L'histoire de la magie est riche en personnages fascinants et en illusions spectaculaires. Tandis que Kellar, Thurston et Blackstone obtenaient la célébrité, devenant les plus grands magiciens d’Amérique, Charles Joseph Carter choisit de gagner renommée et fortune comme maître magicien en faisant le tour du monde.
Entre 1907 et 1936, Carter « le Grand » effectua sept longues tournées autour du monde, divertissant rois et gens du peuple sur six continents, sans négliger quelques apparitions dans son pays natal. Né à Newcastle en Pennylvannie, Carter, qui, plus tard se surnomma « The World’s Weird Wonderful Wizard », et le « Napoléon de la magie », fit ses débuts d’enfant magicien à dix ans et voyagea un certain temps avec le Kickapoo Indian Medicine Show, qui donnait des spectacles de magie pour attirer la foule ; la foule qui restait grâce à l’appât d’un remède en bouteille supposé merveilleux et censé guérir quasiment tous les maux. A dix-sept ans, il se présentait comme : « Maître Charles Carter, le plus jeune prestidigitateur d’Amérique ».
Jusqu’à la trentaine, Carter fit des tournées de music-hall aux Etats-Unis, avec un spectacle toute la soirée, puis il s’embarqua pour une série de tours du monde qui allait absorber 90% du reste de sa carrière artistique. Compte tenu de toutes les rigueurs du voyage à cette époque, il préférait le style de vie d’un magicien à l’étranger qui pouvait jouer des mois au même endroit, devant des foules enthousiastes et vivre comme un nabab, au train-train monotone des engagements du music-hall. Bien que Carter se soit produit périodiquement en Europe, en Grande-Bretagne, et aux Etats-Unis - où il inaugura le premier théâtre permanent de magie à Broadway, et un « temple du mystère » à la Foire mondiale de Chicago en 1933 (deux aventures qui se soldèrent par un désastre financier) - il voyagea beaucoup en Orient.
Cela signifiait transporter vingt-deux tonnes de « massifs impedimenta » (comme disait l’une de ses lithographies les plus colorées) d’un pays à l’autre en bateau et, même, en Inde, en char à bœufs. Carter mourut d’une crise cardiaque le 13 février 1936 à Bombay, en Inde, pendant son huitième tour du monde. Harry Kellar lui a écrit un jour : « Garde ton spectacle plein d’allant, Charlie, et donne-lui un petit coup de neuf tous les ans.
Le 4 février 1924, Howard Thurston alors le plus célèbre magicien d’Amérique, écrivait : « Tu es sûrement le plus grand magicien itinérant que le monde ait jamais eu. Je suis certain que ton travail te plaît et que tu es plus heureux à l’écart de la vie que je le suis en dehors de mon travail. J’espère que tu gagnes plus d’argent que moi, bien que je gagne une fortune.
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Enfin, le 12 septembre 1937, Nicola, un autre magicien globe-trotter de très grand renom, écrivait au fils de Carter, Larry : « Si seulement ils savaient à quel point votre père était supérieur à Houdini en tant que magicien, quelques-uns d’entre eux seraient surpris. Mais Charles se taisait, il continuait, gagnait argent et renommée parmi les habitués payants et ne faisait pas grand-chose pour se mettre en avant dans une compagnie d’admiration réciproque.
Dans une autre lettre, Nicola explique : « Carter n’était pas seulement un grand magicien, mais un homme d’affaires élégant. Je le sais, parce que lui et moi, nous avons joué dans les mêmes endroits, et avons eu à faire aux mêmes régisseurs. Personne n’a jamais eu à craindre que Carter se dévalue. Son spectacle, qu’il présenta dans toutes les parties du monde, était un honneur pour notre profession. Il le montait somptueusement, l’annonçait comme un cirque, avec dignité, avec charme, et il touchait des sommes princières pour ses efforts.
Carter eut trois assistantes qui partageaient l’affiche dans un numéro de divination. Tout d’abord sa femme Corinne « The psychic marvel of the century » qui réalisait avec lui un numéro de transmission de pensée et l’illusion The Phantom Bride (reprise de l’effet Gone Chair de William E. Robinson). La deuxième assistante de Carter était Evelyn Maxwell (Anna Lohmann) qui a tourné avec lui pendant plus d’une décennie dans la troupe. Elle a repris le numéro de mentalisme de Corinne Carter quand cette dernière a arrêté les représentations. Dans The modern priestess of Delphi, E. Maxwell lisait dans les pensées des spectateurs avec un foulard en soie « psychiquement conducteur » sur les yeux.
L’explosion de couleurs des publicités de Carter ne pouvait manquer d’attirer l’attention de quiconque. Des centaines d’affiches de 2X3 mètres étaient imprimées par l’Illinois Lithograph Company au prix de 40 cents pièce. A titre de comparaison, un billet d’entrée au spectacle était vendu entre 25 cents et un dollar. La publicité était indispensable à tous spectacles en tournée.
Voici une table au pistolet présentant 5 effets différents contrôlés par une petite télécommande. Tout commence par le choix d’une carte dans un jeu. Le spectateur choisi le 5 de carreau, puis le perd dans le jeu que vous rangez dans son étui. Vous déposez alors le jeu sur votre guéridon. Vous faites quelques mètres et sortez un pistolet que vous confiez au spectateur. Vous l’invitez à viser le jeu sur le guéridon et à tirer sur celui-ci. Sa balle va traverser tout le jeu et éjecter sa carte !
