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Beretta, fondée par Bartolomeo Beretta en 1526, est l'une des marques d'armes à feu les plus anciennes et respectées au monde. Au cours des deux guerres mondiales, les soldats italiens furent souvent équipés d’armes bien fabriquées mais certaines étaient cependant peu pratiques et parfois peu fiables. À ce titre, il représente sans doute l’une des armes le plus réussies de l’arsenal italien jusqu’en 1945.

Les Débuts du Pistolet-Mitrailleur en Italie

En adoptant en 1915 la mitrailleuse jumelée ultra-légère Villar Perosa, l’Italie avait fait un premier pas vers l’adoption d’un pistolet-mitrailleur. Le Villar Perosa, tirant une version légèrement sous-chargée de la 9 mm Parabellum - le 9 mm Glisenti - ne possédait guère d’efficacité tant dans le rôle d’arme d’appui que dans celui de mitrailleuse d’aviation qu’on aurait souhaité lui faire tenir.

De tentatives furent réalisées pour rendre le Villar Perosa transportable et utilisable par un combattant en déplacement. Ces recherches aboutirent très vite à la dissociation du jumelage et au montage de chacun des ensembles canons/ boîtier de culasse sur une crosse équipée d’un mécanisme de détente du type carabine.

Beretta commercialisa une carabine très proche de ses PM mais dépourvue de capacité de tir par rafales : la Beretta modèle 18/30. Cette arme fut employée par certaines forces de police italiennes mais aussi par la police argentine et l’on en retrouva en 1938 dans les stocks d’armes dissimulées en France par le mouvement social révolutionnaire plus connu sous le nom de « la cagoule ».

Le Moschetto Automatico Beretta Modelo 38

Dans les années trente, l’Italie souhaite adopter un pistolet-mitrailleur pour son armée et on confie la tâche à Beretta et plus particulièrement à l’ingénieur Tullio Marengoni qui avait conçu de nombreux prototypes de pistolets-mitrailleurs depuis les années 20. L’incertitude qui persistait au sein des états-majors sur l’emploi tactique du pistolet-mitrailleur conduisit Tullio Marengoni à proposer un nouveau type d’arme : le mousqueton automatique ou « Moschetto automatico » en italien. Marengoni va s’inspirer de la carabine Modèle 1918/30 développée par Beretta. Il va faire de nombreuses modifications pour aboutir en janvier 1938 à un prototype final aménagé pour le 9 mm Luger.

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Fonctionnant à culasse non calée, il tirait à culasse ouverte une nouvelle munition très proche de la 9 mm Parabellum, mais à charge renforcée : la 9 mm M.38. Cette munition vint augmenter la puissance de la 9 mm Glisenti alors employée par l’Italie dans ses armes de poings (Glisenti modèle 1910, Brixia modèle 1912 et Beretta modèle 1915) ainsi que de la Villar Perosa et ses dérivés. L’emploi de la 9 mm M.38 est d’ailleurs à proscrire dans ces pistolets, encore partiellement en service dans l’armée italienne pendant la seconde guerre mondiale. Afin d’éviter toute confusion, l’étui de cartouches M.38 est identifié par une cannelure imprimée à sa partie médiane.

L’armée italienne l’adopta en 1938 sous l’appellation de « Moschetto Automatico Beretta Modelo 38 » (en abrégé MAB Mod.38).

Caractéristiques du MAB Mod.38

  • Levier d'armement: Positionné sur le côté droit avec un volet cache-poussière usiné.
  • Queues de détente: Deux queues de détente, une pour le tir coup par coup et l'autre pour le tir en rafales (striée pour identification tactile).
  • Sûreté: Levier de sûreté bloquant les détentes situé du côté gauche du boîtier.
  • Crosse: Solide crosse en bois à poignée demi-pistolet.
  • Hausse: Hausse graduée jusqu’à 500 m.
  • Canon: Canon de longueur respectable (31,5 cm contre 20 cm pour la plupart des PM), pouvant être prolongé d’une baïonnette à lame repliable.

