La culture carabine instaurée dans le milieu médical n'est "pas acceptable". Les fresques pornographiques, les chants paillards… : "Ce n’est pas acceptable qu’il y ait certaines pratiques pénalisantes et humiliantes, notamment pour les femmes pendant leurs études. Cela nuit à certaines futures consœurs et aux confrères qui sont maltraités par ces coutumes. Sincèrement, il faut que ça s’arrête", a lancé le Dr Arnault, qui a salué la libération de la parole en cours.
Les carabins condamnés pénalement au cours de leurs études ne pourront pas exercer la médecine. C'est ce qu'a affirmé le président du Conseil national de l'Ordre des médecins, dans un entretien accordé à Ouest-France.
Interrogé sur le mouvement #MeToo qui touche le milieu médical, le Dr François Arnault a assuré que, "désormais", "les étudiants qui, au cours de leurs études seraient sanctionnés pénalement pour des crimes jugés définitivement, ne pourront pas exercer la médecine selon la volonté de l’Ordre". "Il a été convenu avec les doyens des facultés de médecine qu’il y aurait une information aux étudiants en deuxième année pour les mettre en garde.
Cette prise de position intervient en pleine polémique autour de la condamnation, en mars dernier, d'un externe de la faculté de Limoges pour agressions sexuelles sur d'anciennes camarades de promotion. Fin avril, plusieurs organisations étudiantes et féministes ont également publié une lettre ouverte alertant sur la situation de ce carabin qui, malgré sa condamnation, poursuit son cursus à faculté de Limoges. Les signataires appelaient notamment l'Ordre à "précise[r] sa position au sujet de cet étudiant". C'est la première fois que le président de l'Ordre prend position sur ce sujet. Plus largement, le président a estimé que la culture carabine instaurée dans le milieu médical n'était "pas acceptable".
Les regards sont fuyants, devant la faculté de médecine de Tours. La caméra de France 3 effraie, et peu d'étudiants acceptent de se risquer à donner leur avis sur la dernière polémique. Un jeune homme, en première année, accepte de s'exprimer. Il se dit "choqué". "Ce n'est pas l'esprit qu'on devrait avoir en médecine", assure-t-il. "Ce n'est pas quelque chose de sain pour soi et pour les autres", ajoute l'étudiant, considérant que "ça ne donne pas envie" de participer à ce genre de soirées.
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Pourtant, certains ne semblent pas voir le problème avec la fameuse banderole. "Je ne suis pas choqué dans le sens où je sais que c'est l'esprit en médecine, que c'est déjà arrivé, que ça arrive et que ça arrivera sûrement encore", tente un autre étudiant en médecine à Tours, au micro de France 3.
Des paroles irrecevables, pour Mathilde, militante au sein du Réseau féministe 37. "Ce n'est pas possible de ne pas être choqué devant la violence de cette photo", s'indigne-t-elle. Car la banderole représente une femme dénudée, visiblement inconsciente dans un verre à cocktail géant, au-dessus de laquelle se dresse un pénis en érection. Des hommes droguent sciemment des femmes pour les violer. Ce n'est pas anodin, il y a préméditation. Surtout en pleine affaire des viols de Mazan, où la soumission chimique est utilisée pour chaque viol. Et ces étudiants sont les médecins de demain.
Âgée de 42 ans, la militante se souvient de ses études en fac d'histoire "il y a 20 ans" : "Quand je voyais les étudiants en médecine débarquer en soirée, je fuyais. Ils étaient déjà hors des clous." Elle y voit les résidus de ce qui est resté un "monde d'homme pendant des décennies", et qui est encore aujourd'hui "baigné de culture de domination par des hommes". Et ce malgré la présence de femmes dans les bureaux des associations. Sur la photo de la soirée, la banderole est tenue aussi par des femmes.
Elle regrette aussi un "backlash", ou retour de bâton, après "le mouvement MeToo et le fait qu'on parle" : "Plus on dénoncera, plus on prendra la place qui est due dans la société, moins ils auront de pouvoir.
