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La Première Guerre mondiale a permis de rassembler sur le champ de bataille des populations venues de tous les horizons. Des soldats arrivant de toutes les régions de France côtoient ainsi ceux des colonies françaises. Dans ce nouveau creuset linguistique va naître un argot composite où les patois régionaux se mêleront aux langues étrangères. Ce nouveau brassage de langues inédit va enrichir durablement la langue française à tel point que nombre d'expressions sont encore et toujours employées dans notre parler quotidien.

L'Argot des Poilus : Un Vocabulaire de Guerre

Dès le début de la guerre, les centaines de milliers de soldats au front vont adopter un vocabulaire spécifique pour désigner des éléments de la vie courante ou les nouveautés auxquels ils sont confrontés. Certains mots sont repris de l'argot de différentes régions ou catégories sociales, d'autres sont inventés de toute pièce. Certains sont passés dans le langage courant, d'autres ont sombré dans l'oubli.

Quelques Termes et Expressions de l'Époque

  • Abeille : Balle de fusil.
  • Arbalète : Fusil.
  • Boche : Désignation péjorative des Allemands par les Français.
  • Briscard : Vieux soldat de métier.
  • Crapouillot : Surnom donné aux mortiers de tranchée français et, par extension, à l’ensemble de leurs projectiles. Terme qui signifie à la base "petit crapaud".
  • Entonnoir : Trou d'obus.
  • Escarpins : Brodequins (chaussures de soldats).
  • Gaspard : Rat.
  • Gnôle : Alcool, alcool fort, eau-de-vie, généralement de mauvaise qualité.
  • Havresac : Besace dans laquelle chaque soldat plaçait ses effets personnels ainsi que son équipement. Il se portait sur le dos à l'aide de deux bretelles. On y trouve ses habits, sa nourriture, lampe, nécessaire à couture, le tout savamment rangé grâce à un mode d'emploi imprimé sur un "mouchoir d'instruction". Il était surmonté de la gamelle et d'un étui musette pour ranger les souliers de repos.
  • Huiles (les) : Les chefs, les officiers. Le terme désigne, au sens large, un personnage important, haut placé.
  • Jaffe : Soupe.
  • Moulin à café ou à poivre : Mitrailleuse.
  • Musiciens : Haricots secs.
  • Pépère : Le terme désigne soit un secteur tranquille soit le surnom donné aux soldats territoriaux costaud, résistant, les plus anciens.
  • Péquenot : Homme peu dégourdi.
  • Pinard : Argot désignant un vin rouge ordinaire, de qualité inférieure.
  • Pioupiou : Soldat de la période 1871-1914.
  • Poilu : Surnom donné aux soldats français de la Première Guerre Mondiale. Le mot « poilu » désignait aussi à l’époque dans le langage familier ou argotique quelqu’un de courageux, de viril. Le terme « poilu » désigne pour le civil « le soldat combattant » qui défend notre sol, par opposition à « l’embusqué ».
  • Rata : Nourriture servie aux soldats et difficile à identifier, équivalent au ragoût.
  • Rosalie : Surnom donné à la baïonnette du fusil Lebel.
  • Saucisse : En argot des poilus, le terme désigne un ballon d'observation.
  • Séchoir : Barbelés.
  • Totos : Nom donné aux poux ou plus généralement aux parasites . Les poux font partie du quotidien des soldats pendant la Grande Guerre.

Le Fusil Lebel : Arme Emblématique

Le Lebel est un fusil équipant les armées françaises. D'un calibre de 8 mm, il a été conçu en 1886 et modifié en 1893. Il est à la fois robuste et précis mais souffre de la lenteur de chargement de son magasin. Surnommé "Rosalie" pour sa baïonnette, il est un symbole de cette époque.

