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Neuvième épisode de la saga James Bond, L’Homme au pistolet d’or (1974) est aussi le premier faux pas artistique d’une série qui demeurait exemplaire jusque-là. Après les rites vaudou et les boîtes de nuit de Harlem de Vivre et laisser mourir, James Bond part pour l’Asie, sur les traces d’un mystérieux tueur, Francisco Scaramanga.

Fiche technique

Sur le bureau du chef des services secrets britanniques, bien en évidence, repose une balle en or, gravée de trois chiffres : 007. Ce n'est rien moins que l'habituel avertissement par lequel un tueur à gages quasi mythique, Scaramanga, prévient sa future victime de sa fin prochaine. James Bond, ainsi visé, entend bien vendre chèrement sa peau. Il ne tarde pas à découvrir le fournisseur d'armes de son ennemi, ainsi que l'une de ses alliées, la belle Andrea. Pendant ce temps, Scaramanga assassine...

Synopsis

L'agent 007 se retrouve une fois encore plongé au cœur d'une mission délicate. Le film se déroule à l’époque du premier choc pétrolier (1973), thème dominant du scénario. À cette époque, le Royaume-Uni ne s’est pas encore remis de la crise. Dans le film, Bond est envoyé à la recherche de l’Agitateur Sol-X, un engin capable de capter l’énergie solaire avec un rendement de 90 %. En Thaïlande, James Bond recherche le tueur à gages le plus efficace et le plus cruel qui soit, l'impitoyable Francisco Scaramanga, l'homme au pistolet d'or.

Francisco Scaramanga est un homme issu de la foire, et c’est dans un manège fatal qu’il embarque d’entrée le spectateur. Statues de cire, miroirs, le mystérieux tueur s’amuse à torturer psychologiquement sa victime avant de lui porter le coup de grâce. C’est sur une note très intéressante que débute L’Homme au pistolet d’or, qui promet d’ores et déjà une confrontation mémorable avec James Bond, car la présence à l’affiche de Christopher Lee, spécialiste des rôles de méchants par excellence, est déjà un considérable atout pour ce neuvième film. S’engage alors une longue enquête où l’agent cherche qui nous est déjà connu, privilège de spectateur omniscient. Une enquête au bout du monde, comme souvent, pour nous faire voyager vers de lointaines contrées.

Dans le rôle de Bond, Roger Moore continue de prendre ses marques, toujours avec ce côté plus détaché et chic que Sean Connery mais toujours avec une certaine virilité imposée par la production. En effet, il est difficile de ne pas voir en Scaramanga un miroir de Bond, tant son attitude et son style se calquent sur ceux de l’agent britannique, lui offrant le pire adversaire possible : une autre version de lui-même.

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Analyse et Critique

Alors que le début du film fait vaguement illusion, Guy Hamilton semble avoir fait exprès de saboter chaque séquence pour la tirer vers le plus petit dénominateur commun. Alors que l’histoire pouvait donner lieu à une tension extrême, les scénaristes ont cru bon d’ajouter systématiquement des notations comiques qui désamorcent tous les effets spectaculaires. Cherchant à surfer sur la vague du kung-fu, il confronte également James Bond à une horde d’athlètes asiatiques dont il ne tire aucun parti visuel. Bien au contraire, la séquence dans l’école d’arts martiaux est sans doute l’une des pires de toute la saga.

Plus intéressant dans sa dernière demi-heure, L’Homme au pistolet d’or tente vaguement de creuser l’aspect sombre de la personnalité de Bond en l’opposant à un tueur implacable incarné avec autorité par Christopher Lee. Même l’inévitable séquence finale qui voit la destruction de la base du méchant échoue dans sa volonté de spectaculaire tant le décor sent la maquette à plein nez. Et que dire de ces personnages insipides que sont le nain Tric-Trac, la James Bond girl interchangeable incarnée fadement par Britt Ekland ou encore l’insupportable shérif américain interprété par Clifton James (de retour après son passage dans Vivre et laisser mourir), si ce n’est qu’ils symbolisent à merveille l’ineptie totale de cet épisode inutile.

Mais si cela pouvait donner lieu à une confrontation mythique, celle-ci se noie dans une intrigue, comme celle du film précédent, qui manque de rythme et de souffle. Après un début assez intense et prenant, le rythme semble tomber à plat, et peine à décoller à nouveau. Scaramanga manque de présence, qu’elle soit physique ou suggérée, laissant penser qu’une gestion à la Goldfinger, avec une omniprésence du méchant, paraissait plus adéquate, ou, a contrario, une longue attente avant la révélation, comme dans James Bond contre Dr. No. Mais L’Homme au pistolet d’or ne sait pas réellement sur quel pied danser.

