Certaines naissances sont parfois difficiles. Capcom, au début des années 2000, lança un projet de shoot ’em up 3D ambiance western-spaghetti très orienté arcade qui serait la suite spirituelle des vieux jeux de tir d’antan de la firme (et de Gun.Smoke en particulier). Elle en présenta même quelques démos ici et là lors de salons internationaux de l’époque. Mais la vie est toujours pleine de surprises, car l’ébauche en gestation passa des mains de la société japonaise à celles des studios Rockstar, qui entreprirent de remanier l’existant pour accoucher d’un titre plus dans leur état d’esprit. Ce jeu, bien sûr, c’est Red Dead Revolver, qui vit le jour en 2004. Celui qui restera à jamais dans l’ombre de ses illustres petits frères et qui passe pour une sorte de « brouillon » grandeur nature.
Red Harlow est un gamin des hautes plaines américaines plein d’entrain en cette seconde moitié du XIXᵉ siècle. Sa joie est d’autant plus grande qu’il voit enfin le retour de son père Nate, qui ramène avec lui des promesses dorées pour leur avenir. Nate Harlow, sous le regard attendrissant de sa femme Falling Star, propose à son jeune fils Red de s’entraîner au tir avec sa vieille pétoire. C’est là que commence l’aventure, après une petite séquence de tutoriel quand notre héros est enfant à la modeste ferme familiale.
Mais très vite, le drame arrive quand des bandits de grand chemin assassinent sans remords la petite famille, à l’exception du jeune fiston qui survit non sans avoir usé du flingue méga-stylé et méga-puissant de son paternel, le Scorpion. Des années plus tard, on retrouve Red, devenu chasseur de primes, bien décidé à retrouver les responsables de son malheur.
Il s’agit donc d’un jeu de tir en trois dimensions, avec système de couverture et de visée manuelle. Le but est simple : il faut descendre l’ensemble des gredins qui s’opposeront à nous tout en préservant au maximum notre jauge de vie, très fragile. Une fonction de ‘Bullet Time’ - baptisée ‘Dead Eye’ - nous épaulera dans ces épreuves.
Des points et une cagnotte sont comptabilisés à chaque tir dans le buffet des voyous, ce qui engrange à la fin de chaque niveau un total qui permet d’évaluer la performance du joueur sur ses exploits de cow-boy solitaire. L’argent amassé permet d’acheter tout un tas d’objets, soit utiles au protagoniste (armes, augmentation de la vie ou de la barre de Dead Eye), soit débloquant des pages du journal du shérif développant l’univers, soit octroyant des personnages/niveaux pour le mode multijoueur. Ces objets sont disponibles sous forme de ‘fiches produit’ chez les différents marchands, mais aussi aux termes de quelques dialogues cachés.
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Composé de 27 missions assez variées dont certaines sont devenues cultes de par leur infernale adversité, il est important de préciser que le premier jeu de la série des Red Dead n’a RIEN d’un monde ouvert. Les stages s’enchaînent les uns derrière les autres, le liant unissant le tout étant Brimstone, la bourgade qui sera au centre des péripéties. Le centre-ville du patelin est constitué de quelques rues que l’on peut parcourir à loisir (on en fait très vite le tour) et dans lequel on trouve un banquier, un armurier, un épicier ou bien encore l’indispensable saloon.
Lors de vos déambulations, il vous arrivera parfois de vous retrouver au-devant de duels qu’il vous faudra de toute évidence remporter. La jouabilité est adaptée à ces séquences précises ; cependant, il faudra un certain coup de main pour parvenir à saisir toutes les subtilités de ces phases tout particulières. Brimstone sera la petite ville centrale de toute cette aventure. Ou plutôt son centre-bourg, le reste de la modeste cité étant inaccessible par des barricades.
Autre point à souligner, et pas des moindres : Red Harlow ne sera pas l’unique personnage que l’on incarnera au cours de cette petite trentaine de missions.
On imagine un joueur ayant découvert la franchise avec Red Dead Redemption 2 et qui se pencherait sur ce vénérable ancêtre pour voir d’où vient cette saga. Dans les faits, le jeu reste faisable du moment que l’on reste attentif et prudent, mais il n’en reste pas moins très rude, voire parfois sadique. Qui a joué au jeu à sa sortie se souvient forcément de plusieurs missions très marquantes, car d’une atroce difficulté.
Commençons par un sujet déjà évoqué, les duels. Il faudra parfois vous y reprendre des dizaines de fois pour en réussir les plus retors. Car celui en face n’attendra pas votre bon vouloir pour dégainer en premier. Billy « Kid » Cougar est l’un des adversaires qu’il faudra battre en duel durant le récit. Bien qu’il soit majeur - du moins on le croit - il s’agit clairement du personnage le plus jeune jamais tué par un joueur dans un titre Rockstar. Ce qui est tout de même à noter.
