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Adaptation de « Point of Impact », premier roman de la saga Bob Lee Swager, Shooter illustre la tentative à peine masquée de la Paramount de mettre sur les rails une nouvelle franchise pour concurrencer les Jason Bourne d’Universal. Antoine Fuqua préfère les joies simples et régressives d’une série B d’action façon années 90 où Mark Wahlberg se pose en digne héritier de Steven Seagal, queue de cheval comprise.

L'Origine du Personnage de Bob Lee Swager

C’est en s’inspirant de la vie de Carlos Hatchcock, sniper légendaire de la guerre du Vietnam, que le romancier Tim Hunter donne naissance au personnage de Bob Lee Swager. Avec 93 cibles abattues et confirmées (et, officieusement, sans doute davantage), le palmarès sanglant d’Hathcock en fit l’un des ennemis jurés du Vietcong qui le surnommait White Feather en raison de la plume blanche qu’il portait constamment à son chapeau.

Un Marine entièrement dédié à son drapeau et à l’armée jusqu’à sa mort en 1999 et un personnage au destin profondément faustien, ses incroyables dons pour la traque, le tir et la survie étant une malédiction pour son entourage comme ce fut le cas pour son dernier « spotter » (l’assistant du sniper qui désigne les cibles) abattu dans les derniers jours du conflit.

Passionné par l’homme et sa carrière militaire, Hunter a intégré toutes ses caractéristiques à son héros, y ajoutant des valeurs fortes et intransigeantes, un patriotisme hardcore et une méfiance absolue envers les institutions politiques de son pays qui le poussent à agir à la marge tel un justicier au fanatisme prononcé.

Situés, avant, pendant et après la guerre du Vietnam, les sept romans qui décrivent les aventures de Swager fourmillent de références aux théories complotistes les plus célèbres et essentiellement celles qui entourent l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy et offrent à Tim Hunter le décor idéal pour y étaler pages après pages et avec un fétichisme assumé sa passion des armes à feu.

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Journaliste, critique de cinéma respecté du célèbre Washington Post, Hunter peut se satisfaire d’avoir trouvé le chaînon manquant entre le Jason Bourne de Robert Ludlum et le John Rambo de David Morrell et une probable source d’inspiration pour le Jack Reacher de Lee Child.

Notons enfin la coïncidence entre la sortie du premier roman « Point of Impact » en mars 1993 et la sortie au cinéma deux mois plus tôt du Sniper de Lluis Losa avec Tom Berenger, film de guerre et de barbouzes piochant lui aussi abondamment dans la biographie de Carlos Hathcock. Simple coïncidence ?

L'Adaptation Cinématographique : Fidélité et Interprétation

S’estimant très heureux de l’adaptation de son œuvre au cinéma au point de participer activement à la promotion de Shooter, il est aussi et surtout fort probable que Tim Hunter se soit étranglé plus d’une fois à la lecture du scénario de Jonathan Lemkin (L’Arme Fatale 4, Red Planet, L’associé du Diable), lequel, en évacuant le contexte historique des romans pour le transposer de nos jours, parvient à rendre improbable à l’écran une intrigue pourtant très efficace sur le papier.

Que les méchants de l’histoire fasse le choix tout à fait conscient d’engager comme bouc-émissaire la seule personne capable de faire capoter leur plan à coup sûr tutoie les sommets de l’absurde. Dans la peau de Bob Lee Swager, Mark Wahlberg souffle le chaud et le froid et n’améliore pas non plus la crédibilité de l’affaire.

Malgré son implication visiblement totale, sa version de Bob Lee Swager se rapproche dangereusement d’un super-héros bovin et monoexpressif à la Steven Seagal et ne parvient pas totalement à nous vendre l’image d’un militaire solitaire, endurci et marqué par son passé.

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On l’aura compris, la subtilité n’est pas une seule seconde à l’ordre du jour pour un Antoine Fuqua qui, pour oublier la production douloureuse de son pourtant superbe King Arthur, s’est lancé à corps perdu dans un actionner bis, violent et joyeusement bas du front.

En compagnie de son directeur de la photographie Peter Menzies Jr (complice de John McTiernan sur Die Hard : With A Vengeance et Le 13ème Guerrier) et du monteur Conrad Buff (Terminator 2, True Lies, Titanic), le réalisateur de Training Day multiplie les morceaux de bravoure explosifs et ne relâche jamais la tension pour un résultat qui emprunte autant à Tony Scott qu’à Andrew Davis et fait revivre en 2007 les grandes heures du thriller bourrin du début des années 90.