Autres Termes Militaires Utilisés Pendant la Première Guerre Mondiale

  • Ambulance : 1) Véhicule de transport des blessés (sens actuel du terme). 2) Unité médico-chirurgicale, qui existe au niveau du corps d’armée.
  • Anzac : Désigne les troupes d'Australie et de Nouvelle-Zélande.
  • Barrage roulant : Lors d'une offensive, tirs d'artillerie nourris progressant sur le terrain vers les tranchées adverses à un rythme régulier.
  • Batterie : Dans le domaine militaire, une batterie est un ensemble tactique désignant un petit groupe de pièces d'artillerie (canon, mortier, obusier, etc).
  • Bleu horizon : Nom donné à la couleur de l’uniforme français adopté après la bataille de la Marne en septembre 1914, pour rompre avec la visibilité désastreuse des pantalons rouge garance utilisés jusque-là.
  • Bivouac : Terme militaire qui désigne le fait d’établir un campement provisoire à l’extérieur, et, par extension, un repas ou une nuit passés dehors.
  • Bouthéon : Marmite collective aplatie en métal utilisée notamment durant la 1ère Guerre Mondiale, qui permettait de transporter les aliments pour nourrir quatre soldats. Il était entre autre utilisé pour le transport de la soupe. Le terme doit son nom à son inventeur, l'intendant Bouthéon. L'invention entre en dotation dans l'armée française à la suite de la loi du 04 août 1887.
  • Boyau : Voie étroite de communication entre deux tranchées (boyau de communication).
  • Brancardier : Militaires chargés de la récupération et du transport des blessés ou des morts aux tranchées et sur le champ de bataille. Leur tâche était particulièrement périlleuse.
  • Brisque : Insigne en forme de " V renversé ".
  • Caillebotis : Lattes de bois fixées sur une échelle en rondins que l'on installe à plat dans le fond des tranchées ou des boyaux.
  • Campagne : Ensemble d'opérations militaires relatives à l'action d'une armée dans un conflit.
  • Canevas de tir : Carte détaillée d'un secteur du front précisant les positions ennemies.
  • Canon de 75 : Le chiffre 75 représente en fait le diamètre intérieur en millimètres, du canon.
  • Cantonnement : Zone de repos, lieu d'hébergement des unités lorsqu'elles ne combattent pas, généralement situé à l'arrière où les troupes pouvaient se reconditionner.
  • Cellerier : Mortier artisanal français dont le corps, fixé sur un bloc de bois, était constitué d'un obus à balles allemand de 77.
  • Censure : Limitation de la liberté de la presse et contrôle du courrier militaire.
  • Chasseurs alpins : Nom donné aux soldats des troupes de montagne.
  • Chausse-trappe : Dispositif défensif consistant en 4 pointes de fer.
  • Cheval de frise : Barrière défensive constituée de poutres en bois ou en métal entrecroisées, hérissée de pieux et souvent renforcée de fil de fer barbelé.
  • Citation : Pendant la Grande Guerre, la citation individuelle est une récompense matérialisée par un texte et donnant droit à la croix de guerre créée en 1915.
  • Claie : Treillis de branchages tendus sur un cadre en bois.
  • Coke (charbon) : ll s'agit d'un combustible obtenu par pyrolise de la houille dans un four à l'abri de l'air et est utilisé par les soldats sur le front.
  • Compagnie : Quatre sections (60 hommes chacune) forment une compagnie, unité de manoeuvre et unité administrative, commandée par un capitaine. La première section est en théorie dirigée par le lieutenant le plus ancien. La seconde l'est par un officier de réserve. La troisième par un adjudant. La quatrième par un second lieutenant ou un sous-lieutenant. Au combat, la compagnie engage parfois deux sections en première ligne et maintient les deux autres en arrière des deux autres. Petite par la taille, elle ne peut être longtemps engagée au combat, sans l'appui de réserve. La compagnie comprend donc environ 250 hommes soit 1 capitaine, 3 lieutenants, sous-lieutenant ou adjudant-chef, 1 adjudant, 1 sergent-major, 1 sergent-fourrier, 8 sergents, 1 caporal-fourrier, 16 caporaux, 222 soldats : 2 tambours, 2 clairons, 1 infirmier, 4 brancardiers, 1 tailleur, 1 cordonnier, 1 cycliste, 3 conducteurs, 32 grenadiers et 175 hommes.
  • Dragon : Troupe de cavalerie, à l'origine infanterie montée.
  • Escouade : Une escouade était une fraction d’une compagnie (d'une section plus précisément) sous les ordres d’un caporal ou une fraction d’un escadron, d'un peloton sous les ordres d’un brigadier.
  • Feldgrau : Littéralement "gris de campagne" : couleur de l’uniforme allemand. Par extension, désigne le fantassin allemand.
  • Fourrier : L'emploi de fourrier est rempli par un sergent ou un caporal. Aux ordres d'un sergent-major, ce sous-officier est chargé de l'intendance au sein de sa compagnie.
  • Fusants : Obus qui explosaient au-dessus du sol.
