Eibar, située dans le pays basque espagnol, est célèbre pour son industrie armurière qui prend ses racines à la fin du Moyen-Âge. Elle est connue depuis cette époque comme la « Ciudad Armera » (la ville armurière). L’industrie armurière espagnole fut assurément la dernière à fonctionner, autour de son centre historique d’Eibar, au pays basque, comme le faisaient encore les grands centres européens de Liège ou de Saint-Etienne, une cinquantaine d'années plus tôt, dans une impressionnante chaîne de savoir-faire et de sous-traitants.
Les fusils artisanaux espagnols ne rivalisent aucunement en qualité de fabrication avec leurs homologues anglais, belges ou français, même s'ils s'en inspirent dans leur aspect au point parfois de les copier jusqu'au plus infime détail de forme ou de finition. Ils ne peuvent encaisser les mêmes cadences de tir, ni garantir la même fiabilité et la même longévité.
Mais ils sont aussi proposés à des tarifs, en neuf comme en occasion, très inférieurs ; qui en font, au moins pour les meilleurs d'entre eux, de bons achats en terme de rapport qualité-prix.
Un exemple de fusil fabriqué à Eibar est le suivant :
Les dessus des départs des deux canons comportent un logo marqué Colibri. Le canon de droite est marqué Hijos de F. Arizaga Eibar, celui de gauche Escopetas « Colibri ». L’intérieur du canon gauche est proche du miroir, l’intérieur du canon droit comporte des taches d’oxydation. Les dessous comportent des poinçons espagnols, et l’indication 18,2 sur les deux. Celui de droite est marqué Choke 17,9 -18,6, celui de gauche Choke 17,4 - 18,6. Le basculement des canons se fait par une clé d'ouverture classique située sur le dessus. Sécurité de détente avec bouton coulissant sur la queue de culasse. Les bois sont en noyer clair quelques griffures sur la crosse, le bouton poussoir du devant est très dur. La poignée-pistolet est quadrillée ainsi que le devant. Deux battants de bretelle, pontet à décor en suite. Plaque de couche en ébonite avec quadrillage type tressé.
Lire aussi: Recommandations concernant les fusils turcs
Caractéristiques supplémentaires :
Laurona dans les décennies 70-90 tenta de ménager la chèvre et le chou en lui insufflant une bonne dose de modernisation, mais en vain. Les « bonnes années » de Laurona, au début des années 80 font que l’on trouve encore de nos jours, des quantités d’occasions de cette marque avec des armes d’un bon rapport qualité-prix, pas toujours géniales côté esthétique, mais solides et endurantes. La firme ne se différencie de l’intense production du bassin d’Eibar qu’en 1960 quand elle déménage de la rue des Jardins vers la colline de Mutazegui, et où elle s’adjoint de nouveaux associés dont Fernando Martin, un commercial de chez Star qui la rejoindra complètement en 1971 pour inspirer une forte dynamique vers l’export adossée à un superposé développé à partir de 1965 par Eduardo Iraegui, ancien ingénieur de chez Star également.
Ce modèle 67, se différenciait de ce qui se faisait déjà, mais de manière artisanale (chez Sarasqueta par exemple) par une fabrication ultra moderne à l’époque de microfusion, associée à un chromage dur, une première en Espagne, après accord et brevet avec le groupe allemand Fiedrich Blasberg. Ce superposé, continuellement amélioré (1973), déboucha sur des modèles sport (1983-1985), nantis de chokes amovibles, adaptables (Silhouette), aux côtés d’une production large de juxtaposés Anson ayant fait leurs preuves, de fusils à platines H/H, des mixtes (12+9,3X74R) des carabines renommées (Pizzaro, Savana) doubles ou simples, parfois à base de canons belges Delcour.
Un bon exemple de la complexité de la chaîne de sous-traitants est illustrée par la fabrication du superposé précité dont les canons (âme de 18.5 classique de l’époque des débuts du ball-trap) en acier forgé F125 venaient de chez Transmeca (Barcelone), la microfusion de chez Ardesa en Biscaye ou Ecrimesa (Santander) avant d’arriver à Eibar. Un vaste bassin armurier où on trouvait chez Campana, du gros ouvrage comme les monoblocs frettés et soudés et bandes en alliage d’argent à 45%, mais aussi plein de petites pièces : les ressorts (Panpo), les percuteurs (Agitor), broches et tiges-guides (Ascasibar), plaques de crosses en bakélite (Arranaga) ou caoutchouc (Barrena). Les bois arrivaient de France, Turquie, Azerbaïdjan, en grosses billes débitées par la scierie Mutiloa, mises à sécher un an, avant d’être ébauchées à l’usine sur des machines numériques permettant d’en faire huit d’un coup !
Les premières difficultés de l’entreprises virent le jour avec l’arrivée simultanée de la production turque et brésilienne, et surtout la crise de la peseta maintenue artificiellement à un niveau élevé qui nuisit à l’export et joua certainement dans l’arrêt (1988) de la sous-traitance pour Winchester. Dès 1982, la Généralité avait proposé un plan de reconversion pour les industries métallurgiques du secteur, mais difficile à appliquer car mettant sur le même pied les petits artisans et une grosse boîte comme Laurona dépassant les 150 emplois.
Lire aussi: Prestige des fusils de chasse anglais
En 1994, la marque fut revendue à ses salariés dont l’effectif était descendu à soixante, pour la moitié de sa valeur, puis (1996-2000) confiée à un cabinet comptable chargé de gérer une situation difficile dans le contexte alors largement mondialisé de l’armurerie.
Lire aussi: Meilleures marques de carabines de chasse
tags: #marque #de #fusil #espagnol