L'étudiant en médecine interrogé par France 3 dénonce, quant à lui, un "tribunal populaire" : "Les gens extérieurs à ça nous prennent tous pour des agresseurs. Alors que la majorité d'entre nous soit n'était pas au courant, soit n'en avait pas grand-chose à faire. Pour nous, c'est juste une chose de plus."
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Mais c'est justement cette passivité que reproche Mathilde. La militante de Réseau féministe 37 espère que les associations concernées ne seront plus subventionnées, et que de véritables sanctions voient le jour. Hypersexualisation dans les divers logos associatifs liés à la fac de médecine, notamment. Ceux des bureaux successifs de l'Association des carabins de Tours (ACT), figurant toujours le dessin d'une femme hypersexualisée. Ou bien le logo de la fanfare des étudiants en médecine, appelée "La Vaginale", représentant une femme nue se touchant les parties intimes.
L'université aussi s'est exprimée, condamnant la banderole, ainsi que d'autres actes de violences sexuelles signalées lors de la même soirée. L'ACT a été contrainte de prendre la parole. Dans une lettre ouverte, elle "condamne fermement tout acte dégradant et toutes les violences sexistes et sexuelles ayant pu avoir lieu au cours de cette soirée". L'association assure avoir été "impliquée dans la sécurisation de cet évènement", mais concède que ses "actions de prévention n'ont pas permis d'empêcher la survenue d'agissements inacceptable". L'ACT affirme vouloir "coopérer" avec l'université "et les instances concernées afin que les responsables de ces violences assument les conséquences de leurs actes".
Nous avons souligné au chapitre précédent que le baptême apparaît comme la première cérémonie inscrite dans le calendrier coutumier définissant le temps de l’internat qu’elle inaugure avec plus ou moins d’éclat. En effet l’époque, le lieu, mais aussi la personnalité des organisateurs donnent aux baptêmes des formes et des contenus très variables. Toutefois, leur confrontation, au-delà d’une hétérogénéité apparente, fait émerger des invariants et des équivalences dont l’analyse et la mise en relation devraient nous permettre de mieux cerner la logique gouvernant le cursus global de formation des internes initié par le baptême.
Le choix des postes est pour les reçus au concours le premier acte « officiel » qu’ils réalisent en tant qu’internes. Nous savons combien ce moment est éprouvant pour eux. Dans cet état d’esprit, ils sont appelés individuellement pour signifier leur choix à l’administration. En même temps, précise Elsa A., Nîmoise nommée à Toulouse (promo. 1987) : « Les gens de l’internat nous avaient expliqué comment ça se passait pour les gardes, les services, etc., et nous avaient dit qu’il y aurait un bizutage dans les quinze jours suivant notre arrivée et qu’il fallait qu’on y aille. » Rien d’étonnant dans ce contexte, à ce que le bizutage finisse par apparaître de même nature que les autres formalités administratives et universitaires qui l’entourent, situation contribuant de fait à son institutionnalisation.
De ce premier contact avec l’institution qui va l’encadrer pendant quatre ou cinq ans, le futur interne ressort avec la discipline dans laquelle il va a priori pouvoir se spécialiser, son lieu de formation, le mode d’organisation des gardes et le thème voire les épreuves de son bizutage. Elsa A. s’était vu remettre « une adaptation paillarde de Barbe Bleue » et devait « être déguisée en homosexuelle ». Elle précisera que devant la singularité de cette demande, elle avait prêté aux internes en place une inquiétante clairvoyance leur permettant de « voir qui était qui ». Lors de notre entretien quelques années plus tard, elle riait volontiers de cette croyance qui ne fait que traduire indirectement l’état d’esprit de sujétion dans lequel les jeunes se trouvent vis-à-vis des anciens en début d’internat.
