En provenance de France, avec notre véhicule, nous avons visité le Kosovo, un jeune état niché en plein cœur des Balkans. Nous circulons à présent sur une longue route qui serpente au cœur d’une forêt verdoyante et emplie de conifères.
Alors que nous présentons nos documents au poste-frontière avec le Monténégro, nous sommes autorisés à quitter le territoire. N’ayant pas encore vu le poste-frontière kosovar, nous nous trouvons dans ce que les géopoliticiens appellent communément un no man’s land, une sorte de territoire qui n’appartient ni au Monténégro, ni au Kosovo. Ce n’est qu’après une dizaine de minutes que nous apercevons le poste-frontière kosovar, émergeant de nulle part et quasi désert.
Juste avant de rejoindre le poste-frontière, un homme vient à notre rencontre : « Bonjour, vous êtes Français ! Bienvenue au Kosovo, la plus jeune république d’Europe ». L’homme, Alban travaille dans la vente d’assurances depuis près de deux ans. Il parle un Français correct, avec un accent chantant très agréable à l’écoute : « J’ai suis allé France six mois. J’aime pays toi. Il est vrai que le Kosovo est une jeune République.
Nous présentons la carte grise du véhicule, ainsi que nos passeports. En moins de dix minutes, nous voilà assurés pour une quinzaine de jours au coût de 15 euros. Car si le Kosovo ne fait pas partie de l’Union européenne, à son indépendance, il a choisi comme monnaie nationale : l’euro. Une fois notre assurance réglée et validée, nous nous présentons au guichet du poste frontière. Le policier, à la présentation de nos papiers s’exclame : « Vous êtes Français ? » Nous lui répondons par l’affirmative.
Avec un grand sourire, il tamponne nos passeports. S’ensuit une discussion d’une vingtaine de minutes où il nous parle à la fois de la France et de la situation au Kosovo.
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Nous nous rendons dans la ville de Peja, également appelée Pec ou Pejë. La ville se trouve à moins de deux heures de route. Les paysages défilent devant nous. Nous nous attendons à découvrir tous les clichés du pays, véhiculés par les médias du monde entier : population pauvre, charrette sur la route, ruralité hyper développée, routes chaotiques, fous du volant, insécurité galopante, mendicité omniprésente.
Sur la route, alors que nous nous étions préparés à entrer dans la périphérie de Peja, un panneau faisant mention de la présence du parc Radacit attire notre attention ; nous faisons demi-tour et empruntons un petit chemin de terre. Nous entrons dans le parc ; de nombreuses familles s’y promènent : des couples avec des enfants, des adolescents sur leur vélo ainsi que des personnes âgées, qui assises semblent refaire le monde. L’entrée du parc est gratuite.
Noam, notre fils cadet souhaite boire un rafraîchissement ; nous faisons appel à un vendeur ambulant qui nous propose plusieurs boissons au prix de 0,50 euros l’unité. Face à nous, une chute d’eau dont le vrombissement rugit et s’entend au loin. Une rambarde permet de s’y approcher au plus près et pour les plus téméraires, un chemin escarpé la rejoint en contrebas.
Nous la contournons et l’observons de plusieurs points de vue. Au cœur du parc, alors que les chants des oiseaux se laissent découvrir en s’éloignant de ce tumulte aquatique, nous nous dirigeons vers les hauteurs du parc ; la grotte éponyme du site se visite pour la somme modique de deux euros l’entrée ; nous quittons la chaleur ambiante et pénétrons dans un univers de fraîcheur.
Une fois la grotte visitée, nous retournons à notre véhicule afin de rejoindre la ville de Peja qui se trouve à moins de vingt minutes de route. La pancarte d’entrée dans la ville nous souhaite la bienvenue. En entrant dans la ville, de primes abords, nous découvrons de hauts immeubles aux peintures défraîchies. Sur les trottoirs, des magasins plus intimistes se mêlent aux boutiques modernes. Les passants se baladent dans une sorte d’osmose intéressante.
