Cet article explore l'histoire des stands de tir, en mettant en lumière les traditions militaires françaises et en se concentrant sur des lieux spécifiques comme le stand de tir de Lully, près d'Estavayer. Nous aborderons également l'évolution des casernements et des pratiques de tir au fil des siècles.
Lorsque le roi convoquait « l’ost », les troupes étaient logées chez l’habitant là où les forces se réunissaient avant de s’engager. Quand le roi n’en n’avait plus besoin, les troupes « se débandaient ». Il faudra donc des sonneries spécifiques pour réveiller puis appeler au service et enfin regrouper les unités autour de leurs drapeaux : La Générale, l’Assemblée, Au drapeau sont les premières entendues.
Il n’y a pas d’organisation de la vie journalière; Les familles suivent les maris et pères soldats; chacun se débrouille pour les repas ou les soins en dehors du service (les femmes sont cantinières, lavandières etc., donc pas de sonnerie pour les repas par exemple).
Les premiers casernements réels ont vu le jour vers 1675 mais uniquement pour les « Gardes françaises », unité au service permanent du Roi. A la Révolution, la saisie des édifices religieux va permettre d’ «encaserner » des troupes de plus en plus nombreuses. Sous le 1er Empire, les troupes seront en déplacement quasi permanent et vivront le plus souvent dans des camps. La « diane »ou « le réveil au bivouac » les réveillera, la générale et l’assemblée les regrouperont.
Le « ban » demandera le silence dans les rangs pour écouter les annonces et les ordres généraux. Ce n’est que sous Louis XVIII que de nouvelles casernes apparaissent un peu partout en France pour loger la Gendarmerie. Ce sont les départements qui en ont la charge, les construisent, les entretiennent et les louent à l’État !
Lire aussi: Stands de Tir : Guide Complet
Ces immeubles sont spécifiques car il est prévu d’y loger les sous-officiers et les familles. Ce n’est qu’après 1870 que de véritables casernes seront construites. Pour la plupart se sont celles que nous voyons encore dans nos villes. Elles ont un « style » adapté à la région où elles sont construites mais elles se ressemblent car elles ont été « normalisées". Les normes de confort sont encore loin de nos critères et pourtant ce sera un progrès pour la plupart des appelés venant des campagnes.
Au retour dans la chambrée, un « Au jus là d’dans ! » fait sortir les « quarts » (tasse en fer d’environ un quart de litre en dotation individuelle). Pain et accompagnement ont été perçus la veille au soir (suivant les jours, l’humeur du cuistot, ou les finances de l’ordinaire : morceau de fromage, sardine à l’huile, pâté, voir simple carré de chocolat).
Les régiments sont organisés en bataillons, les bataillons en compagnies et les compagnies en sections. Cette organisation sert de base pour la répartition des tâches entre les unités : garde du quartier, des punis, piquets d’alerte Incendie ou Intervention, service de l’ordinaire (corvées de « pluches ! » et nettoyage des cuisines) entretien du quartier.
Le service est pris à tour de rôle par les bataillons. Le Chef de bataillon désigne une compagnie de semaine et le Commandant de compagnie une section de jour ! De même que le Colonel dispose d’officiers pour son état-major et les services régimentaires, le chef de bataillon a un capitaine comme adjoint et un petit groupe d’hommes dirigés par un sous-officier: secrétaire, clairon, téléphoniste/vélocipédiste etc. ... Lorsque le bataillon prend le service du corps le Capitaine devient le Capitaine adjudant major (Chef du Service général).
En cas de besoin particulier, le Capitaine adjudant major pouvait faire appeler un ou plusieurs sergents de semaine ou des caporaux. Le colonel ou des Officiers supérieurs pouvaient lui demander de convoquer les officiers (tous ou ceux d’une compagnie particulière).
Lire aussi: Saveuse : Un lieu de mémoire
Au quartier comme en campagne, le vaguemestre percevait le courrier du régiment. La distribution était faite dans les compagnies, souvent au rassemblement avant les repas.
Les capitaines, commandant les compagnies du Bataillon de Service, prennent à tour de rôle et pour trois mois la responsabilité d’officier d’ordinaire. Le capitaine responsable passe les marchés des « petits vivres » (vivres fraîches pain fruits légumes, viandes etc.) et assure la surveillance de la qualité des marchandises livrées.