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En 1993, un « système de parrainage » a été ajouté au traditionnel bizutage toulousain, comme dans certaines grandes ou moins grandes écoles. Lors d’un « pot d’accueil », chaque nouveau s’est vu attribuer un parrain chargé de son intégration. Nicolas S. (promo. 1989) se souvient : « Moi les miens, je les ai emmenés au ciné, on a été bouffer au restaurant… » Mais là ne s’arrête pas le rôle du parrain : « Tu leur parles un peu de l’internat. » Enfin, dernière attribution, leur apprendre une chanson paillarde, ou du moins s’assurer qu’ils en connaissent une. Le bizutage qui suit est « strictement identique » à ce qu’il était auparavant. Mais si notre interlocuteur insiste sur l’aspect « convivial » du parrainage ou ses supposées vertus pratiques d’introduction au monde hospitalier, les jeunes ne se sont pas dupes et ne veulent savoir qu’une chose : « Comment [le bizutage] se passe. Est-ce que ça c’est vrai ? Et ça ? Et on doit faire ça ? »
Finalement, les nouveaux sont informés de la tenue du bizutage - voire de son contenu - dans des circonstances sinon institutionnelles du moins institutionnalisées, en tout état de cause en dehors d’un contexte ludique ou même coutumier qui permettrait d’emblée d’en identifier la nature. C’est cette juxtaposition de cadres d’expérience contradictoires (voir Goffman 1991) - officiel et ludique - qui fait naître l’ambiguïté et laisse à penser, par extension, que bizutages ou baptêmes sont inscrits à part entière dans le cursus institutionnel : « On avait l’impression que c’était obligatoire » (Thierry S., promo. 1981, Toulouse), « Y’a des bruits qui courent comme quoi si tu n’y vas pas, on va être vache avec toi. Tu vas être de garde le jour de Noël… » (Nathalie F., promo. 1987, Toulouse), « C’était vivement recommandé d’y aller » (Georges M., promo. 1975, Montpellier).
Armance D., Parisienne reçue à Clermont-Ferrand en 1990, se rappelle surtout l’insistance des anciens, révélant une dernière composante constitutive des formes classiques de bizutage, le secret : « Plus le jour approchait, plus on savait de choses et plus on se demandait « Où est-ce qu’on va ? ». On savait pas où on allait et donc ça faisait assez peur […]. Les internes les plus vieux nous lâchaient des bribes, des petits trucs, mais tout en étant du secret. »
Les nécessités de la peur et du secret sont parfois très explicites comme en témoigne cet échange entre Elsa A. et un « vieux chirurgien » : « Ah ! C’est le bizutage, vous avez peur ! » Et moi, il arrivait pas à me faire peur […] « C’est pas normal que t’aies pas peur. Pourquoi t’as pas peur ? Mais quand même un bizutage il faut avoir peur, si vous avez pas peur c’est pas rigolo ! » Et il avait essayé de me faire peur : « Tu sais pas ce qui va t’arriver. En plus une minette… » Ça a duré comme ça un moment, et il était manifestement en colère, et moi, plus je voyais qu’il essayait, moins j’allais lui dire que ça prenait, même si au fond ça prenait un peu…
En dévoiler un peu mais pas trop, juste assez pour « faire monter la pression » comme le résume Rémi G. (promo. 1989, Toulouse), là réside tout l’art des aînés, « ils essayent toujours de garder un côté mystérieux » (Alain E., promo. 1987, Limoges), « le matin même on était tous là : “Putain, mais qu’est-ce que ça va être ?” On n’avait rien pu savoir avant […], on flippait un peu quand même ! » (Agathe S., promo. 1988, Toulouse).
Tout est dit. Non seulement il faut que les nouveaux internes soient bizutés, et en arrivent à croire qu’il s’agit là d’une étape presque aussi nécessaire que le concours lui-même, mais il faut qu’ils redoutent l’épreuve, et l’ignorance de ce qu’ils vont effectivement subir y contribue largement, tout autant que les révélations parcellaires et contradictoires des anciens.
Signalons d’ailleurs que même dans les internats où mangent librement tous les membres du personnel médical qui en ont envie et où ils sont d’ordinaire invités aux soirées, comme tout le personnel hospitalier, à l’occasion du bizutage, les portes se ferment à ceux qui n’ont pas le titre officiel d’interne des hôpitaux, quels que soient leur statut et leur participation effective à la vie de l’internat. Ainsi à Nîmes, l’un de ces internats ouverts à tous, « pour le baptême, c’est strictement réservé… y’avait que les DES1, même les autres internes de Nîmes en médecine générale et tout ça n’y avaient pas accès » (Bernard L., promo. 1988, Montpellier). Seul l’enterrement entraînera une même ségrégation, témoignage indirect de l’importance et de la spécificité de ces deux événements symétriques dans le cursus traditionnel des internes comme dans nos sociétés.
