L'histoire du Stand de Tir d'Asnières est marquée par des événements poignants et des énigmes troublantes.
L'histoire commence en octobre 1941, lorsque 10 sociétés sportives décident de se regrouper pour créer une société sportive omnisports : ASNIERES-SPORTS voit le jour.
Fin 1944, un souhait émerge : créer une section TIR. Monsieur DRUON parvient à trouver 5 fusils « LEBEL » et Monsieur MOREAU accepte d’y faire adhérer les officiers et sous-officiers de réserve Républicains.
L’espérance de la fin de l’année 1944 se réalise enfin, la section TIR ouvre ses portes le 1° dimanche de septembre 1946 !
La cotisation de base est fixée à :
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En cette période immédiate d’après-guerre, l’autorité militaire a un droit de retrait de toutes les armes. C’est ainsi qu’en mai 1947, la section TIR doit suspendre ses séances, ayant rendu ses armes. Elle reprendra quelques temps plus tard.
L’une des énigmes du Stand de Tir réside en un épais mur d’amiante, qui se trouvait derrière des poteaux d’exécution du pas de tir à 50 m. Ce mur comportait de nombreuses traces de mains. Pas de traces laissées à plat, mais enfoncées dans le matériau, comme si l’on avait voulu s’y agripper.
D'abord, il semble certain que les personnes qui ont posé ou fait poser ce mur d’amiante connaissaient parfaitement les propriétés du matériau. Des rapports font état des propriétés phoniques de l’amiante. Le mur aurait donc été construit pour limiter les nuisances sonores. De fait, cela peut s'expliquer par la nature même des activités exercées. Pour autant, le mur a-t-il été construit au moment de l’occupation allemande ou avant ?
Une deuxième hypothèse, présentée par Adam Rayski dans l’ouvrage Au Stand de Tir consiste en la supposition que les Allemands posèrent ce mur d’amiante et qu’ils le faisaient chauffer grâce à des câbles électriques placés à l’intérieur. Cette hypothèse laisse sous entendre que les fusillés n’étaient pas forcément attachés et les yeux bandés, et que les Allemands pouvaient, par exemple, les faire courir et que les suppliciés s’accrochaient au mur dans l’espoir d’atteindre les soupiraux placés au-dessus du fameux mur. Là encore, il convient d’être très prudent.
L’astrophysicien Jean-Pierre Petit a fait des recherches sur le Stand de Tir de Balard. « J’ai été élève à l’Ecole Nationale Supérieure de l’Aéronautique de Paris, Supaéro, de 1959 et 1961. Les élèves de différentes Grandes Ecoles bénéficiaient d’un traitement spécial, vis-à-vis d’une formation prémilitaire (…). Cet entraînement comportait des séances de tir qui se tenaient dans un stand situé à Issy-les-Moulineaux. Je me souviens parfaitement qu’une salle de ce stand était tapissée de grillage, qui retenait, plaqué au mur, d’épaisses plaques d’amiante, qui représente un assez bon isolant phonique. D’après les photographies prises au moment de la Libération de Paris, ce grillage fut apposé après.
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Roger Réant : « Vu de mes yeux sur les lieux des cartouches de Ziklon B, des traces invraisemblables de mains sur le revêtement intérieur installé pour retenir les cris des mourants. Des cercueils en sapin à l’extérieur, des poteaux d’exécution criblés à hauteur des visages. Cette chambre à gaz jouxtait le bâtiment couvert du stand de tir. Elle comportait une fausse cheminée par laquelle un « gestapo » introduisait la cartouche mortelle de gaz.
Maurice Grégoire : « Je soussigné Monsieur Grégoire Maurice, engagé volontaire le 9 octobre 1944 au 117ème Bataillon de l’Air, boulevard Victor à Paris, certifie avoir découvert avec horreur lors de mon arrivée à la caserne las endroits où étaient fusillés les patriotes après leur arrestation.
Robert Vizet : « Je soussigné, Robert Vizet, parlementaire honoraire, ancien résistant, engagé volontaire pour la durée de la guerre 1939-1945, demeurant route de Villaine à Palaiseau, déclare me rappeler que lorsque j’étais de garde au Ministère de l’Air, en octobre 1944, d’avoir eu l’occasion de visiter le polygone d’Issy-les-Moulineaux où avaient été fusillés des résistants. Loin de là se trouvaient une bâtisse dont l’intérieur était tapissé d’amiante où l’on voyait encore des traces de doigts, de mains qui semblaient exprimer des tentatives de gens qui s’y trouvaient enfermés, pour se hisser vers les soupiraux vitrés mais hermétiquement clos, afin de se soustraire à la suffocation des gaz. C’était, d’après les témoignages de l’époque, une chambre à gaz destinée dans ce secteur à l’extermination certainement de résistants ou de personnes dont les nazis voulaient se débarrasser.
Il est vrai qu’en France occupée existaient des endroits de tortures et des chambres d’extermination (cas d’un camp de travail à Thil et de son four crématoire, près de Longwy).
De fait, Adam Rayski dans son ouvrage fait également mention d’une salle, photographie à l’appui, parfaitement isolée du reste du stand, mais qui comportait une installation de fours, « alimentés au gaz ou, éventuellement, au charbon », selon ses propres termes. Il indique également que le pas de tir à 50 m avec son mur d’amiante était bien isolé du pas de tir à 200 mètres. Les suppliciés étaient-ils gazés et / ou leurs restes brûlés ?
