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Kalash Criminel, rappeur cagoulé de Sevran (Seine-Saint-Denis), a fait le buzz avec un refrain où il est question de "cougars" et de Macron. Il se décrit lui-même comme le « cagoulé le plus connu au monde ». "Mon style n’est pas violent mais véridique, frontal", affirme-t-il.

Un style "frontal" et une "sauvagerie" assumée

A grand renfort de "sauvagerie" et de "ta-ta-ta" (le bruit d'une arme automatique), hurlés sous cette cagoule qu'il ne quittera pas de toute l'interview, le rappeur creuse le sillon du hardcore depuis ses débuts en 2013. Avec sa voix grave et son agressivité, il excelle dans ce courant du rap, majeur en France depuis plusieurs années, avec des chefs de file comme NTM puis Booba, Gradur (présent sur l'album), Niska ou encore Kaaris, originaire comme lui de Sevran.

"Ce que je dis est violent parce qu’on vit dans un monde violent. (...) je retranscris ce que j’ai vu et vécu", précise Kalash Criminel dans un entretien à l'AFP. Il revendique un style "frontal".

Un parcours marqué par l'albinisme et l'exil

Kalash est né, albinos, en République Démocratique du Congo. "Quand j’étais petit, des membres de ma famille venaient dire à ma mère de m’abandonner ou de me vendre à un marabout", confie le rappeur aux yeux clairs sous la cagoule. "Mais ma mère s’est battue, m’a montré énormément d’amour, et parfois j’essaie de lui rendre, mais c’est impossible".

La famille quittera Kinshasa après l'irruption dans sa maison de "rebelles armés". Kalash découvre la France à 4 ans.

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Plus tard, "je tabassais tous ceux qui prenaient mon albinisme pour de la faiblesse", balance-t-il dans "Coltan". Avant de regretter dans une autre chanson: "Les gens que j'ai cogné, il faut me pardonner, j'étais un petit sauvage, à la violence abonné" ("Avant que j'parte").

Kalash est comme ça, alternant rafales pour défendre "l'honneur" et rimes plus intimes.

Le rappeur explique : "Quand j’étais petit on disait que j’étais un sauvage. Certains prenaient peut-être mon albinisme pour une faiblesse, ils venaient souvent me titiller et ils se mangeaient des KO. Tout le monde a compris qu’il ne fallait pas rigoler avec moi. C’est triste mais c’est comme ça que je me suis imposé."

Il ajoute : "J’ai eu la chance que mes parents m’ont expliqué très tôt l’albinisme. Quand tu es jeune, tu ne comprends pas. Tu ne comprends pas pourquoi tout le monde te regarde bizarrement alors que tu as deux bras et deux jambes comme tout le monde. Mon père et ma mère me l’ont expliqué très tôt et ça allait mieux, après je ne calculais plus trop le regard des gens, ni les moqueries. Mais j’ai vécu beaucoup de choses par rapport à cela. Par exemple, je me souviens d’une phrase qui m’a choqué. En 3e, on devait chercher un stage, tout le collège en avait un, j’étais le seul à ne pas en trouver. Et je me rappelle qu’une personne m’avait dit « nous, on ne prend pas d’albinos ici. »"

"Kalash" : un surnom hérité de l'enfance

Son grand frère l'appelait "Kalash" parce qu'il jouait "beaucoup aux jeux de guerre". Il dit ne pas avoir eu de "gros ennuis avec la justice" mais plutôt avec sa mère, le jour où elle a retrouvé une arme chez eux.

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Kalash, c’est une référence à l’arme russe ? A la base j’avais un autre blaze et en fait j’avais un frère qui est décédé qui m’appelait Kalash depuis que j’étais petit, parce que j’aimais bien jouer avec les jeux d’armes et que j’étais un peu turbulent. A l’époque il y avait déjà un rappeur marseillais qui s’appelait Kalash l’Afro donc il fallait me démarquer. On m’appelait aussi Crimi, j’ai pris le blaze de Kalash Criminel.

Engagement politique et admiration pour les figures africaines

Kalash admire les hommes forts, mais pas les gangsters comme Tony Montana ou Pablo Escobar: plutôt "Lumumba, Boumédienne, Sankara, les hommes forts chez nous dont l'Occident a dit bon débarras", rappe-t-il dans "Avant que j'parte". Sans doute sensible à cette fibre politique, la star du rap engagé Kery James l'a d'ailleurs invité sur deux titres de son dernier album.

La polémique "Cougar Gang" et la censure

Avant même la sortie de son album La fosse aux lions ce vendredi, Kalash Criminel a su faire parler de lui. Pour cause, le clip de Cougar Gang, un titre où le rappeur de 23 ans débite des « j’baise des mères comme Macron », n’aurait pas été au goût de l’Elysée. Selon lui, sa maison de disques aurait pris la décision de retirer le titre de l'album.