La nécessité du secret porte essentiellement sur la nature des épreuves du baptême qui vont se dérouler dans le huis clos de l’internat et elle semble particulièrement bien intériorisée par ceux qui les ont subies. Ainsi, mes informateurs ont souvent hésité avant d’aborder le contenu précis du bizutage, allant parfois jusqu’à en nier l’existence. Ces réticences se levaient habituellement lorsque j’évoquais quelques exemples situés ailleurs ou avant, véritables sésames.
Constatation ordinaire pour l’ethnologue enquêtant sur des coutumes dont les profanes - dont il fait habituellement partie, du moins au début de son terrain - sont censés ignorer la teneur. Il est également significatif que la compagne de Bernard L., elle-même médecin généraliste, et fréquentant volontiers l’internat de Nîmes, n’ait découvert le contenu exact des épreuves que son conjoint y avait subi quatre ans auparavant qu’à l’occasion de discussions amicales suivant l’entretien qu’il m’avait accordé, et cela alors même qu’ils vivaient ensemble depuis plus longtemps.
Par sa genèse historique et son particularisme national, son recrutement par concours, son idéologie élitiste, le prestige attaché à cette formation et à ceux qui en bénéficient ainsi que leur esprit de corps, l’internat se rapproche des grandes écoles. De même, les rites qui en sanctionnent l’entrée présentent une parenté évidente avec ceux en vigueur dans ces lieux de formation, ne serait-ce qu’à travers le lexique. En effet, par sa signification même, le terme de bizut est indiscutablement rattaché aux grandes écoles et fait d’ailleurs partie de leur argot.
Pour le Petit Robert, bizut est « le nom donné dans certaines grandes écoles aux élèves de première année ». Le Trésor de la langue française attribue par extension le terme au « nouveau venu » dans les lycées. Selon cette même source, l’étymologie en demeure incertaine. Soit bisogne, mot espagnol employé du xive au xviie siècle et signifiant « recrue, soldat nouveau », soit bésu, « niais » ou bésule, « élève nouveau », termes du patois genevois.
Si le terme de bizut est d’apparition relativement récente (1843 à propos des élèves de Saint-Cyr), la coutume à laquelle il renvoie est en revanche attestée depuis le Moyen Âge. En Allemagne, entre la fin du xve et du xviiie siècle, existait une cérémonie « tenue pour absolument nécessaire » (Berger 1990 : 5) au moment de l’entrée des nouveaux à l’université, la Depositio, destinée à « transformer une espèce de monstre, l’étudiant entrant à l’université, en homme véritable, digne de suivre l’enseignement magistral et capable de se comporter en diplômé responsable » (ibid. : 4). Pour ce faire, les néophytes, vêtus de tenues spécifiques et ridicules étaient soumis à « toute une série de peines corporelles, tout en devant répondre aux questions, insolubles par nature, que leur posaient leurs commensaux » (ibid. : 6).
Menacés d’énormes outils effrayants, les béjaunes devaient avaler de force un « liquide qui provoquait des régurgitations dont on se moquait » (ibid.), enfin, ils étaient obligés de chanter. « La cérémonie se terminait par une sorte de baptême par le sel et le vin » (ibid. : 7), suivi d’un festin offert par les nouveaux à ceux devenus dès lors leurs collègues.
L’historien Jacques Le Goff signale lui aussi l’existence, dans les principales facultés d’Europe au Moyen Âge, de « rites d’initiation non officialisés dans les statuts, qui accueillaient à son arrivée à l’université le nouvel étudiant », décrits comme « une cérémonie de « purgation » destinée à dépouiller l’adolescent de sa rusticité, voire de sa bestialité primitive » ([1957] 1985 : 89). Enfin, on retrouve des pratiques similaires dans la formation des pages à la cour des rois de France (de Louis XIII à Louis XVI), formation au cours de laquelle, en marge de leur apprentissage officiel, les petits pages sont initiés par leurs aînés en subissant diverses épreuves secrètes centrées sur le corps, visant à transformer de jeunes garçons androgynes en hommes véritables.
