De plus en plus de femmes s'adonnent au tir sportif, brisant les stéréotypes et s'illustrant dans cette discipline exigeante. Historiquement perçu comme un "sport d'homme", le tir sportif connaît une féminisation croissante, avec des femmes de tous âges qui rejoignent les clubs et participent aux compétitions.
D. Georges Betti, le patron du club, pointe une évolution. «Même si les femmes restent très minoritaires, elles sont de plus en plus nombreuses à nous rejoindre. En quatre ans, leur nombre est passé d'une dizaine à une cinquantaine, dont pas mal de quadras à sexagénaires, mues par la curiosité de découvrir un “sport d'homme”.» La plus jeune pratiquante a 10 ans. La plus âgée, 88 ans : Angèle Cornand est la dernière venue sur le pas de tir de Porticcio.
La Corse ne fait pas exception. Les 1.668 clubs recensés par la Fédération française de tir (FFTir) se féminisent doucement, surtout en Île-de-France, en Aquitaine et en Alsace-Lorraine.
Ce qu'elles y trouvent ? «Une forme de méditation, une façon de se recentrer sur soi-même et sur ses sensations», et encore «un formidable moyen de se déconnecter», nous ont-elles répondu. Un «apprentissage de la concentration», aussi. Aucune des pratiquantes interrogées ne nous parle d'adrénaline, de danger, de puissance.
«Dans le tir sportif, l'arme est désinvestie de ses buts premiers qui sont de se défendre ou de tuer», décrypte la sociologue suisse Solène Froidevaux dans sa thèse Des corps, des armes, des hommes... et femmes. «Le tir demande au contraire maîtrise de soi et calme, estime la psychanalyste parisienne Marie Marvier. Il convient parfaitement à des personnes en quête de contrôle.»
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Pour séduire davantage de femmes encore, la FFTir a lancé en 2019 l'opération Les Elles du tir sportif. L'Alsacienne Isabelle Cromlin, 53 ans, a pris les devants. Depuis 2017, elle organise dans sa région des journées d'initiation pour les non licenciées et des challenges «100% filles», baptisés Girly Air Tirs. «Ces petites compétitions placées sous le signe de la convivialité ont rencontré un très bon accueil auprès des participantes, ravies d'avoir leur journée à elles, se félicite la présidente de la Commission féminine de la ligue régionale. Et nous avons engrangé de nouvelles inscriptions.»
Marie-Pierre Roussard-Karl, 55 ans, membre du bureau de la FFTir, n'avait jamais touché une arme, elle non plus, avant 2008. «J'y suis venue par le biais de mon fils, que j'ai emmené à l'école de tir en 2008 pour canaliser son énergie», raconte la professeure d'éducation physique de Provins, en Seine-et-Marne. Au fil des ans, cette ex-athlète multicarte (nage-handball-lancer de disque et de poids) s'est familiarisée avec le pistolet à 10 mètres et 25 mètres, a tâté de la compétition, puis est devenue instructrice et, enfin, élue fédérale en 2021.
Comme Isabelle et Marie-Pierre, de nombreuses femmes arrivent dans les clubs par le truchement d'un enfant, d'un ami ou d'un compagnon. Rarement seules. «De ce fait, leur représentation mentale de l'arme est déjà déconnectée des images qui lui sont généralement liées, tels les règlements de comptes, les massacres perpétrés aux États-Unis ou les films policiers, indique la psychanalyste Marie Marvier.
Certes, confie une adepte du pistolet, «mieux vaut avoir du caractère pour débarquer dans un club où il y a des dizaines de types…» «C'est un environnement encore très masculin pas totalement débarrassé de ses a priori», renchérit une responsable régionale. Olivier Gallas, le président du club de Créteil, dans le Val-de-Marne, le déplore : «On est encore catégorisé “association de gros bras machos”.»
Au-delà des défis, le tir sportif offre aux femmes un espace d'épanouissement personnel, de développement de la concentration et de maîtrise de soi. Les initiatives de la FFTir et l'engagement des clubs contribuent à créer un environnement plus inclusif et accueillant pour les femmes, favorisant ainsi leur participation et leur succès dans cette discipline.
Les femmes excellent dans les différentes disciplines de tir. À tel point que les hommes ont fini par en prendre ombrage. C'était en 1992, aux Jeux olympiques de Barcelone. La Chinoise Zhang Shan remporte une épreuve mixte, écrasant sept hommes au passage et décrochant le nouveau record du monde. La Fédération internationale décrète alors qu'hommes et femmes ne concourront plus les uns contre les autres et instaure même des formats de compétition différents. Il faudra attendre les Jeux de Tokyo en 2021 pour que les épreuves masculines et féminines redeviennent identiques - même nombre de coups tirés à la carabine ou au pistolet, même nombre de plateaux d'argile à atteindre au skeet ou à la fosse.
Aspect | Détails |
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Initiatives | Opération "Les Elles du tir sportif" par la FFTir, journées d'initiation "Girly Air Tirs", compétitions 100% filles. |
Bénéfices | Méditation, recentrage sur soi, déconnexion, apprentissage de la concentration, maîtrise de soi, calme. |
Défis | Environnement majoritairement masculin, stéréotypes, a priori. |
Évolution | Féminisation croissante des clubs, participation accrue aux compétitions. |
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