L’arme est équipée d’une culasse dont le ressort récupérateur de faible diamètre est logé dans un tube télescopique, selon le principe mis en vigueur quelques années plus tôt par l’Allemand Heinrich Vollmer. Le ressort ainsi captif, cette disposition permettait un démontage très facile, dans lequel culasse et ressort récupérateur sont retirés de l’arme en un seul mouvement. Cette disposition évite également l’action de corps étrangers sur le ressort et prévenait les torsions de ce dernier, fréquentes avec les ressorts de faible diamètre non maintenu par une tige-guide (comme sur les MP 18/1 et les PM français STA). La culasse est munie d’un percuteur mobile actionné par un levier positionné sur la face inférieure de la culasse. Ce levier fait saillir le percuteur lorsque la culasse, en fin de mouvement avant, heurte le support de l’éjecteur. On retrouve cette disposition sur les PM Thompson 1921 et 1928.

À l’avant du guidon est installé un compensateur de relèvement, fonctionnant sur le même principe que le compensateur « Cutts » des PM Thompson : il s’agit d’une pièce cylindrique percée de deux larges fenêtres orientées vers le haut qui canalisent une partie des gaz à la sortie du canon dans cette direction et limitent le relèvement de l’arme.

La plaque de couche comporte une trappe relevable qui donne accès à un logement usiné dans la crosse dans lequel viennent prendre place deux tronçons de baguette (les baguettes du mousqueton Carcano) et un écouvillon de 9 mm pour le nettoyage du canon.

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Chargeurs

L’introduction du chargeur se fait droite dans l’arme. À l’origine, trois types de chargeurs étaient disponibles : 10, 20 et 40 coups. Les cartouches y sont stockées sur deux colonnes imbriquées et se présentent alternativement sur la lèvre droite puis sur la lèvre gauche. Ce principe de fonctionnement les rend faciles à garnir à la main (au contraire des chargeurs de type « Schmeisser », dont les cartouches se représentent en position centrale). Il existait toutefois un petit guide destiné à permettre de les garnir avec des lames-chargeurs de 10 cartouches.

À une époque indéterminée furent également mis en service des chargeurs de 30 cartouches qui étaient extérieurement identiques à ceux de 40, mais dont la plaque de fond comportait une cale limitant l’enfoncement de la planchette élévatrice et la capacité à 30 cartouches. Il existe également des chargeurs de 30 cartouches d’une taille intermédiaire entre les chargeurs de 20 et de 40 coups, mais il semble qu’il s’agisse de fabrications postérieures à la Seconde Guerre mondiale.

Le chargeur du PM Beretta modèle 38 se révélera tellement réussi, qu’il sera adopté sur l’ensemble des PM italiens : de la seconde guerre mondiale (TZ-45, FNAB-43), mais aussi sur des armes d’après-guerre comme le Franchi LF-57 et le Beretta modèle 12 S en service dans de nombreuses forces de police.

Simplifications et Modifications Pendant la Guerre

En 1938, l’armée italienne adopte le nouveau pistolet-mitrailleur mais elle va rapidement souhaiter simplifier sa production. Ainsi vont naître les modèles 38/42, 38/43 puis 38/44 qui sont des versions simplifiées du pistolet-mitrailleur modèle 1938A.

Peu à peu, le superbe noyer utilisé pour réaliser les crosses cessa de recevoir le poli d’antan pour prendre un aspect mat et mal fini puis il laissa la place à des bois plus simples d’aspect plus clair, exigeant moins de temps de séchage. Diverses simplifications furent apportées :

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  • le manchon de protection du canon, initialement usiné dans la masse fut remplacé par des manchons réalisés à partir de tubes étirés puis à partir d’ébauches rectangulaires enroulées et soudées sur sa partie inférieure,
  • au lieu d’être usiné dans la masse, le boîtier fut réalisé par enroulement et soudure d’une ébauche rectangulaire,
  • le poussoir de blocage du tir automatique, totalement inutile sur une arme de guerre fut supprimé,
  • le levier d’armement fut lui aussi simplifié et son volet usiné coulissant dans un rail, fut remplacé par une simple pièce de tôle emboutie couvrant la rainure d’armement,
  • le dispositif pour la fixation d’une baïonnette repliable fut supprimé.