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Enfin du moins tout cela se produira s’il vise correctement bien sur. Le spectateur se concentre et tire une première fois…. Il a raté son tir ! la balle a raté le paquet mais à fait explosé le ballon situé derrière. Il rate encore ! Cette fois c’est la rose, elle aussi déposée sur votre guéridon qui est éjectée de son pot ! C’est un nouvel échec…. Invitez le spectateur à retenter une ultime fois de tirer dans le jeu…. Il se concentre et tire une troisième fois…. Catastrophe ! Cette fois, c’est le plateau tout entier qui se renverse, faisant tomber dans un même temps tout le matériel se trouvant sur celui-ci !
Le pot de la rose tombe sur le sol, comme le paquet de cartes et tout autre objet pouvant se trouver sur celui-ci. En tombant à la verticale, le plateau révèle la présence d’une grande carte Jumbo, collée au plateau du guéridon…. Il s’agit du 5 de carreau ! Vous venez de retrouver la carte choisie ! Saluez avant de demander confirmation au spectateur… qui vous répondra que ce n’est pas sa carte ! Ce n’est pas bien grave, vous saisissez le pistolet et tirez en direction de la carte jumbo. Le carreau central de la carte se détache et tombe sur le sol ne vous laissant plus qu’un 4 de carreau ! Chaque effet se déclenche à l’aide d’une petite télécommande possédant 4 boutons indépendants.
En 1907, après ses tournées spectaculaires en Europe, en Angleterre, dans le Pacifique et en Extrême-Orient, Howard Thurston revint un temps aux Etats-Unis, au moment précis où Harry Kellar décida de se retirer du monde du spectacle. Kellar avait été le magicien le plus marquant des Etats-Unis pendant des décennies, mais sa vue déficiente et un compte en banque substantiel firent qu’il n’éprouva pas le besoin de prolonger davantage sa carrière.
Un magicien allemand, Paul Valadon, qui avait voyagé avec Kellar pendant trois ans, était pressenti pour prendre sa place, mais Thurston, entendant parler de la retraite imminente du maître, lui fit une offre et racheta tout son spectacle avec son consentement. Pendant un an, Kellar et Thurston, accompagnés du magicien indien Bella Hassan, firent la tournée « des plus grands magiciens du monde ».
Le spectacle s’ouvrait sur un gigantesque livre dont les pages tournées montraient les géants de la magie d’autrefois. Le 16 mai 1908, sur la scène du Ford’s Theatre à Baltimore (Maryland), Harry Kellar prononça son discours d’adieu, plaçant le « manteau de la magie » sur les épaules de Howard Thurston. Ce qui est une date importante de l’histoire de la magie, a aussi produit une affiche vivante et mythique qui est aujourd’hui une pièce exceptionnelle pour les collectionneurs.
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La réputation de Howard Thurston repose essentiellement sur des illusions comme la dame flottante et l’Asrah, mais aussi le Piano fantôme, la Dame et le Garçon (les personnages principaux changeaient mystérieusement de place dans une caisse et une malle), ou le Triple Mystère (une jeune fille, d’abord matérialisée dans une caisse, était suspendue au-dessus de la scène dans un sarcophage de momie et réapparaissait dans une malle fermée par des cordes, accrochée au-dessus du public).
Thurston effectuait le célèbre numéro du mouchoir dansant présenté pour la première fois par Nevil Maskelyne en 1888. Un mouchoir noué était placé dans un petit meuble. Il en sortait, bondissait sur la scène et se mettait à « danser ».
La légende du tour de la corde indienne (ou corde hindoue) remonte à la fin du XlVe siècle. Le célèbre voyageur marocain Ibn Batuta le rapporta, il l’avait vu non en Inde, mais en Chine, lors d’un spectacle au Palais d’été du Khan. Tous les magiciens occidentaux se rendant en Inde cherchaient des fakirs réalisant le fameux tour de « la corde hindoue » sur les marchés. Ils découvrirent tous d’innombrables charmeurs de serpents sans jamais pouvoir assister à l’illusion légendaire pour la bonne raison que ce n’était qu’un mythe !
En 1927, Thurston intégra un groupe d’authentiques fakirs indiens dans son spectacle. Le cracheur de feu Abdul Abdullah, Mohammed qui réalisait le numéro du panier indien et Chundra, qui, enfermé dans un coffre, était plongé dans un bassin rempli d’eau pendant plus d’une heure.
Lors de la saison 1928-1929, pour terminer son spectacle, Thurston présentait une automobile remplie de jolies filles qui se volatilisait comme par enchantement. Dans chaque ville où il se produisait, les concessionnaires Willys-Overland fournissaient à Thurston une nouvelle Whippet en échange d’une publicité dans son programme imprimé. Cette illusion reposait sur des accessoires plus imposants, une mise en scène plus élaborée et plus de sex-appeal que tout ce qu’avaient présenté Kellar et Herrmann auparavant. Le public voyait un grand écran à deux faces avec des barreaux devant l’automobile qui était un modèle de Torpédo Willys-Over land. Sous le couvert de flashes de lumières ou de fumigènes, la Torpédo et les jeunes filles s’évaporaient en un instant.
Le nouveau numéro introduit par Thurston dans la saison 1929-1930, fut Iasia : une jeune fille disparaissait d’une cabine suspendue au-dessus de la tête des spectateurs. Dans cette illusion, une jeune fille habillée d’une longue robe indienne entrait dans une « cage à prière », en réalité une cabine avec des cloisons ouvertes de quatre côtés, avec une mince paroi comme plafond et comme sol. Pendant qu’on hissait la cage en l’air, la jeune fille oscillait au-dessus de la rampe, et Thurston criait : « Salaam, lasia, balance en avant la vieille cage à prière hindoue. » Au coup de pistolet, les rideaux tombaient et le fond à charnière de la cage s’ouvrait. La jeune fille s’était volatilisée.
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