Comme Vivre et laisser mourir, L’Homme au pistolet d’or ne manquait pas d’atouts. C’est un film de décors, comme, par exemple, ceux précédant le « dîner » avec Hai Fat, et ses ennemis cachés parmi les statues, ou bien les bureaux biscornus dans l’épave du Queen Elizabeth et, bien sûr, le repaire de Scaramanga et ses décors également tordus, voire expressionnistes, ainsi que ses nombreux miroirs rappelant La Dame de Shanghaï d’Orson Welles. On relève de bonnes idées de mise en scène, des fulgurances qui animent le film, mais qui ne compensent pas son incapacité à créer des enjeux et à véritablement impliquer le spectateur. Le ton un brin parodique n’aide pas spécialement, notamment dans un tel film qui pouvait offrir un duel psychologique prenant et étouffant.

Déjà on trouve un Roger Moore efficace quoiqu’un peu trop léger. Il reste sérieux, mais on sent qu’il prend le film clairement au second degré, ce qui pourra peut-être nuire à quelques scènes, et en même temps en renforcer ... Habituellement j'apprécie moyennement les James Bond avec Roger Moore, il n'est pas mauvais comme acteur, ce rôle lui convient plus qu'à d'autre (Dalton), mais c'est pas la panacée non plus. En effet, ce film repose beaucoup sur la prestation de Christopher Lee, génial en méchant, il est irrésistible ici. Que Bond ait enfin un ennemi à sa hauteur, avec un ...

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Même si Guy Hamilton nous avait servi le bon Goldfinger, il m'avait pour ma part très déçu avec le mauvais Les diamants sont éternels et Vivre et laisser mourrir dont je vous en ai parlé. Eh bien je dois dire que pour son dernier film James Bond, Hamilton remonte la pente avec cet ... Je suis entrain de revoir tous les James Bond depuis le début et L'Homme au pistolet d'or est souvent considéré comme l'un des plus faibles mais comme les autres c'est la détente assurée et un bon moment à passer en perspectif. Christopher Lee (à savoir qu'Ian Fleming était ...

Vivre et laisser mourir a dépassé les espérances des producteurs en obtenant un succès public démesuré, plus important encore que pour le dernier opus avec Sean Connery. Roger Moore est donc désormais le nouveau James Bond, adoubé par une immense popularité. La production de L’Homme au pistolet d’or est rapidement lancée, afin de profiter de l’engouement pour cette nouvelle orientation dans la saga. Plus sobre, moins faste, mais tout aussi luxueuse et respectant davantage la forme du thriller, la saga James Bond est devenue un peu plus simple à préparer. La sortie est donc programmée pour décembre 1974, soit une année seulement après la sortie de Vivre et laisser mourir. Ce passage à la vitesse supérieure sera-t-il payant ?

Avec son budget arrêté à 13 millions de dollars, le tournage de L’Homme au pistolet d’or débute le 18 avril 1974 et se termine le 23 août de la même année. Christopher Lee doit jouer le méchant en titre, Francisco Scaramanga, le fameux homme au pistolet d’or. Il s’entend particulièrement bien avec Roger Moore qui, selon ses habitudes, le régale de ses facéties. Blagueur, farceur, éternel boute-en-train sur chacun de ses tournages, Roger Moore est très en forme. Et si la situation des deux producteurs inquiète un peu l’équipe, leur travail n’en demeure pas moins exécuté dans la bonne humeur. Maud Adams et Britt Ekland viennent "glamouriser" un peu le tournage, victimes des plaisanteries de Moore et d’Hervé Villechaize, acteur de petite taille aussi entreprenant que détendu.

Si L'Homme au pistolet d'or a fait date dans la saga, c'est avant toute chose pour le relatif essoufflement de la formule bondienne que le film donne à ressentir. Reprenant une partie de ce qui avait fait le succès de Vivre et laisser mourir, cette nouvelle aventure tente le minimalisme à outrance, ce qui dessert malheureusement souvent son ensemble, surtout du point de vue rythmique. En effet, la cuvée 74 concentre ses efforts sur le scénario, maximalisant les effets autour du face à face intime entre James Bond et le méchant, Francisco Scaramanga. Une bonne idée en soi, mais qui ne privilégie pas les habituels motifs concourant à la réussite d'un épisode de la série. Car encore aujourd'hui, L'Homme au pistolet d'or demeure sans conteste le plus calme et le plus mou des James Bond, bien que n'étant absolument pas son plus faible représentant.

