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Cet album, bien que son style graphique puisse diviser, aborde de manière percutante les stéréotypes sexistes et la pression sociale qui pèse sur les enfants. L'histoire, elle, interpelle.

Aujourd’hui c’est l’anniversaire de Nils, et s’il parvient à souffler les bougies d’un seul coup, Papa lui promet qu’il pourra choisir ce qu’il veut dans le magasin de jouets. Pour ses 5 ans, Nils peut choisir ce qu'il veut comme cadeau, et ce qu'il veut, c'est une Barbie !

L'histoire met en scène un petit garçon et son père qui se rendent dans un magasin de jouets pour l'anniversaire de Nils. Quand Nils voit une boîte rose de Barbie, il est tout heureux, ce serait un cadeau génial! Nils a soufflé les cinq bougies de son gâteau d'anniversaire d'un seul coup ! Quand il lui dit « Tu veux quoi ? », Nils l'entraine vers une boîte rose. Il veut cette magnifique Barbie qui est trop « BEEELLE ! » et ses yeux pétillent.

Le père, cependant, n'est pas de cet avis et tentera de détourner l'attention du garçon sur des jouets plus "masculins", surtout ce pistolet-jouet là, qui est tellement plus cool. Mais rien à faire, le garçon n'en démord pas: Barbie est tellement le jouet le plus magnifique qui soit. Alors, dans le vaste choix du magasin, Nils jette son dévolu sur une magnifique Barbie rose. Papa rit nerveusement, et essaie de convaincre son garçon d’acheter plutôt un pistolet. Mais son papa l'oriente de nouveau vers un pistolet, et sa joie retombe comme un soufflé. Il n'en a rien à faire des « Pan ! Pan ! » lui, veut danser comme Barbie, mettre des chaussons roses et des robes de bal.

Viens le moment où un autre duo père-fils passe par là. Bien sur, ce duo là est machiste au possible et se moque autant du père que du fils qui souhaite avoir "un jouet de fille". Le père du garçon doit alors pousser plus loin sa bêtise en arguant que d'avoir un pistolet fait de son possesseur quelqu'un de "puissant". "Si tu as un pistolet, les gens feront tout ce que tu demandes", insiste-t-il. Le garçon finit par se ranger à l'idée de son père et achète le pistolet. Mais lorsqu'ils se retrouvent dehors, le garçon sort le jouet et le braque sur son père. La fin est juste géniale.

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Entretemps, père et fils auront traversé, chacun son tour, toutes les émotions, fierté, honte, joie, déception, confiance, colère, au fil de dialogues drôles et justes, servis par la traduction de Jean-Baptiste Coursaud. Une tension dramatique rare irrigue cet album magistral sur les rôles fille/garçon et le poids du regard des autres. L’épisode du magasin est étiré afin de bien faire sentir les émotions, parfois contradictoires, qui animent les protagonistes de ce mini drame existentiel.

Le marketing de genre nuit grandement aux enfants, qui se retrouvent clivés selon leur sexe et ce que la société à décidé pour chacun d'eux. Comme si les garçons n'aiment pas les poupées et les cuisinettes, et les filles les petits autos et les blocs. C'est malheureux d'autant plus que ce clivage existe surtout parce que c'est rentable de diviser filles et garçons: les parents doivent alors acheter en double. Mais encore aujourd'hui nous avons cette culture du genre qui promeut des garçons virils et bricoleurs et des filles dociles et maternelles. Ce qui ne laisse place à aucune exploration pour les enfants. Bref, cet album l'illustre très bien.

Ce qu'il illustre aussi est la part parentale dans le clivage de genre. Le père, trop préoccupé par les "quant dira-t-on" et sa propre réputation, oublie les besoins de son fils. Les auteurs les racontent avec humour. Un humour qui génère aussi une poignante émotion et qui excite notre grogne contre la bêtise humaine et contre ce père misérablement lâche.

Un album sur les clichés sexistes, la pression pour s'y conformer, et le droit de ne pas le faire. J'aime ce petit coco pleins d'assurance qui ne s'en laisse pas conter et qui assume ses choix. Voilà un titre qui sonne comme un manifeste antisexiste ou le genre expliqué à mon enfant. D'autant plus que l'auteure et l'illustratrice sont norvégiennes et qu'on sait la Scandinavie à la pointe du combat pour une éducation égalitaire. Alors qu’il part, sa voisine (qu’il admire) lance sa Barbie par la fenêtre pour la faire voler - spectacle qui ravit le garçonnet. Barbie est hyper top!

Le texte est admirablement secondé par une image qui peut surprendre dans un premier temps par son refus d’être jolie et esthétique, et qui exprime à merveille les pensées et le ressenti de Nils et de son père. Juxtaposant différentes techniques, elle déforme, change les perspectives, anime l’inanimé, expose l’imaginaire. Une réussite, sur un thème pas si souvent traité.

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Concernant les illustrations, elles peuvent déplaire et effrayer les jeunes enfants, car elles expriment bien la violence du thème et la détresse de l'enfant et de l'adulte. Cependant, il est bon et nécessaire de faire circuler ce genre d'histoire et de l'accompagner d'une petite discussion lorsqu'on referme le livre.

Les politiques et les mentalités actuelles tentent de faire évoluer ce débat, mais les discriminations sexistes, machistes, dominent encore notre société.

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