Le Modèle 1 (Modèle 38/43)

La satisfaction de cette demande est confiée une fois de plus à Tullio Marengoni, qui créa le « Modèle 1» : une arme qui conservait le mécanisme de base du MAB 38 mais était dotée d’une crosse repliable inspirée de celle de la MP 38 allemande, d’une poignée-pistolet en aluminium et dont le fût s’arrêtait à hauteur du logement de chargeur. Ce dernier était profilé en forme de poignée.

Le canon du Modèle 1 était dépourvu de manchon de protection, en revanche il était épais, afin de retarder son échauffement et rainuré de cannelures longitudinales destinées à augmenter sa surface de contact avec le milieu ambiant afin d’améliorer son refroidissement. Deux fentes usinées à hauteur de la bouche, perpendiculairement à l’axe du canon faisaient office de compensateur. L’arme était dotée d’une culasse à percuteur fixe, légèrement plus courte que celle du modèle 38. Cette version est parfois désignée par certains auteurs sous l’appellation de « Modèle 38/43 ».

Le Beretta Pendant la Seconde Guerre Mondiale

À cette époque, l’effort de guerre allemand commence à s’enliser en Russie : 1942 est l’année de Stalingrad et la campagne d’Afrique commence à prendre des airs de défaite. Fin 1942, le ministre de l’armement, Albert Speer, incorpore purement et simplement l’industrie d’armement italienne aux sources d’approvisionnement normal de l‘armée allemande.

Le troisième Reich ayant décidé fin 1943 d’abandonner la fabrication des MP 40 au profit de celle des MP 43 et 44, décide que les besoins en pistolets-mitrailleurs des troupes du Reich seront désormais satisfaits par des PM Beretta, qui prennent dans la nomenclature allemande l’appellation de « MP 739 (i) ».

En 1942, Tullio Marengoni, propose à l’armée italienne une arme plus compacte qui reprend le mécanisme du Modèle 1 avec une monture en bois à crosse fixe. Fin 1943, le principe du ressort récupérateur dit « télescopique », si caractéristique du modèle 38 est abandonné au profit d’une culasse de type STEN composée d’une simple masse percutante à percuteur fixe prenant appui sur un ressort récupérateur de fort diamètre.

Après-Guerre et Héritage

La Libération du Nord de l’Italie, pas plus que le bombardement qu’elle subit le 3 avril 1945, n’interrompent les activités la firme Beretta qui poursuit ses fabrications pour armer les forces de l’ordre du nouveau gouvernement italien et qui ne tardera pas à rencontrer de très beaux succès à l’exportation vers le Moyen-Orient et l’Amérique du Sud où les PM Beretta seront abondamment employés.

Les Beretta resteront en service très longtemps dans l’armée et la police italienne où ils ne seront détrônés que très progressivement à partir de la fin des années 70 par des PM de troisième génération comme le Franchi LF-57 et le Beretta Modèle 12.

Dans les années cinquante, le retour d’expérience des accidents survenus avec des PM entraînera chez tous les constructeurs l’adoption de dispositifs automatiques empêchant le recul accidentel de la culasse suivi de son retour en avant avec chambrage d‘une cartouche et du départ intempestif d’un ou plusieurs coups de feu.

Tableau Récapitulatif des Modèles Clés

Modèle Année d'Adoption Caractéristiques Principales
Moschetto Automatico Beretta Modelo 38 (MAB 38) 1938 Deux queues de détente, crosse en bois, hausse graduée jusqu'à 500m
Modèle 1 (Modèle 38/43) 1943 Crosse repliable, poignée-pistolet en aluminium, canon sans manchon de protection
MP 739 (i) (Nomenclature Allemande) 1943 Version du Beretta utilisée par les troupes du Reich

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