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Le stand de tir de Balard, un lieu chargé d'histoire et de tragédie, est intimement lié à l'occupation allemande de Paris pendant la Seconde Guerre mondiale. Créé en 1938, il servait initialement à l'entraînement des jeunes militaires et des policiers parisiens.

Un Lieu d'Exécution sous l'Occupation

Sous l'Occupation, les Allemands, installés au Ministère de l'Air, prirent possession du stand de tir. Il devint alors un lieu d'exécution où furent torturées puis fusillées 143 personnes, selon les actes de décès déposés au service de l’État civil de Paris 15e. Parmi ces victimes, on compte :

  • Les cinq lycéens du lycée Buffon
  • Le réseau de renseignement et d’action de Robert Beck
  • Des Francs Tireurs et Partisans français (FTP), dont Raymond Losserand et Gaston Carré
  • Des FTP-MOI qui ont donné leur vie pour leur patrie d'adoption
  • Des gaullistes
  • Des résistants Nacht und Nebel (Nuit et Brouillard) non identifiés

Il est probable que les corps de certains de ces résistants furent brûlés.

Description du Stand de Tir

Le 31 août 1944, Henri Danty, commissaire de police du XVe arrondissement, rédigea un rapport important sur ces stands de tir : "Le deuxième stand servait de lieu d'exécution et j'ai fait les constations suivantes : au pas de tir et sur une longueur de 10 mètres et sur toute leur hauteur, les murs sont tapissés d'une épaisse couche d'amiante et portant, jusqu'à une hauteur de 2 m 50, des centaines d'empreintes de mains. Cette partie du stand semble avoir été fermée par une cloison l'isolant du reste du stand. (…) A la butte de tir il existe trois poteaux d'exécution portant d'innombrables traces de balles. Sur ces poteaux sont accrochés les bandeaux et cordages destinés aux suppliciés. En outre six poteaux rasés, c'est-à-dire sectionnés par les balles sont rangés le long du mur ainsi qu'un lot de six poteaux neufs".

Le commissaire de police Henri Danty et le photographe Roger Schall "redécouvrent" le stand de 50 m à la Libération en août 1944, occupé pendant la guerre par les nazis.

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Les stands ont été entièrement rasés sans le moindre souci de préservation des installations ou des objets pouvant témoigner sur cet important lieu d'exécution. Cependant, un des poteaux a échappé à la destruction et se trouve aujourd'hui au musée de la Préfecture de police.

En février 1946, le ministre de l'Education nationale avait proposé le classement du site comme monument historique et avait demandé dans ce sens une enquête au Préfet de police. Ce dernier, dans sa réponse, est d'avis que ce classement "ne présente plus beaucoup d'intérêt, les traces d'atrocités commises ayant à peu près disparues".

Victimes Notables

Parmi les nombreuses victimes du stand de tir de Balard, on peut citer :

  • Carlo De Bortoli, mosaïste et résistant italien, fusillé le 22 août 1942.
  • Robert Marchand, artiste peintre et résistant, arrêté et fusillé le 22 août 1942.
  • Les cinq lycéens du lycée Buffon, exécutés le 8 février 1943 : Arthus, Grelot, Legros, Benoit, Baudry.
  • Lucien Engros, torturé et massacré le 28 août 1942.

L'Énigme du Mur d'Amiante

L’une des énigmes du Stand de Tir réside en un épais mur d’amiante, qui se trouvait derrière des poteaux d’exécution du pas de tir à 50 m. Ce mur comportait de nombreuses traces de mains, enfoncées dans le matériau, comme si l’on avait voulu s’y agripper.

Des rapports font état des propriétés phoniques de l’amiante. Le mur aurait donc été construit pour limiter les nuisances sonores, ce qui peut s’expliquer par la nature même des activités exercées. Pour autant, le mur a-t-il été construit au moment de l’occupation allemande ou avant ?

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Une deuxième hypothèse, présentée par Adam Rayski dans l’ouvrage Au Stand de Tir consiste en la supposition que les Allemands posèrent ce mur d’amiante et qu’ils le faisaient chauffer grâce à des câbles électriques placés à l’intérieur. Cette hypothèse laisse sous entendre que les fusillés n’étaient pas forcément attachés et les yeux bandés, et que les Allemands pouvaient, par exemple, les faire courir et que les suppliciés s’accrochaient au mur dans l’espoir d’atteindre les soupiraux placés au-dessus du fameux mur.

Destruction et Mémoire

Selon Serge Barcellini et Annette Wieviorka (Passant, souviens-toi), les deux stands de tir "ont été démolis dans les années cinquante* pour permettre la construction du boulevard périphérique. Un des terrains est devenu le parking du ministère de l'Air, face au 5 bis de l'avenue de la porte de Sèvres. Sur le mur de clôture du parking, une plaque rappelle, sous l'inscription, Ici sont morts fusillés par les nazis, les noms des résistants qui y ont été exécutés".

Le stand de tir d'Issy-les-Moulineaux est détruit le 24 juin 1964, pour cause de travaux.

Le 23 avril 1961, une plaque commémorative est inaugurée à l’initiative de l’Association des familles de fusillés. La plaque rappelant les noms des 143 martyrs est placée sur le mur du parking du ministère de l’Air (Base Aérienne 117).

Hommages et Commémorations

Depuis l’inauguration de la plaque de 1961, des commémorations ont régulièrement lieu à l’endroit où se trouvait le Stand de Tir.

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En effet, son emplacement provisoire le long de la sortie du boulevard périphérique ne permet pas d’accueillir de nombreuses personnes. Toutefois, la Ville de Paris et l’Association pour le Souvenir des Fusillés du Mont-Valérien et de l’Ile-de-France, organisateurs d’un hommage annuel, ont souhaité conserver cet événement pendant la période transitoire des travaux en cours.

Le 25 octobre 2013, une brève cérémonie s’est déroulée avec dépôt de gerbes, « Chant des Partisans » et « Marseillaise ».

Responsabilités et Justice

La très grande majorité des condamnés à mort et des otages est arrêtée à l’issue d’enquêtes menées par les polices françaises et allemandes. Les forces de police du régime de Vichy se révèlent elles aussi redoutables.

Réclamés par les autorités allemandes parce qu’ils ont attenté à leur sécurité, ils leur sont remis pour être jugés par des tribunaux militaires ou être déportés.

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