La pratique du tir est une tradition de longue date. Au 17ème siècle, on tirait déjà en lisière de la forêt de Seillon, au lieu-dit "Les Pataguins".
Le 1er septembre 1867, la «Compagnie des Francs-Tireurs de l’Ain» est fondée à Bourg, sous la présidence d’honneur de M. DUPRE, maire de Bourg, et sous la présidence effective de M. VARENNE de FENILLE.
Au début de la nouvelle société, on ne tirait qu’en plein air et il fallait réinstaller le pas de tir à chaque séance. En 1875, une autre association de tireurs voit le jour sous l’égide de Gabriel Vicaire : c’est l’Alouette des Gaules qui reprend et remet en état les terrains.
Très vite au tir, on adjoint une autre discipline : l’éducation physique. En 1886, l'Union des Sociétés de Tir de France (l'ancêtre de la FFTir) est créée. Du stand de 1867, il ne restait plus que les buttes.
Le nombre des adhérents passe de 150 à 250 en 1880 et augmente d’année en année… Des plans sont dressés pour construire un stand qui chaque année s’améliore : dallage en ciment, construction de deux pavillons, d’une écurie, d’une cave de jardins anglais. La société organise de nombreux concours parmi lesquels le championnat de France et des concours internationaux.
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Parmi les nombreux concours organisés par la Société de Tir de la ville de Bourg, le tir à l’oiseau avait un prestige particulier. Il avait lieu le 14 juillet, son origine remontait à Saint Louis. Il consistait à tirer sur un oiseau en bois perché en haut d’un mât. Le gagnant était celui qui faisait tomber le dernier morceau.
Le 4 juillet 1927, le stand des Vennes, réorganisé et modifié de façon à s’adapter aux conditions du tir moderne, a présenté ses nouvelles installations. Monsieur MESSIMY sénateur, M. le maire de Bourg, le colonel DUPONT et le commandant du Génie étaient présents. La nouba du 65ème Tirailleurs saluait la fin de chaque discours.
En 1939 la société est mise en sommeil, et ce n’est qu’en 1953, sous la présidence et l’impulsion de M. André BARTHELEMY, qu’une poignée d’hommes passionnés de tir reprennent le chemin du stand. Le lieu-dit « La Maltière » est, à l’origine, un terrain militaire où l’armée entrepose des munitions. À l’arrivée des Allemands, en 1940, les bâtiments et les terrains sont réquisitionnés.
Le stand de tir de la Maltière devient le lieu d’exécution des patriotes qui luttent contre l’occupant nazi. Le premier fusillé pour acte de résistance en Bretagne est Marcel Brossier, mécanicien rennais de 31 ans. Condamné à mort pour avoir saboté une ligne téléphonique allemande, il est exécuté à la Maltière, le 17 septembre 1940.
À partir de mars 1944, les exécutions reprennent à la Maltière où quarante-sept résistants sont fusillés de mars à juillet 1944 par les Allemands mais aussi par la Milice française. Plus de la moitié des fusillés sur la butte de la Maltière avaient moins de 25 ans. Après la guerre, une première cérémonie d’hommage aux fusillés se déroule en 1947.
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Au printemps 1941, la police française avait signalé au préfet BOUSQUET, très engagé dans la répression anti-communiste, la diffusion à Reims dans les maisons de champagne d’un tract ayant pour titre « Réintégrons nos syndicats » signé « les militants restés fidèles à l’esprit de 1936 ».
Le 17 septembre 1941, la police française perquisitionna a son domicile et y découvrit un tract intitulé « Brisons l’arme de l’antisémitisme » et signé « Le Parti communiste français-SFIC » (Section française de l’Internationale communiste). Début novembre 1941, deux camarades de CHATTON, Georges DARDENNE et Édouard QUENTIN, furent arrêtés à leur tour par la police rémoise.
Le 17 décembre 1941, le tribunal militaire allemand de Châlons-sur-Marne a condamné à mort Marcel CHATTON pour « propagande communiste et gaulliste », tandis qu’il prononçait une peine de travaux forcés à perpétuité pour Georges DARDENNE et Édouard QUENTIN.
En avril-mai 1942, cinq patriotes ont été fusillés au Stand de tir de Châlons : Jacques DORÉ, René HORENS, Raymond VILLARD, Lucien VINCENT, Jean BELHARTZ.