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Une fois notre voiture garée, nous nous rendons dans le centre historique ; nous sommes arrêtés sur le trottoir par un agriculteur : Stevan, 59 ans, qui nous présente sans parvenir à nous parler, ni dans notre langue ni en Anglais, quelques lapins qu’il vend. A cet instant, et voyant notre discussion avec le vieil homme accompagné de son petit-fils, un jeune garçon se présente à nous dans un Anglais irréprochable.
Le teint hâlé, Hakim vit dans la ville depuis une dizaine d’années, ayant quitté avec ses parents la Serbie alors que le conflit était au plus fort. Le centre historique nous accueille avec le fourmillement et le bruit des grands souks d’Orient. Avec une sorte d’ordre bien établi des villes européennes. Une symbiose parfaite entre le populaire et la rigueur.
Les magasins qui se trouvent les uns à côté des autres donnent au territoire un sentiment de bazar bien ordonné. Les pavés des ruelles typiques de la ville et les enfants qui nous courent autour dégagent un exotisme rassurant. Les habitants, surpris de découvrir des touristes nous dévisagent et nous sourient.
Nous pénétrons dans un de ces univers si particulier, une boutique de vente de rideaux et de tissus de qualité. Sur des étagères qui ne tiennent on ne sait comment, des kilomètres de toiles, toutes aussi intéressantes les unes que les autres. Certaines pièces rares sont réservées aux grandes occasions : des mariages, des baptêmes.
Nous embrassons Hakim, nous guide éphémère et échangeons nos coordonnées. Nous nous garons sur le parking de l’hôtel camp Karagaq, un hôtel 4 étoiles au cœur d’un grand complexe verdoyant. Nous faisons ensuite la rencontre de la gestionnaire de l’hôtel qui, pour se faire pardonner du bruit, subséquence de la festivité nous propose la chambre pour trois personnes à 30 euros. Après l’avoir visité, nous la trouvons agréable et acceptons. En nous approchant de la salle des fêtes, nous sommes invités par les parents du communié à partager ce moment de joie.
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En ressortant de la salle, nous faisons connaissance avec un des serveurs de l’hôtel qui a vécu plusieurs années en France. Nous discutons quant soudainement, il nous propose de vivre une expérience extraordinaire : « Voulez-vous tirer à l’arme automatique ? » Nous sommes d’abord surpris d’une telle proposition, mais n’étant pas du genre à ne pas vivre des expériences, nous acceptons.
Il nous emmène dans un des bâtiments de l’hôtel et nous présente Igor, un grand gaillard de près de deux mètres qui gère le club de tir de la ville et se trouve par chance dans le complexe hôtelier. Igor, malgré sa taille et sa corpulence est prévenant et une grande gentillesse émane de chaque pore de sa peau.
Nous entrons dans le hall du club de tir qui dégage dès l’entrée une odeur de poudre, renforcé par le visuel de dizaines d’armes qui se trouvent derrière le comptoir ; juste derrière un écran d’ordinateur qui restitue les scènes figées des décors enregistrés par les nombreuses caméras de surveillance du site. Nous remplissons une décharge et serons deux à tirer : ma fille de 17 ans à qui Igor donne une dérogation et moi-même.
En sa compagnie, nous descendons dans les sous-sols du club de tir. Je passe en premier. Avant de commencer à tirer, Igor m’apprend les rudiments de la manipulation des armes à feu. Je dois tout d’abord placer les balles dans le chargeur. Insérer ensuite le chargeur et pointer mon arme vers la cible. Et tirer après avoir placé sur mes oreilles un casque et sur mes yeux, des lunettes de protection.
Premier tir, la chance du débutant, je vise le centre de la cible…et l’atteint. Igor est surpris. Moi aussi. Non pas d’avoir eu de la chance de viser le centre, mais de subir le recul de l’arme d’une violence inouïe. Je viens de prendre conscience que les films américains ne font presque jamais état de ce mouvement de la main. Après avoir tiré à une dizaine de reprises et manqué deux fois la cible, ma fille me remplace. Elle fera presque aussi bien que moi.
