de la finale.
Ce sera ce mardi face à l’Espagne (21 heures). Le match : 0-0, 5-3 aux tirs au but Les Espagnols, victorieux des hôtes allemands au bout de la prolongation (2-1) à Stuttgart, avaient dès le coup de sifflet final les yeux rivés sur Hambourg pour connaître, à l'issue d'un âpre duel entre Français et Portugais, leur adversaire en demi-finales de l'Euro.
Équilibré comme on pouvait s'y attendre, le premier acte a longtemps ressemblé à une partie d'échecs. Au retour des vestiaires en revanche, la partie s'est emballée. Après un temps fort tricolore, la formation de Roberto Martinez a accéléré et sans un grand Mike Maignan devant Bruno Fernandes (61e), Vitinha et Ronaldo (63e), les Lusitaniens auraient pris le large. Dans la foulée, Randal Kolo Muani (66e) dans un remake à peu de chose près de son face-à-face avec Emiliano Martinez en finale de Coupe du monde, Eduardo Camavinga (70e) d'un tir croisé fuyant et Ousmane Dembélé d'une frappe brossée flirtant avec l'équerre de Diogo Costa (73e), pensaient à leur tour ouvrir le score, toujours en vain.
2000 Depuis son titre en 2000, la France avait été éliminée les 4 dernières fois où elle avait disputé une prolongation en tournoi majeur (Coupe du monde + Euro).
La tension est légèrement retombée et seuls un ultime raid de Marcus Thuram, sans soutien de la part de ses coéquipiers, et une frappe sans conviction de Kylian Mbappé (90e + 4), ont fait parcourir un frisson dans le Volksparkstadion (90e + 1) avant une inéluctable prolongation. Dans ces 30 minutes supplémentaires, la décision de Didier Deschamps de sortir son capitaine à la mi-temps, suppléé par Bradley Barcola, a longtemps été le fait marquant. Joao Felix, d'une tête de peu à côté (108e), Barcola, après un beau slalom (114e), mais surtout Nuno Mendes, coupable d'une frappe trop écrasée (120e), ont tenté de changer le destin de cette rencontre, vouée aux tirs au but.
À ce jeu-là, les Bleus ont assuré et seul Joao Felix a manqué la cible (5-3 t.a.b), en trouvant le poteau, rendant ivres de bonheur Mike Maignan et ses coéquipiers. Une demi-finale épique face à l'Espagne, privée de Dani Carvajal et Robin Le Normand, suspendus, les attend désormais le 9 juillet. 2006, 2021, 2022... Les Bleus commençaient à faire des échecs aux tirs au but une bien mauvaise habitude. Dans la nuit d'Hambourg, Mike Maignan et ses partenaires ont enfin brisé la série noire en négociant à merveille l'exercice. Ousmane Dembélé, Youssouf Fofana, Jules Koundé, Bradley Barcola puis Théo Hernandez n'ont pas tremblé et laissé le seul échec de la séance au Portugais Joao Felix.
Les joueurs de Didier Deschamps, toujours aussi pauvres dans l'efficacité offensive durant cet Euro, assurent au moins l'essentiel avec un billet pour les demi-finales face à l'Espagne, toujours sans avoir marqué le moindre but dans le jeu.
L'équipe de France a une histoire contrastée en matière de tirs au but lors des compétitions majeures. Voici un aperçu de ses performances :
Compétition | Année | Adversaire | Résultat |
---|---|---|---|
Coupe du Monde | 1982 | Allemagne de l'Ouest | Défaite |
Coupe du Monde | 1986 | Brésil | Victoire |
Euro | 1996 | République Tchèque | Défaite |
Coupe du Monde | 1998 | Italie | Victoire |
Coupe du Monde | 2006 | Italie | Défaite |
Euro | 2021 | Suisse | Défaite |
Coupe du Monde | 2022 | Argentine | Défaite |
Euro | 2024 | Portugal | Victoire |
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