  • Limoger : Envoyer un officier supérieur, jugé inefficace et incompétent, dans un commandement subalterne. Ayant estimé que de trop nombreux généraux et hauts gradés, brillants en temps de paix, étaient incapables au front, Joffre décide le 27 août 1914 que ces officiers faillibles doivent se retirer dans une localité de la 12ème région qui, alors, englobe, loin du front, les départements de la Charente, la Corrèze, la Creuse, la Dordogne et la Haute-Vienne, et dans laquelle se trouve Limoges, entre autres.
  • Mélinite : Explosif brisant à base d'acide picrique, mis au point en 1885 par le chimiste Eugène Turpin. Elle est de couleur jaune paille, d'où son nom ("méli", miel en grec).
  • Mine : Charge d'explosifs que l'on amenait sous la tranchée ennemie afin de la faire exploser. Les mines étaient placées dans des galeries souterraines creusées à cette fin par des troupes spécialisées, les sapeurs. Par extension, on désigne comme la "mine", l'ensemble du cheminement souterrain creusé par l'assaillant jusque sous la position adverse pour y aménager une chambre de mine.
  • Monter : Pour les combattants français, le verbe monter devient durant la guerre synonyme "d'aller aux tranchées", en raison notamment de l'organisation du "système-tranchées" qui fait alterner dans le temps des séjours dans les espaces (arrière, arrière-front, front-arrière, zone de feu) plus ou moins dangereux. On "monte" vers le feu et les tranchées de 1ères lignes.
  • Mortier : Pièce d'artillerie qui effectue des tirs "en cloche", sous un angle supérieur à 45 dégrés et utilisé pour atteindre des cibles dissimulées (intérieur de place forte, tranchées). Il s'agit le plus souvent de pièces courtes.
  • No Man's Land : Littéralement : " la terre de personne ". Ce terme désigne l'étendue de terrain ravagée et inhabitée située entre les deux lignes de tranchées adverses. Son premier emploi attesté se trouve dans une dépêche d'Ernest Swinton, militaire et correspondant de guerre anglais, le 21 décembre 1914.
  • Obus : Projectile d'artillerie plein monobloc ou assujettit sur une fusée de culot ou d'ogive. L'obus est rempli d'une charge de destruction : explosif, balles, agent toxique...
  • Obusite : Qualifie les affections psychologiques faisant suite à l’expérience du bombardement.
  • Ordre du jour : Moyen dont dispose la hiérarchie militaire pour s'adresser à la troupe et aux subordonnés. Il est daté, porte un numéro et se caractérise par sa brièveté et son intention de frapper l'imagination et ceux qui vont le lire et l'entendre, car un ordre du jour se lit plusieurs fois aux rassemblements des hommes.
  • Pain K.K.
  • Parapet : Rebord de la tranchée qui fait face à la tranchée adverse. Il constitue à la fois une protection (renforcée par des barbelés et des sacs de sable) et un obstacle à escalader lors des attaques ou des départs pour patrouilles ou coups de main.
  • Permission : Autorisation accordée aux militaires pour rendre visite à leur famille.
  • Pétard raquette : Grenade artisanale française constituée de cartouches explosives qui sont placées de chaque côté d'une planchette en bois et maintenues à l’aide de tiges d’aciers placées côte à côte ainsi que d’un solenoïde en fil d’acier très serré.
  • Petit poste : Position de guet en avant des tranchées de première ligne.
  • Queues de cochon : Piquets de fer qui se vissent dans le sol. Ils sont destinés à supporter les réseaux de fils de fer.
  • Rameau : Galerie étroite qui mène à la chambre de mine.
  • Ration : Portion de nourriture et de boisson distribuée chaque jour au soldat.
  • Relève : La relève est le remplacement d'une unité par une autre dans les tranchées. Cette opération dangereuse car bruyante, conduisant au regroupement d'un grand nombre de combattants, se faisait généralement de nuit. Sa périodicité n'est pas fixée strictement, mais une unité en première ligne est généralement relevée au bout de quatre à sept jours.
  • Réseau : Le fil de fer barbelé fixé sur des montants était fréquemment installé sur plusieurs lignes successives dénommées "réseaux".
  • Sape : Dans le vocabulaire de la guerre de siège, la sape est une tranchée profonde (parfois couverte, mais jamais souterraine) permettant la circulation à l'abri des vues.
  • Shrapnell : Arme antipersonnel, obus rempli de projectiles, du nom de l'inventeur du minuteur qui provoque l'explosion, le général anglais Henry Shrapnel. L'orthographe du terme est variable dans les témoignages. L'obus libère 200 à 300 balles de plomb capables de percer un crâne non casqué.
  • Taube : (mot allemand qui signifie pigeon) 1/ Avion allemand monoplan dont la forme générale rappelle celle d'un oiseau en plein vol.
  • Terrain : Lieu où se déroule les opérations militaires.
  • Tir de barrage : Tir d'artillerie en vue de détruire une zone.
  • Tranchée d'appui : Tranchées établie derrière la 1ère ligne de front, reliée par un boyau.
  • Tromblon : Arme à feu au canon évasé.
  • Vaguemestre : Militaire chargé de la distribution du courrier aux armées.
  • Ypérite : Surnom donné au gaz de combat asphyxiant mis au point en 1917 par l’Allemagne et utilisé pour la première fois dans la région d’Ypres (Belgique) en juillet 1917.