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L’une des plus fameuses séquences reste tout de même la mission qui nous met aux commandes du général Diego et qui se déroule sur un champ de bataille avec un pont de bois qui relie les deux fronts (scène tirée du classique de Sergio Leone ‘Le Bon, la Brute et le Truand‘). Divisé en trois parties, toutes plus hardcore les unes que les autres, il faut parvenir à réussir toutes ses sections en une seule session de jeu - donc sans perdre - pour réussir la mission. Ce qui veut dire que si vous parvenez à survivre à la première épreuve, puis à la seconde mais que vous chutez à la troisième, vous êtes bon pour repartir du tout début du niveau. L’horreur absolue que ce niveau.
Alors à le voir comme ça il n’a pas l’air d’être si insurmontable mais allez jeter un coup d’œil aux commentaires et vous constaterez que beaucoup ont arrêté le jeu à cause de lui. Autre scène qui mettra vos nerfs à rude épreuve, la cour de la résidence du gouverneur. Et plus particulièrement le passage où il faut protéger votre compagnon Jack Swift alors qu’il crochette la porte de l’imposante demeure. 3 minutes cauchemardesques, où vous devez courir partout, faire mouche à chaque tir, abattre des dizaines d’ennemis… tout en protégeant vos camarades qui s’en prennent plein la poire.
Sur l’autre plateau de la balance se trouvent d’autres niveaux qui, eux, se révéleront au contraire d’une grande facilité et seront même très plaisants à faire. Car oui, les chevaux sont très rares dans Red Dead Revolver et ne sont présents de fait que dans deux stages, qui, d’ailleurs, sont basés sur le même schéma narratif. Le premier est donc celui avec l’attaque du convoi évoqué ci-dessus, et le second, celui de l’offensive contre un train cuirassé jusqu’au trognon. À l’assaut du train blindé du Général Diego, un niveau très sympa à bien des égards.
Le plus gros reproche à faire cependant - et qui n’arrange rien à l’aridité décrite plus haut - c’est la lourdeur du gameplay. Notre bon vieux Red Harlow ne peut pas prétendre à la médaille d’or de la souplesse, c’est le moins que l’on puisse dire ! Il possède bien quelques mouvements plus vifs que d’autres, telle la roulade, mais alors, d’une manière générale, quel pataud ! Pour un personnage censé être un as de la gâchette, il n’est pas des plus rapides pour effectuer ses différents mouvements.
Pour contrer à cette inconvenante gestuelle, on avance à pas de loup au sein des niveaux et, dès l’apparition de canailles - Hop ! -, on se planque à couvert pour débarrasser tranquillement le terrain et pouvoir ainsi progresser sereinement. Sentiment de difficulté renforcé de plus par la disposition des points de sauvegarde (uniquement automatique) loin d’être à l’avantage du joueur. Il n’est pas rare de devoir recommencer des épreuves depuis le début d’un chapitre entier, malgré des temps de chargement ou des changements de zone évidents au sein du niveau. Dernier point qui chagrine : il n’est pas possible de refaire les niveaux à l’envie sauf en mode ‘chasseur de primes’.
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C’est-à-dire un mode ‘challenge’ qui impose des objectifs précis à effectuer dans les dits niveaux. Par exemple, finir une mission en moins d’une minute ou bien protéger un personnage à hauteur de plus de 50 % de sa barre de vie. Dès lors que vous sortez des clous de la règle imposée, c’est Game Over.
Au cours de ces nombreuses péripéties, nous serons amenés à croiser tous les classiques du genre western, aussi bien en matière d’action que d’individu. Des figures moins récurrentes sont également de la partie, comme la troupe de cirque qui nous présente quelques énergumènes fort bien sentis. Outre le professeur Perry, un bon gros fracassé du bulbe qui fait office de Monsieur (dé)Loyal (et qui se téléporte dans un nuage de fumée coloré à l’identique du nain magicien de RDR2), la rencontre la plus frappante reste cependant sans conteste celle de Pig Josh. Il s’agit de la première véritable claque que distribue le jeu. Vaincre ce malade mental obsédé par la dynamite est en soi un sacré exploit à accomplir et demandera une maîtrise de soi infinie (même si, encore une fois, on finit par comprendre deux-trois astuces pour en venir - difficilement - à bout !).
Du côté de l’action, là encore tous les clichés vont défiler. L’attaque du train, la défense du ranch, l’infiltration indienne, la prise du fort… On en passe et des meilleures. Tout cela ne fait certes pas dans la grande originalité, mais il y a tout de même le mérite de proposer des stages diversifiés, avec pour chacun d’entre eux une petite individualité qui renouvelle régulièrement l’intérêt du joueur.
Annie Stoakes voit sa vie partir en fumée. Parviendra-t-elle à réunir assez d’argent pour conserver son ranch ? À l’instar de beaucoup d’autres choses que propose ce premier volet des Red Dead, ce personnage est une évidente ébauche de ce qui deviendra la très appréciée Bonnie MacFarlane par la suite.
Le véritable gros point fort de ce premier épisode, c’est sa musique. Tirées des bandes-son de westerns-spaghetti souvent oubliés, celles-ci élèvent l’ensemble de l’œuvre. Et c’est clairement grâce à cela que le jeu reste en mémoire à tous ceux qui s’y sont essayés.
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