En Afrique de l'Ouest et au Sahel, la sécurité est menacée par la circulation de nombreuses armes et munitions. Il est donc essentiel de comprendre d'où viennent ces armes et comment les groupes armés s'en procurent.
Le volume exact d'armes en circulation est difficile à déterminer. On estime qu'il y a environ quarante millions d'armes détenues par des civils en Afrique, dont une douzaine de millions en Afrique de l'Ouest. Ces armes à feu de petit calibre se divisent en deux catégories :
Bien que les groupes "terroristes" privilégient les armes industrielles, les armes artisanales sont largement utilisées par les milices communautaires, la criminalité urbaine, les coupeurs de route et les voleurs de bétail. À Bamako (Mali) et Accra (Ghana), ce sont principalement des pistolets artisanaux qui sont utilisés lors des attaques à main armée. La République centrafricaine est l'un des rares pays en conflit où les milices utilisent surtout des armes artisanales.
Il est important de noter que beaucoup de personnes détenant des armes sont dans l'illégalité en raison du manque de réglementation ou de procédures pour délivrer des permis de port d'armes dans la plupart des pays. Le Ghana fait figure d'exception, ayant mis en place des efforts pour enregistrer les producteurs et les détenteurs d'armes.
Selon les données du Small Arms Survey, le Nigeria est le pays d'Afrique de l'Ouest qui compte le plus d'armes détenues par des civils, avec plus de six millions. La Côte d'Ivoire suit avec plus d'un million d'armes.
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La présence d'armes dans la région est ancienne, remontant à la pénétration arabe, puis à la colonisation française. Les forgerons locaux ont commencé à produire des armes en copiant des fusils de chasse français, marquant ainsi la première source de production locale. En général, ce sont des armes non automatiques qui utilisent des cartouches de chasse.
Concernant les armes industrielles, leurs origines sont diverses. Pendant la guerre civile en Côte d'Ivoire, des flux d'armes provenaient du Burkina Faso, avec une majorité de "Types 56", la version chinoise de la Kalachnikov. Après la chute de Mouammar Kadhafi, un flux important d'armes en provenance de Libye a inondé le Sahara et le Sahel.
Source | Type d'Arme | Période/Contexte |
---|---|---|
Production locale | Fusils de chasse artisanaux | Depuis la colonisation française |
Burkina Faso | Types 56 (Kalachnikovs) | Guerre civile en Côte d'Ivoire |
Libye | Armes de petit calibre, armes anti-aériennes, lance-roquettes | Après la chute de Kadhafi (2011-2013) |
Transferts illégaux | Armes diverses | Fin des conflits en Côte d'Ivoire, Sierra Leone, Liberia |
Arsenaux des forces de sécurité | Divers | Actuel (Mali, Niger) |
Après 2013, la part des armes provenant de Libye a diminué, surtout avec la reprise de la guerre civile. Des transferts illégaux d'armes ont également eu lieu depuis la Côte d'Ivoire, la Sierra Leone et le Liberia vers le Mali, le Niger et la République centrafricaine.
Les transferts transcontinentaux existent toujours, mais se sont réduits et se concentrent sur quelques ports : Dakar, Conakry, Abidjan et Lagos. Des réseaux de trafic hautement organisés opèrent dans le Sahara, combinant les armes avec d'autres produits illicites comme les stupéfiants. Le "trafic de fourmis" se mêle au trafic de migrants dans les zones frontalières.
Cependant, la principale source d'approvisionnement reste le trafic provenant des arsenaux des forces de sécurité. Dans des pays comme le Mali et le Niger, les forces de sécurité perdent ou vendent leurs armes aux groupes armés, criminels et jihadistes. Les arsenaux des armées de ces pays sont sans doute la source majeure d'approvisionnement en armes illicites.
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Une Kalachnikov au Sahel coûte entre 100 et 200 euros, un prix beaucoup plus bas qu'en Europe de l'Ouest. Les sources de revenus des groupes armés sont les trafics. Par exemple, les jihadistes escortent les trafiquants contre rémunération pour s'autofinancer.
Concernant les munitions, il existe une usine de production de cartouches "calibre 12" à Bamako (Mali), et ces cartouches se retrouvent dans toute l'Afrique de l'Ouest, indiquant un commerce mal encadré.
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