Qu’importe les incohérences et les saillies droitières et complotistes du script lorsque l’on peut se régaler des trognes patibulaires de Danny Glover, Elias Koteas, Ned Beatty et Rade Serbedzija qui ne peuvent s’empêcher de dresser des plans machiavéliques en cabotinant comme de beaux diables ou de cette scène absolument jouissive où Mark Wahlberg dégaine l’équivalent d’un « maintenant, ça va chier » en apprenant le meurtre totalement gratuit de son gros toutou qu’il avait dressé pour aller lui chercher sa bière dans le frigo.

Synopsis

Bob Lee Swagger est un tireur d’élite confirmé. Suite à certaines missions traumatisantes, il décide de partir vivre reclus dans les montagnes, coupé du reste du monde. Survient alors le capitaine Isaac Johnson, qui lui confie pour mission de déjouer un complot visant à assassiner le Président des Etats-Unis…

Swagger reprend du service quand des autorités gouvernementales le persuadent d'agir contre un complot contre le président des États-Unis. Swagger réalise qu'il a été trahi et devient la cible d'un tueur. Reclus dans un chalet, au sommet d'une montagne quasi inaccessible, Swagger pense avoir tourné la page et se croit désormais à l'abri de toute nouvelle mésaventure.

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Mais lorsque le colonel Isaac Johnson vient le relancer et lui demande une fois de plus son aide pour déjouer un complot imminent contre le Président des États-Unis, le "shooter" ne peut se dérober à son devoir. Comment pourrait-il anticiper le piège diabolique qui lui est tendu et deviner qu'il va bientôt se retrouver accusé de tentative de meurtre ?

Le scénario mêle trahison, injustice et course contre la montre avec tous les ingrédients obligatoires à ce genre d’exercice : poursuites, cascades, échanges de tirs. Sur fond de complot, un piège machiavélique se referme sur le héros qui doit lutter sur plusieurs fronts simultanément.

Une course haletante pour un film d’action a suspens dans lequel on prend plaisir à s’identifier à Mark Wahlberg héros impeccable bousculé dans ses croyances et son patriotisme. Un film qui traite enfin d’une façon très hollywoodienne des qualités d’un tireur d’élite, ce qui ne manquera pas de flatter l’ego de toute une communauté de joueurs de paint-ball et autres aficionados du jeu en ligne passionnés de cette fonction.

On y retrouve Mark Wahlberg en grande forme et plus séduisant que jamais dans ce rôle du mâle absolu, solitaire, traqué, concentré et systématique dans la mise en place de sa stratégie combative. Danny Glover y campe un colonel de l’armée plutôt détestable, mais son faciès si avenant entache sa crédibilité dans ce registre. Quant à Michael Pena, son interprétation sympathique en fait un personnage qui subit avant tout l’action de façon très discrète.

Les belles créatures sont aussi de la partie avec la plastique irréprochable de la belle Kate Mara ainsi que la présence de Rhona Mitra qui fut un temps la parfaite égérie qu’Eidos avait choisi pour incarner dans les publicités la superbe héroïne Lara Croft, bien avant l’ère Angelina Jolie.

Qualité Technique du Blu-Ray

Shooter, tireur d'élite (2007) est le fruit d'un tournage opéré en 35mm à l'aide de caméras Panavision Panaflex (Platinum & Millennium XL). Le master intermédiaire a été supervisé en 2K. Le film d'Antoine Fuqua nous est présenté dans une version mise à l'échelle en 2160p avec un nouvel étalonnage des couleurs.

Deux grands pôles d'amélioration aujourd'hui : la compression vidéo et l'étalonnage des couleurs. La base reste identique avec un cadrage similaire et un niveau de définition relativement proche. Compressées en HEVC (contre un rétrograde MPEG-2 sur le Blu-ray de 2008), les images de l'édition UHD gagnent certainement en immédiateté.

Le piqué est acéré et les gros plans sont correctement piqués. Les arrière-plans ne souffrent plus de compression hasardeuse, avec une structure de grain 35mm qui semble plus stable. L'étalonnage des couleurs a été entièrement revu et corrigé avec la suppression des dérives verdâtres, des teintes plus naturelles (des ciels bleus retrouvés, une neige immaculée) et une dynamique d'image réhaussée.

En HDR10, le niveau de luminosité du pixel le plus lumineux de l'ensemble du flux (MaxCLL) s'élève à 1130 nits. Une valeur moyenne des pics de luminosité a été mesurée à 348 nits. De même, sur la globalité du long-métrage, 98.16% des plans sont composés de hautes lumières (avec une médiane de 156 nits).

Pas de remixage Atmos à se mettre sous la dent. Ceci-dit, le Blu-ray de 2008 se limitait à du Dolby Digital 5.1. La présence cette fois-ci d'une VO DTS-HD Master Audio 5.1 (24-bit, 3596 kbps) reste positive. D'autant qu'il s'agit d'un mixage élancé et énergique. En tout cas sur les passages clés.