De l’avis de Igor, nous ne nous sommes pas mal débrouillés. Nous saluons Igor qui nous demande la modique somme de 3 euros pour payer les balles utilisées et rejoignons notre chambre.
Sur la route, nous faisons un arrêt dans une petite ville en périphérie de Peja. En entrant dans le petit magasin, une sorte de bric à brac géant, ma fille découvre des centaines de produits de maquillage à 1 euro la pièce, des produits de grande marque bradés de la sorte ne peuvent rester sur les étals : « c’est un crime » me dit-elle, les yeux pétillant à l’instar d’un feu d’artifice.
Nous arrivons à la ville de Decani qui se trouve sur la route entre Peja et Prizren. En sortant de la ville, nous nous engouffrons sur une route déserte qui contient deux gros blocs de béton armé, placés à quelques mètres de distance et qui pourraient arrêter la progression d’un char. Nous nous garons sur un parking, face à l’entrée du monastère dont la porte principale est close.
Face à nous, une petite guérite gardée par deux militaires casques bleus qui sont sensés sécuriser les lieux. Le militaire se saisit de son téléphone et commence à parler dans un langage qui mêle l’Italien, l’Albanais et un peu d’Anglais. Le monastère a été fondé par le roi Stefan Uroš III Dečanski en 1327. La charte originale de sa fondation est datée de 1330.
Nous entrons sur le site du monastère. Face à nous, au cœur d’une pelouse fraîchement tondue, la cathédrale, dédiée au Christ Pantocrator, construite en blocs de marbre rouges et jaune pâle. Elle a été édifiée à l’époque où le moine Franciscain Vitus de Kotor dirigeait le monastère.
Nous pénétrons à l’intérieur de la cathédrale bondée de monde. Certains pèlerins prennent des photographies, d’autres allument des bougies. Les monastères orthodoxes ont ce de particulier, qu’ils mettent en avant une certaine forme d’ostentatoire, non pas pathétique mais au combien galvanisante.
Nous sommes conduits dans un parc extérieur où plusieurs tables sont occupées par des hommes d’un certain âge buvant un café. Un des cuisiniers nous appelle afin de nous montrer les nombreuses spécialités qui cuisent dans des fours en pierre. Nous goûtons au Fli, un plat national représenté en une sorte de mille feuilles composées de plusieurs couches de pâte, séparées par un mélange de beurre et de yoghourt.
Après moins de deux heure de route, nous entrons dans la ville de Prizren. Nous arrivons au poste-frontière du pays. Le Kosovo n’étant pas reconnu par la communauté internationale, la carte verte française ne permet pas de circuler dans le pays. Une fois l’assurance de la voiture effectuée, nous nous rendons au poste-frontière. Les douaniers et les policiers qui nous accueillent sont sympathiques et fiers que des Français visitent leur pays.
Ce voyage a permis de confronter les idées reçues sur le Kosovo à la réalité du terrain :
Nous déconseillons l’hôtel Camp Karagaq (~45€) qui a la double casquette d’organisateur de fêtes de mariages dans une salle juste sous les chambres, et ne prévient pas ! N’espérez pas vous rattraper avec une grasse matinée, l’hôtel possède aussi un stand de tir.
Nous conseillons fortement Kulla e Zenel Beut (~66€)i, situé dans une belle kulla (maison fortifiée) rénovée.
Notre restaurant préféré est Gardé. Nous y avons même dîné à deux reprises. Plus relax, le Zade Lounge Bar est très bien pour des cocktails et des frites dans un décor de vieille maison chaleureuse.
Dépense | Montant |
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Assurance voiture (15 jours) | 15 euros |
Entrée de la grotte à Radacit | 2 euros par personne |
Chambre d'hôtel (Camp Karagaq) | 30 euros par nuit |
Balles au stand de tir | 3 euros |
Ce récit de voyage offre un aperçu des multiples facettes du Kosovo, un pays en pleine transformation, riche de son histoire et de la chaleur de ses habitants.