Au début je pensais que c’était une blague. Quand j’avais fait ce morceau il y a un an, mon équipe disait en rigolant qu’on allait avoir des problèmes, moi je pensais que l’Elysée avait d’autres choses à faire. Mais il y a quelques jours, mon entourage m’a expliqué que le titre serait retiré de l’album… A la base c’est plus ironique qu’autre chose. Je n’ai pas dit « j’baise la mère de Macron » mais « j’baise des mères comme Macron » ! Au quartier quand « tu niques des mères », ça veut dire que « tu es chaud » et pour moi Macron il est chaud ! Il est président à 40 piges, c’est un truc de fou ! Pour moi il a niqué des mères. Après, c’est à double sens aussi, c’est plus une déclaration d’amour pour sa femme. En gros j’ai les mêmes goûts que le président de la République, c’est tout !

"La fosse aux lions" : un reflet de son vécu

Kalash Criminel a dévoilé son nouvel album “Bon Courage” le vendredi dernier, offrant une sélection éclectique de collaborations avec des artistes tels que Josman, La Fève, Bobby Shmurda et Freeze Corleone. Cette diversité artistique reflète l’influence internationale du rappeur de Sevran, profondément ancré dans ses origines congolaises. Malgré son apparence dissimulée derrière un masque nommé “La Sauvagerie”, Kalash Criminel se révèle comme l’un des artistes les plus engagés de la scène rap française. Il aborde des sujets sensibles tels que le racisme, la colonisation et la Françafrique.

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Vous sortez un album, vous avez votre propre label, mais aussi votre parfum…J’avais des sous et je ne voulais pas les claquer n’importe comment. J’ai investi dans le parfum (L’intemporelle), j’ai contacté un pote à moi qui travaille dans ce domaine, et j’ai fait le parfum avec lui. Moi je suis un grand fan de parfums, avant je mettais beaucoup Dior Sauvage (rires). Il y a eu plein de montages et même Dior voulait qu’on fasse quelque chose mais ils se sont arrêtés à la cagoule donc c’était mort. Alors j’ai fait mon propre parfum. Ma marque de vêtements Sauvagerie Paris va aussi sortir bientôt.

Kalash explique : "Ça fait référence à Daniel dans la Bible, mais la fosse aux lions c’est aussi la vie en général, c’est un combat et il faut se battre tous les jours. C’est le travail, les jaloux, les haineux, la politique, la police… On vit dans une fosse aux lions. C’est super dur mais il ne faut rien lâcher. Quand j’ai construit cet album j’étais dans la fosse aux lions, plein de problèmes m’étaient tombés dessus et je me suis battu pour m’en sortir."

Démêlés avec la justice

Calibre du «rapgame», Kalash dégaine. «Violences illégitimes» et «usage disproportionné de la force». La soirée avait bien commencé, elle s’est terminée menottes aux poignets. Après un concert avec la star internationale Drake à l’AccorHotels Arena, Kalash est arrêté dans la nuit du samedi au dimanche, avenue de Wagram au volant de sa Porsche. La raison? «Y’a quoi? Y’a quoi? Lâche-moi!», répète le rappeur dans une vidéo publiée par la chaîne Martinique 1ere. Après une série d’invectives, Kalash est plaqué contre le capot de sa voiture alors qu’il insulte copieusement une fonctionnaire de police.

L’avocat affirme également que l’artiste DJ Ken, présent aux côtés du chanteur le soir de l’arrestation a aussi subi «des violences policières lui ayant causé une blessure à l’œil» et que la manager du rappeur a «fait l’objet d’injures». Libéré de sa garde à vue le 17 mars, Kalash «réserve ses explications à la justice».

En 2014, le rappeur avait déjà été mis en examen après avoir agressé des policiers avec un autre rappeur, Admiral T. En 2016, il a été condamné pour détention d'arme à six mois de prison avec sursis.

Des vidéos de la scène ont ainsi été diffusées sur les réseaux sociaux. "Y a quoi? Y a quoi ici", s'énerve Kalash, avant d'être plaqué sur le capot d'un véhicule et menotté. D'autres images diffusées sur les réseaux sociaux semblent indiquer qu'il aurait percuté plusieurs véhicules au volant de sa Porsche, sur l'avenue des Champs-Élysées, et pris la fuite avant d'être arrêté.

La cagoule : un symbole et une protection

Quant à sa cagoule d'homme armé, il l'a d'abord enfilée pour que ses parents ne le voient pas rapper.

La cagoule c’est très marrant, parce que c’est par rapport à ma mère et à mon entourage qui était anti rap. Je me suis dit que si je mettais une cagoule, ils ne me reconnaîtraient pas ! J’ai commencé à rapper, ma mère l’a su et elle était fâchée. Elle a ensuite accepté, donc j’ai voulu l’enlever. Mais on m’a dit que ça faisait un personnage de fou, une marque de fabrique que j’étais obligé de garder.

Kalash explique : "Par exemple la cagoule, c’est comme un livre, si tu t’arrêtes à la couverture tu ne vas pas savoir grand-chose. Si tu approfondis, tu vas voir que je suis quelqu’un de super cool, plein d’amour, très généreux. J’ai plusieurs facettes, je peux être très sombre, mais aussi très gentil."

tags: #kalash #criminel #condamnation #arme

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