Les séquences d'action se démarquent, et dès les premières instants avec la scène d'ouverture agitée (la mission inaugurale qui tourne mal). L'activité surround reste soutenue et enveloppante, qu'il s'agisse des effets sonores ou de la répartition des ambiances disséminées avec soin. Lors de la scène cruciale d'assassinat, le vacarme étourdissant de la foule marquera votre attention.

L'édition Blu-ray de 2008 était perfectible (absence de VO Lossless, compression vidéo MPEG-2). Paramount profite du 15ème anniversaire de Shooter, tireur d'élite pour combler les lacunes du passé. En prime : un nouvel étalonnage des couleurs Dolby Vision qui apporte un lot conséquent d'améliorations et l'adoption d'un boîtier Steelbook plutôt élégant.

Critique Subjective

Réalisateur peu prolixe et inégal, Antoine Fuqua donne fréquemment le sentiment d’un réalisateur aux affinités plutôt instables. Capable du bon (Training Day), comme du moins bon (Un Tueur pour cible), le réalisateur originaire de Pennsylvanie demeure actuellement au stade de l’expérimentation des genres.

Le Roi Arthur, son dernier film avait déjoué les pronostics avec son ton à la Gladiator shooté à la testostérone, sa réalisation impeccable et une bande originale splendide signée Hans Zimmer. Ses fans l’attendaient donc au tournant et quelle surprise que de voir débouler Shooter, un pur film d’action, mettant en scène un Mark Whalberg au top de sa forme accompagné d’un Danny Glover vieillissant.

On serait tenté de dire que Antoine Fuqua n’y est pas pour grand-chose si son Shooter ne motive pas trop les foules… Bénéficiant de séquences d’action parfois splendidement filmées et d’une photo très agréable, son dernier long-métrage est handicapé par une distribution hasardeuse et un scénario ultra conventionnel.

Mark Whalberg et Danny Glover constituent le duo de stars du film mais peinent à lui donner une véritable envergure. On y croit pas beaucoup, un peu comme pour la série des Piège en haute mer et Piège à grande vitesse. L’acteur de The Yards ne prouve toujours pas qu’il est capable d’incarner un premier rôle sans second couteau de valeur et Danny Glover continue une décrue amorcée en 1989 avec Predator 2.

Le reste du casting constitué par Rhona Mitra et Michael Peña ne change pas la donne alors que la bonne surprise vient plutôt de la présence de Ned Beatty, tellement rare depuis les années Superman (fabuleux Otis). Le scénario souffre des mêmes travers : archi conventionnel et sans ampleur alors que la matière était présente.

Pas de surprise réelle, pas de suspens haletant, et ce, malgré vingt premières minutes très prometteuses. La suite de film, si elle ne s’effondre pas, a bien du mal à accrocher malgré des séquences très bien senties en terme de photo et de caméra (l’assaut de la maison) et un final très largement incorrect. De chaque séquence suinte le désir de réitérer la réussite de la série des Bourne (La Mémoire dans la peau, la Mort dans la peau et bientôt La Vengeance dans la peau), mais sans en emprunter le génie.

Il est fort à parier que le producteur Lorenzo Di Bonaventura cherchera à en renouveler le succès en adaptant la suite de la trilogie Swagger, Black Light et Time to Hunt. Enfin, la critique d’un gouvernement américain lâche, perfide et dévastateur sans ses dommages collatéraux (massacres organisés en Afrique) laisse plutôt sceptique après Blood Diamond, Lord of War et j’en passe… Un petit film pas mauvais, mais loin d’être excellent…

Sans être désagréable, Shooter ne révolutionne pas le genre et pêche fortement par une distribution manquant sacrément de charisme. Ca fait un bout de temps qu’on en rêvait de l’image HD, eh bien elle est là et quand c’est bien fait, quelle claque mes amis.

Shooter possède toutes les qualités pour vendre le produit : une saturation des couleurs exemplaires, un effet 3 D de l’image très prononcée, des arrière-plans clean à souhait. On peut tenir peu ou prou le même raisonnement pour le son de ce HD DVD mais il faut rajouter un mot : brutal.

Bonus du HD DVD

  • Sept scènes coupées : on peut y accéder une par une ou toute à la fois.
  • "Survival of the Fittest: The Making of Shooter" (21’48) : Un making of qu’il faut regarder après le film tant il regorge d’images et de scènes clefs. Sinon, tut le monde a l’occasion de s’exprimer et de dire à quel point el travail est génial
  • "Independence Hall" (7’20) : Pourquoi ce choix ?

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