La dominance oculaire est un aspect fondamental de notre vision, influençant notre perception et nos performances dans diverses activités. De nombreuses espèces animales présentent une latéralisation, se traduisant par une préférence pour un côté du corps. Chez les humains, cette latéralisation se manifeste notamment par la dominance manuelle, avec environ 90 % de droitiers.
Nos yeux fonctionnent en complémentarité pour nous offrir une vision stéréoscopique en relief. Les images captées par chaque œil sont envoyées au cerveau, qui les combine pour créer une image unique. Au cours du développement visuel, un œil tend à envoyer des informations plus détaillées au cerveau, tandis que l'autre fournit une image plus panoramique. L'œil qui apporte le plus de précision devient l'œil dominant ou directeur.
En cas de défaut visuel, le cerveau choisit l'œil avec la meilleure acuité comme œil dominant. Dans les cas extrêmes, cela peut entraîner une amblyopie, ou œil paresseux.
Une étude australienne de 2018 a mis en évidence un lien entre la latéralisation visuelle et la latéralisation du reste du corps. L'hémisphère cérébral traitant les informations de l'œil dominant réagirait plus rapidement, influençant ainsi la réactivité des parties du corps qu'il contrôle.
La latéralité concerne l'ensemble du corps. Une personne est latéralisée de manière homogène lorsqu'elle utilise préférentiellement le même côté pour le pied, la jambe, la hanche, le bras, la main, l'oreille et l'œil. Cependant, il arrive que l'œil et la main directeurs ne soient pas du même côté, on parle alors de latéralité croisée. Généralement, l'œil dominant indique la latéralisation du cerveau (qui est son inverse).
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Il existe plusieurs tests simples pour déterminer son œil directeur. Voici une méthode courante :
Si vous pouvez toujours voir l’objet, votre œil droit est l’œil dominant. Si ce n’est pas le cas, essayez de fermer votre œil droit.
Ce test appartient aux tests de visée, les professionnels en santé visuelle disposent de tests plus complets pour définir la latéralisation. En effet, elle est parfois plus difficile à déterminer en cas de forts troubles de la réfraction ou de strabisme, par exemple.
Un autre test consiste à viser un objet éloigné avec les doigts, les bras tendus devant soi. En fermant alternativement chaque œil, l'œil dominant est celui pour lequel l'objet reste aligné avec les doigts.
Pour certaines personnes, il peut être difficile de déceler l’œil fort. Tout comme il existe des personnes ambidextres, il existe des personnes qui ont des performances très proches entre leurs deux yeux ou pour lesquelles les yeux ont développé des tâches précises dans lesquelles ils sont à tour de rôle dominants. On dit qu'elles ont une dominance oculaire mixte ou alternée.
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Mais la dominance existe malgré tout. Pour chaque image, les données des deux yeux sont traitées différemment. En effet, la vision binoculaire fonctionne grâce à l’existence d’un œil dominant. L’absence totale de dominance visuelle pourrait donc entraîner une vision défaillante. Néanmoins, la plasticité du cerveau permet de faire évoluer cette latéralisation visuelle et d’envisager un chevauchement de dominances oculaires en fonction de la performance visuelle activée (vision de loin ou de près, vision soutenue…).
Dans certains sports, la latéralité joue un rôle important dans les performances, notamment dans les sports individuels tels que le tennis, le golf, le tir, etc. Une bonne vision est peut-être l’une des qualités qui retient le moins l’attention des athlètes professionnels. Une vision claire est étroitement liée aux performances sportives. Il est donc important de faire contrôler votre vue par votre ophtalmologiste que vous portiez des lunettes ou non. Votre expert vérifiera que vos yeux sont en bonne santé et testera votre vue pour déterminer si vous avez besoin d’une correction.
Au tir à l'arc, l'œil directeur doit être aligné avec la corde et le viseur (si vous en utilisez un). Si votre œil directeur est le droit, vous tirerez en général "à droite" (c'est-à-dire que la main qui tient l'arc est la gauche, et la main qui tire la corde est la droite). Tirer avec votre œil non directeur peut entraîner une confusion visuelle, des ajustements incorrects et une incohérence dans vos tirs.
De nombreuses études ont prouvé que la latéralité croisée de certains sportifs leur offre une rapidité d’exécution supérieure.
À l’inverse, les personnes ayant l’œil dominant à gauche seraient défavorisées dans les sports et les jeux de tir, du fait d’équipements souvent pensés pour les droitiers visuels. Ce débat porte le nom de « mythe de l’œil dominant ». De nombreuses astuces permettraient de contrer cet inconfort (comme incliner son arme pour libérer le champ visuel du côté dominant). Ball-trap ou tir sportif seraient donc à appréhender avec des méthodes d’adaptation en fonction de l’œil dominant.
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Tenter de changer complètement la latéralisation visuelle ne peut se faire que dans le cadre de soins encadrés par des professionnels de santé. Bien sûr, en cas d'amblyopie, il est fondamental de rééquilibrer la latéralisation visuelle, sans forcément aller jusqu'à changer l'œil dominant. Toutefois, dans des cas de latéralisation croisée, des troubles multiples peuvent apparaître (dysgraphie, difficulté de lecture, retards moteurs…). Il peut alors être préconisé de travailler sur la latéralisation visuelle quand le rééquilibrage de la latéralisation corporelle n'a pas abouti, bien qu'elle soit plus accessible.
Joëlle Morice Mugnier, psychopraticienne et latérapraticienne, explique que des exercices visuels quotidiens de quelques minutes durant trois semaines permettent déjà au cerveau de créer de nouveaux circuits de communication. Privilégier dans ces entraînements visuels l’œil faible permettrait ainsi de limiter l’écart de latéralisation visuelle.