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Le pistolet-mitrailleur Sten est une arme emblématique de la Résistance, la plus célèbre mais pas la plus efficace.

Genèse et Fabrication du Sten

Ce film relate le processus de fabrication du pistolet-mitrailleur Sten, l’arme la plus massivement parachutée aux résistants français, fabriquée en un temps record par les Britanniques après la défaite française de 1940. C’est aussi l’arme sans doute la plus rustique jamais produite : il fallait en simplifier la fabrication à l’extrême afin de baisser le coût de sa production tout en réduisant de façon drastique les délais. Le film illustre d’ailleurs la mobilisation de la population britannique dans la guerre totale : les ouvriers spécialisés dans cette tâche sont des femmes.

La fabrication de la Sten combine deux types d’opérations effectuées dans des lieux différents :

  • L’emboutissage de certaines pièces en tôle (carcasse, crosse, chargeur, mécanisme de détente), dans des établissements de l'industrie métallurgique.
  • L’usinage des autres pièces (canon, culasse percutante) dans des usines d’armement.

Le commentaire de ce film a été perdu, mais la logique de son montage est assez claire :

  • Minute 1 : la première séquence montre l’opération finale d’assemblage des différentes composantes de la Sten et leur sortie d’usine, l’image faisant ressortir le caractère massif et rapide de la production. En 1943, au plus fort de celle-ci, 47 000 Sten sortiront d'usine par semaine.
  • Minute 2 : cette séquence revient en arrière, détaillant longuement les opérations de soudure de tout type nécessaires. L’insistance semble mise ici sur le fait de voir à l’œuvre des femmes dans un type de travail réservé d’ordinaire à des ouvriers masculins.
  • Minute 3 : une séance de tir de démonstration révèle les avantages pratiques de la STEN. Les tireurs sont d’abord vus de face, permettant de constater qu’avec son chargeur s’introduisant horizontalement sur le côté gauche, elle offre au tireur la possibilité de tirer dissimulé en restant à plat-ventre. Puis, la caméra passe de leur côté, s’attardant longuement sur la simplicité du système permettant le tir en rafale (on voit l’éjection des munitions).
  • Minute 4 : cette séquence revient à nouveau en arrière pour montrer l’usinage de certaines pièces dans des usines d’armement dotées de machines-outils adaptées. Ici, la caméra paraît se concentrer sur la haute technicité des opérations. On voit l'eau qui coule continuellement pour refroidir le métal. Un ouvrier spécialisé apparaît fugitivement, présent aux côté des ouvrières pour manipuler le matériel. Une ouvrière présente la pièce usinée à la caméra, pour en souligner la perfection.
  • Minute 5: le film s'achève en boucle, revenant sur l'opération finale d'assemblage par laquelle il avait commencé. Mais ici, l'insistance est mise non sur l'arme, mais sur les femmes qui la fabriquent. La vision d'ensemble de l'atelier puis la diversité des visages soulignent le caractère massif de leur contribution, comme pour indiquer que la population entière se mobilise pour la guerre.

Origine du Nom et Objectif Initial

Le mot STEN a été formé des initiales de ses deux concepteurs britanniques, Shepherd et Turpin, combinées avec les deux premières lettres de l’arsenal d’Enfield où furent lancées les premières fabrications en juin 1941. La Sten était d’abord destinée à l’armée britannique, qui en 1939 n’était pas encore dotée d’une telle arme automatique contrairement aux troupes allemandes et italiennes.

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Avantages et Inconvénients pour la Résistance

Si la Sten est devenue l’arme emblématique des résistants (avec des variantes, le modèle le plus répandu de loin étant la Sten MK II), elle montre aussi les limites de leur armement. Dans sa gamme, elle offrait de nombreux avantages pour le combat clandestin :

  • Plus légère que les autres PM.
  • Aisée à camoufler car on pouvait démonter ses 4 éléments et les transporter dans un sac à dos ou une petite valise.
  • Simple à entretenir et supportait la chute dans l’eau, dans la boue ou dans la neige sans que son fonctionnement en soit affecté.
  • Elle pouvait tirer soit au coup par coup, soit en rafale, grâce à un bouton sélecteur.

En contrepartie, elle avait le défaut de :

  • Se déclencher parfois toute seule en cas de choc violent.
  • S’enrayer facilement si on ne prenait pas certaines précautions avec le chargeur : il ne devait pas être totalement plein ni tenu par le tireur au moment du tir (le film britannique montre la bonne façon de tenir l'arme, pas toujours respectée sur le terrain...).

Surtout, c’était une arme excellente à courte portée : 50 mètres. Autant dire qu’elle était adaptée à la guérilla mobile, mais pas à des opérations plus classiques contre des troupes d’assaut dotées d’armes lourdes. Bien des résistants ont été déçus dans l’été 1944 à la réception de ce qui leur semblait « une mauvaise mitraillette de prix unique », selon l’expression de Charles Tillon.

Avis des Autorités Françaises sur la Sten

Après l'attaque d'Izon-la-Bruisse, le 21 février 1944, un rapport des autorités françaises suite à une action allemande contre le maquis stationné dans cette commune donne une idée de la valeur de la Sten : "Conclusion : l'armement des terroristes n'est pas adapté au combat en rase campagne ; les mitraillettes anglaises [Sten] sont d'un modèle primitif, sans solidité, sans portée, sans précision. C'est une arme pour les combats de rue, pour le corps à corps ; une arme d'intimidation aussi, plutôt qu'une arme de défense solide".

Les Différents Modèles de Sten

Plusieurs usines de fabrication dont une au Canada ont contribué à la production massive de la Sten. De 1941 à 1945, 3 750 000 ont été fabriquées ainsi que 34 millions de chargeurs. Voici les différents modèles :

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  • Sten MKI, 1941-1942 : 100 000
  • Sten MKII : 1942-1944 : 2M
  • Sten MK III : 1943-1944 1M
  • Sten MK V : 1944-1945 : 400 000 (soignée, équipe la Grande Bretagne jusqu'en 1953, sûreté bloquant la culasse)

La Sten MK II, la plus largement parachutée, deux types de crosse ; 9 mm parabellum ; 550 coups/minute ; sûreté par crochetage (incertain) du levier d'armement en position arrière ; livrée avec quatre ou cinq chargeurs (28 à 32 cartouches) ; poids avec chargeur plein : 3,7 kg. Sans doute l'arme la moins coûteuse et l'une des plus efficaces dans sa catégorie ; mais aussi est un engin très dangereux, surtout entre les mains d'un maladroit. D'où de nombreux accidents parmi ceux qui ne savaient pas s'en servir.

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