Mike Maignan, le gardien de l'AC Milan et de l'équipe de France, s'est imposé comme l'un des meilleurs spécialistes des penalties. Son rendement est toutefois bien plus efficace que son prédécesseur Hugo Lloris (10/96), grand par le talent mais loin d’être un spécialiste de l’exercice.
Dans sa carrière, en club et sélection, Mike Maignan a arrêté onze des 43 penaltys auxquels il a dû faire face, hors séance de tirs au but. Une statistique très honorable qui le place dans une moyenne ni haute ni basse des gardiens présents dans cet Euro 2024.
Depuis le début de sa carrière, Mike Maignan n'a encaissé que 33 des 52 penalties et tirs au but qu'il a subis, soit un taux d'échec qui frise les 37 % pour le tireur.
Sur les 54 pénos qu’il a eu à gérer pendant sa carrière, l'ancien portier du Losc est sorti vainqueur de son duel avec les attaquants à 15 reprises (11 arrêts et 4 hors-cadre) soit un pourcentage de réussite de 27,8% sur les pénaltys dans le jeu avec Lille et l’AC Milan.
En plus de ses appuis et sa mobilité, Maignan (1,91m) profite d'une morphologie de nature à déstabiliser ses adversaires. « Mike, par son envergure, impressionne. Quand il prend place dans le but, il en impose », analysait Laurent Bonadéi, l'un de ses formateurs au PSG.
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Sur les 19 penalties et tirs au but non convertis, près d'un tiers (6) sont la conséquence d'un tir raté (non cadré, sur le poteau ou la barre). Preuve que la seule présence de Maignan influe sur l'action.
Durant cet Euro, Maignan, 29 ans mercredi, vit sa première grande compétition internationale dans la peau d’un titulaire avec les Bleus. Devenu un leader de vestiaire, il a été le meilleur tricolore en phase de poules et ses parades décisives ont maintenu une pauvre équipe de France en éveil. L’Euro 2024 est la première épreuve internationale qu’il dispute.
Indiscutable titulaire, il parvient à stopper un penalty contre la Pologne (que l’arbitre fera toutefois retirer à Robert Lewandowski, qui ne manquera pas cette deuxième chance) et remporte la séance de tirs au but en quart de finale contre le Portugal, un exercice dans lequel la France semblait maudite depuis de longues années.
Pour Éric Allibert, qui l’a entraîné pendant deux saisons au Losc (2019-21), la première raison est liée au charisme qu’il dégage. « Il a réussi à instaurer un rapport de force avec le tireur, explique-t-il. Les attaquants savent qu’il est bon dans l’exercice, alors ils sont conscients que leur frappe devra être parfaite. Il rentre dans la tête des mecs en restant sobre, c’est un patron ».
« Ce qu’il était déjà plus jeune », appuie Lionel Mpasi, un gardien formé au PSG en même temps que Maignan. Mantaux développe : « Mike a aussi une intelligence à pouvoir décoder le frappeur et travaille beaucoup la vidéo.
Maignan est un fin analyste. Il est aussi un gardien puissant sur ses appuis capable d’attendre le dernier moment pour choisir un côté, « et c’est peut-être là qu’il est un peu au-dessus des autres, estime Allibert. Mike retarde énormément sa poussée sur un penalty, il arrive à partir au dernier moment car il est très explosif et a une grande envergure.
Là où Hugo Lloris s'était confié sur sa nature réservée dans une telle situation, Maignan s'est plusieurs fois montré actif. Regard fixé sur son opposant, attente jusqu'au dernier moment pour se placer sur sa ligne, tous les ressorts susceptibles de déstabiliser le tireur sont utilisés.
Comme je dis souvent, c’est un duel psychologique. Là on arrive à la fin d’un match où les joueurs ont beaucoup couru, ont beaucoup donné et la lucidité n’est pas trop là", a confié Mike Maignan au micro de TF1 après la victoire. "Donc l’important dans ces moments-là c’est de rester lucide, de prendre beaucoup de place dans le but et d’essayer de dominer. (…) C’est vraiment dans la tête, dans les yeux, c’est un duel en un contre un.
Évidemment, c’est en dessous de son pourcentage chez les Bleus mais ça reste un des meilleurs en Europe si l’on compare à plusieurs gardiens réputés solides dans ce domaine. Auteur de trois arrêts sur cinq pénos contre lui cette saison en Ligue 1, Geronimo Rulli possède ainsi un pourcentage en carrière de 31,4% de mise en échec (arrêts et tirs hors cadres confondus) avec une efficacité de 16 duels victorieux sur 51 pénos tirés contre lui en club.
Sur le même sujetHéros du PSG lors de la séance de tirs au but à Anfield contre Liverpool, Gianluigi Donnarumma fait encore mieux avec 20 fois où il a maîtrisé l’attaquant adverse sur les 54 pénaltys contre lui, soit une efficacité de 37%.
Le tableau ci-dessous compare les statistiques de Maignan avec celles d'autres gardiens de renom :
Gardien | Pourcentage de réussite en carrière (arrêts et tirs hors cadre) |
---|---|
Mike Maignan (en club) | 27.8% |
Geronimo Rulli | 31.4% |
Gianluigi Donnarumma | 37% |
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