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Sur ordre du ministre de l’Intérieur, André Le Troquer, une enquête est demandée au préfet de Police de Paris, Charles Luizet, qui la délègue aux Renseignements généraux. Le document, en date du 8 avril 1946, est signé S. Le préfet ajoute : « Tour à tour, les marques et traces de la barbarie nazie disparurent : chacun voulant emporter chez lui un souvenir. Ainsi, les marques des mains sur l’amiante furent emportées par les uns.
Une précision s’impose : dans les mois qui suivent la Libération de Paris, le préfet Luizet est chargé par le général de Gaulle de remettre en marche l’Etat et principalement la préfecture de Police de Paris. Avec pour objectif secondaire d’afficher une volonté de réconciliation. Car des tensions existent, et elles sont importantes, entre les représentants des Forces Françaises de l’Intérieur (comprenant entre autres les résistants communistes ex-Francs Tireurs Partisans), les gaullistes, les représentants de l’administration, ceux qui se découvrent un passé de résistant...
L’heure est également à l’épuration des personnes ayant collaboré avec les autorités allemandes. Mais à quel niveau de collaboration, un Français doit-il être jugé ? Un fonctionnaire qui a fait son devoir, c’est-à-dire obéi à sa hiérarchie, doit-il pour autant être considéré comme collaborateur de l’Allemagne nazie ? Les débats commencent, comme les procès, et un grand nombre de déclarations s’avère gênante.
Vengeances personnelles, dénonciations, abus, lettres anonymes reprennent de plus belle, comme au temps de l’Occupation… Cela n’empêche pas la prononciation de près de 100.000 condamnations.
Le 23 avril 1961, trois avant la destruction du Stand de Tir, une plaque commémorative est inaugurée à l’initiative de l’Association des familles de fusillés. La plaque rappelant les noms des 143 martyrs est placée sur le mur du parking du ministère de l’Air (Base Aérienne 117). Adam Rayski rappelle que cette association bénéficia des appuis des mairies du XVème arrondissement de Paris et d’Issy-les-Moulineaux.
Une note du 14 février 1963 du Bureau Génie de la Direction de l’Infrastructure expose les conséquences en termes de superficie pour la construction de nouveaux bâtiments (« Casernement définitif de la B.A. 177 » - Base Aérienne). Précisément, pour construire les bâtiments nécessaires pour accueillir 500 sous-officiers, 2.000 hommes de troupe, un réfectoire, un mess (et d’autres bâtiments de services généraux), une surface de 4,7 hectares est indispensable De ce fait, il convient de prendre les parcelles, dénommées A, B et C. « relatives au déplacement du Stand de Tir dit « de la Porte de Sèvres » dont le terrain d’emprise doit servir d’assiette à certaines installations du Casernement définitif du B.A.
Un peu plus loin, le Bureau Travaux propose d’envisager le transfert du Stand de Tir sur la Base Aérienne de Villacoublay, « moyennant une participation financière de l’ordre de 1 million de francs au titre de la Section AIR ». Nous n’avons pas trouvé les éléments de réponse de l’Etat Major.
Depuis l’inauguration de la plaque de 1961, des commémorations ont régulièrement lieu à l’endroit où se trouvait le Stand de Tir.
Asnières, immortalisée par de prestigieux peintres tels que Van Gogh ou Seurat, connait aujourd’hui de profonds changements pour satisfaire une population dynamique et exigeante. Les jardins partagés fleurissent à Asnières tout comme les parcs et les squares, au nombre de dix-neuf. Les récentes ouvertures de crèches, permettent d’accueillir jusqu’à 900 petits dans vingt-quatre établissements. Vingt-trois écoles maternelles et dix-neuf écoles élémentaires accueillent les enfants. Quant aux adolescents, ils étudient dans les six collèges et les quatre lycées . Un dispositif relais vient en aide aux collégiens en difficulté.
Pour les séniors : un service dédié aux activités et aux sorties s’est associé au CLIC pour créer le « forum giga sénior ».
Asnières recense plus de 600 associations dans des domaines aussi diversifiés que le sport, la culture ou l’entraide. La saison culturelle y est riche. Trois médiathèques, deux théâtres et un conservatoire répondent aux besoins artistiques et ludiques des Asniérois. Les deux centres socio-culturels, eux, proposent des ateliers et des échanges autour d’activités variées. Enfin, un studio d’enregistrement permet aux plus créatifs de s’épanouir.
Pour les sportifs, la patinoire olympique, la piscine, le skatepark et le boulodrome s’associent aux deux clubs de tennis et au stand de tir pour offrir un vaste choix d’activités.
Asnières accueille de grands noms comme Procter & Gamble auxquels se sont récemment joints Pixmania et de nombreuses start up. Les quais de Seine se préparent à recevoir d’importantes entreprises du tertiaire. Le « Quartier Seine-Est » se reconvertit pour livrer 85.000 m² de bureaux en plus des logements et commerces. Pour ce qui est du commerce de proximité, six marchés dont deux nocturnes s’ajoutent aux boutiques et magasins : le réaménagement de la rue des Bourguignons et de la place des Victoires fait partie du plan de modernisation de la ville.
Paris et la Défense sont accessibles en moins de 10 minutes, par le train comme par le RER ou le métro (ligne 13). Les bus traversent la ville et la relient aux communes voisines. Le prolongement du tramway T1 apportera davantage de fluidité tout comme le Grand Paris Express qui traversera Asnières.
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