La Vie dans les Tranchées

À partir de la fin de l'année 1914, avec l'échec des grandes offensives mises au point par les état-majors des deux camps adverses, les armées s'enterrent dans des tranchées pour une guerre de position qui s'éternisera jusqu'en 1918. La guerre de 1914-1918 fut ainsi essentiellement une « guerre de tranchées » et les deux termes apparaissent aujourd'hui presque synonymes. Au-delà des difficultés matérielles les plus souvent évoquées (boue, froid...), la vie quotidienne dans la tranchée, notamment lorsqu'elle se trouvait en première ligne paraissait également marquée par l'omniprésence de la mort.

Celle-ci pouvait provenir des nombreux bombardements adverses mais aussi des différentes attaques lancées contre les tranchées ennemies. Les poilus se trouvant dans les tranchées situées en première ligne vivaient ainsi dans l'angoisse constante de la prochaine attaque : la consommation de certains produits se répandit d'ailleurs largement en première ligne (alcool, drogue) afin d'évacuer cette angoisse omniprésente.

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Les Maquis et la Résistance

Dès 1942, et plus encore avec l'instauration du Service du travail obligatoire, de nombreux jeunes gens décident de fuir et trouvent refuge dans les maquis. De taille très variable, les maquis deviennent ensuite des lieux de rassemblement et de formation à la lutte armée pour les résistants.

La vie quotidienne au sein d'un maquis se structure autour d'un emploi du temps très strict et assez similaire d'un maquis à l'autre. Les corvées quotidiennes (notamment la recherche d'eau potable et de bois de chauffe) alternent avec les exercices de préparation militaire. Des chants et des jeux sont également organisés pour rompre la monotonie de cet emploi du temps quotidien.

Le ravitaillement est une des préoccupations journalières majeures au sein d'un maquis. Plusieurs sources d'approvisionnement sont possibles : à la chasse et la cueillette s'ajoute la possibilité d'être ravitaillés par les villageois (ce qui est très difficile au vu des réquisitions imposées par l'occupant).

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