L'affaire Grégory Villemin est l'un des plus grands mystères criminels des dernières décennies. Le 16 octobre 1984, le corps sans vie du petit Grégory Villemin, âgé de 4 ans, est retrouvé dans les eaux glacées de la Vologne, à Docelles, dans les Vosges, à 6 kilomètres de son domicile de Lépanges. L'enfant est retrouvé pieds et poings liés.
Le 16 octobre 1984, à 21h15, le corps sans vie du petit Grégory Villemin est retrouvé dans la Vologne. L'autopsie a révélé la présence d'eau dans les poumons de Grégory, c’est-à-dire qu'il a été victime d'une noyade. Il était entravé (pieds et poings liés, bonnet baissé sur le visage) mais son corps ne présentait pas de lésions.
Malheureusement l'autopsie n'a pas été suffisamment complète. Les viscères de l'enfant n'ont pas été analysés. Ainsi, on ne sait pas s'il a été drogué avant d'être mis à l'eau. La question est d'autant plus importante qu'une seringue d'insuline a été découverte non loin du lieu où l'on a retrouvé son corps. Grégory aurait ainsi pu être endormi avant d'être immergé. Mais on ne connaîtra jamais la réponse à cette interrogation.L'eau retrouvée dans les poumons du garçonnet n'a pas non plus été analysée. S'agissait-il de l'eau de la Vologne ou l'enfant a-t-il été noyé auparavant ? On a des raisons de privilégier la première hypothèse mais on n'aura jamais de certitude scientifique.
Dès le départ, les gendarmes penchent d'emblée pour un règlement de compte familial. L'inconnu à la voix rauque est de suite identifié par les parents de Grégory comme étant “le corbeau” qui les a harcelés pendant 3 ans. Entre 1981 et 1983, ce(s) fameu(x) corbeau passera des centaines d’appels dans la vallée de la Vologne.
Les appels se concentrent sur les membres de la famille Villemin, en particulier sur les époux Villemin et sur les parents de Jean-Marie Villemin, Albert et Monique. Le contenu des appels laisse penser que le corbeau connaissait bien la famille Villemin. Toutefois, la cinquième et dernière lettre de menace, postée le 24 juillet 1985 et écrite en lettres majuscules, ne peut pas être attribuée de manière certaine au corbeau.
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Les soupçons des enquêteurs vont logiquement se porter sur l’entourage de la famille Villemin suite à l’étude de ces appels et de ces courriers. Encore aujourd’hui, l’identité de ce corbeau (ou de ces corbeaux?) reste un mystère et son identité permettrait très probablement de découvrir l’assassin.
C'est d'abord Bernard Laroche, le cousin de Jean-Marie Villemin, le père de l'enfant, qui est écroué le 5 novembre 1984. L'homme est directement mis en cause par sa belle-sœur, Murielle Bolle, alors âgée de 15 ans, qui assure aux enquêteurs l'avoir vu charger un enfant dans sa voiture, le jour du meurtre. Selon son récit initial, le jour des faits, Bernard Laroche était venu la chercher à la sortie du collège avant de passer à Lépanges-sur-Vologne où il aurait récupéré Grégory. L'adolescente expliquait qu'il avait ensuite garé la voiture avant de partir avec Grégory et de revenir seul.
Elle se rétracte ensuite en garde à vue, sous la pression, semble-t-il, de ses proches. En mars la même année, Jean-Marie Villemin, persuadé de sa culpabilité, abat Bernard Laroche d'un coup de fusil : le père du petit Grégory sera condamné en 1993 à cinq ans de prison, dont un avec sursis.
A l'été 1985, son épouse Christine Villemin, la mère de l'enfant, est suspectée à son tour et emprisonnée onze jours : les médias se déchaînent et dressent d'elle un portrait au vitriol. En 1993, au terme d'un arrêt extrêmement détaillé, Christine Villemin a bénéficié d'un non-lieu pour absence de charges. Aucun élément sérieux n'a jamais pu accréditer cette thèse.
Avec le recul, la mise en cause de la mère de Grégory, inculpée en juillet 1985, apparaît incompréhensible et choquante. L'arrêt de 1993 a totalement restauré l'honneur de celle qui aurait toujours dû être considérée pour une seule chose : une victime.
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Plus de quarante ans après le meurtre du petit Grégory Villemin, l'affaire emblématique connaît un nouveau rebondissement : la justice a ordonné, un nouvel interrogatoire de la grand-tante de l'enfant, Jacqueline Jacob. La grand-tante du petit Grégory est convoquée par la justice, en vue d'une possible mise en examen. Suspectée d’être l’un des deux corbeaux, Jacqueline Jacob, la grand-tante du petit Grégory Villemin, va de nouveau être entendue.
En mars 2024, ces expertises avaient été ordonnées par la justice, à la demande des parents du petit Grégory, Christine et Jean-Marie Villemin. A l'aune de ces nouvelles conclusions, la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Dijon a listé tous les "éléments qui concernent Jacqueline Jacob", a rapporté le procureur général mercredi. Interrogé par franceinfo, François Saint-Pierre, avocat des parents du petit Grégory, estime que cet arrêt est "très motivé, très documenté".
De son côté, Jacqueline Jacob "réaffirme sa totale innocence", dans un communiqué transmis par ses avocats, Stéphane Giuranna, Frédéric Berna et Alexandre Bouthier. En outre, ils "s'étonnent de la qualification de mise en examen envisagée".
Les époux Villemin ont emménagé en région parisienne après la libération de Jean-Marie, emprisonné après l'assassinat de son cousin Bernard Laroche, qu'il croyait être le meurtrier de Grégory. Ils ont trois enfants et sont grands-parents.Jean-Marie Villemin préface une BD consacrée à l'affaire du Petit Grégory
Jean-Marie Villemin, 66 ans, est à la retraite. Christine Villemin, 64 ans, travaille toujours, à Paris.
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Agée de 67 ans, elle vit toujours dans la vallée de la Vologne, où elle a travaillé dans un établissement public. Mme Laroche déclarait en 2017 que sa vie était "foutue" après avoir été "trainée dans la boue, détruite, salie". Elle a quatre enfants, dont deux de Bernard Laroche.
Agée de 55 ans, elle vit toujours dans les Vosges. Elle a eu trois garçons et est grand-mère. Elle a publié en 2018 "Briser le silence", pour raconter son histoire.
Surnommé "le petit juge", Jean-Michel Lambert avait 32 ans lorsqu'il est devenu le premier magistrat chargé d'instruire l'affaire. Accusé d'avoir bâclé l'enquête, il s'est suicidé le 11 juillet 2017, à 65 ans.
L'affaire Grégory Villemin demeure une énigme judiciaire, marquée par des erreurs d'enquête, des accusations infondées et des rebondissements constants. Malgré les années, la vérité sur la mort du petit Grégory reste insaisissable, hantant la mémoire collective et alimentant les spéculations.
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