La plus grande fusée du monde, Starship, développée par SpaceX, a sérieusement amoché son pas de tir au Texas lors du décollage. Morceaux de béton éjectés, métal plié et cratères creusés dans le sol témoignent de la force du premier décollage de cette fusée, à la fois la plus grande et la plus puissante du monde.
Avant le vol test, le seul souhait du patron de SpaceX, Elon Musk, était de « ne pas détruire l’aire de lancement ». Sa crainte était que la fusée explose avant même de s'être arrachée du sol. Mais l’entreprise semble avoir sous-estimé les dommages qu’un simple décollage de ce mastodonte de 120 mètres de haut pouvait entraîner.
Les dégâts causés prendront vraisemblablement plusieurs mois à être réparés. Ils pourraient ainsi retarder les prochains vols d'essai, et donc le développement de cette fusée sur laquelle compte pourtant rapidement la Nasa pour renvoyer ses astronautes sur la Lune. Un champ de débris s'étend sur le pas de tir après le décollage de la fusée SpaceX Starship au Texas.
La gigantesque tour de lancement a tenu le choc. L'immense socle sur lequel repose le véhicule est lui aussi toujours là, même s'il a été abîmé. Mais sous lui, un profond cratère a été creusé, selon des images publiées par des spécialistes sur les réseaux sociaux. Tout autour règne un paysage de désolation. Lors du décollage, une pluie de débris a été catapultée jusque dans la mer voisine, montre une vidéo de SpaceX. Un nuage de poussière a atteint une petite ville à plusieurs kilomètres, selon la presse locale.
« Le rayon des débris et de nuisances était probablement plus grand que n'importe qui l'avait anticipé », a déclaré Olivier de Weck, professeur au département d'aéronautique et d'astronautique du MIT. « Les dommages principaux du pas de tir sont en dessous, là où les flammes (des moteurs) attaquent le sol », a expliqué le scientifique, dont plusieurs anciens élèves travaillent pour SpaceX. « Le cratère qui a été créé va devoir être rempli et réparé, et cela va certainement prendre plusieurs mois. »
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L'aire de lancement de Starship ne semblait pas être équipée de deux infrastructures généralement utilisées pour des lanceurs lourds. D'abord, un "déluge": des quantités phénoménales d'eau déversées au moment précis de l'allumage des moteurs, afin d'atténuer les ondes acoustiques, limitant les vibrations. Ensuite, un "déflecteur de jet" (ou carneaux): un système de tunnels permettant de rediriger les gaz émis, protégeant à la fois le béton et la fusée. Mais les construire est extrêmement cher, d'autant qu'ils doivent être adaptés à la taille de la fusée - démesurée dans le cas de Starship.
Après le test, Elon Musk a expliqué que l'entreprise avait commencé à construire "une plaque en acier refroidie par de l'eau" pour être placée sous le socle de la fusée, finalement pas "prête à temps". L'entreprise a pensé "à tort" que le pas de tir résisterait au test, a-t-il reconnu, en ajoutant qu'un nouveau décollage serait probablement possible "dans un ou deux mois".
Une telle plaque en acier "aurait du sens, je pense que ça marchera", a déclaré Philip Metzger, ancien employé de la Nasa ayant travaillé sur la physique des aires de lancement. L'arroser d'eau empêcherait la plaque de "fondre", a-t-il expliqué. Cela ne réglerait pas le problème des ondes acoustiques, mais "vous pouvez construire une fusée assez solide pour y résister", a estimé ce scientifique à l'université de Central Florida. Concevoir un pas de tir est aussi complexe que développer une fusée, a-t-il souligné.
Avant de pouvoir revoler, outre renforcer son pas de tir, SpaceX devra déterminer la cause des problèmes rencontrés en vol. Plusieurs moteurs n'ont pas fonctionné, et les deux étages de la fusée ne se sont pas séparés comme prévu, forçant SpaceX à activer la commande d'auto-destruction.
Enfin, il faudra convaincre le régulateur aérien, la FAA, d'autoriser Starship à redécoller, a noté Olivier de Weck. L'agence a confirmé que le test n'avait fait aucun blessé, et déclaré superviser l'enquête sur l'explosion. Elle a assuré qu'un nouveau vol d'essai serait conditionné à la sécurité publique.
Contre-intuitivement, ce premier test reste "davantage un succès qu'un échec", selon Olivier de Weck. "SpaceX arrive à développer ces capacités incroyables, parce qu'ils sont prêts à prendre des risques et casser des choses - mais ils en tirent les leçons."
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