On ne peut qu’être frappé par la ressemblance entre le contenu et la symbolique de ces ancestrales cérémonies et ceux des bizutages contemporains. On trouve également une référence à ces usages dans le tome I du Manuel de folklore français contemporain, au paragraphe concernant les grandes écoles au début du xxe siècle (Van Gennep [1943] 1977 : 223-226). Mais on constatera que malgré la parenté des institutions étudiées, Van Gennep ne fait aucune allusion aux pratiques des internats de médecine, pourtant créés depuis plus de cent ans au moment où il rédige son Manuel.
Pour la plupart des médecins, le terme de bizutage s’applique plutôt à une pratique d’inspiration carnavalesque qui concernait les « première année ». Ainsi, dans les années 1980, à Toulouse, les redoublants et les deuxième année bloquaient les portes d’un grand amphithéâtre et, avec l’accord tacite des enseignants, bombardaient les première année, d’œufs, farine, concentré de tomate, bleu de méthylène et autre éosine. Auparavant cette attaque avait pu être précédée ou remplacée par « l’élection de Miss Amphi », où une première année, plus ou moins consentante et plus ou moins dévêtue, était élue à l’applaudimètre, après un défilé sur la chaire professorale.
À Toulouse le doyen a interdit le bizutage des première année, à la suite d’un accident dont aurait été victime une étudiante et du coût très élevé de la remise en état des locaux systématiquement dégradés. Ailleurs, il semble que des pratiques similaires perdurent. L’ethnologue Brigitte Larguèze décrit ainsi l’éprouvant bizutage des jeunes carabins strasbourgeois par leurs aînés en 1993 : apprentissage forcé de « chants paillards et de leurs mimes, de jeux de mots concernant le vocabulaire médical », de « réflexes d’amphi » etc., réalisation de sketches à connotation sexuelle, élection de Miss et Mister Bizut puis soirée dansante (Larguèze 1995a : 35-43).
À en croire divers témoignages colligés par des journalistes et réunis en dossiers critiques lors des rentrées universitaires, il semble que l’on assiste à une recrudescence et un « durcissement » des bizutages, en médecine, mais plus encore dans les classes préparatoires, les écoles d’ingénieurs ou de commerce, et les IUT. Au point que devant l’inefficacité des mesures prises chaque année pour limiter les exactions des bizuteurs, en 1998, a été ajouté au Code pénal, après un débat parlementaire houleux, un délit de bizutage, ainsi défini par l’article 225-16-1 : « Hors les cas de violences, de menaces ou d’atteintes sexuelles, le fait pour une personne d’amener autrui, contre son gré ou non, à subir ou commettre des actes humiliants ou dégradants lors de manifestations ou de réunions liées au milieu scolaire et socio-éducatif est puni de six mois d’emprisonnement et de 50 000 F d’amende.
Cet article de loi venait renforcer le dispositif répressif préexistant qui comportait également la mise en place d’un numéro vert destiné aux victimes de bizutages ou à leurs parents « SOS Bizutage », lancé à grand renfort de publicité par le ministère de l’Éducation nationale à la rentrée 1997 et reconduit pour trois mois en 1998 avec un nouveau slogan, « Non au bizutage - Maintenant il y a une loi pour briser la loi du silence », et assorti de nouvelles instructions concernant le bizutage. Il faut toutefois souligner que cette réprobation institutionnelle semble inhérente à l’existence du bizutage, puisque si ce terme a fait son apparition en 1949, c’est de cette même année que date la première mesure s’y opposant…
Van Gennep signalait déjà, entre les deux guerres, à propos de manifestations estudiantines de même nature que « parfois, les pouvoirs publics ont même voulu [les] interdire sous prétexte de “désordre” », alors même, analyse le grand folkloriste, que « ce sont précisément les symboles d’un ordre » ([1943] 1977 : 226).
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