Car fort heureusement, le film sait distiller son lot de séquences originales, visuellement impressionnantes et procéder à de purs moments de mystère. Mystérieux est par ailleurs bien le mot qui convient à cette neuvième mission de 007 au cinéma, de par son allure favorisant de beaux paysages exotiques inattendus et une poignée de séquences installant un climax d'attente et de tension. Traversé par de pesants défauts, L'Homme au pistolet d'or est en quelque sorte le deuxième et dernier volet d'un diptyque informel ascétique entamé avec Vivre et laisser mourir, et dans lequel Roger Moore ne s'approprie pas encore totalement le personnage comme ce sera bien davantage le cas dès l'épisode suivant, le mythique L'Espion qui m'aimait.

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Tout comme l'opus précédent, celui-ci reprend une gestion de l'action plutôt sèche, une pyrotechnie modérée mais efficace, et une structure narrative très proche du thriller. Vivre et laisser mourir laissait un peu de côté les décors démesurés (y compris concernant l'antre du méchant, plus sage qu'à l'accoutumée) et insistait sur l'action, le rythme d'une seconde partie de film endiablée et la concordance avec la blaxploitation, ainsi qu'avec le courant policier américain sévissant sur les écrans de cinéma en cette première moitié des années 1970. A l'inverse, L'Homme au pistolet d'or laisse de côté l'enchainement kilométrique de l'action pour resserrer son ambiance autour de beaux décors luxueux et d'un très bon scénario mettant 007 dans une position étonnante et singulière, tout en axant une partie du film sur les arts martiaux.

Menacé de mort par un tueur professionnel ne travaillant que pour son propre compte, James Bond doit tout faire pour retrouver sa trace et remonter jusqu'à son repaire secret, situé dans la baie de Phang Nga, dans la mer d'Andaman (au sud de la Thaïlande). L'affrontement est relativement intimiste et laisse percevoir un fort potentiel dramatique.

Incarné par l'illustre Christopher Lee, Scaramanga est l'envers de Bond, une version diabolique et sadique du personnage. Partageant avec lui le goût du jeu et du hasard, de la confrontation et de l'adrénaline, il n'en reste pas moins un homme pervers et sexuellement détraqué, si l'on en croit la relation charnelle qu'il entretient avec Andrea Anders (la séduisante Maud Adams). Son pistolet en or, gadget d'un enfant qui est naturellement attiré par tout ce qui brille, est le prolongement phallique de ses obsessions dominatrices malsaines. Ce qui n'est absolument pas le cas pour Bond, dont le pistolet discret qu'il possède n'a jamais rien voulu traduire dans cette optique-là. Bond n'a guère besoin de cela pour affirmer sa puissance et son plaisir épicurien vis-à-vis de toute chose, il est homme de goût et charmeur, mentalement solide et moralement stable. Scaramanga est à l'inverse un être ignoble, quoique calme et détendu la plupart du temps. Sûr de lui, il manque en tout état de cause d'éducation et d'instruction. D'un abord délicat et intelligent, il n'est en vérité que l'enveloppe vieillissante d'un petit garçon qui n'a guère grandi.

Son fameux troisième téton sur le torse, symbole de virilité exagérée, dévoile ici son anormalité psychologique, ainsi que le caractère dominateur incontrôlé qui l’enflamme. Isolé sur son île avec la certitude d'être le meilleur tireur du monde, il n'est entouré que d'une femme assujettie à son bon plaisir et d'un nain qui lui tient lieu de bras droit. Le petit garçon qu'il est ne peut se lier qu'avec cet homme dont le corps n'a pas grandi.

Scaramanga tue comme un homme, dans un monde d'hommes, mais ne vit que parmi les jeux enfantins avec ses réflexes d'enfant. Il se mesure à quiconque voudra le tuer (visiblement des tueurs payés indirectement par lui-même pour l'éliminer), dans sa base secrète, au sein d'un jeu labyrinthique géant dont la seule double fonction est de l'entraîner autant que l'amuser.

Box-office
Film Entrées en France Position annuelle
L'Homme au pistolet d'or 2 873 898 12ème
Vivre et laisser mourir 3 000 000+ N/A

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