Lorsque le repas sonne on arrête le travail. Dans chaque chambrée deux hommes sont désignés pour se rendre aux cuisines avec le caporal de semaine pour percevoir le repas qui est servi dans des bouteillons et la boisson, le « pinard » généralement servi dans un broc (un quart par homme et par repas). Sitôt terminé, chacun refait son lit (Au carré ! les bords des couvertures sont repliés pour donner un aspect angulaire net; il faut donc refaire le lit pour y dormir !) nettoie sa gamelle, couvert et quart et les désignés de service balaient!
La reprise du travail se fera soit à la sonnerie de rassemblement soit à la sonnerie de fin de sieste, pour les unités stationnées dans les pays chauds où la sieste est obligatoire pendant les périodes d’été.
Clairon de la compagnie en-tête et sonnant « aux champs en marchant », la garde se rend, l’arme sur l’épaule, vers le poste de garde où la garde descendante alignée l’attend mais aussi le sous -officier supérieur de permanence au service général quand ce n’est pas le Capitaine Adjudant-major en personne.
Lire aussi: Tout savoir sur le Tir à la Carabine
La garde montante est inspectée. Les deux gardes se présentent alors les armes. Les deux caporaux vont faire le tour des postes à relever et procèdent aux changements de sentinelles suivant un protocole bien réglé : A droite, droite, Présentez Arme, Reposez arme, Un pas à droite, droite, Un pas en avant, marche, demi-tour à droite, Présentez arme. La sentinelle relevée reste dans cette position jusqu’au départ des autres sentinelles emmenées par les deux caporaux.
Autrefois cette sonnerie imposait l’extinction réelle des feux de chauffage et d’éclairage par crainte des incendies si ces feux n’étaient pas gardés dans la nuit.
Cette sonnerie servait en temps de paix pour les séances au champ de tir (on ne connaissait pas encore le stand de tir couvert). C’était généralement un espace ouvert avec une butte élevée destinée à arrêter les projectiles tirés sur les cibles plantées au pied de la butte.
Avant la séance de tir, le clairon de la compagnie montait sur la butte et sonnait le garde à vous dans les quatre directions principales puis il sonnait « Commencez le feu ». Si la compagnie devait traverser la ville pour se rendre ou pour revenir du champ de tir, le règlement imposait que ce soit fait l’arme sur l’épaule, les clairons et tambours sonnant !
Le stand de Lully (près d'Estavayer, pas de Morges) est une installation plus importante que celle du Nozon. Il est réputé pour ses belles installations et son ambiance conviviale.
Ces sonneries ont été utilisées très tôt en une sorte de cérémonial pour annoncer des nouvelles importantes à l’ensemble d’une troupe. Cela peut paraître étonnant mais, bien longtemps après l’invention du téléphone, son installation dans les casernes n’était pas développée.
Le colonel et le chef des services administratifs avaient parfois un téléphone de l’administration des PTT (Postes, Télégraphe et Téléphone). Les autres services avaient parfois un téléphone de campagne relié à un central de même type. Mais ils étaient les seuls.
En manœuvre ou en campagne, autrefois, il y avait des ordres nombreux et variés pour faire se déplacer les unités, passer de la colonne à la ligne, marcher au pas puis au pas de charge, se mettre en position de tireur debout, à genoux ou couché etc. Aujourd’hui le combat a changé totalement d’aspect avec les combats « insurrectionnels »; l’insécurité des arrières oblige tous les militaires à connaitre les règles du combat à pied.
La cohésion du groupe attaqué et le geste réflexe du combattant sont tragiquement dépendant de la compréhension rapide des ordres oraux. Ceux-ci doivent donc être codifiés et connus de tous. Toutes les sonneries « d’honneur », comme autrefois, saluent l’arrivée des autorités.
« Au drapeau » reste le symbole du regroupement de tous au service de la nation. « Ouvrez / Fermez le ban » conserve son sens premier, celui de l’annonce d’un ordre du jour ou de citation ou de récompense. Encore faudrait-il faire un effort pour former quelques clairons et tambours dont la « sonnerie » réelle rend une authenticité au signal, autrement plus symbolique que celui envoyé par un disque sur haut-parleur !
tags: #stand #de #tir #lully #histoire