André DENIS, le dénonciateur de CHATTON, DARDENNE et QUENTIN, a été condamné à mort par la Cour de justice de la Marne en avril 1945, peine immédiatement commuée en travaux forcés à perpétuité, puis en 1949 en peine de vingt ans de travaux forcés. André DENIS a finalement été amnistié en 1959.
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Ces dénonciations ont eu un caractère plus tragique encore, quand elles provenaient de l’entourage proche. Marcel MÉLIN et René HORENS ont été dénoncés à la police allemande comme détenteurs d’armes par leurs propres épouses. Jugées après la Libération par la Cour de justice de la Marne, elles ont été condamnées, Madame MÉLIN à la peine de mort (circonstance aggravante, elle avait reçu une forte somme d’argent pour prix de sa dénonciation), peine commuée en travaux forcés à perpétuité, Madame HORENS à la peine des travaux forcés à perpétuité.
De fin mai 1942 à fin juillet 1943, il n’y a pas eu d’exécutions dans la Marne. À partir d’août 1943, les exécutions ont eu lieu sur un terrain militaire situé à quelques kilomètres de Châlons-sur-Marne, le terrain de La Folie à L’Épine. Les condamnés y ont été fusillés, adossés à des poteaux d’exécution plantés au pied d’une butte de terre.
Condamné à mort le 27 juillet 1943 par le tribunal militaire allemand de Châlons-sur-Marne pour activité communiste et détention d’armes, Jean MARTIN a été fusillé le 5 août 1943. Ouvrier agricole à Monthois dans les Ardennes, Raymond GAVART faisait partie des résistants ardennais qui fournissaient des explosifs au groupe rémois de Jean MARTIN. Arrêté en février 1943 par la police française pour activité communiste et détention d’armes, il a été livré aux autorités allemandes. Condamné à mort le 22 septembre par le tribunal militaire allemand de Châlons-sur-Marne, il a été fusillé le 4 octobre 1943.
Le 19 février 1944, ont été fusillés quinze résistants, membres du groupe des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de Saint-Martin d’Ablois et membres d’autres groupes ayant participé à des actions avec ce groupe FTPF. Ces jeunes résistants très souvent inexpérimentés dans le maniement des explosifs ont été encadrés par un ingénieur mécanicien, membre du groupe CDLR d’Épernay, René HERR. En novembre 1943, le groupe a été dénoncé par Marius PILON, garde-chasse à Saint-Martin-d’Ablois.
Lettre retranscrite in Pierre GILLET (abbé), " Châlons sous la botte-Souvenirs de la Résistance à Châlons-sur-Marne et dans l’arrondissement 1940-1945 ", Cahiers châlonnais, n° 3, Châlons-sur-Marne, 1983 par l’abbé Pierre Gillet. Les autorités allemandes d’occupation ont manifestement voulu porter un grand coup contre la Résistance.
René HERR faisait partie des tout premiers résistants regroupés autour de Pierre SERVAGNAT, futur chef FFI de l’arrondissement d’Épernay. Robert DE VOGÜÉ, gérant de la maison de champagne Moët-et-Chandon était l’archétype du vichysto-résistant.
À l’issue du procès, cinq condamnations à mort ont été prononcées dont trois ont été suivies de mesures de grâce, pour Robert DE VOGÜÉ et deux autres membres de CDLL et du réseau Éleuthère, Maurice GERMAIN et Henri FIGNEROL. Quant à René HERR et à Léon LEROY, qui ont fait preuve au cours du procès d’un admirable courage, selon le témoignage de l’avocat Maurice PELTHIER, ils ont été fusillés le 22 mars 1944 sur le terrain de La Folie.
Robert TRITANT, architecte de formation, gérait pendant la guerre le garage de son beau-frère prisonnier de guerre, était entré en contact avec les garagistes Roger FLEURY et Robert CLÉMENT. Ils avaient entre 24 et 41 ans.
Le 4 juillet 1944, trois Hauts-Marnais condamnés à mort le matin par le tribunal militaire allemand de Chaumont, ont été immédiatement transférés dans la Marne et fusillés : Raymond LIÉGEY, ainsi que Albert et Gaston RENAUD.
Les dernières exécutions sur le terrain de la Folie à L’Épine eurent lieu le 5 août 1944, celles de Lucien BONNOT, 31 ans, boucher à Anglure, père de deux enfants, et de deux sparnaciens, Pierre ESCUDIÉ, 23 ans, employé de la poste et Pierre BOUCHÉ, 42 ans, aléseur aux ateliers SNCF.
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